Mémoires d'un rouge de Howard Fast

Mémoires d'un rouge de Howard Fast
(Being red)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Richard, le 4 mars 2008 (Inscrit le 30 janvier 2004, 78 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 415ème position).
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ESPOIRS ET DESILLUSIONS

Dans mémoire d’un rouge Howard Fast écrivain américain fécond nous conte comment et pourquoi il est devenu communiste et comment il a cessé l’être.

La période couverte par ses mémoires va de la grande dépression de 1929 durant laquelle Fast enfant, contribue avec son frère à la survie du foyer, après le décès de sa mère et la perte d’emploi du père, jusqu’à la déstalinisation à la fin des années 50.

Il y a trois temps dans ces mémoires, dans le premier Fast justifie ses choix politiques par la découverte des injustices et de la misère humaine. Cette découverte, l’auteur la situe aussi bien dans la rencontre avec la misère et la ségrégation dans son propre pays, en particulier au cours de son parcours adolescent dans les états du Sud, mais également dans les pays qu’il visite plus tard, l’Inde notamment où l’attitude de la puissance coloniale britannique, coupable à ses yeux d’un véritable génocide, le révolte. Dans le second il nous fait vivre de l’intérieur le Maccarthysme, il décrit la dérive d’une démocratie, l’amnésie d’un peuple qui vient à peine de sortir du conflit avec le Nazisme, en reproduisant un système quasi totalitaire où le délit d’opinion entraîne la mort sociale et l’emprisonnement. Il est lui-même, en tant qu’écrivain mis à l’index, et condamné à trois mois de prison pour avoir refusé de dénoncer des sympathisants à la commission de triste réputation « des activités anti-américaines ». Le dernier temps de ses mémoires pourrait s’intituler la chute des illusions. La découverte progressive de la réalité sur la Russie Stalinienne, l’Eden communiste devenant le pire des enfers, et la rigidité, la stupidité des dirigeants communistes américains aboutirent à la démission de Fast du parti communiste.

Le récit est émaillé des rencontres avec des personnalités : politiques, intellectuels, artistiques : Gandhi, Sartre, Picasso, Neruda, tous proches de la cause.

J’ai personnellement plus aimé la première partie du récit, plus vivante, moins démonstrative que la suite, proche de l’auto explication voire de l’auto justification.

Un ouvrage qui demeure un témoignage passionnant

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Recherche d'idéal et les heurts avec le réel

6 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 54 ans) - 23 novembre 2011

Il suffit que quelqu'un me dise que la lecture de tel livre est indispensable et fabuleuse pour me donner envie de ne pas le lire. Ainsi pour ce livre où Howard Fast raconte sa vie, axant son livre autour de deux pôles, son engagement politique, dans le parti communiste américain mais pas seulement, et son amour de la littérature. Son engagement communiste a ceci de sympathique qu'il est pur, que c'est une recherche d'idéal, bien qu'il parte, à mon avis, d'un postulat faussé qui veut que l'homme est bon par nature alors que ce n'est pas le cas. Comme l'affirmait Maupassant il n'y a rien de plus cruel qu'une cour de récréation enfantine. Fast se disait innocent quand il était jeune et il le reste.

Il n'irait donc pas jusqu'à dire comme Sartre que "tout anti-communiste est un chien", refrain repris en coeur en ce moment par ceux qui s'étranglent d'indignation au fait que l'on puisse seulement évoquer les horreurs du totalitarisme soviétique, pourtant décrites par Gide dés son "retour de Moscou" ; et pour lui son engagement communiste n'est que la suite logique de son combat contre le nazisme pendant la guerre. Au discours de Fast sur la politique, illustré par une nouvelle de SF utopique et un rien mièvre sur des enfants mutants, je préfère celui d'Orwell, infiniment plus subtil, Fast reste un militant. On l'excusera vu les souffrances de la pauvreté et de la faim subies quand il était enfant, ou ses vadrouilles dans les rues de New York comme gosse des rues et gamin débrouillard. Il raconte son premier contact avec les insultes judéophobes (ça ne date donc pas d'hier) et l'envie de se battre qui découlera de tout ses malheurs. Fast était fasciné par la théorie de la "gestalt" qui veut que chaque être humain soit en fait relié par un seul et même esprit et non une multiplicité d'individualités. Quant à moi cela ne me passionne pas une seconde, la multiplicité des individus, le fait que chacun d'eux est unique me paraît beaucoup plus exaltant. Pour son engagement, Fast a dû subir la sottise de "la chasse aux sorcières".

En littérature, Fast est un boulimique et un autodidacte, ce qui va souvent de pair, lisant un peu tout et n'importe quoi quand il était jeune, tout ce qui lui tombait sous la main. Il lui vient très vite l'envie d'écrire et de trouver son style, un style qu'il veut dense. Le polar est pour cela une bonne école, de dureté apparente, d'exigence, de sécheresse des descriptions mais tout en complexité quant à la psychologie. J'ai cependant malgré tout une certaine préférence pour le baroque et la démesure des romans de James Ellroy.

Il écrivit ensuite des romans plus tard adaptés au cinéma dont le plus connu reste "Spartacus" et "Sylvia", roman sur une femme rêvée, une passion naissant du récit d'une vie : Un homme d'affaires richissime engage Macklin, le personnage principal du livre, archétype du loser magnifique à la Chandler pour qu'il découvre la vérité sur sa future jeune et belle épouse. Sylvia semble n'avoir aucune famille ni attaches. On ne sait rien d'elle excepté qu'elle écrit des poèmes et qu'elle possède déjà une fortune personnelle. A l'origine Macklin se destinait seulement à enseigner l'histoire ancienne mais le destin en décida autrement. Il vivote en suivant et en espionnant des individus pour quelques dollars. Un métier proche de celui de privé qu'il estime lui-même répugnant. Il traversera les Etats-Unis jusqu'au Mexique. Il tombera amoureux de Sylvia sans même l'avoir rencontré, après avoir reconstitué sa vie et son parcours. Howard Fast a écrit des romans dont les titres sont des prénoms féminins, (cela devient de plus en plus rare, des romans qui ont un nom ou un prén

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