La lecture à haute voix de Georges Jean
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire
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Mode d'emploi qualitatif
Durant des siècles, la lecture n’existait que pour une minorité de la population et, pourtant, la littérature existait bien. Nous étions à l’époque de l’oralité. Au pied d’un arbre au cœur du village, sur le parvis de la cathédrale, devant l’âtre de la salle principale de la ferme, les femmes et les hommes, parfois même les enfants, se réunissaient autour d’un lecteur. Le lecteur pouvait, dans certains cas, ne pas savoir lire et c’est du fond de sa mémoire qu’il ressortait les histoires qui avaient bercé et émerveillé sa jeunesse…
La crise de la lecture dans notre société moderne a redonné une chance à cette lecture à haute voix. De nombreux auteurs avouent, sans scrupule, passer par cette étape de l’oralité pour valider la qualité de leurs phrases et je ne parle pas, là, des chroniqueurs radio qui ne peuvent que valider leur prose en la lisant…
Dans les droits imprescriptibles du lecteur, Daniel Pennac nous offre le droit de lire à haute voix et Georges Jean, poète et universitaire, cherche à nous donner mille bonnes raisons de lire ainsi sans culpabiliser. Il faut dire que lorsque nous étions en cours préparatoire ou moyen les instituteurs nous obligeaient à lire dans notre tête, sans faire bouger nos lèvres, comme des grands. Cette forme de lecture était devenue « normale » alors que pendant des années elle avait été réservée aux clercs, aux intellectuels, à une minorité. En agissant ainsi on a enfermé le lecteur « normal » dans un moule qui ne lui convenait pas…
Il suffit, dans un cours de théâtre, de faire une lecture découverte d’une pièce, à plusieurs voix, pour mesurer l’impact de la haute voix sur chaque lecteur et auditeur… Pendant des années, on a perdu une qualité de lecture que l’on est en train de redécouvrir à grande vitesse… Mais comme souvent dans ce genre de situation, attention de ne pas enfermer ceux qui aiment lire dans leur tête, les visuels en particulier, dans un monde où l’oralité remplacerait la contemplation et la lecture solitaire !
Ce petit ouvrage dégage un certain nombre de comportements pour réussir cette lecture à haute voix. En effet, comme pour la musique, cet exercice demande de la part du lecteur une maîtrise de la lecture et la capacité à interpréter le texte par sa voix, son visage, son corps entier… On serait donc loin de certaines lectures de nos enfances où la voix monocorde de l’enseignant donnait envie de dormir ou fuir…
Mais ce qui est important c’est de rappeler qu’à voix haute ou autrement, la lecture est avant toute chose de faire partager au plus grand nombre un des bonheurs les plus forts de la vie, celui que Valéry Larbaud nommait « le vice impuni »…
Les éditions
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Lire à haute voix [Texte imprimé], histoire, fonctions et pratiques de la lecture oralisée Georges Jean
de Jean, Georges
les Éd. de l'Atelier
ISBN : 9782708234789 ; 38,89 € ; 25/11/1999 ; 175 p. ; Broché
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