L'affaire du chien des Baskerville de Pierre Bayard

L'affaire du chien des Baskerville de Pierre Bayard

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Critiqué par Sahkti, le 28 février 2008 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 306ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 6 857 

Et si Sherlock avait tout faux?

"Le chien des Baskerville" est souvent considéré, par les spécialistes de Conan Doyle, comme un livre à part, se démarquant des autres enquêtes de Sherlock Holmes.
Si c'était en réalité un règlement de comptes entre Conan et Sherlock? Si l'absence importante du détective dans cette aventure et son côté fantastique n'étaient en fait qu'un moyen de mettre Holmes échec et mat, à défaut de pouvoir le faire mourir, vu la forte pression des lecteurs sur l'auteur?
Ma foi, pourquoi pas... Pierre Bayard se base sur cette hypothèse pour démontrer en quoi, dans cette enquête, Sherlock Holmes commet des erreurs d'appréciation du début à la fin, sans doute une triste vengeance du Sir Doyle vis-à-vis de son étouffant héros!
En soi, cette théorie est drôle et curieuse. A la lecture de l'essai fouillé de Pierre Bayard, on se surprend à y croire et à se dire que Conan Doyle est un petit malin.
J'ai apprécié cette lecture qui m'a donné l'occasion de revisiter le célèbre roman "Le chien des Baskerville", lu il y a si longtemps et relu avec plaisir, et des yeux différents.
Bayard propose une autre fin, met à jour des indices passés inaperçus, fait quelque peu passer Sherlock pour un idiot (mais oui, mais oui!) et démontre, de manière subtile, que finalement, le lecteur peut encore lire l'histoire comme il entend et ne pas être d'accord avec un auteur lorsque celui-ci prétend qu'untel est coupable et non pas un autre. C'est assez intéressant de se livrer à ce petit jeu de reconstitution littéraire et de se rendre compte qu'il existe en effet plusieurs lectures possibles qui remettent en question toute l'issue du récit. Pertinent à souhait!

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Audacieux

9 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 18 juin 2010

Pierre Bayard nous amène des réflexions intéressantes : Peut-on choisir de croire ou non un auteur ? Est-ce qu’on peut avoir une théorie autre que celle qu’on nous impose ? Est-ce qu’un auteur peut délibérément ou non flouer son lectorat ?

Selon Bayard, tout ça est possible et pourquoi pas ? Personnellement, je ne vois pas en quoi faire des théories empêche les gens de croire à la version canon (officielle). J’aime qu’on puisse interpréter un texte comme on le veut si on le désire et faire des théories plus ou moins convaincantes, selon les preuves qu’on apporte.

Je crois aussi que les personnages ont « une sorte » d’existence, même si je trouve que Bayard va parfois loin dans son raisonnement et en devient presque obscur. Je suis très visuelle quand je lis et j’imagine souvent comment sont les personnages quand « ils ne sont pas là » dans le texte. Évidemment, certains auteurs sont meilleurs que d’autres à nous faire croire que les personnages existent et que l’histoire arrive vraiment.

« Et, surtout, le monde que produit le texte littéraire est un monde incomplet, même si certaines oeuvres proposent des mondes plus complets que d’autres. »

Bayard nous montre qu’on peut être un lecteur actif et d’avoir le choix de croire ou non ce qu’on veut et selon lui, Sherlock se serait trompé dans son enquête Le chien des Baskerville.

Je prends toujours plaisir à lire les théories sur Internet à propos de la série : Holmes serait le professeur Moriarty (à la Dr. Jekyll et Mr. Hyde), Holmes serait Jack l’éventreur, Mycroft serait Jack l’éventreur, Holmes serait homosexuel (un classique), Watson serait bisexuel (ou homosexuel dans le déni), Holmes et Watson seraient des femmes se faisant passer pour des hommes pour ne pas choquer la très conservatrice société victorienne, Holmes serait un personnage fictif permettant à Watson de travailler incognito comme détective...

Bon revenons à la théorie du vrai coupable de Pierre Bayard, des fois je me demande où il veut en venir en énumérant toutes les erreurs de Holmes. Qu’il n’est pas infaillible ? D’accord, mais d’un autre côté, si Holmes réussissait tout du premier coup, la recette serait toujours la même et ça deviendrait ennuyeux. Je ne crois pas qu’il ait parfois tort faire de lui un imbécile facilement impressionnable. J’ai au moins deux arguments contre la théorie du « vrai assassin » de Bayard, mais elle reste encore très intéressante et plus crédible que la version officielle du roman. Personnellement, je ne crois pas que le détective se soit trompé, mais Bayard apporte une perspective nouvelle et met la lumière sur plusieurs incohérences du récit. Enfin, je ne verrai plus l’histoire de la même façon. Excellent travail de Bayard, que je détestais pour son Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? parce que je trouvais qu’il rabaissait la lecture et dévoilait l’histoire de plein de livres que je voulais vraiment lire.

P. S. : Même si on n’est pas obligé de lire Le chien des Baskerville pour savourer l’analyse de Bayard, c’est très recommandable et même de le lire juste avant si possible. Aussi, comme c’est souvent le cas avec l’auteur, il a tendance a dévoiler des détails importants d’autres livres, ici : la nouvelle Le dernier problème du recueil des Souvenirs de Holmes, la finale de deux Agatha Christie, Le meurtre de Roger Ackroyd (Poirot aurait tort aussi !) et L’heure zéro, Hamlet de Shakespeare (mais bon, on est supposé connaître un peu l’histoire).

Sherlock s'est gouré...

5 étoiles

Critique de Miss teigne (, Inscrite le 6 mars 2008, 43 ans) - 20 mai 2010

Sherlock Holmes se serait planté ! Il aurait injustement accusé ****** d’avoir assassiné, entre autres, Charles Baskerville. C’est en tout cas la thèse que défend Pierre Bayard dans cette contre-enquête littéraire sur l’œuvre d’Arthur Conan Doyle.

Objectivement, il s'agit d'une démonstration originale, bien construite et bien argumentée ; même si je ne me rappelle pas que Pierre Bayard ait abordé la ressemblance entre Stapleton et le portrait de Hugo Baskerville, ressemblance qui pourrait expliquer certaines choses... (ne pas en dire trop pour ceux qui n'ont pas lu "Le chien des Baskerville). Cet indice occulté par l'auteur est pourtant capital dans la résolution de l'enquête par Holmes.

Il est évident que cet ouvrage doit être pris dans le second degré. Toutefois, je n'ai pas accroché pour une raison bien précise. Je fais sans doute partie de ceux que l'auteur appelle les ségrégationnistes (par opposition aux intégrationnistes) c'est-à-dire que je n'accorde aux personnages fictifs aucune vie propre. Son argumentation visant à démontrer que Sherlock Holmes s'est trompé de coupable, je n'y vois que des "failles" de la part de Arthur Conan Doyle qui a mal ficelé son enquête.

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  La grande affaire... 21 Shelton 27 mai 2010 @ 07:58

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