Paul et Virginie de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un agréable « classique » mais dont la morale manque de consistance...
« Paul et Virginie » est le récit d'un amour contrarié au nom de la vertu. Destiné probablement à toucher la sensibilité des femmes du 18e siècle, premières lectrices de ces drames romanesques et moralistes, Bernardin de Saint-Pierre verse tout de même un peu trop dans le sentimentalisme.
Veuve et abandonnée de sa famille pour avoir épousé un homme de classe inférieure, la mère de Virginie, Mme de La Tour, se retrouve en œle de France, seule et désemparée pour élever sa fille. Bien vite, elle découvre en Marguerite, jeune mère d'un petit Paul, une amie sincère, cette dernière partageant sa situation, sa « faiblesse » l'ayant laissée enceinte et dépourvue de tout.
Grâce à la bienveillance d'un voisin, elles se créent un petit domaine où toute la « famille » (cela entend les deux mères, les enfants, deux esclaves et un chien) peut vivre en autarcie, en harmonie avec la nature. Paul et Virginie grandissent, unis par un amour fraternel extrême mais l'adolescence arrive et vient compliquer cette relation si parfaite.
Même si leur union à l’âge adulte ne fait de doute pour personne, la vertu des jeunes gens se doit d’être protégée et Mme de La Tour songe à envoyer Virginie chez une tante qui, acariâtre mais sentant arriver la solitude des vieux jours, propose de faire de la jeune fille son héritière. Virginie ne peut imaginer cette séparation d’avec Paul mais l'intervention d’un missionnaire interviendra en faveur de son départ, la parole de Dieu faisant force de loi. Cela ne clôt pas leur histoire mais est le début de la chute vers le drame auquel ils sont destinés.
Ce récit assez court (à peine 150 pages) se fait avocat des bienfaits de la nature et de la vertu, indissociables d’une existence respectable. Eloignés des corruptions de la société, Paul et Virginie sont les acteurs d'un amour impossible. Virginie est le symbole de la pudeur et c’est l’issue de ce roman qui en est la preuve extrême.
Mais voilà, on se sent plongé dans le pathétique, malgré la richesse du texte et la poésie des descriptions de la nature qui lui sert de décor. Comme je le dis dans le titre de cette critique, la morale de ce récit manque de consistance. Il ne s’agit pas de l’époque où l’histoire a été écrite mais de la sensiblerie de l’auteur. Racontée par un témoin anonyme qui recueille le récit des lèvres de l’aimable voisin, l’histoire se perd déjà dans cette narration à la troisième personne et au deuxième degré… Tout le monde est gentil, humble et généreux. Une famille unie, une compréhension de l’autre qui dépasse le langage et un altruisme sans limite. Exemplaire.
Soyez vertueux !! nous dit Bernardin. Mais la vertu semble avoir un prix plutôt élevé dans son récit.
Les éditions
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Paul et Virginie [Texte imprimé] Bernardin de Saint Pierre édition établie et présentée par Jean Ehrard,...
de Bernardin de Saint-Pierre, Jacques-Henri Ehrard, Jean (Editeur scientifique)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070375523 ; 9,70 € ; 24/04/1984 ; 352 p. ; Poche -
Paul et Virginie
de Bernardin de Saint-Pierre, Jacques-Henri Johannot, Tony (Illustrateur)
PROFRANCE / Grands textes / JC Lattès / Clasiques éternels
ISBN : 9782876284395 ; 1,53 € ; 01/01/1992 ; 292 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (10)
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Love story exotique
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 12 mai 2014
Dans la seconde moitié du XVIII° siècle, à Maurice, l’Ile de France à l’époque, une jeune veuve enceinte trouve refuge avec son esclave noire dans les montagnes avoisinantes de Port Louis où elle rencontre une jeune femme, mère d’un petit Paul, qui vit là aussi avec son esclave. Bientôt cette veuve met au monde une petite Virginie et les deux familles vivent alors en parfaite osmose une existence largement inspirée des thèses de Jean Jacques Rousseau, ami de l’auteur. Une vie simple, pieuse, laborieuse et vertueuse, en harmonie avec la nature et le voisinage. Les enfants sont élevés selon des principes que l’Emile de Jean Jacques Rousseau n’aurait certainement pas reniés. « Jamais les leçons d’une triste morale ne les avaient remplis d’ennui». « On ne les avait jamais effrayés en leur disant que Dieu réserve des punitions terribles aux enfants ingrats ».
Cette vie de vertu et de dénuement matériel mais de grande richesse affective et sentimentale ne dure pas très longtemps, bientôt ces deux familles sont confrontées à la violence et aux vices de la société européenne par l’entremise d’une tante riche et mauvaise qui veut faire le bonheur de sa petite-nièce malgré elle. C’est le grain de sable qui vient perturber la belle mécanique amoureuse qui s’était mis en marche entre les deux adolescents, et transforme cette belle histoire d’amour en une Love story des temps modernes aussi pathétique que celle d’Erich Segal.
Les histoires d’amour tragiques séduisent souvent un large public mais ce livre, même s’il est un peu naïf et candide, pathétique et plein de bons sentiments, a une autre dimension, il prône un modèle de société idéal, certainement inaccessible, mais porteur de valeurs qui pourraient grandement améliorer la vie sur terre si elles étaient mises en pratique, en Europe notamment mère de tous les vices. C’est une véritable leçon de morale et d’éducation que l’auteur dispense aux lecteurs en s’appuyant sur les théories de Jean Jacques Rousseau mais c’est aussi, en creux, une critique à peine voilée de tout ce qu’entreprennent et manigancent ceux qui détiennent les pouvoirs politiques, économiques, religieux, … On sent nettement sous la plume de cet érudit une grosse pointe d’aigreur personnelle, on dirait qu’il n’a pas obtenu ce qu’il voulait et qu’il en rend responsable ses semblables qui ont oublié les sacro-saints principes de maître Emile.
Il ne faut surtout pas nier que Bernardin de Saint Pierre est un excellent homme de plume, son écriture est riche, fluide, parfois recherchée et il maîtrise son roman de bout en bout et, même si son histoire peut paraître mièvre, elle comporte aussi des élans d’héroïsme stoïque face à la mort : « j’ai été trouvée fidèle aux lois de la nature, de l’amour, et de la vertu. J’ai traversé les mers pour obéir à mes parents ; j’ai renoncé aux richesses pour conserver ma foi : et j’ai mieux aimé perdre la vie que de violer la pudeur ». Le testament de Virginie pourrait être aussi celui de l’auteur, le message qu’il voudrait nous laisser… mais aussi la vie qu’il a menée parce qu’il n’a pas réussi à faire fortune ?
Plaisant et naturel
Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 26 novembre 2011
Toutefois comme l'essentiel évoque une belle image des Tropiques, malgré le fait que le thème rejoint parfois, il est vrai, celui très simpliste du "Bon Sauvage", on peut le relire agréablement car il s'agit avant tout d'un Conte Classique à la naiveté confondante mais cependant pas plus mal fait que certaines autres d'aujourd'hui; le tout à propos d'une époque désuète qui n'est plus. Pour l'époque, il y a finalement peu d' ostracisme présent dans ce récit.
Pour la province des landes de France, avec cette lumière tremblotante et caractéristique de l'obscurantisme de ses chaumières multiples et infinies, qu'on enseignera de toute façon jamais totalement à aucun citadin.
Un beau classique!!
Critique de Lalie2548 (, Inscrite le 7 avril 2010, 39 ans) - 7 mai 2010
très déçue!
Critique de Tahrouch asmaa (, Inscrite le 24 novembre 2008, - ans) - 25 novembre 2008
j'ai failli arrêter la lecture à plusieurs reprises tant j'avais une indigestion d'un charabia pompeux.
mais je l'ai lu jusqu'à la fin qui était, et sans surprise, décevante et ridicule à la fois.
Autres temps, autres moeurs...
Critique de Opalescente (, Inscrite le 8 novembre 2005, 42 ans) - 2 octobre 2006
Les héros sont merveilleux de dévouement mutuel et d'ingénuité, ils semblent ne former qu'un ensemble avec cette nature accueillante et bienveillante.
La fin est assez dérangeante toutefois. Difficile de comprendre la réaction de Virginie qui refuse la main tendue du marin...
On a souvent accusé ce livre d'être niais, et c'est effectivement ce que vont penser les coeurs hermétiques à la beauté simple qui se dégage à chaque ligne. Peut-être que nombres de lecteurs sont corrompus par la société décriée par Bernardin de Saint-Pierre pour pouvoir apprécier ce retour aux sources? Pour ma part je ne pourrais le qualifier autrement que de livre envoûtant.
Je me suis prise à rêver d'avoir mon île et mon Paul...puisque seule cette solution semble être garante de bonheur et de tranquilité...
ça ne vaut rien.
Critique de Rat noir (, Inscrit le 14 août 2004, 40 ans) - 19 mai 2005
Quel ennui....
Critique de Giny (Casablanca, Inscrite le 26 avril 2005, 36 ans) - 3 mai 2005
Exotique
Critique de Chouxfleur11 (, Inscrite le 31 octobre 2004, 36 ans) - 14 novembre 2004
je dirais même : que c'est pur!
Critique de Booklover (, Inscrit le 7 août 2004, 45 ans) - 8 août 2004
Le Paradis!
Dans un monde et une ère aussi souillée que la nôtre, quel plaisir, quel réconfort, et quel espoir l'on retrouve dans un tel livre!
C'est une bouffée d'air frais qui revitalise et réveille!
et surtout nous refait aimer l'humanité...
au fait, moi aussi j'ai versé des larmes...même beaucoup...
que c'est beau
Critique de Pétoman (Tournai, Inscrit le 12 mars 2001, 48 ans) - 8 octobre 2001
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