Le vicomte pourfendu de Italo Calvino

Le vicomte pourfendu de Italo Calvino
(Il visconte dimezzato)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Platonov, le 7 octobre 2001 (Vernon, Inscrit le 7 septembre 2001, 41 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 378ème position).
Visites : 19 773  (depuis Novembre 2007)

Un conte à la Voltaire

Le vicomte Médard de Terralba, un chevalier génois, voit son corps séparé en deux moitiés après qu'un boulet de canon l'eut transpercé, lors d'une bataille.
Et ces deux parties du corps continuent cependant à vivre
- après avoir été longuement soignée s- mais dont les caractéristiques sont complètement opposées: en effet, la partie gauche prodigue le bien (c'est "le Bon") et la partie droite, elle, bien sûr, incarne le Mal. Et ces deux corps vont égayer et tourmenter (ou consoler )la petite vie tranquille du vicomté. La mauvais comte, "L'Infortuné", terrorise sa population en exécutant de nombreuses personnes, en incendiant sans raisons des maisons etc. Puis, peu après arrive l'autre comte, Le Bon, qui lui, humblement, va prêcher la morale chez les lépreux de Préchampignon qui s'adonnaient à la luxure et la volupté, surveiller la conduite des huguenots, aider les indigents. Puis, le mauvais comte tombe amoureuse de Pamela, une bergère... Le dénouement, heureux, mais néanmoins complètement invraisemblable, montre bien que ce court récit est un conte à la Voltaire, en effet, on ne peut s'empêcher de penser à Zadig et à Candide lorsque l'on lit les tribulations des "deux Comtes".
Livre facile à lire, où l'alacrité rejoint parfois le cynisme et l'ironie. La morale est que le Bien et le Mal sont en chaque partie de nous, et que cette dichotomie des sentiments et caractéristiques composent l'homme entièrement , ce qui n'empêche pas qu'il faille rechercher à donner au Bien un ascendant sur le Mal.

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Les éditions

  • Le Vicomte pourfendu [Texte imprimé], roman Italo Calvino traduit de l'italien par Juliette Bertrand
    de Calvino, Italo Bertrand, Juliette (Traducteur)
    le Livre de poche / Le Livre de poche.
    ISBN : 9782253029854 ; 14,99 € ; 05/05/1982 ; 122 p. ; Poche
  • Le vicomte pourfendu [Texte imprimé], roman Italo Calvino trad. de l'italien par Juliette Bertrand
    de Calvino, Italo Bertrand, Juliette (Traducteur)
    Albin Michel / Les Grandes traductions.
    ISBN : 9782226089199 ; 2,78 € ; 02/01/1997 ; 160 p. ; Broché
  • Le vicomte pourfendu [Texte imprimé] Italo Calvino présentation, notes, questions et après-texte établis par Nathalie Lebailly, Matthieu Gamard... traduit de l'italien par Juliette Bertrand
    de Calvino, Italo Lebailly, Nathalie (Editeur scientifique) Gamard, Matthieu (Editeur scientifique) Bertrand, Juliette (Traducteur)
    Magnard / Classiques & contemporains (Paris).
    ISBN : 9782210754751 ; 5,20 € ; 12/12/2005 ; 158 p. ; Poche
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Les livres liés

  Nos ancêtres

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Un joli conte philosophique

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 1 octobre 2019

Le vicomte Médard de Terralba se retrouve coupé en deux lors d'une bataille, par un boulet de canon. Ses deux moitiés, étonnamment, arrivent à survivre de manière indépendante, la gauche et la droite incarnant respectivement le bien et le mal, l'une ne pouvant pas véritablement pas se passer de l'action de l'autre. La gauche regagne le village et revient y régner sagement, alors que la droite y répand la terreur, toutes deux se faisant écho.
Le bien et le mal détiennent des valeurs qui se font écho et donnent du sens à celles de l'autre, ce qui vaudrait en matière théologique. Ce conte philosophique est conçu pour être lu facilement et inviter à réfléchir sur des questions fondamentales, ce qui est loin d'être vain. Il m'a bien plu, même si la forme reste probablement un tantinet simpliste.

Un homme partagé

7 étoiles

Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 21 mars 2018

En pleine bataille contre les turcs, le vicomte Médard de Terralba se voit mutilé par un boulet de canon. Et c’est une moitié d’homme qui rentre dans son foyer et pas la meilleure… pour le malheur de son entourage...
A la fois conte fantastique et moral, cette agréable histoire fait souvent sourire, interroge parfois sur la nature humaine, offre un bon moment de lecture.

Amusant et faisant aussi réfléchir

8 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 16 août 2014

Un petit roman (en fait, un conte, ou une novella, c'est à dire, une longue nouvelle : le livre fait 140 pages) qui inaugure la trilogie des "Ancêtres" d'Italo Calvino, auteur que je découvre par le biais, justement, de cette trilogie. Trois histoires indépendantes, qu'on peut lire dans n'importe quel ordre, et toutes trois aussi réussies. Celle-ci, amusante, est une réflexion philosophique et fantaisiste sur la dualité de l'Homme. Un vicomte, Médard de Terralba, est littéralement coupé en deux (à la verticale) par un boulet de canon au cours d'une guerre, autrefois, contre les Turcs. Il survit (ses deux moitiés survivent, en fait !) et sa moitié droite, celle qui est retrouvée en premier, retourne dans son fief... où il va dès lors faire régner la violence, la terreur, la cruauté. L'autre moitié (celle avec le coeur), la gauche, va errer en vagabond, et finalement regagner aussi ses terres...

Ca se lit très facilement (d'autant plus que Calvino possède un style fluide et plein d'humour), c'est très inspiré par Voltaire notamment, et c'est vraiment une histoire originale. Un peu farfelue, c'est vrai, mais originale. Peut-être pas le meilleur de la trilogie, mais c'est à lire, et j'ai vraiment aimé !

Le yin et le yang

9 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 16 mai 2014

En guerroyant en Bohême aux côtés de l’Empereur contre les Turcs, Le vicomte de Terralba est victime d’une cruelle blessure qui le laisse coupé en deux parties à peu près égales : une partie maintenue en vie rentre sur ses terres en Italie, l’autre est laissée sur le champ de bataille, du moins le croit-on. La moitié de corps qui a regagné le château s’avère violente, cruelle et cynique comme si elle ne comportait que la méchanceté du personnage et que la partie bonne et dévouée soit restée avec la dépouille de l’autre moitié du vicomte sur le champ de bataille. Car il est bien entendu, pour Calvino, que l’homme ne peut se composer que d’une partie de mal et une autre de bien. La moitié revenue au château profère : « Si jamais tu deviens la moitié de toi-même… tu comprendras des choses qui dépassent l’intelligence courante des cerveaux entiers. Tu auras perdu la moitié de toi et du monde, mais ton autre moitié sera mille fois plus profonde et plus précieuse. Et toi aussi, tu voudras que tout soit pourfendu et déchiqueté à ton image parce que la beauté, la sagesse et la justice n’existent que quand tout est mis en pièce ». Alors que celle restée en dépouille pense que : «maintenant je sens une fraternité qu’avant, lorsque j’étais entier, je ne connaissais pas. Une fraternité qui me lie à toutes les mutilations, toutes les carences du monde. Si tu viens avec moi…, tu apprendras à souffrir des maux de tous et à soigner les tiens en soignant les leurs ». Mais séparés le bien et le mal ne parviennent instaurer la paix et la justice.

Dans ce petit opuscule, Calvino nous propose un conte philosophique, fantastique, burlesque, drôle, inventif par lequel il voudrait nous convaincre que le bien et le mal sont indissociables et que chacun a besoin de ces deux composantes pour être complet et pouvoir vivre en harmonie au sein d’une société organisée. Car, si le bien et le mal s’opposent, la lutte sera sans fin, le bien devant recourir au mal pour vaincre son ennemi et imposer sa loi. Ce propos montre toutes les limites de l’humanité devant les excès commis par ceux qui recourent systématiquement au mal pour imposer leur loi car faire bien c’est déjà souvent faire le mal en éliminant ceux qui ont recours à la violence, à la cruauté, au vice, à la fourberie, … Avec ce texte écrit peu après la deuxième guerre mondiale, Italo Calvino semble nous inviter à veiller aux jugements que nous pourrions porter après les incroyables exactions commises au cours de ce conflit et peut-être même poser la question si difficile à formuler : fallait-il larguer la bombe finale pour vaincre le mal ? Et même aller plus loin encore : avons-nous vaincu le mal en lançant cette bombe ? Et finalement la violence peut-elle justifier le recours à la violence ?

Juste quelques lignes burlesques pour rire et amuser mais aussi pour formuler des questions douloureuses auxquelles il est tellement difficile d’apporter des réponses. Sachons mesure garder et considérer les limites des possibilités humaines. L’homme ne peut pas tout, il doit aussi apprendre à accepter

Le bien et le mal!

9 étoiles

Critique de Manu2793 (Voiron, Inscrit le 15 novembre 2010, 37 ans) - 13 décembre 2012

C'est le deuxième conte philosophique de la trilogie que je lis. Composé du chevalier inexistant et du baron perché. Les livres n'ont aucun lien et peuvent se lire indépendamment. Ces livres sont très lus au lycée dû à une écriture riche et pas trop décourageante en même temps. Le vicomte pourfendu vous fera cogiter sur les notions de bien et mal. Il ne fait qu'une centaine de pages mais que de réflexion à chaque fois que l'on referme le livre. Vraiment excellent ce livre et très léger et si complexe a la fois. A lire absolument!!!

Un excellent conte philosophique

9 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 25 juin 2012

Le vicomte Médard de Terralba part sur son fier destrier faire la guerre aux Turcs. Mais, au cours d'une bataille acharnée, un boulet le coupe littéralement en deux. Des médecins usent de toute leur science pour lui sauver la vie et c'est une moitié d'homme gravement mutilé qui est ramenée dans son fief sur une civière. Bientôt tout le monde découvre ce qu'est devenu le vicomte : un être mauvais, haineux et qui ne pense qu'à faire du mal à tout ce qui l'entoure. Mais un jour, l'autre moitié du vicomte réapparaît sous la forme d'une moitié d'homme ressemblante, mais totalement différente. Elle s'évertue à toujours faire le bien autour d'elle...
Ce conte philosophique fait partie avec « Le baron perché » et « Le Chevalier inexistant » de la trilogie « Nos ancêtres ». Magnifiquement écrite, cette histoire totalement improbable permet à Calvino de poser le problème du mal et surtout celui de la dualité toujours active en chacun de nous. Un livre qui fait réfléchir à l'aide d'une petite histoire légère et amusante en apparence. Et bien plus profonde en réalité. « Le Vicomte pourfendu » est également un des réquisitoires les plus convaincants sur l'absurdité de la guerre. Une sorte de démonstration par l'absurde. Spirituel, humoristique et plein de trouvailles poétiques, ce livre est à classer parmi les plus grands textes de la littérature italienne du XXème siècle.

Une fable moderne sur le bien et le mal

8 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 26 février 2012

Le vicomte a été pourfendu en deux parts égales sur le champ de bataille à cause d'un boulet de canon. De manière manichéenne, une moitié serait bonne, l'autre mauvaise. Et voilà que ces deux parties deviennent indépendantes et mènent chacune leur existence séparée. On reconnaît bien ici l'humour et l'imagination de Calvino, écrivain de renom qui parvient à engendrer des univers loufoques et fascinants.

Les villageois sont donc confrontés à la part négative du vicomte qui se montre violente, exécrable et détestable. A l'inverse la part positive est bienveillante, généreuse et même trop gentille. A cet être divisé s'ajoutent des lieux et des individus propres à l'univers du conte : le vieil Aiulpho passionné par les oiseaux qui vit dans une volière, le docteur Trelawney qui essaie de capturer des feux follets, Préchampignon lieu où sont exilés les lépreux pour mourir .... Les épisodes s'enchaînent rapidement, les personnages originaux ne peuvent que séduire le lecteur qui est invité aussi à y voir une critique des hommes.

"Le Vicomte pourfendu" est un roman rédigé à la manière des apologues de Voltaire dans lequel on ne s'ennuie pas une seconde. Le lecteur est invité à prendre conscience que l'homme abrite en lui-même le bien et le mal. Contrairement aux idées reçues, le bien poussé à l'extrême devient le mal et inversement.

La dualité

7 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 14 novembre 2011

« Nos sentiments devenaient incolores et obtus parce que nous nous sentions comme perdus entre une vertu et une perversité également inhumaines. »

Le corps d’un vicomte fendu en deux lors d’une bataille, les deux moitiés vivront dès lors séparément. L’une bien, l’autre mal, mais toutes deux aussi redoutables.

Une belle petite fable sur l’universel thème de la dualité de l’homme. Naïve, simpliste parfois, mais intéressante.

2 x 1/2 > 1

7 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 5 août 2005

« Si chacun pouvait sortir de son obtuse, de son ignare intégrité ! J’étais entier, et toutes les choses étaient, pour moi, naturelles et confuses, stupides comme l’air ; je croyais tout voir et ne voyais que l’écorce. Si jamais tu deviens la moitié de toi-même et je te le souhaite, enfant, tu comprendras des choses qui dépassent l’intelligence courante des cerveaux entiers. Tu auras perdu la moitié de toi et du monde mais ton autre moitié sera mille fois plus profonde et plus précieuse. Et toi aussi, tu voudras que tout soit pourfendu et déchiqueté à ton image parce que la beauté, la sagesse et la justice n’existent que dans ce qui est mis en pièces. »
C’est l’idée que les choses élémentaires sont plus belles et plus pures que les agrégats de matière, que défend ici la moitié vicieuse du vicomte pourfendu. Leurre de l’ « élémentiel » : toute entité vivante est forcément impure, de sang mêlé, ni bonne ni mauvaise. Mais il faut avoir été mis en pièces (moralement s’entend), bon ou mauvais totalement, avoir fait l’expérience de ce broiement pour en tirer leçon.

« C’est ainsi que mon oncle Médard redevint un homme entier, ni méchant ni bon, mélangé de bonté et de méchanceté, c’est-à-dire un être ne différant pas, en apparence, de ce qu’il avait été avant d’être pourfendu. Mais il avait l’expérience de l’une et de l’autre moitié ressoudées : aussi devait-il être sage. »
Cette voix, c’est celle du neveu de l’oncle découpé en deux, qui apporte une note naïve à ce récit narré par un écrivain de 28 ans et qui dispense une belle leçon de vie.

Un conte philosophique

8 étoiles

Critique de Le petit K.V.Q. (Paris, Inscrit le 8 juillet 2004, 31 ans) - 26 août 2004

L'histoire d'un vicomte coupé en deux, dont une partie NE fait que le bien, et l'autre fait le mal. Et, peu à peu, on va se rendre compte que le Bien n'est pas plus aimé que le Mal. Moralisateur, collant, chiant d'un côté, fasciste, tortionnaire, belliqueux, tueur de l'autre. Un conte qui nous dit qu'il faut être équilibré dans sa vie : ne pas trop faire dans le "moralisateur", "prêcheur", et surtout pas dans le "fasciste", "tortionnaire". Il faut être équilibré. J'ai beaucoup aimé. Je ne sais pas si je me suis bien exprimé.

Kim

Le bien pourrait-il exister sans le mal?

9 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 9 septembre 2003

Ce récit sous forme de conte est à forte coloration psychologique.
Le vicomte Médard de Terralba se souviendra longtemps de sa première bataille !
Son corps est coupe en deux par un boulet de canon !
Et les deux moitiés vont survivre indépendamment !
La première à revenir au village dont il est le seigneur est la partie droite, celle qui va répandre la terreur partout où elle passe, incendiant, mutilant, tuant.
La partie gauche rentre au bercail peu après et s'évertue, elle, à faire le bien !
Les sujets de Médard ne supportent pas mieux ce « saint » qui remet trop d’ordre dans leurs moeurs.
Comment cela finira-t-il ?…
Savoureux, vif, naïf sur la fin, ce conte nous concerne tous : le bon côtoie le mal en chacun de nous.
D’autre part, il ne sert à rien de se couper d'une partie de soi ; être d’accord avec soi-même est essentiel pour l’épanouissement de l’humain.
C'est du moins la « morale » que j’ai décelée dans cette histoire.

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