Le boulevard périphérique de Henry Bauchau

Le boulevard périphérique de Henry Bauchau

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 18 janvier 2008 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (974ème position).
Visites : 9 658 

En quête de ténèbres

Ce roman d’Henry Bauchau est magnifique d’émotion, une peu comme si, à 94 ans, l’auteur se disait que c’était peut-être le dernier et qu’il allait y mettre toute son âme, encore plus que d’habitude. Simple supposition de ma part, bien entendu, mais j’ai retrouvé tant d’humanité, de sérénité et de raffinement dans ce texte que je l’ai considéré comme une lettre non pas d’adieu mais de "préparation à" de la part de Bauchau.
Ce roman appelle d’ailleurs à de multiples interprétations, à des résonances diverses et il est certain que dix lecteurs différents y verront dix histoires différentes. Il n’existe sans doute pas de vérité vraie dans le cas présent, pas d’interprétation plus valable qu’une autre, il s’agit simplement d’échos émotionnels. De beaux échos!

Nous sommes en 1980, le narrateur observe sa belle-fille mourant d’un cancer. Parallèlement, il renoue avec les fantômes du passé, un alpiniste (Stéphane) appartenant au mouvement de la Résistance et décédé dans d’obscures circonstances, et Shadow, un officier nazi, tueur du premier cité. La beauté de l’âme opposée à sa perversion, la blancheur confrontée à la noirceur, le Bien et le Mal… mais est-ce aussi simple que cela? Non, bien sûr, sinon ça serait trop facile et Henry Bauchau le sait bien, il préfère décortiquer la complexité des sentiments.
Au fur et à mesure de ses visites dans l’hôpital qui accueille Paule, malade, le narrateur se souvient de Stéphane et de Shadow, il essaie de savoir, de comprendre, d’analyser comment son cœur peut balancer. Une quête de soi douloureuse et dangereuse, on l’imagine, mais sans doute salutaire pour lui, à l’heure où il vit un nouveau drame. La mort est là, elle guette, elle hante.

Superbe récit, tout en douceur et en finesse, empreint d’une complexité riche et enthousiasmante, car elle est créatrice, investigatrice; Bauchau emporte le lecteur avec lui dans la tourmente, tout se construit à deux ou plus encore.
C’est un livre qui demande de la patience, de l’attention, une certaine démarche… il ne se laisse pas apprivoiser dès la première lecture et rapidement, l’esprit fourmille d’idées et d’hypothèses, on retourne en arrière, on reprend, on repart, c’est une promenade enivrante.

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Les éditions

  • Le boulevard périphérique [Texte imprimé], roman Henry Bauchau
    de Bauchau, Henry
    Actes Sud / Domaine français (Arles)
    ISBN : 9782742771691 ; 14,81 € ; 10/10/2011 ; 256 p. ; Format Kindle
  • Le boulevard périphérique [Texte imprimé], roman Henry Bauchau
    de Bauchau, Henry
    Actes Sud / Babel (Arles)
    ISBN : 9782742784936 ; 7,70 € ; 31/08/2009 ; 256 p. ; Broché
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Indicible

9 étoiles

Critique de Bafie (, Inscrite le 19 juillet 2004, 62 ans) - 19 décembre 2013

l'émotion qui m'étreint en refermant ce livre est de l'ordre de l'indicible...
La lecture ne fut pas facile, il faut lire ce livre avec le cœur, rentrer en soi pour rencontrer le narrateur , l'écrivain.
IL écrit alors qu'il accompagne sa belle-fille qui se bat contre un cancer en phase terminale et cette situation évoque chez lui de douloureux et lumineux souvenirs.
Stéphane, alpiniste aux gestes aériens a toujours hanté les pensées de l'auteur. Résistant, il a été tué par les SS et principalement par le colonel Shadow. Sa mort et la rencontre avec Shadow, son bourreau restent douloureuses dans les souvenirs de l'auteur...
Au fur et à mesure qu'il accompagne Paule, l'auteur se confronte à ses souvenirs, les décante et...s'en libère en les acceptant peu-à-peu.
De nombreux autres thèmes affleurent la relation père-fils, mère-fille, l'engluement dans le quotidien, la fureur de la ville, on retrouve le Paris de "l'Enfant bleu"
A travers cet écrit, j'ai aussi l'impression que Henry Bauchau nous livrait un testament...le saisir n'est pas évident mais c'est un joyau qu'il nous livre si l'on en prend la peine...

?

4 étoiles

Critique de Patsy (, Inscrite le 21 septembre 2013, 77 ans) - 21 septembre 2013

Je trouve ce livre ennuyeux, lent, redondant, lourd, manquant totalement de "souffle".
L'écriture est , bien sûr, à son image.

J'ai peine à comprendre les éloges dont il fait l'objet!
Snobisme intellectuel?

PS Mes goûts littéraires ne me portent pas vers le facile, je connais presque "par cœur" tous les écrivains du 19 ème siècle, passés à la postérité.

Tristesse, beauté et sérénité

9 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 5 mai 2009

Ce titre « Boulevard périphérique » bruyant par ce qu’il évoque cache une réalité dont on évite de parler, en général, le départ d’un être cher, en l’occurrence celui de sa belle fille. Henry BAUCHAU en parle avec beaucoup de pudeur et de beauté, il aime les autres, il est tourné vers les autres. Ce drame lui permet d’évoquer une autre histoire, belle et tragique, une amitié de jeunesse. A lire absolument ce livre écrit par un homme de 95 ans et à aucun moment on ne peut le déceler.

Le "lâcher-tout" est difficile.

8 étoiles

Critique de Donatien (vilvorde, Inscrit le 14 août 2004, 81 ans) - 9 novembre 2008

J'ai beaucoup d'admiration pour Henri Bauchau qui devenu psychothérapeute après avoir fait des études de droit, s'est mis à écrire très tard pour être enfin reconnu comme écrivain en 1990, après le succès d'estime pour "Oedipe sur la route".
Ses romans et ses journaux témoignent de son don d'empathie pour les êtres et leurs rêves, pour la magnifique énergie de la vie dans son combat avec la mort .

Ses dernières oeuvres font apparaître les inquiétudes et nostalgies liées à la fatigue de l'âge et la présence perceptible de la mort.

Le dernier volume de son journal est titré: "Le présent d'incertitude" et la précarité de la vie y prend de plus en plus de place.
Cette atmosphère est à rapprocher des mémoires de Claude Roy dont les différents volumes sont titrés et numérotés "Permis de séjour" puisqu'une opération réussie lui donne un sursis de vie.
A partir de telles alertes, les sensibilités détectent et notent les moindres petites joies, toutes les traces de la beauté qui échappent aux êtres affairés et en bonne santé que nous sommes.
Henri Bauchau a selon moi l'art de s'arrêter sur les instants, les lieux, même devant certains visages pour suspendre le temps et permettre d'en tirer tout le suc . A 94 ans , c'est à la fois miraculeux et poignant.
Faut-il, comme le demande sa belle-fille Paule, "lâcher-tout lorsque que l'on ne veut plus rien"?

Autre moment magnifique et que tout enfant a ressenti à un moment de sa relation avec de vieux parents, c'est lorsque " le fils devient le père" .
Nous sommes tous susceptibles de vivre ces situations. Je suis reconnaissant à l'artiste qui partage ces émotions que sont la contemplation et la compassion de la vie dans toute sa précarité.

Ce n'est pas très "bling-bling" d'accord, mais ...

Leçon de vie

10 étoiles

Critique de Lutzie (Paris, Inscrite le 20 octobre 2008, 60 ans) - 27 octobre 2008

Ce livre se mérite. Malgré une écriture fluide, il n'est pas si aisé. Tel une voie d'escalade, il demande un effort pour en venir à bout, mais une fois en haut, il y a cette plénitude.

Voici donc un condensé de vie, avec d'incessants allers-retours, présent-passé, maison-hôpital, avec ce boulevard périphérique, épuisante métaphore de la répétition des tâches. La vie, avec ses fulgurances, ses renoncements, l'acceptation du non-vouloir, le lâcher-prise, autant de leçons qui sont encore une façon de la dominer.

Il aura fallu la maladie de Paule, la femme de son fils, pour que le narrateur accepte de voir en face ce qu'il a partiellement enfoui : cet amour, quarante ans auparavant, pour Stéphane. Stéphane dans toute la vigueur de sa jeunesse, l'homme des montagnes à la renversante beauté, celui qui ne se voyait pas mais regardait toujours plus loin, toujours plus haut, celui qui souriait tranquillement face au pire, un homme capable de s'attaquer à tout mais que rien n'entamait, sans faille apparente, hormis celle que le narrateur découvre fortuitement et que son bourreau découvre aussi, plus méthodiquement.

C'est une relation triangulaire étonnante que nous livre Bauchau sur fond de tragédie familiale. Shadow, dont l'enfance massacrée est racontée de façon clinique et magistrale (pp 126-129). Shadow, qui a cru qu'il pourrait dominer ses semblables, y compris Stéphane, lequel lui échappe encore en une pirouette ultime. Stéphane, que le narrateur se reproche d'avoir imparfaitement, incomplètement aimé, oui, simplement mal aimé. Et qui veut la vérité sur sa mort, de la bouche même de Shadow qui se meurt. Comme meurt Paule, dans la douceur des liens familiaux, ceux qui restent quand tout s'en va.
Et pour finir, cette bouleversante passation de pouvoir père-fils.

Un livre lumineux sous des apparences très sombres.

le métier d'écrire

10 étoiles

Critique de Nino (, Inscrite le 9 août 2008, 53 ans) - 11 août 2008

Il le dit plusieurs fois : encore une journée perdue pour l'écriture. Bauchau raconte sa vie d'écrivain, il est dans ces années 80 dans une période difficile de sa vie, il raconte quelques soucis matériels qu'il oppose à la réussite financière de son fils. Le regard de son fils complètement plongé dans l'action de sa vie d'homme, ce regard qu'il porte sur le travail de son père est cruel : il est édité pour être lu par une poignée de lecteurs.

Mais Bauchau est un écrivain.
Alors il écrit aussi sa vie, et tout devient vision poétique : les bouchons sur le périphérique, la porte jaune de l'hôpital, les moments de varappe avec Stéphane, la voiture en panne de batterie ... Son travail de dramaturge c'est également les références à Antigone, l'organisation de son livre autour du colonel Shadow et de son aide Marguerite. On retrouve même le choeur des femmes au moment du départ des hommes, jeunes, pour le STO. Tout est construit.

Il est aussi psychanalyste et l'on retrouve dans son travail l'importance de la relation à l'autre, les souvenirs, les rêves qui finalement habitent nos existence et modifient nos perceptions. Il y a une très belle image au moment de la mort de Paule lorsque Stéphane et Shadow s'invitent dans la chambre d'hôpital pour veiller cette jeune morte laissée par tous les vivants. Les morts accueillent les morts, les accompagnent.

C'est une compréhension de soi-même très profonde et très belle, en même temps il s'agit d'un livre d'adieu. Est-ce que l'on peut se préparer à l'idée d'une mort imminente ? Comme Stéphane qui sait déjà ... ou Paule qui a fini par se préparer sans que personne ne lui ai jamais rien dit sur son état de santé et sans qu'elle ait eu besoin de l'aide de la religion.

J'ai pensé, instantanément presque, à Tramway de Claude Simon dans lequel on naviguait de souvenirs en rêves, tout était amalgamé (mais je vais le relire). J'ai repensé également à Lettre à D, histoire d'un amour d'André Gorz qui est aussi un magnifique dernier texte.

La condition mortelle

5 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 22 juillet 2008

Je ne suis pas réceptif au monologue, donc cette lourde lecture d’été fut ardue. Les dialogues sont peu fréquents et les personnages n’interagissent pas vraiment entre eux. En fait, il s’agit presque d’un journal. Des souvenirs sombres et des réflexions sérieuses sur la vie mais surtout la mort. Un bouquin admirable pour son écriture et la finesse de son propos. Mais, le ton glauque et l’histoire terne n’ont pas réussi à me captiver.

(Prix du Livre Inter)

face à l'inconnu, l'homme est attentif

8 étoiles

Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 11 avril 2008

Le roman débute par une écriture pauvre en vocabulaire. La déclinaison du verbe faire ou voir tourne à la franche rigolade.
Henry Bauchau réussit pourtant à m'entrainer dans son histoire grâce à sa sincère humanité.

Humanité à propos du compte rendu de la manifestation des femmes belges, opposées aux départs de leurs hommes, pour le travail obligatoire instauré par les Allemands lors de la dernière guerre. Une forte émotion dans ce récit, gonflé par la peur de ces êtres aux mains nues, face à la barbarie armée. Cette vérité qui me prend aux tripes avec une clarté transmise à travers le sentiment de panique, l'impuissance devant une bête noire, casquée, menaçante, tout pouvoir de destruction à portée de fusil.

Humanité à propos de sa belle-fille, Paule, ingénieure commerciale basée à Vancouver, il écrit d'elle :

“elle n'est pas tournée vers l'être, mais vers l'avoir”.

Il la suit main dans la main, accompagnant sa lente descente aux enfers, attirée par le cancer, ce mangeur d'hommes.

Sincère humanité à propos de son copain de jeunesse, Stéphane l'alpiniste bucheron, dont l'amitié enveloppe le roman d'une ambiance bénéfique aux douceurs poétiques disséminées entre les moments de tristesse.
Résistant belge, Stéphane l'homme des bois, accomplit en silence un travail de nettoyage à la base, pour abattre méthodique les hauts fûts ronds.
Shadow le SS, accomplit un travail de sape pour faucher les hommes, et agit sur les esprits pour détruire les prisonniers.
Shadow est une prison à lui tout seul. Il sait enfermer les résistants dans le cartel de leurs pensées, sceller les barreaux des ouvertures condamnées, enchainer les âmes à leur bourreau persécuteur.
Shadow pénètre l'esprit des forts en gueule, jusqu'à prévoir leur désir d'évasion.

Le narrateur retrouve Shadows emprisonné à son tour, trente-six ans après la guerre. Ses entretiens à l'hôpital chevauchent les visites avec sa belle fille, elle-même enfermée dans le carcan de sa maladie.
Le narrateur (n'est-il pas Henry Bauchau lui-même ?) poursuit son enquête sur la mort de son ami Stéphane. Le chasseur devient proie. Un travail de fin psychologue donne à la victime le syndrome de Stockholm, où l'oppressé tombe en amour de son oppresseur.

L'histoire relate aussi l'emprise de ces agresseurs (maladie ou êtres humains) sur leurs victimes, “un vrai héros qui s'amuse seul ”, qui avait, comme le SS, besoin d'une discipline sévère en appliquant ce principe :

“choisir ce qu'on préfère à ce qu'on ne préfère pas, c'est une maladie de l'esprit”.

Dépassé le stade de la forme, ce livre est étonnant.

la vie, la mort

9 étoiles

Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 1 mars 2008

Le narrateur entremêle plusieurs périodes, celle de l’occupation avec Stéphane, l’alpiniste, une amitié intense s’installe entre eux pas besoin de beaucoup de paroles, juste le regard, il incarne aussi la pureté, à l’inverse de Shadow le SS, le tortionnaire et son diabolisme, au présent c’est sa belle fille qui se meurt d’un cancer à l’hôpital.

C’est l’analyse des relations familiales dues à la mort prochaine d’un être cher au travers de la fille Paule (la belle fille du narrateur) et sa mère, de Mykha et son père (le narrateur), également Mykha et son fils.

Le Boulevard périphérique est un aller et venue dans le temps et l’espace, c’est une réflexion sur l’idée de la mort, l’analyse des sentiments, des actes, des vérités humaines.

Beaucoup d'émotions, de réflexions dans ce livre il faut le lire se l'approprier.

La mort en soi

8 étoiles

Critique de Sentinelle (Bruxelles, Inscrite le 6 juillet 2007, 54 ans) - 27 février 2008

J'ai aimé ce livre mais je vais avoir beaucoup de mal à expliquer le comment du pourquoi.
Difficulté à mettre des mots là où j'ai ressenti de l'émotion.

De quoi s'agit-il exactement ? On y parle des vivants et des morts, de la lumière et de l'ombre, de la pesanteur et de la légèreté, de la maladie qui nous plonge dans un temps suspendu fait d'attente et du quotidien des proches qui défile à toute allure.

Le boulevard périphérique que le narrateur emprunte chaque jour pour rendre visite à sa belle-fille atteinte d'un cancer renvoie à un éternel recommencement que Sisyphe n'aurait pas désavoué. La figure maternelle qui veille sur sa fille qui se meurt, la figure paternelle qui vieillit et qui ose enfin le lâcher-prise que sa vieillesse autorise. Les échos que cette mort engendre chez le narrateur.

Il y a dans ces pages un récit de 12 pages qui m'ont terriblement émue.
Ce récit fait part des souvenirs du narrateur à propos d'une rafle pour le compte du Service du travail obligatoire durant les années d'occupation nazie en Belgique. Ce passage, qui prend des allures de tragédies grecques, est absolument bouleversant.

Cette lecture ne me fut pas facile, bien que l'essentiel soit dit avec beaucoup de simplicité. Le foisonnement et l'universalité des thèmes abordés font inévitablement ressurgir certaines émotions chez le lecteur.

"Je voudrais faire l'économie de toutes les morts que j'ai vécues, de celles que je devrai vivre encore. Je ne peux pas, je suis dans ce temps, dans ce monde, il n'y en a pas d'autre."

A la périphérie de la mort... de l'autre !

9 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 10 février 2008

Henry Bauchau, nonagénaire, sort un nouveau roman. L’a-t-il retrouvé dans ses cartons ou l’a-t-il créé dernièrement ? Peu importe pourvu qu’on ait l’ivresse ! Et on l’a à la lecture de ce roman inclassable. Il en ressort sa personnalité même : poète, dramaturge, romancier avec une pointe d’autobiographie puisque le héros est un vieux psychanalyste.
Trois époques se superposent dans ce roman : l’avant-guerre avec les randonnées en montagne de l’auteur et.de Stéphane qui l’initie à l’alpinisme, la résistance et la détention de Stéphane mais aussi l’accompagnement de sa fille dans sa lutte contre la mort.
Il y a des moments de grande intensité comme l’espérance de Paule en sa guérison, la superposition entre la mère de Paule et Shadow, le colonel SS, comme le duel des personnalités entre Stéphane et Shadow, comme l’antagonisme entre Mykha et l’auteur, la force de l’un et la faiblesse de l’autre, chacun utilisant ses armes propres pour persuader l’autre.
L’originalité de ce livre tient aussi dans son découpage : en observant la réalité qu’il vit dans les années 80, l’auteur glisse d’un personnage à un autre d’une autre époque. Cet éclatement du temps peut désarçonner mais il apporte une autre dimension où passé, présent et futur s’entremêlent mais ne s’entrechoquent pas. Le lecteur suit le cheminement de l’auteur dans une détresse où l’amour, l’élévation de pensée et la grandeur d’âme parviennent à sublimer cette grande douleur.

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