Pas facile de voler des chevaux de Per Petterson

Pas facile de voler des chevaux de Per Petterson
( Ut og stjaele hester)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Aaro-Benjamin G., le 19 décembre 2007 (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 536ème position).
Visites : 5 546 

La solitude

Fort remarqué dans les cercles littéraires, le troisième effort de cet écrivain norvégien est l’archétype du roman nordique, c’est-à-dire, paysages de forêt enneigée, isolement et une certaine rudesse dans les émotions. Dans ce décor pittoresque et sur fond d’occupation nazie, l’histoire relate une relation père-fils complexe basée sur la communication non-verbale. Vous avez deviné, c’est assez austère et masculin dans sa nature.

La narration alterne entre le présent – le personnage principal devenu un vieillard fait la rencontre de son voisin - et le passé - où il nous dévoile les moments qui ont défini sa personnalité, ce qu’il est devenu. On pense à certains classiques de la littérature, un amalgame de passages d’introspection, des divagations et petits drames qui dans leur ensemble forment un portrait incroyablement net. Par contre, l’œuvre reste accessible en raison d’une écriture humble majoritairement au ‘Je’.

Parler de solitude et de la difficulté de tisser des liens avec les gens de son entourage ou les membres de sa famille n’est pas particulièrement excitant. Il s’agit donc d’une lecture tranquille. Il faut déchiffrer les scènes et puiser dans l’anodin pour trouver une signification. La modestie et le refoulement est au menu. On attend un événement qui donnera un sens ou la divulgation d’un secret expliquant tant de pudeur, mais il ne viendra pas.

(Prix IMPAC international / Independent Foreign Fiction / Madeleine Zepter)

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Les éditions

  • Pas facile de voler des chevaux [Texte imprimé], roman Per Petterson traduit du norvégien par Terje Sinding
    de Petterson, Per Sinding, Terje (Traducteur)
    Gallimard / Du monde entier (Paris)
    ISBN : 9782070774241 ; 16,75 € ; 31/08/2006 ; 256 p. ; Broché
  • Pas facile de voler des chevaux [Texte imprimé] Per Petterson traduit du norvégien par Terje Sinding
    de Petterson, Per Sinding, Terje (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070358144 ; EUR 8,20 ; 12/06/2008 ; 304 p. ; Poche
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Ce père qui m’échappe

6 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 23 mars 2011

Passé la soixantaine, Trond s’installe dans un chalet isolé à l’est de la Norvège, près de la frontière suédoise, seul avec son chien, comme son père s’était installé, pendant la guerre, dans un autre chalet, tout aussi isolé, où, en 1948, alors qu’il avait quinze ans, il l’avait amené, pour une sorte de séjour initiatique. Dans cette nouvelle retraite, il fait la connaissance de son voisin, Lars, mais il le connait déjà, il l’avait rencontré quand il avait séjourné, avec son père, dans cet autre chalet. Cette rencontre fait remonter les souvenirs et confirme Trond dans ses intentions de revivre la vie de son père pour essayer de comprendre tout ce qu’il voulait lui dire et qu’il ne lui a jamais dit, tout ce qu’il a fait et qu’il n’a jamais raconté.

Ce roman très nordique, où le malheur frappe souvent et brutalement un monde un peu figé, à l’écart de la civilisation en ébullition, un monde anodin de gens anodins qui mènent une vie anodine, est avant tout un livre sur l’impossibilité de dire, de communiquer, de transmettre, le père ne peut pas dire la guerre, la résistance, la fuite, l’amour, l’amour qui perdure au-delà de la guerre et la fuite à nouveau. Trond reproduit cette vie pour comprendre et peut-être savoir.

Un monde de mâles taiseux, taciturnes qui n’ont pas besoin de la parole pour transmettre leur verdict, tout le monde sait, personne ne dit. Chacun choisit sa voie « c’était des chemins qui s’offraient à moi ; dès que je me serais engagé sur l’un d’entre eux, une grille retomberait avec fracas dans mon dos. Puis quelqu’un relèverait le pont-levis, ça déclencherait une réaction en chaîne, et je ne pourrais plus revenir sur mes pas. » L’auteur croit au libre-arbitre et à la possibilité de choisir : « Je considère que nous créons nous-mêmes notre vie … Mais quand même : parmi tous les endroits où j’aurais pu m’installer, c’est ici que j’ai atterri. » Et, la mort frappe, elle aussi, un peu aveuglément et même souvent.

Et dans ce monde agraire, en voie de disparition, Trond, en essayant de découvrir ce que fut son père, découvre ce qu’il est, qu’il est peut-être comme ce père qui lui a échappé comme lui échappe à ses enfants.

Un livre que je vais ranger sur le rayon des livres nordiques où il retrouvera Martinson, Tumström, Gustafsson, Undset, Lagerlöf, Sandemose, Kiwi, …, mais tout près d’Antti Tuuri, tous ces auteurs qui ont chanté la Scandinavie et la Finlande agraires, ancestrales, confinées, résignées, un monde où la nature est si forte que les hommes ne peuvent que rester humbles et accepter sans commenter.

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