La marche de Radetzky de Joseph Roth
( Radetzkymarsch)
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques
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Un déclin annoncé
Joseph Roth nous emmène en Autriche, à la rencontre avec le déclin du pouvoir impérial de François-Joseph.
Nous suivons le parcours, sur trois générations de la famille Trotta. Le grand-père, héros de la bataille de Solférino où il sauva la vie de l'empereur, le père préfet, et le fils, dont la carrière dans l'armée impériale suivra les derniers soubresauts du règne, jusqu'aux premiers jours de la première guerre mondiale.
La décadence d'un empire vieillissant, sous les traits de ses hommes, froids, distants mais auxquels on finit par s'attacher.
La lecture est facile, le style agréable.
Une autre vision de l'Autriche, loin d'Elisabeth et de Marie-Thérèse...
Les éditions
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La marche de Radetzky [Texte imprimé], roman Joseph Roth trad. de l'allemand par Blanche Gidon et revu par Alain Huriot [présentation par Stéphane Pesnel]
de Roth, Joseph Pesnel, Stéphane (Préfacier) Huriot, Alain (Collaborateur) Gidon, Blanche (Traducteur)
Seuil / Points (Paris).
ISBN : 9782020238199 ; 2,98 € ; 07/10/1998 ; 398 p. ; Poche -
La marche de Radetzky [Texte imprimé], roman Joseph Roth traduit de l'allemand par Blanche Gidon et revu par Alain Huriot présentation par Stéphane Pesnel
de Roth, Joseph Pesnel, Stéphane (Préfacier) Gidon, Blanche (Traducteur)
Points / Les Grands romans (Paris. 2006)
ISBN : 9782757808238 ; 8,10 € ; 17/04/2008 ; 397 p. ; Poche -
La marche de Radetzky [Texte imprimé], roman Joseph Roth traduit de l'allemand (Autriche) par Blanche Gidon et revu par Alain Huriot
de Roth, Joseph Gidon, Blanche (Traducteur)
Seuil
ISBN : 9782021114263 ; EUR 7,99 ; 02/05/2013 ; 368 p. ; Format Kindle
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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Grandeur et décadence
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 8 juillet 2019
Ce roman a quelques accents balzaciens. Joseph Roth prend son temps pour présenter ses personnages, installer des atmosphères et faire avancer son histoire. En même temps cela est tout à fait logique au vu de la longue période évoquée. Décrire en cent pages la disparition d'un empire tel que celui-là serait absurde. L'auteur excelle à raconter dans cette narration patiente comment cette période s'est effacée progressivement. Une certaine nostalgie transparaît parfois comme si cet empire avait été un idéal qui avait permis de réunir des peuples bien différents, de souder de vastes terres et d'imposer une certaine majesté. Tout ceci est vu par trois figures masculines importantes des Trotta, mais aussi par de nombreux autres personnages très bien présentés par l'écrivain. Cette variété de protagonistes permet de confronter plusieurs points de vue sur une même situation. L'empereur aussi est un personnage de l'Histoire, qui intervient directement dans le roman. Il est toujours agréable pour un lecteur de voir une figure comme celle-là vivre, s'exprimer comme un personnage de roman avec ses émotions et ses craintes. Ce personnage est évidemment l'un des symboles de cet empire.
Joseph Roth décrit très bien le milieu militaire, la hiérarchie, le rôle de la guerre, les activités plus ludiques dans les moments de détente, les prostituées, la gloire ... Comme dans les romans de Balzac, le lecteur a vraiment l'impression de quitter des personnages qu'il connaît très bien en terminant le roman. Avoir mis en parallèle le destin de l'empire et celui des Trotta est une très bonne idée comme si l'un n'allait pas sans l'autre.
La mort lente
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 2 décembre 2018
Car l’effondrement de l’Empire, c’est d’abord la naïveté et l’aveuglement de ceux qui se veulent ses soutiens, enfermés dans les rites de l’administration impériale et de la bonne société. Avec ironie, à la manière d’un Flaubert ou d’un Stendhal, Joseph Roth dépeint leurs travers et leurs faiblesses, leurs ambitions et leur petitesse.
L’Histoire de l’Empire et la société austro-hongroise sont la toile de fond pour l’histoire des von Trotta, et particulièrement de Charles-Joseph, devenu officier malgré lui et qui doit porter le poids et l’honneur de son grand-père, héros et anobli. En lisant ce roman d’hommes marqué par les difficultés des relations père-fils, les amitiés gâchées et des amours malheureuses, on se dit qu’il a manqué une touche féminine pour réussir l’éducation de Charles-Joseph dans cet univers où les mères meurent tôt et les prostituées et femmes faciles ne sont là que pour un plaisir passager.
Dans un style classique impeccable, avec les descriptions et la psychologie des grands romanciers du XIXè et début XXème (avec leur lenteur aussi), Joseph Roth a ainsi écrit dans ce roman crépusculaire le requiem de ce qui fut sa patrie, l’empire austro-hongrois.
même un peu Proustien
Critique de Faonta (Etterbeek, Inscrit le 30 avril 2012, 89 ans) - 27 juillet 2014
Grave tableau de la mort de la double dynastie.
Magnifique...
Critique de Chene (Tours, Inscrit le 8 juillet 2009, 54 ans) - 29 août 2012
Un empire qui s’étendait de la Pologne, à la Russie à la Croatie actuelle, avec ses provinces mystérieuses, ses peuples diverses, ses langues multiples, son mélange surprenant de religions et sa ville impériale somptueuse et éternelle… Vienne.
A la veille de la première guerre mondiale, Vienne était à son apogée. Elle réunissait en son sein de nombreux artistes, scientifiques, architectes : Gustav Klimt, Robert Musil, Gustav Mahler, Arnold Schönberg, Stephan Zweig, Joseph Roth, Arthur Schnitzler, Berg, Sigmund Freud, Otto Wagner, Adolphe Loos, Oskar Kokoschka, Egon Schiele….
Mais, l’empereur a vieilli. Vienne s’ennuie. Sa domination s’effrite, son génie s’enfuit, son administration rigide s’immobilise, son armée s’effondre, les nationalismes se réveillent, le prolétariat se lève…
La puissance de Vienne et l’immensité de l’empire ainsi que son mode de vie particulier prennent fin avec la première guerre mondiale.
Dans le roman, la mort du domestique « Jacques » précède celle de l’Empire Austro-Hongrois.
Joseph Roth a réussi avec beaucoup de talent à dresser l’inventaire d’un monde disparu, celui qu'il aimait car il pouvait faire de lui un Autrichien, un juif et un citoyen du monde.
C’est un des livres que les nazis brûleront lors de leurs fameux autodafés de livres en 1933. Joseph Roth mourra à Paris en exil en 1939. Il ne verra pas la guerre et l’extermination.
coucher de soleil sur l'empire austro-hongrois!
Critique de Donatien (vilvorde, Inscrit le 14 août 2004, 81 ans) - 28 janvier 2010
C'est un roman de facture classique qui, à travers le destin de trois générations de Trotta, relate le déclin de cet immense empire.
Les personnages sont bien campés, les descriptions et réflexions sur les situations de plus en plus pénibles de tous les acteurs de cette fin de règne sont efficaces et suscitent au fil de la lecture une empathie certaine du lecteur.
La fin d'une époque est progressivement ressentie et annoncée par des signes avant-coureurs, comme les revendications sociales de la plèbe, des minorités nationales , l'apparition de nouvelles techniques, etc..
Joseph Roth a du métier et de la technique. Voici par exemple son évocation de l'empereur François-Joseph sur le déclin : "L"empereur était un vieil homme. c'était le plus vieil empereur du monde. Autour de lui , la mort traçait des cercles, des cercles, elle fauchait, fauchait. Déjà le champ était entièrement vide et, seul, l'Empereur s'y dressait encore, telle une tige oubliée, attendant."
"Il n'avait plus aucune envie de passer le long des rangs, mais il fallait bien le faire pour qu'on ne s'aperçut pas qu'il avait eu peur de sa propre vieillesse.Son regard se perdit de nouveau, comme d'habitude, dans le lointain où émergaient déjà les bords de l'éternité....."
A lire donc par tous les amateurs de romans où les destins individuels sont emportés par les évènements historiques!
j'ai hésité à continuer mais finalement...
Critique de Angelique8244 (, Inscrite le 17 novembre 2008, 41 ans) - 6 janvier 2009
Somptueux...
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 24 mai 2008
C'est un des meilleurs livres que j'aie jamais lus.
C'est l'histoire de trois personnages dans un contexte historique ; trois personnages d'une famille slovènes, les Trotta, qui incarnent la fin de l'Empire Austro-Hongrois.
Depuis la bataille de Solferino en juin 1859, l'Empire se meurt. Il n'en finit pas de mourir. Les fidèles sujets de l'Empereur font semblant d'y croire encore ; et l'Empereur lui-même fait semblant. Il joue un rôle : le rôle du «grand Maître aimé de tous ses peuples». Ses sujets fidèles, incarnés par les Trotta, lui vouent un culte absolu. Mais ça ressemble à la vénération d'un mort. C'est déjà la nostalgie d'un monde qui disparaît pour toujours.
Le livre est écrit à la manière classique, on ne peut plus classique. Ici, pas question d'étonner le lecteur, de le surprendre ou de l'amuser. Chaque mot est choisi, mis à sa place, les enchaînements se suivent et le récit s'avance avec la majesté somptueuse d'un Empereur.
Et puis il y a cette extraordinaire «Marche de Radetzky» qui vous trotte dans la tête depuis l'entrée du récit jusqu'à la fin. Cette Marche que l'on joue en clôture du concert du nouvel an à Vienne et que le public accompagne en frappant dans ses mains. Même ma belle-mère devant la TV ne peut s'empêcher de frapper dans ses mains et de marquer la cadence avec son pied :
- Ça me rappelle mon enfance, voyez-vous...
...Nostalgie !
Et c'est bien ça : cette Marche, à la joie factice, rappelle bien la fin d'un siècle – le XIXème – où l'Europe dansait sur un volcan.
Ce volcan, on le sait, devait éclater un jour de juin 1914, à Sarajevo, avec l'assassinat de l'Archiduc François-Ferdinand, l'héritier de l'Empire Austro-Hongrois.
Cet assassinat est raconté dans le livre, dans une scène hallucinante, où on voit la nouvelle se répandre chez les officiers de l'armée impériale, réunis pour une fête quelque part aux frontières de l'Empire. Ils ont tous bu ; les masques sont tombés. Les uns – surtout les Hongrois – exultent parce que c'est la fin d'un Empire exécré, les autres pleurent ce qui n'était déjà plus...
Une scène, parmi tant d'autres, que les amateurs de romans sur fond d'Histoire n'oublieront pas !
Car c'est ça La Marche de Radetzky : un grand roman sur fond d'Histoire qui met en scène des personnages universels, de vraies créations romanesques, avec toute la force de leur personnalité et de leur formidable humanité ; et le contexte historique est fascinant, parce que cette fin d'Empire est aussi la fin d'un monde où l'on s'imagine, à tort ou à raison, que la vie était plus belle.
Intéressant, émouvant, somptueux : un des meilleurs romans que j'aie jamais lus.
Un monde englouti
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 7 janvier 2008
Joseph Roth a su magnifiquement exprimer la fin d’une époque et la disparition d’un monde englouti dans des révolutions qui sont à la fois la naissance d’une espérance et la fin d’un vieux rêve.
Saule a bien présenté les thèmes du livre et la manière dont Roth les traite. Il a notamment bien vu et mis en évidence le paradoxe d’une musique gaie et entraînante qui accompagne le conservatisme d’une société immobile.
Ce roman est l’œuvre d’un vrai Européen car Roth a toujours regretté que l’idée de l’Autriche-Hongrie ait avorté alors qu’elle aurait pu être porteuse d’une autre façon de réunir les peuples au-delà des nationalismes étroits et revanchards. Un rêve évanoui mais une idée totalement neuve en 1932, quand ce livre est écrit. Il faudra la barbarie des totalitarismes et des guerres pour que l’Europe tente enfin de ressembler à ce que Roth regrettait et espérait. C’est dire combien ce roman reste actuel. D’autant que son style n’a pas pris une ride.
La Vienne des valses et des opéras, du Prater et d’un François-Joseph vieillissant, de la Sécession artistique et du rayonnement culturel, cette Vienne là va mourir brutalement de n’avoir pas su attirer les énergies des marches de l’Empire ni compris les aspirations d'une classe ouvrière méprisée. Et les fifres de la marche de Radetzky sont impuissants à couvrir le jaillissement du chant de l’Internationale qui ne sera qu’un rêve inachevé, trahi ou gâché.
Est-ce que ceci ne nous évoque rien dans notre époque qui perd ses repères et notre monde qui se rétracte face à un avenir qu’il ne sait plus inventer ?
Voilà aussi pourquoi il faut lire ce chef d’oeuvre de la littérature européenne du vingtième siècle.
La fin d'un empire
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 27 décembre 2007
Le roman débute avec la bataille de Solferino en 1859, qui marque le début du déclin de l'empire, et se termine avec l'annonce de l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand, le prince héritier de l'empire. Mais ce n'est pas un roman historique, même si en arrière-fond de l'histoire on perçoit la déliquescence de l'empire, avec la montée des nationalisme et le début des mouvements ouvriers. Ce n'est pas non plus un roman d'action, c'est plutôt un drame psychologique. C'est l'histoire familiale tragique d'un père et de son fils. Le père, un personnage officiel de haut rang, digne et pathétique, qui alors qui son monde s'effondre se rend compte qu'il est en train de perdre son fils et fera tout son pouvoir pour sauver celui-ci de la déchéance.
C'est un roman puissant, avec de très belles descriptions, dans un style assez lyrique et parfois un peu exubérant, avec des réflexions philosophiques sur l'empire et la marche du monde. Il y a surtout une belle analyse des rapports père-fils. On peut regretter qu'il manque de repères historiques.
"Il se sentait un peu parent des Habsbourg dont son père représentait et défendait le pouvoir en ce lieu et pour lesquels lui-même s'en irait un jour à la guerre et à la mort. Il savait tout les noms des membres de la suprême maison. Il les aimait tous sincèrement d'un coeur puérilement dévoué mais, plus que tous les autres, il aimait l'Empereur qui était bon et grand, supérieur et juste, infiniment lointain et tout proche, particulièrement attaché aux officiers de son armée. Mourir pour lui aux accents d'une marche militaire était la plus belle des morts, mourir au son de la marche de Radetzky était la plus belle des morts. Les balles agiles sifflaient allègrement , en mesure, autour de la tête de Charles-Joseph; son sabre nu étincelait; le coeur et le cerveau tout remplis de la grâce entraînante de cette musique, il tombait sous la griserie des roulements de tambours et son sang s'égouttait en un mince filet rouge sur l'or miroitant des trompettes, le noir profond des caisses et l'argent triomphal des cymbales."
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