Les infortunes de la vertu de Donatien Alphonse François de Sade

Les infortunes de la vertu de Donatien Alphonse François de Sade

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pétoman, le 4 octobre 2001 (Tournai, Inscrit le 12 mars 2001, 49 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 999ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 11 250  (depuis Novembre 2007)

Justine s'initie aux secrets ( Indochine)

Première version de Justine, Sade nous dresse le parcours de deux soeurs. La première est coquine ( Juliette ) et la deuxième est vertueuse ( Sophie ).
Rapidement, on s'aperçoit que la coquine réussit tout ce qu'elle entreprend alors que la vertueuse ratera tout.
La conclusion pour Sade est que vivre de vertu ne sert à rien, bref, pour lui, seul le crime paie. Cette version est moins érotique que les autres Sade pour la bonne raison que le récit a pour narrateur Sophie. Quoique... L'une des scènes à ne pas manquer, c'est l'entrée de Sophie dans la monastère des moines pervers. Ce passage, pour moi, est le sommet de la littérature érotique ( bien que je lise peu ce type de littérature ). Bref, un agréable moment à passer avec Sade.

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Petite sainte VS catin.

8 étoiles

Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 24 mars 2020

Le marquis de Sade évoquait pour moi le sadomasochisme et les ruines de son château à Lacoste dans le Lubéron, lieu que je fréquentais dans ma jeunesse sans arrières pensées.
C'était un cadre joli, et nous avions la possibilité d'y aller sans interdit quelconque, je crois que depuis il a été acquis par Pierre Cardin et son accès doit être restreint.
Bref autant dire que ne connaissais rien de lui et surtout n'avais rien lu issu de sa plume .
Confinement oblige, nous n'avons plus de prétexte à dédaigner ou repousser aux calendes grecques les classiques de notre littérature.
D'entrée de jeu, le style m'a bluffé, le marquis savait écrire, savait exprimer avec talent ses idées. C'est de la belle écriture, très plaisante à lire.
J'ai été emballé.
Concernant l'histoire en elle-même, elle est clairement au service du sujet.
Force est de constater que le marquis avance des arguments percutants pour glorifier les vertus du vice.
Il offre peu de répit à la pauvre Sophie qui subit tous les outrages sans jamais défaillir.
Elle est exemplaire en dépit de tous les vices dont elle est l'objet.
Son monde est cruel car elle est une pure victime, elle préfigure toutes les victimes de tous les vices des hommes, les laissés pour compte, les pauvres, les intouchables qui ne peuvent pas lutter contre les pots de fer.
N'oublions pas qu'il s'agit d'un conte philosophique.
A ceux qui penseraient lire des ignominies, tel n'est pas le cas.
Tout est suggéré.
J'ai envie de dire que son récit est beaucoup moins gore qu'un polar en tête des ventes et cent fois plus profond.
C'est à mon avis un auteur dont on ne peut se dispenser de lire au moins un ouvrage.
J'ignore si celui-ci est le plus représentatif, je ne sais pas si j'en lirai d'autres.
Je recommande.

La vertu piétinée ?

4 étoiles

Critique de Oburoni (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans) - 2 janvier 2012

Enlevez à Sade la pornographie, la violence du sexe explicite, et il ne reste que des platitudes philosophiques, des sophismes de comptoir. "Les Infortunes de la vertu" en est l'exemple.

La vertueuse Sophie/Justine est constamment humiliée, volée, violée par toute une galerie de vicieux. Ses aventures illustrent en fait les soi-disant lois de la nature : les faibles (épris de charité, d'empathie et d'altruisme) destinés à souffrir entre les mains des forts (égoïstes et violents).

Des jeunes homosexuels dépravés, des moines libertins, des brigands et faux-monnayeurs etc... L'imagination de Sade est certes débridée; à la longue les déboires, prévisibles, de la pauvre Justine sont répétitifs et lassants. Pire : la fin sombre dans une morale tout aussi caricaturale que le reste !

vertu... gadin!

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 9 janvier 2011

Deux soeurs, Justine et Juliette, toutes deux sorties (trop tôt?) du couvent, vont connaitre des destins contraires, l'une utilisant ses charmes pour réussir dans la vie, l'autre (celle qui est au coeur de ce récit) laissant la religion guider sa vie, sa vertu restant inentamée malgré les malheurs qui vont s'abattre sur elle tout au long de sa (courte) vie. La philosophie de Sade est connue, il prend le contrepied de celle de Jean-Jacques Rousseau (l'homme est naturellement bon, c'est la société qui le corrompt). Tous deux s'accordent pour dire que la société est mauvaise, mais l'un la remet en question alors que l'autre (le "divin" marquis) l'accepte comme telle et pense que l'homme, étant foncièrement mauvais, doit en tirer le meilleur profit. Bref, le marquis de Sade, quoiqu'on en dise en bien ou en mal, est étonnamment moderne, puisque l'effondrement des idéaux issus de la vision socialisante de Jean-Jacques a aujourd'hui laissé la place à l'opportunisme et, par réaction, au fanatisme. Que l'on adhère ou non à la philosophie de Sade, il reste un récit étonnamment bien écrit (en quinze jours, du fond de sa prison!), vivant, qui se lit (presque) comme un roman policier. On a envie de la voir s'en sortir, cette belle et tendre Justine, et de voir ses bourreaux enfin punis et la vertu récompensée. Roman philosophique? Voire, mais sans doute un excellent roman d'aventure, qui se lit d'une traite et avec un réel plaisir.

De Marquis à conte...

6 étoiles

Critique de Math_h (Cahors, Inscrit le 11 août 2008, 38 ans) - 6 novembre 2009

Très agréable à lire, le seul bémol, c'est que l'ensemble est un petit peu répétitif...

Alors vice ou vertu ?

7 étoiles

Critique de Julieh (, Inscrite le 2 octobre 2006, 43 ans) - 4 octobre 2006

Mme la comtesse de Lorsange est laissée par son mari qui fuit en Angleterre, après lui avoir laissé leur deux filles Justine âgée de 12 ans, et Juliette âgée de 15 ans. Les deux sœurs marquées par leur différentes façons de voir la vie se séparent. Juliette choisira le chemin du vice et Justine choisira le chemin de la vertu. Cependant Justine aura une vie bien plus difficile et sordide que Juliette.

La qualité d’écriture de Sade est un des éléments que j’ai le plus apprécié. Son écriture est comme une longue poésie tout en prose , c’est très agréable à lire et « beau » malgré les horreurs qui se cachent derrière ces mots. Lorsque l’on découvre l’œuvre nous sommes d’abord intrigué, puis intéressé mais au fil des pages la hâte de finir ce récit été plus que présente.

Pour ma part j’ai trouvé que les deux dernières histoires de Justine étaient de trop. Les sordides épisodes qui s’enchaînent pages après pages sont frustrants pour le lecteur car Sade ne fait pas de pause, et au final mon ressenti pour Justine est ambigu car je ne ressent plus de la pitié pour elle comme au début du récit mais de l’irritation même de la colère envers elle.

Pourquoi s’est-elle obstinée à suivre le chemin de la vertu ? Quelle stupidité.

Lorsque j'ai refermé cette oeuvre je me suis imaginé la tête des puritains, et chrétiens de cette époque ...

Une morale finale qui laisse l'espoir à la vertu

9 étoiles

Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 7 août 2006

Juliette et Justine se retrouvent orphelines au moment de leur adolescence et se trouvent alors confrontées à la vie, sans la moindre famille ni quelque héritage pour subvenir aux besoins quotidiens. Juliette décide alors de s'abandonner à celui qui l'entretiendra (quitte à vivre dans le vice) alors que la douce et vertueuse Justine cherche à s'en sortir sans déroger à ses bons principes.
Bientôt pourtant, Justine va rencontrer le vice sous toutes ses formes et apprendre à ses dépends qu'un bon vice vaut mieux qu'une vertu qui mène à la potence ou à la geôle. Ainsi un usurier engage notre bonne Justine à commettre un vol, elle refuse et se retrouve à la veille d'être pendue; elle échappe à un viol dans les bois pour se retrouver aux mains d'un marquis débauché; elle prévient le crime d'un chirurgien qui pour récompense lui donnera congé et une marque au fer blanc sur l'épaule.
Enfin, c'est en croyant trouver enfin la bonté et la vertu au couvent des récollets qu'elle va subir, au milieu de moines pervers et violents, l'outrage le plus affreux pour son âme et pour son corps.
La triste fin de l'oeuvre qui voit le destin s'abattre sur Justine laisse un message sans équivoque mais Les infortunes de la vertu donne la mesure de la pensée de Sade et les raisons pour lesquelles il fut "persécuté" pour ses idées tant (trop?) éclairées.

Conte philosophique

10 étoiles

Critique de Latour (La Chaux-de-Fonds, Inscrit le 17 août 2004, 58 ans) - 17 août 2004

Cela fait maintenant 15 ans que je n'ai pas relu le texte (je l'avais lu deux fois à l'époque) et mes souvenirs sont peut-être imprécis.
Sade utilise un genre littéraire prisé à son époque: le conte philosophique. L'auteur se drape dans un manteau de moraliste bon teint afin d'échapper aux rigueurs de la censure. Car ce qui est insupportable pour la morale de l'époque, mais aussi pour les pouvoirs constitués (Etat, Eglise, etc...), c'est de rappeler en 1787 (deux ans avant la révolution) que l'on vit dans une société profondément hypocrite où la vertu est outragée quotidiennement par ceux qui s'en proclament les défenseurs et où le vice, pour autant qu'il soit caché ou suffisamment dissimulé, est la garantie de la réussite sociale. La morale sadienne est donc une morale subversive car elle rappelle fort opportunément que la société de l'Ancien Régime, bien que louant fort la vertu, pratique encore plus abondamment le vice et que ceux qui occupent les meilleures places dans cette société sont sans doute ceux qui se sont les plus adonnés aux vices.
Le tort de Sade aux yeux de ses contemporains, aussi bien comme homme que comme écrivain, est de refuser l'hypocrisie générale et la morale chrétienne qui va avec. En faisant cela, il se met en porte-à-faux avec les différents régimes politiques de son époque. Il le paiera très cher...
J'ajoute que Les Infortunes de la Vertu est le roman de Sade que je préfère. La deuxième version, Justine ou les Malheurs de la Vertu, ressemble à un roman gothique noir et à la troisième version, La Nouvelle Justine, est très nettement pornographique. Avis aux amateurs...

Conte moral

8 étoiles

Critique de Banco (Cergy, Inscrit le 6 août 2004, 42 ans) - 12 août 2004

Plume la plus infâme du XVIIIe siècle, Sade n'en signa pas moins cette fable, sans doute la plus édifiante et la plus morale jamais écrite.

Mme la comtesse de Lorsange était l'une de ces femmes qui avait su tirer profit de son inconduite pour s'élever et de ses charmes pour faire taire les plus médisants. Fille d'un riche marchand, orpheline à quinze ans, elle avait au contraire de sa vertueuse jeune sœur, choisi la fidélité et était maintenant à vingt-huit ans, l'une des plus jolies et des plus riches veuves de Paris et l'amante d'un des hommes les mieux en cour. Retirée à sa campagne, elle poussait parfois la promenade jusqu'à l'auberge de Montargis. Ce fut là qu'elle fut témoin de l'arrivée de la prisonnière la plus pitoyable du monde, femme belle encore et dont les yeux mouillés par les plus grandes désillusions laissaient voir la marque de la plus grande innocence et de la plus grande vertu. Touchée et résolue à obtenir la grâce de la jeune condamnée, Mme de Lorsanges la pressa de lui raconter son histoire. L'histoire de sa jeune sœur dont sa profonde vertu avait fait tout le malheur…

Le spectacle de la vertu malheureuse est le plus sûr moyen de conduire un cœur vers la bonne conduite. Encore faut-il oser aller assez loin. Voilà sans doute une leçon que donne Sade à tous les moralistes avec les infortunes de la vertu, histoire d'autant plus touchante que Sade n'épargne rien à la pauvre Juliette, confrontée dès douze ans aux désirs pervers des libertins, poussée au vol par un patron avare, menacée de viol par les bandits qui lui évitent la corde, et ainsi de pire en pire jusqu'à finalement être violée par des prêtres puis torturée par un faux-monnayeur. Pire, chacune de ses bonnes actions entraîne pour elle un nouveau malheur, chaque personne qui lui vient en aide déclenche sa perte, chaque bourreau qui l'accable démarre là par son chemin vers la fortune. A l'habileté de l'intrigue qui en même temps qu'elle décline l'échelle des malheurs fait surgir toutes les figures de la société du XVIIIe siècle : usuriers, bandits, moines, fermiers généraux et autres bourgeois, juges, geôliers, nobles, etc. , Sade joint la souplesse de son style tout en ellipses et en sous-entendus qui rendent l'histoire encore plus noire, encore plus vraie, encore plus délectable. A peine teinté d'ironie, "les infortunes de la vertu" finit par donner raison à Juliette contre son malheur, la débauche et la corruption du monde et donne le sentiment d'un Sade plus vertueux que sa vie peut le laisser croire. A moins qu'en portant les âmes les plus nobles à se délecter du spectacle d'un martyre odieux, il n'ait voulu démontrer avec ironie que tout le monde est aussi sadique que lui…

Mon premier Sade...belle rigolade

7 étoiles

Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 1 juin 2004

Quel provocateur que ce Marquis!

Dans sa croisade contre l'Église, qui maintient un contrôle sur les gens de son époque, ce récit vient s'inscrire comme une fenêtre sur l'oeuvre du grand écrivain. Sans être trop provocateur, il y expose sa répulsion envers la religion et ses préceptes. Très intéressant, vite lu, mais permet une belle introduction à Sade.

J'aimerais un peu compléter cette critique

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 3 septembre 2003

Tout d'abord, Sade termine son livre sur ces paroles: "...la prospérité du méchant n'est qu'une épreuve où la providence nous met, elle est comme la foudre dont les feux trompeurs n'embellissent un instant l'atmosphère que pour précipiter dans les abîmes de la mort le malheureux qu'elle éblouit."
Mais ce livre va aussi plus loin que ce qu'en dit Pétomane. Il analyse très fréquemment le vice et la vertu, il se questionne beaucoup à ce sujet. Par exemple, un personnage tente de justifier le vice par le fait que celui-ci n'est pas "vice" partout, ni à toute époque. Puisqu'il peut varier, pourquoi devrions-nous lui attacher une telle importance ?... A un autre endroit, un personnage tente de justifier le crime par le fait que la nature n'est qu'un perpétuel recommencement, une suite de cycles et, qu'à défaut de lui prouver que l'homme serait un animal supérieur à tous les autres, qu'il aurait une plus grande place dans la hiérarchie de la création, il ne voit pas où est le crime de traiter l'homme comme un arbre ou un insecte. Il participe comme eux à l'équilibre du monde et tout est fait pour mourir, pourrir et alimenter la chaîne. Il n'y aurait donc aucune différence entre tuer un humain, abattre un arbre, tuer un cochon pour le manger. Ailleurs encore il tente de justifier le vice par l'inégalité: "Il y a deux espèces de scélérats dans le monde, celui qu'une fortune puissante, un crédit prodigieux met à l'abri de cette fin tragique et celui qui ne l'évitera pas s'il est pris; ce dernier, né sans bien, ne doit avoir que deux points de vue s'il a de l'esprit: la fortune ou la roue. " Que penser donc des lois ? "Les lois sont donc nulles vis à vis de tous les scélérats, car elles n'atteignent pas celui qui est puissant, celui qui est heureux s'y soustrait, et le malheureux n'ayant d'autres ressources que leur glaive, elles doivent être sans effroi pour lui." Voilà pour les lois, inutiles et injustes de par les inégalités.
Et la place de Dieu dans tout ce débat ?...
"Je crois que s'il y avait un dieu, il y aurait moins de mal sur la terre; je crois que si le mal existe sur la terre, ou ces désordres sont nécessités par ce dieu, ou il est au-dessus de ses forces de l'empêcher; or je ne crains point un dieu qui n'est qu'ou faible ou méchant, je le brave et me ris de sa foudre."
Il y a beaucoup d'autres passages aussi intéressants, même si nous n'adhérons pas aux idées émises, mais il me semble un peu court de limiter ce livre à: "Sade prétend qu'il vaut mieux être du côté du vice. Il est moins pornographique que les autres et la scène de l'entrée de Justine au couvent est un grand moment"...
Quant au sexe, il est exact que, dans ce livre, s'il est presque constamment très clairement évoqué, il n'est jamais décrit.

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  Les Infortunes de la vertu 3 Sido 2 juin 2004 @ 08:13

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