A l'abri de rien de Olivier Adam

A l'abri de rien de Olivier Adam

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Aaro-Benjamin G., le 27 novembre 2007 (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 735ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 11 687 

Tout donner

Dans la même ambiance que son précédent roman, Adam nous présente Marie, une jeune femme ordinaire, en parfaite santé. Sa petite famille est gentille et elle a accès à tous les conforts du crédit moderne. Pourtant, elle est perdue en territoire du mal de vivre, rongée par un sentiment de vide, épuisée par la simple routine du quotidien, démolie par la perte de son boulot. Pour s’oublier, elle retourne dans l’adolescence, se remémorant les jours heureux et les petits bonheurs de l’innocence.

Parfois, elle croise les « Kosovars », ces réfugiés étrangers crasseux en provenance de l’Est. Un soir de pneu crevé, l’un d’eux la sortira du pétrin. Cet événement la changera. Elle décidera de les aider, de donner son temps et son fric.

Tout comme son mari, on se demande pourquoi elle se dévoue corps et âme dans cette folie? Quelle est la cause de cette soudaine volonté altruiste? Parce qu’elle déteste sa vie ou se déteste elle-même? Elle cherche à se valoriser? Changer la société? Malheureusement, la narration reste muette à cet égard.

Fidèle à son style, l’auteur brosse un portrait glauque et triste des lotissements et ses habitants. L’échec est toujours au rendez-vous. Le dramatique se retrouve dans le moindre détail : Marie ne sort pas de la douche sans flafla. Elle s’accroche au rideau et le déchire.

De plus, son univers souffre d’un manque de nuances. Les policiers sont tous des brutes et les réfugiés, de pauvres victimes au cœur d’or. Pleurons ensemble. Le monde est tellement injuste.

Moins poétique et moins assommant que « Falaises », cet opus immersif, génère une sorte de fascination morbide. On ressent l’impuissance de cette femme naïve dans ses efforts à améliorer la condition des SDF sans papiers tout en vivant la nôtre à lire sa chute libre alors qu’elle met en danger sa vie et celle de ses enfants.

J’ai aimé. Je ne sais pas vraiment pourquoi?

(Prix France Télévisions)

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Un peu perplexe..

6 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 28 octobre 2013

A l'abri de rien est le roman d'un auteur qui me semble sincère dans ses révoltes, et c'est déjà beaucoup.
Il faisait à peine plus chaud dedans qu'à l'extérieur mais dans la hiérarchie du pire on se contente de peu, tout le monde le sait.

Oui, et là est le problème... Car le pire ici est à peine esquissé, c'est ce qui m'a gênée dans la deuxième partie.

Ca commençait très bien, je trouve qu'Olivier Adam excelle à décrire, par petites phrases, l'étouffant quotidien, l'ennui, les galeries commerciales et les difficultés financières, on sent que c'est quelque chose qu'il connait bien.
On s'aimait mais c'était planqué sous la graisse du quotidien et des emmerdes, une couche épaisse comme on en a tous.

Et pour donner un grand coup de pied dans tout ça, pour achever de détruire le peu qu'on a- et qui est pourtant si précieux, beaux portraits d'enfants aimants et d'un mari protecteur jusqu'au bout de la cellule familiale- quoi de plus déstabilisant, mais logique que d'aller s'engager entièrement- soi et les siens, qui n'ont rien demandé- dans une entreprise désespérée..

C'est effectivement un portrait d'une petite fille qui a perdu les siens, le père au bon regard mort deux ans avant la retraite, la mère à l'hospice, la soeur morte sans elle , qui devait l'accompagner dans la virée nocturne qui a mal tourné, et qui sombre.

On lui a dit, pourtant:
"tu sais, ici, ce n'est pas un centre aéré pour les femmes au foyer qui s'emmerdent. Faut savoir dans quoi tu mets les pieds "
D'emblée, on sait que les pieds, elle va les enfoncer bien profondément dans la terrifiante réalité, qu'elle ira jusqu'au bout d'elle-même, et que ça ne servira à rien, ni à elle, ni à personne.
A ne pas lire un soir de cafard...

Drame humain pour une héroïne ordinaire

7 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 16 juin 2013

Olivier Adam parvient à rendre une histoire qui semble de prime abord d’une grande banalité à la fois vivante et prenante. Le désespoir ordinaire d’une femme au foyer désœuvrée est confronté à celui incommensurable de centaines de réfugiés s’agglutinant sur les plages de la Manche, dans l’attente d’une hypothétique traversée vers la Grande-Bretagne. Elle agit d’instinct, en négligeant son mari et ses enfants, elle se consacre entièrement à la survie de ces hommes en perdition sans se rendre compte des dégâts collatéraux, conséquence de son engagement aveugle, allant jusqu’à la folie. En racontant l’histoire de Marie, sans être explicite, l’auteur évoque certains affres du sarkozysme et en particulier le drame de Sangatte.

Le style de l’auteur est abordable même s’il abuse parfois d’énumérations sans virgule mais il rend admirablement bien la détresse ressentie par les personnages.

Olivier Adam est sans aucun doute un auteur contemporain qui marque son temps et mérite d’être lu.

perdue

9 étoiles

Critique de Gardigor (callian, Inscrit le 27 avril 2011, 47 ans) - 21 décembre 2012

c'est un véritable sacrifice que nous offre Marie à travers cette nouvelle vie où elle abandonne tout ce qu'elle a construit pour se tourner vers une autre aventure, un autre combat car elle était perdue avant et elle le sera toujours après mais encore plus.
Olivier Adam arrive toujours à nous accrocher dès les premières lignes; les personnages sont toujours aussi soignés.
On aimerait tendre la main à Marie comme elle le fait si bien aux clandestins malheureusement Marie est marquée par son passé par sa vie actuelle elle se crée des distances tout au long de ce roman.
un livre touchant, poignant qui ne laisse pas indifférent mais malheureusement trop court.

Marie, qu'est ce qui se passe ?

8 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 24 août 2011

" Qu'est ce qui se passe Marie, comment on en est arrivé là ? "
Cette question que pose Stéphane à Marie sa femme résume assez bien le livre.
Marie fait partie de cette multitude de gens qui vivent leur vie à côté de leurs baskets. Insatisfaite de son statut de " Middle Class ", elle exècre sa vie faite de consumérisme, de repères intangibles, la terrasse et le salon de jardin en plastique, la balançoire des gamins, la télévision, tout cela dupliqué à l'infini dans son quartier pavillonnaire. Tout le monde vit comme elle, une vie de merde en tout cas sans gloire.
Marie vient de perdre son boulot de caissière, son mari conduit les bus scolaires.
En essayant de perdre son amertume en trainant dans la ville, elle voit des réfugiés kosovars qui veulent atteindre l'Angleterre.
Marie va se démener corps et âmes pour aider ces hommes, peu de femmes et d'enfants, à vivre leurs rêves.
Elle y perdra beaucoup, peut-être cet essentiel qu'elle méprisait et comprendra que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Olivier Adam dont je suis un grand admirateur reste fidèle à son style direct, incisif et très contemporain, toujours désabusé et talentueux pour nous raconter des histoires assez tristes. Il fait preuve ici d'un peut trop de bons sentiments, les policiers sont méchants, très méchants et les réfugiés sont gentils, trop gentils. Il aurait pu éviter cette vision manichéenne de ce monde beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît.
En tout cas il nous emmène loin dans la folie de son héroïne, dans ce qui reste une zone d'ombre de nos sociétés, le statut d'hommes et de femmes étrangers, réfugiés, en stand by d'un eldorado qui trop souvent ressemble à une fin de non recevoir.

Sacrifier les siens pour sauver les autres

9 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 30 mai 2011

Ils sont kurdes, kosovars, ou encore éthiopiens… Depuis la fermeture du centre de Sangatte, ils errent dans Calais en quête de subsistance ou d’une chance de tenter la traversée vers cette Angleterre qui leur tend les bras, à quelques kilomètres. Si proche et pourtant si loin. Bien qu’habitante de Calais, Marie n’a jamais fait attention à ces sans-grades, à ces fantômes du monde moderne, à ceux qu’on préfère ne pas voir et laisser se dépatouiller sur le bord du chemin. Jusqu’au jour où l’un d'eux va l’aider à se sortir d’une panne en rase nature. A partir de là, elle va les reconsidérer. Elle va alors s’inscrire comme bénévole dans un centre qui leur procure des repas. Progressivement, elle ira plus loin jusqu’à épouser leur cause, les loger dans sa propre maison. Marie va progressivement se perdre dans cette cause qui la dépasse. Jusqu’au point de sacrifier les siens pour sauver les autres :
« J'avais l'impression que mes enfants étaient désormais séparés de moi par une paroi de verre. Je pourrais toujours les regarder mais plus jamais les toucher ni leur parler. J'étais devenue étrangère. J'étais passée de l'autre côté. »
Olivier Adam excelle une fois de plus dans la description d’un personnage en perte totale de repères. Ce roman terrible est pour tant touchant à la fois. Adam fait de Marie, une femme pourtant ordinaire, un personnage extraordinaire, touchant, mais aussi incompréhensible. Jamais, sa plume ne juge le comportement de ce personnage. Une femme tellement forte que chaque fois que je passe à Calais, pour rejoindre l’Angleterre, je repense à l’histoire de cette héroïne de papier.

Un livre qui m'a fait pleurer, qui m'a touchée au fond de moi

10 étoiles

Critique de Marilyna (, Inscrite le 17 mai 2009, 30 ans) - 29 avril 2010

Je suis tombée sur ce livre, car j'ai lu "Les vents contraires" du même auteur pour le prix littéraire de ma ville. J'aime énormément le style d'écriture d'Olivier Adam, cette façon directe d'exprimer un ressenti, cette fluidité et le choix parfait des mots. Je me sens proche de cette façon d'écrire. Ce livre m'a profondément touchée, car j'ai eu l'impression que cette femme, c'était moi. La même lassitude, penser que tous les jours se ressemblent et que la vie n'est que routine, les gens des marionnettes. Qu'au fond, on surjoue. Tous ces sentiments sont clairement exprimés par le biais de la narratrice Marie, et je tiens à appuyer le fait que c'est magnifiquement fait. Un grand merci à Olivier Adam pour ce moment de réflexion sur Marie, la vie et sur moi-même...

à lire absolument

8 étoiles

Critique de Angelique8244 (, Inscrite le 17 novembre 2008, 41 ans) - 17 novembre 2008

olivier Adam nous présente ici l'histoire d'une femme à la dérive. Ma curiosité s'est réveillée dès les premières lignes. Je me suis totalement reconnue en Marie, l'héroïne, une femme dont le quotidien est vide et dont l'ennui comble le silence de sa vie. Elle se jette un jour, sans crier gare dans une quête de la justice, de l'humanité. Elle veut donner un sens à sa vie en aidant et en tentant de sauver des "Kosovars" qui cherchent à rejoindre l'Angleterre par tous les moyens. Elle semble avoir ainsi trouvé une certaine stabilité - de courte durée - entourée de ses amis bénévoles et des demandeurs d'asiles.
Cependant, elle néglige sa famille : ses enfants sont seuls et elle hait son mari. Marie semble se perdre et la cellule familiale jusque là intacte, rassurante mais terne, vole en éclats. Autour de Marie, tout n'est que drame : elle côtoie la mort à plusieurs reprises (toujours violente), les liens qu'elle croyait éternels s'effritent, la folie est aussi présente mais apparaissant petit à petit, comme une spirale qui vous emporte. Comme la mer, qui est un personnage bien vivant, l'histoire se forme, se fracasse sur les rochers puis repart, apaisée.
un très bon livre, court (seulement 220 pages) mais que j'ai lu pratiquement d'une traite. Le rythme est tendu - au début peut être un peu dur à soutenir - mais il va à l'essentiel. La sentimentalité n'a pas sa place ici, ou alors est juste survolée, discrètement. Un sujet que je ne connaissais pas. Un personnage principal attachant, une aventure humaine terrible. Un livre remuant, vrai, sans concession.

Voyage dans la tête d’une folle

7 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 5 avril 2008

Marie, chômeuse, est mariée et a deux jeunes enfants. Elle semble dépressive et traverser sa vie sans y avoir de prise depuis que sa sœur est morte à 18 ans. Elle nous plonge avec elle dans un état second, traversé de crises euphoriques. Ce livre est tellement bien écrit que le lecteur a l’impression de vivre à travers Marie et de marcher « dans l’air et le bruit de la mer fracassée, plus rien ne pesait tout à coup, plus rien n’obstruait mon cerveau j’étais comme lavée, j’étais un corps qui marche et rien d’autre, un corps qui vole un corps gazeux un corps en suspension, invisible incolore indolore absent fondu élémentaire. » A remarquer que l’auteur supprime volontairement la plupart des virgules pour sans doute encore plus nous fondre dans ce flou où baigne Marie.
Le tout sur fond du problème des clandestins de Sangatte qui attendent l’occasion de passer en Angleterre.
Marie a l’air de se réveiller un peu de sa folie le jour où par hasard elle commence à s’occuper de ces étrangers qui errent dans sa ville. Pour la première fois, elle se sent utile. Mais très vite, tout dérape…
Là où le personnage me dérange et où je n’arriverai jamais à la comprendre, c’est le fait qu’elle ne s’occupe pas de ses enfants, les oublie, les délaisse… alors que paradoxalement, elle les adore.
A mon avis, un livre qui ne laisse pas indifférent, mais à ne pas lire si on est dépressif.

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  tres beau roman 1 Francesco 30 décembre 2007 @ 19:23

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