La voyageuse de nuit de Françoise Chandernagor
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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La mort révoltée
Olga Sarov se meurt. Et ses quatre filles se relaient à son chevet et se dévouent pour qu’elle ne soit jamais seule. Au long de cette agonie, leur enfance resurgit et certains secrets de famille peu glorieux se dévoilent petit à petit.
Cette mère est particulièrement antipathique. Elle se comporte comme un bébé, comme une enfant gâtée. Elle empoisonne la vie de ses filles et les accapare totalement, jusque dans leur tête. Pourtant, c’est leur mère. « Si elle ne m’avait pas aimée pourtant, comment aurais-je survécu ? Elle était mon soleil. Comme le soleil, indispensable à la vie. Et, comme lui, susceptible de tuer. Je recherchais sa chaleur, et craignais sa brûlure. »
J’ai été particulièrement intéressée par ce livre étant donné mon intérêt pour les soins palliatifs. Mais la narratrice exprime ici une grande révolte face aux soins palliatifs… ou est-ce face à la mort, tout simplement ? :
« Les soignants du service passent plus de temps au salon, à discuter avec les proches, qu’à tenir compagnie aux mourants dans leurs chambres. Ils prétendent qu’à l’approche de la mort la famille a besoin d’eux. Ce sont eux qui ont besoin de la famille. Besoin des vivants. Pourquoi mentir ? »
«- Hier, elle a gémit toute la soirée…
- Peut-être. Mais elle ne souffre pas. Pas vraiment. Elle se sent juste un peu… un peu inconfortable. »
Ah, bien trouvé ! Pour l’euphémisme, les chantres du palliatif sont champions ».
Elle rejette tout ce qui vient de ces gens, les trouvant trop
« psychologistes » : « Les psychologistes ont répandu dans le public cette idée admirable qu’on ne meurt que si on se laisse aller. », trop techniques, froids, incompréhensifs, etc.
Elle s’emploie à casser systématiquement toutes les idées reçues dans ces services. Par exemple, qu’il faut dire adieu au mourant :
« Donnez la permission à votre Maman de s’en aller. (…) « en somme nous devons la traiter comme une invitée qui s’attarde, lui tenir un discours du genre : « Chère amie, nous avons passé ensemble un excellent moment, mais j’ai encore un peu de travail et je ne vous retiens pas ! » »
Ou encore qu’il faut dire la vérité au malade :
« Qu’on empêche les familles de s’abriter derrière de pieux mensonges, soit. Mais le malade, lui, n’a-t-il pas le droit de se mentir ? Faut-il lui repasser la vérité en boucle, comme sur France Info ? (…) Cherchait-elle à nous préserver ? Essayait-elle de s’aveugler ? N’importe : la vérité n’est pas d’un prix tel qu’il faille lui sacrifier le bonheur. »
L’auteur exprime également la révolte des quatre filles face à la mort à travers leur incrédulité et leur sentiment d’injustice, notamment en ce qui concerne le respect des conseils médicaux au sujet de l’alimentation : suivre ces diktats devrait automatiquement signifier qu’on est en bonne santé : « Je me coince, je me délabre, mon corps me lâche sans que je l’aie trahi : je n’ai pas bu, pas fumé, j’ai allaité mes bébés, mangé des fruits à tous les repas, absorbé du légume fibreux, pris de la vitamine C, évité le bronzage, remplacé la voiture par la marche à pied… Je t’en fiche ! »
Je n’ai pas compris d’où venait le titre…
Bref, un très bon livre, qui nous invite à réfléchir... Mais quelle horrible fin ! Violente et inattendue.
Les éditions
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La voyageuse de nuit [Texte imprimé], roman Françoise Chandernagor,...
de Chandernagor, Françoise
Gallimard
ISBN : 9782070781225 ; 19,30 € ; 01/03/2007 ; 336 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (3)
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cela sent le vécu
Critique de Tousane128 (, Inscrite le 16 mars 2011, 56 ans) - 22 avril 2011
Mitigé, un goût étrange
Critique de Pauline3340 (BORDEAUX, Inscrite le 2 août 2008, 56 ans) - 4 juin 2010
Je suis soignante, j'ai deux sentiments à la lecture de ce roman, le premier, intéressant toujours d'être face à la mort d'un proche, les souvenirs de la vie qui va devenir du passé. Mais qui est encore présente, l'ambiguïté, la peur de vivre sans. Ce côté je le connais dû à ma profession. Le deuxième côté ne m'a pas touchée, au contraire il y a des dires écrits non véridiques. Surtout quand elle parle des soins palliatifs, c'est trop vague, je pense que c'est comme certaines maladies ou expériences de la vie, pour en parler il faut l'avoir vécu, pour parler des soins palliatifs il faut y travailler ou y être bénévole, mais accompagner des proches en soins palliatifs, je ne pense pas que ce soit le meilleur moment pour parler des soins.
J'ai trop sauté de pages pour dire que ce roman passe dans mon best. A lire peut-être, qui sait. La fin du livre inutile.
Roman en deux parties
Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 20 janvier 2009
Pour moi, ce livre se coupe en 2 parties, même si elles ne sont pas clairement définies. Si la première partie concernant les secrets enfouis, le ressenti des filles m'a fortement intéressé, j'ai eu le sentiment qu'au fil des pages, l'histoire se répétait, qu'on n'apprenait rien de très neuf, voire même qu'on pouvait deviner ce qui allait se profiler. Je n'ai pas accroché non plus avec cette fin très "spéciale". Dommage, la première partie du livre était vraiment très prometteuse.
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