Chronique d'un scandale de Zoë Heller
( Notes on a scandal)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Deux femmes, qui est l’obsédée ?
Il y a des ces histoires pour lesquelles le roman est le support artistique idéal. C’est le cas pour celle-ci en raison de l’intensité psychologique qui s’en dégage. Le scandale du titre surgit de la liaison de Sheba, professeur de poterie bohémienne, et un de ses élèves de 15 ans. Détrompez-vous. Il n’est pas question ici d’un vulgaire ramassis de ragots ou d’une nième envolée politiquement correcte pour dénoncer la faillite de la morale en ces temps de décadence.
Non. L’aspect médiatique sensationnaliste de la chose est évacué. Le point de vue provient d’une tierce personne. Tout est raconté de façon brillante par la voix de Barbara, une autre professeur dans la soixantaine, complice du crime de Sheba se disant sa « meilleure amie » Évidemment, les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’elles le paraissent…
La narration frise la perfection. Le personnage de vieille fille jalouse rôdant autour de sa jeune copine, enviant sa famille et la liberté qu’elle ose s’offrir en couchant avec un mineur, est remarquable. En dépit du fait que l’on connaît en grande partie comment se termine l’aventure, la finesse dans l’évocation des rapports humains est telle que j’ai été captivé du début à la fin.
Petit manuel de l’art de la manipulation dans le cruel jeu de la séduction. Un excellent livre avec plusieurs niveaux de lecture.
Les éditions
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Chronique d'un scandale [Texte imprimé], roman Zoë Heller traduction de l'anglais par Pierre Charras
de Heller, Zoë Charras, Pierre (Traducteur)
Calmann-Lévy
ISBN : 9782702136096 ; 22,40 € ; 01/09/2005 ; 308 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (11)
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Passionnant!
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 31 décembre 2008
Chronique d’une solitude
Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 8 août 2008
Barbara fournit très peu d’informations sur ses précédentes « amitiés » et leurs échecs. Au sujet de son poste précédent : « si je n’avais pas rencontré certaines difficultés personnelles avec les autres enseignants,.. », mais rien de plus.
La solitude de Barbara, c'est, par exemple:
« le désert immaculé de mes semaines sans le moindre rendez-vous »
« Qu’on me confie des secrets ne signifie pas – et n’a jamais signifié- que je suis adoptée ou que je compte pour l’autre. C’est bien le contraire : la confirmation de mon insignifiance »
Médiocre
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 4 août 2008
Chronique d'une machination
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 14 juin 2008
Parfois la réalité dépasse la fiction. Le drame vrai de Gabrielle Russier, à la fin des années soixante, avait une autre force, une autre intensité, une autre universalité, une autre tenue qui avait conduit le Président de l’époque, Georges Pompidou, à citer ce magnifique vers d’Eluard :
« Moi, mon remords, ce fut la victime au regard d’enfant perdu, celle qui ressemble aux morts qui sont morts pour être aimés. »
Ici, nous ne sommes plus dans le drame et la poésie, la vie et la mort. Nous sommes dans les ratiocinations, les mesquineries, les manigances et si j’ai été pris par l’histoire, je n’ai jamais été « embarqué » ou ému. Mon agacement vient probablement du fait que c’est Barbara, personnage bien peu recommandable, qui raconte. Tout ceci est un peu rance, aigre quant à l’histoire qu’écrit cette « bonne amie », mais c’est aussi fabriqué, artificiel quant à la façon de le faire et ça c’est bien la marque de Zoë Heller qui ne peut se réfugier derrière son personnage. Certes il y a quelques moments où pointe une vraie détresse comme, par exemple, lorsque Barbara, espérant des appels de Sheba, achète un répondeur qui ne servira qu’une seule fois de tout l’été, pour une pauvre affaire de dégâts des eaux. Mais ils sont si rares !
Quant au style, je l’ai trouvé insipide et plat. Et je vous suggère, si vous le pouvez, de comparer le récit de la mort du chat de Barbara (pages 246-250) avec celui de la mort du chat de Marina dans le beau livre de Claire Messud « Les enfants de l’Empereur » (pages 187-190). L’un est l’œuvre d’une femme qui écrit, l’autre d’un grand écrivain.
Cette chronique est un livre bien ficelé, fait pour avoir du succès. Mission accomplie. Elle m’a laissé totalement indifférent.
Mais, bien évidemment, ceci n’est qu’un avis.
"Une énorme quantité d'amour inutilisée"
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 20 mai 2008
Sheba, la quarantaine avantageuse, vit avec un mari plus âgé qu’elle qui ne la considère pas plus que son fils mongolien ou que sa fille en pleine crise d’adolescence aigüe. C’est donc sans beaucoup de résistance qu’elle cède aux avances d’un adolescent précoce qui lui apporte le minimum d’excitation qui manque sérieusement à son existence. Pendant que Barbara, professeur célibataire proche de la retraite, s’enlise dans « la solitude au long cours qui s’écoule au goutte à goutte et dont on n’entrevoit pas la fin », et s’accroche désespérément à Sheba pour meubler sa triste vie. Mais l’amour illicite de Sheba va mettre une jolie pagaille dans ce petit monde et remettre en cause la vie de ces deux femmes.
Ce livre pourrait être intéressant, son argument ne manque pas de piment mais voilà Zoë Heller n’est pas Barbara Pym, ni Muriel Spark, ni Elizabeth Taylor, ni l’une des ces vieilles Anglaises qui ont égayé si longtemps les lettres britanniques. Et, son roman n’est pas comme celui de Mary Wesley « Sucré, salé, poivré », il est n’est même pas amer, il est tout simplement … fade, plat. Il lui faudrait comme à ceux de ses congénères un peu plus de malice, d’impertinence, d’ironie, d’espièglerie ou même d'une certaine dose de méchanceté, voire de férocité.
Comparer au film
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 15 mai 2008
Un roman cruel
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 14 mai 2008
D'abord le personnage de Barbara, qui s'octroie dès le début l'entière sympathie du lecteur de par son statut de narratrice. Mais avec habilité l'auteur jette le trouble et finalement elle inspire plus la pitié et même le dégout. Quoiqu'il en soit cette vie solitaire et il faut le dire mesquine fait froid dans le dos.
J'ai bien aimé aussi Sheba, une personne fraiche et spontanée, un peu pathétique car elle perd le contrôle de la raison à cause d'un gamin.
L'auteur fait une réflexion assez juste sur le danger de qualifier une relation illicite simplement sur une barrière technique de l'âge. Et sur la médiocrité des médias, la superficialités des gens, la bêtise humaine. En plus le livre est très amusant à lire, c'est un véritable thriller psychologique.
Raté, selon moi…
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 57 ans) - 8 avril 2008
Je n’ai ressenti aucune empathie pour Sheba (or je suis prof, quand même, ça aurait pu aider). Je ne l’ai pas trouvée crédible, surtout dans son attitude vis-à-vis de son fils trisomique. Par contre, je comprends bien l’état passionnel dans lequel elle se trouve, mais pas grâce à l’écriture de Heller qui n’arrive pas à être convaincante, mais par ce que la vie m’a appris.
Quant à Barbara, on perçoit rapidement ce que son « attirance » pour Sheba a de malsain. Il est dommage que cet aspect ne soit pas développé davantage. C’est le style de personnage qui, bien exploité, peut devenir une sorte « d’icône du genre ». A nouveau, Zoë Heller se contente d’aborder ce trait de caractère de manière superficielle.
Certaines réparties ou réflexions de Barbara valent le détour et c’est ce qui m’empêche de descendre en dessous des trois étoiles. Mais c’est rageant de voir un tel sujet, si riche, sous-traité…
Une araignée tisse sa toile
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 12 mars 2008
Au fil de ma lecture, j'ai apprécié le fait que l'histoire soit racontée par Barbara. J'aime bien ce procédé de faire raconter par un personnage secondaire enfin pas si secondaire que ça mais qui reste un peu dans l'ombre. Sheba remplit toutes les pages ou presque avec sa désinvolture, ses jupes hippies et surtout son appétit de vivre et sa peur de vieillir. Ses débuts d'enseignante n'ont pas été de tout repos et il est très intéressant de suivre l'évolution de son attirance pour Steven, attirance qui la fera basculer dans l'irréparable liaison avec un de ses élèves, un véritable crime pour un professeur. Le personnage de Barbara est aussi très intéressant. Elle admire Sheba au début et s'efforce à tout prix de devenir son ami. Elle la suit comme une ombre et devient si importante dans sa vie que Sheba n'arrive plus à vivre sans elle. C'est toute l'horreur de la situation. Sheba est prise dans les filets que tisse Barbara autour d'elle et on sent qu'elle n'arrivera plus à s'en sortir.
Une fine analyse psychologique des rapports entre collègues et membres qui composent une famille rend la lecture vraiment prenante. La faute de Sheba est amenée de telle façon qu'on lui pardonne et on ne peut s'empêcher de la comprendre, elle, si jolie et vivante, mariée à un homme beaucoup plus âgé. Pour Barbara, je dois avouer qu'elle me dégoûte un peu mais d'un autre côté, elle est pathétique et inspire de la pitié malgré son manque de fidélité envers sa meilleure amie. Curieusement, Steven n'est pas mis en évidence et demeure un peu en retrait du récit. On ne connaît rien de ce qu'il pense ni de ses motivations.
Un excellent livre que j'ai lu avec avidité tant l'histoire m'a passionnée.
La Belle et la Bête ?
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 24 février 2008
Second roman de cette anglaise qui vit à New York.
Nous sommes en Grande Bretagne, dans le cadre d’une Institution d’Enseignement, un Collège, dans une petite ville. Sheba est une femme de la bourgeoisie aisée, 42 ans, mariée avec deux enfants, un tempérament vaguement artiste et qui vient d’entamer une activité d’enseignante, la poterie, dans ce Collège où travaille déja depuis bien longtemps Barbara. Barbara, la soixantaine, professeur d’histoire, célibataire, seule surtout et qui ne semble pas spécialement douée pour les relations.
« Chronique d’un scandale » est tout autant l’histoire du dit scandale (Sheba a entretenu une relation avec un élève de quinze ans, se retrouve chassée de chez elle et du Collège et confrontée à la justice) que celle du comportement de Barbara (qui raconte l’histoire), confidente et piètre soutien de Sheba. Tout autant car si le scandale est une pièce maîtresse du roman, l’art de Zoë Heller consiste à nous faire comprendre, par le biais de la manière dont Barbara nous relate la succession des évènements, le caractère fragile et mesquin de celle-ci. Une gravure en creux en quelque sorte. Insuffisante dans l’amour, dans l’amitié, mais en même temps hypnotisée par l’aisance et la liberté de Zoë, Barbara est un symbole de ce que peut donner une éducation rigide.
Sheba qui reprend une activité d’enseignement, donc, de la poterie, se retrouve très vite chahutée par ses élèves et perd ses illusions. Elle croit trouver la rédemption dans sa rencontre avec Steven Conolly, un pitoyable garçon de quinze ans. Celui-ci peut effectivement donner à Sheba l’illusion qu’elle remplit son rôle d’éducatrice en éveillant à l’art un garçon jusque là jugé primaire. En réalité cette rencontre tournera très vite en une relation amoureuse déséquilibrée et vouée au drame.
Tout ceci nous est raconté par Barbara dont l’éducation rigide est incompatible avec e genre de « fantaisie ». Mais Sheba restera un mystère pour Barbara, un mystère et en même temps un pôle d’attraction irrépressible. Si bien que nous ne comprenons à la fois ni l’attitude de Sheba ni celle de Barbara, mesquine et infantile.
Malentendus et maladresses conduiront les deux femmes à la situation inextricable et pitoyable où nous les laisseront à la fin du roman. Un roman fin et aux nuances infinies. Très féminin à la réflexion.
Dangereuse amitié
Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 19 février 2008
Dans ce récit, Barbara s’attache à raconter la honteuse liaison, à partir de ce qu’elle en a vu mais aussi à partir de ce que Sheba lui a confié mais surtout elle évoque son amitié avec Sheba. Dès l’arrivée de cette dernière dans l’établissement scolaire, Barbara a décidé de devenir son amie et elle a tout mis en œuvre à cette fin, n’hésitant pas à s’immiscer de plus en plus dans la vie de Sheba, jusqu’à devenir incontournable. Mais Barbara est-elle une vraie amie pour Sheba ?
La quatrième de couverture fait état de la jalousie de Barbara à l’égard de Sheba, au vu de sa bourgeoisie, de son mariage et de sa jeunesse. La couverture avance même qu’elle profite des erreurs de son amie. Je n’ai pas tout à fait ressenti le roman de cette manière. Il est vrai que Barbara, vieille jeune fille de soixante ans envie la jeunesse, le mariage et le statut social de son amie. Mais j’ai surtout eu l’impression qu’elle attendait beaucoup trop de cette amitié, qu’elle s’investissait trop dans une relation qui ne pouvait être qu’à sens unique. En effet, Barbara, célibataire, souffre énormément de la solitude et ne comprend pas que Sheba ne soit pas toujours présente pour elle, alors qu’elle-même accourt au moindre appel et offre toujours une oreille attentive. Mais la jeune professeur a une famille et surtout un jeune amant exigeant. Barbara ne supportera pas d’être reléguée au second plan derrière le jeune potache, alors qu’elle a besoin d’aide, ce qui la rendra amère et vindicative.
Ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable. Le sujet aurait mérité d’être traité plus en profondeur, selon moi. L’angle choisi est original mais j’aurais souhaité connaître le point de vue de Stevens, le jeune adolescent. Il n’est pas dépeint à son avantage et son personnage m’intrigue. De même, la personnalité de Sheba est particulièrement irritante. Est-elle réellement comme ça, ou est-ce la vision qu’en donne Barbara ? Finalement, aucun personnage n’est attachant. Je n’ai pas particulièrement aimé l’écriture de Zoé Heller.
Bref, je conclurai en disant que « Chronique d’un scandale » est un honnête roman qui se laisse lire mais qui aurait sans doute mérité un traitement plus approfondi.
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