La jeune mariée juive de Luigi Guarnieri

La jeune mariée juive de Luigi Guarnieri
( La sposa ebrea)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Jules, le 10 novembre 2007 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 342ème position).
Visites : 5 248 

Très beau livre !

Dès le début du livre nous serons présentés à trois personnages essentiels du livre : Rembrandt, plus souvent appelé « R » dans le texte, Abigaïl da Costa fille du plus important marchand juif d’Amsterdam, le docteur Ephraïm Paradies membre également de la colonie juive de la ville.

Les deux derniers sont, ou seraient, les personnages peints par R sur la toile intitulée « La jeune mariée juive » Amsterdam est une fois de plus noyée dans les brumes et la pluie fine du Nord quand le docteur apprend par une servante que R vient de mourir. A son enterrement il y a bien peu de monde et Ephraïm croit y voir, comme une ombre fugitive, Abigaïl da Costa vêtue de sa robe rouge, comme sur le tableau.

Soudain, nous voilà transportés à Paris en 1987. Un jeune homme de vingt-six ans, crevant la misère, erre dans Paris sans un sou. Il arrive d’Italie et vit dans une chambre qui ressemble davantage à un bouge qu’à un logement. Il se dit écrivain, n’a jamais été publié, mais est occupé à une œuvre de plus. Il se voit en Hemingway à La Closerie des Lilas. Passionné de Brahms, il se rend à un concert gratuit dans une église. A la sortie, il discute avec une jeune fille qui semble des plus attentives à ce qu’il lui dit. Ils se verront souvent et elle finira par lui proposer de venir vivre chez elle, vu qu’elle a deux chambres. Elle s’appelle Rebecca da Costa et s’avère très concernée par les rites de la religion juive et par Rembrandt. Elle fait une thèse en histoire de l’art.

Elle tombe follement amoureuse de lui, alors qu’il ne fait que sortir et boire et refuse d’entendre parler d’amour. Il prétend qu’il n’est vraiment pas fait pour cela et se calfeutre chaque nuit dans sa chambre qu’il ferme à clef. Elle supportera cela plus d’une année. Mais un jour…

Nous replongeons à Amsterdam en 1665. Le docteur Paradies est un médecin peu respectueux des interdits en matière de médecine et disciple de Vésale et Descartes. Ceci lui vaut d’être honni de l’ensemble de sa corporation, bien qu’il obtienne bien plus de bons résultats que ses confrères. Un jour il est convoqué chez Alphonso Lopez da Costa père d’Abigaïl. Sa fille se meurt lentement depuis des mois et il se résout enfin à consulter le docteur Paradies.

Commence alors une histoire bien particulière, Abigaïl étant atteinte d’une maladie bizarre mais se montrant aussi très attachante et très instruite.

Je ne veux surtout pas vous dévoiler trop de choses, mais je vous confie quand même que nous retournerons encore au vingtième siècle puis une dernière fois au dix-septième siècle avant de connaître la fin de cette histoire.

Je l’ai trouvée passionnante et très bien écrite, même s’il y a parfois un rien trop de descriptions à la Modiano (il passe par telle rue de Paris, puis telle autre, puis telle place etc.)

Vraiment à lire !

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • La jeune mariée juive [Texte imprimé], roman Luigi Guarnieri traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli
    de Guarnieri, Luigi Pozzoli, Marguerite (Traducteur)
    Actes Sud / Lettres italiennes (Arles).
    ISBN : 9782742767823 ; 20,30 € ; 01/06/2007 ; 285 p. ; Broché
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Tout en finesse

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 2 décembre 2008

Lorsque Ephraïm Paradies, jeune médecin juif du 17e siècle, accepte de soigner Abigaïl Lopez da Costa, fille d’un riche négociant d’art, atteinte d’une mystérieuse maladie, il n’imagine pas qu’il met le doigt dans l’engrenage d’un amour infernal, celui d’une passion destructrice qui sera celle que la malade éprouvera pour son médecin, au point d’en perdre toute raison.
Un récit qui s’imbrique dans une autre histoire, se déroulant à Paris dans les années 1980, celle de Rebecca Lopez da Costa, lointaine descendante de Abigaïl et de Leo Gualtieri, écrivain italien pas vraiment abouti, qui va vivre aux crochets de Rebecca avant de s’enfuir comme un lâche, voleur de surcroît.
Mise en abîme de deux récits, confrontation de deux destructions psychologiques dues à une passion dévorante pour un homme qui ne comprend pas ou beaucoup trop tard.
Avec en toile de fond la présence de Rembrandt, auteur du tableau "La Mariée Juive" (1665, visible au Rijksmuseum à Amsterdam), qui représenterait Abigaïl et Ephraïm selon la petite histoire.

Alternant récits du passé, l’époque de Rembrandt van Rijn, et la période 1987-2003 dans un Paris grouillant de vie, Luigi Guarnieri à qui on doit "La double vie de Vermeer" décrypte le phénomène de l’irréversible destruction psychologique. Qu’elle se nomme Rebecca ou Abigaïl, son héroïne se laisse littéralement mourir d’amour, femme incomprise des autres et de cette société qui ne lui accorde pas la place qu’elle souhaite. Abigaïl est naturaliste, Rebecca doctorante en Histoire en de l’Art. Chacune aime un homme qui ressent de la tendresse pour elle mais ne peut répondre aux attentes démesurées.
Deux histoires d’amour qui s’entremêlent au fil des pages dans un roman en forme de miroir, avec de tels échos entre les deux que peu à peu les destins se répondent et finissent, par se croiser, d’une certaine manière.

Le tout est mené d’habile manière, dans un style élégant. Ecriture poétique et simple à la fois, rythme agréable, ce fut un bon moment de lecture, empreint d’une grande sensibilité à l’égard du personnage de Rembrandt, décrit sans concession mais avec beaucoup de respect.

Forums: La jeune mariée juive

Il n'y a pas encore de discussion autour de "La jeune mariée juive".