Un siècle de novembre de Paul Gagné, Lori Saint-Martin, Walter D. Wetherell

Un siècle de novembre de Paul Gagné, Lori Saint-Martin, Walter D. Wetherell
( A century of November)

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par AntigoneCH, le 19 octobre 2007 (La Roche sur Yon, Inscrite le 19 octobre 2007, 51 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 288ème position).
Visites : 5 307  (depuis Novembre 2007)

La quête d'un père

"Un siècle de Novembre" est le deuxième livre des éditions "allusifs" que je découvre, et je suis heureuse de cette rencontre à nouveau réussie avec une maison d'édition que je ne connaissais pas auparavant. Malgré les quelques difficultés rencontrées pour rentrer dans l'atmosphère du premier paragraphe, pour me familiariser avec l'écriture hachée des premières lignes, j'ai complètement savouré cette histoire. L'auteur sait très bien nous faire sentir le vent, le froid, les odeurs et nous faire entendre les bruits qui jonchent le parcours de cet homme en quête d'un seul objectif : savoir, voir le champ de bataille, l'endroit, pour ne "plus espérer" en vain qu'un jour, son fils lui revienne, en vie. Nous prenons avec lui le bateau au large du Canada, le train, nous marchons, enfin, sur les routes de France. Ayant moi-même déjà vu les collines défigurées de Verdun, j'ai très bien réussi à visualiser les scènes décrites en fin d'ouvrage, ces champs ravagés. Je vous conseille chaudement cette lecture car étrangement, malgré le sujet terrible, loin d'être morbide, ce roman est d'une beauté à couper le souffle !

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Un réquisitoire émouvant contre la guerre

10 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 5 août 2010

Quand Charles Marden, juge canadien quitte son île de Vancouver pour retrouver l'endroit où la grande faucheuse lui a volé son fils William, la guerre n'est pas terminée.
Comme lui des milliers de femmes et d'hommes, désespérés vont traverser les mers.
Ce conflit monstrueux est le « héros » de ce livre.
Il est présent à tout moment même si l'auteur ne nous entraîne jamais sur un champ de bataille.
L'auteur décrit avec beaucoup de talent et de réalisme une Europe dévastée qui n'en finit pas de s'entretuer....
Charles Marden arrive en Angleterre sur les traces de William avant de s'embarquer pour la France et la Belgique.
Il n'est pas seul, il sent la « présence » d'une jeune femme qui le précède (!?)
L'armistice vient juste d'être signé et si de nombreux londoniens font la fête, d'autres en deuil errent.. Ils sont des millions en France et en Angleterre à avoir souffert dans leur chair : en plus des morts, il y a les veuves, les mères et filles éplorées.

Les pèlerins, c'est ainsi que les autochtones les appellent vont jusqu'à dormir dans les trous d'obus
Ils fouillent partout pour retrouver des traces de leur cher disparu dans un terrain dévasté et jonché de détritus divers, d'objets hétéroclites et de munitions qui peuvent exploser à tout moment.

Charles Marden nous fait part de ses réflexions qui reflètent la réalité :
« Equipez des garçons d'armes de destruction, bourrez-leur le crâne de mensonges,emplissez-les de haine . »

Rien n'échappe à la plume de l'auteur, l'enthousiasme délirant des jeunes qui partent, le bourbier, les interrogations, les révoltes sans issue...toutes les faces de cette boucherie mondiale .
L'auteur est un grand écrivain qui se montre capable d'écrire une « fiction » et de nous offrir une page d'histoire émouvante et si bien écrite.

Jean-François CHALOT

Ni la justice, ni les vergers..

10 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 15 mai 2010

"Il jugeait les hommes et cultivait les pommes, et cet automne -là n'était propice ni à la justice, ni aux vergers." C'est la première phrase de ce livre. Début d'automne 1918, sur l'Ile De Vancouver. Un homme, Charles Marden. Les pommes se couvrent de taches de rouille , car la fumée des incendies , non combattus faute de jeunes gens encore présents pour le faire, a traversé le détroit. Mais les insulaires disent que le coupable, c'est le gaz moutarde, "charrié par les vents depuis la lointaine France".. Quant à la justice, le magistrat Charles Marden n'a pas grand chose à faire non plus, depuis le début de la guerre les comportements sont exemplaires: " On aurait dit que tout le mal du monde ,transformé en liquide tourbillonnant, se déversait sur la France, suivant le cycle désespéré qui soufflait ensuite la fumée sur l'Amérique."
La femme de Charles Marden est morte trois semaines auparavant de la grippe espagnole. Son fils unique, Billy, fait la guerre depuis 2 ans. Et un courrier arrive, annonçant sa mort au combat dans un village belge au nom étrange.
Alors Marden va se mettre en route, pour mettre ses pas dans les pas de son fils, et jusqu'au bout. Pour aller sur place, à l'endroit exact où s'est terminée sa courte vie.
"Pour ne rien attendre......Avoir des attentes, après ce qui est arrivé....c'est intolérable. S'il y a une leçon à retenir de cette guerre, c'est bien celle-là. Il faut enterrer l'espoir là où il ne risque plus de nous déranger."Et puis pour éviter de juger " juger d'avance, juger avant d'arriver, avant d'avoir vu, de ses yeux vu, l'endroit précis."

C'est le journal de cette quête que l'on lit, du Canada aux tranchées. Ils furent nombreux à faire ces sortes de pèlerinages ( et nombreux à y mourir aussi volontairement ou non). Charles Marden arrivera à cet endroit précis , et entendra le récit de la mort de son fils. Alors seulement, il pourra juger et ressentir:

" Billy s'est sauvé. En pleine guerre, malgré les responsabilités qui lui incombaient, l'ennemi devant lui, il s'est sauvé. J'avais pleinement conscience de ce que j'étais censé ressentir, de ce que les colonels, les généraux, les politiciens et tous ceux qui avaient envoyé ces garçons à leur perte voulaient que je ressente. De l'embarras, de la gêne, de la honte. Pourtant, je n'éprouvais rien de tel. J'étais heureux pour lui. Heureux de savoir que, au dernier instant de sa vie, confronté à une machine invincible, à une herse impitoyable, il était redevenu un petit garçon. Il avait réagi comme tout garçon l'aurait fait dans ces circonstances, avait couru de toutes ses forces vers la vie, la sécurité....Mon seul regret, celui que je garderai jusqu'à la fin de mes jours, c'est qu'il n'a pas couru assez vite."

C'est un texte magnifique, très retenu, sobre et pudique, très sombre bien sûr, mais avec une petite lueur à la fin. On sait que Charles Marden sera tenu d'"attendre " de nouveau, et que cela s'appellera continuer à vivre.

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