L'homme à la casquette

L'homme à la casquette et au col roulé a été, de 1949 à 1985, un des plus célèbres des dialoguistes et aussi réalisateur du cinéma français de divertissement.
Son talent était celui d'un grand professionnel, à la gouaille parigote, d'un comique et d'une cruauté que certains ont qualifié de " poujadiste “.Exemple: "Ecoutez, j’ai été enfant de choeur, militant socialiste et bistrot, c'est dire que j’en ai entendu des conneries". Né en 1920, il a connu l’occupation et a fait quelques métiers: cycliste-livreur ( Jean Gabin l’appelait “ le cycliste"), vendeurs de livres; dans son ouvrage “le P’tit Cheval de retour"(1975), il écrit: “Pour subsister, nous autres (je parle des enfants du quartier) on volait des vélos. Tout le monde en volait un petit peu. Fallait bien. Tous mes copains volaient des vélos. J’en ai volé au moins 3.000 ".
La libération lui laissera un souvenir cuisant et lui a enlevé toutes ses illusions sur les résistants de la dernière heure. Il assistera aux règlements de comptes entre Français." On a commencé à arrêter, à à tondre et à humilier.Sale temps pour celles qu'on a vu traîner avec les Allemands.". Il se souvient avoir libéré des femmes tondues revolver au poing.
Après quoi, il commence à écrire quelques romans policiers sous le pseudonyme de Jacques Potier. En 1946, il écrit dans “L’étoile du Soir", y rédige des reportages souvent “bidon" ainsi que des articles critiques de cinéma aussi virulents que ceux que François Truffaut écrivit dans " Arts". Il débouche enfin sur le cinéma. Premier film en 1949:“Mission à Tanger" d’André Hunebelle. Les grands succès ne cessent de se succéder dont les plus marquants sont Le Singe en hiver, les Tontons flingueurs, Le Président, un Taxi pour Tobrouk (impossible de les citer tous): Audiard a rapporté beaucoup d’argent à ses producteurs, il était le dialoguiste le mieux payé du cinéma français. Il dépensa beaucoup d’argent, connut lui aussi de graves déboires avec le fisc.
Ses rapports avec la critique ont souvent été mouvementés , il eut maille à partie avec la Nouvelle vague (Godard, Truffaut, Chabrol, Rohmer) mais ne parvint jamais à être "rayé de la carte".
Il a participé à 120 films en tout, fournissant des dialogues sur mesure et pleins de verve à des acteurs comme Gabin,Belmondo, Delon, Ventura, Biraud, Jean Carmet, Mireille Darc Bernard Blier, Francis Blanche, André Pousse, Suzanne Flon et tant d’autres. Le dialoguiste époustouflant qu’il était n’était plus au service des acteurs, mais ce sont eux qui servaient son texte, facilement reconnaissable à la première réplique.Il collabora avec de nombreux réalisateurs, et non des moindres, comme Henri Verneuil( 9 films), Denis de la Patellière ( 6 films), Georges Lautner ( 15 films), Jacques Deray, Gilles Grangier ( 13 films) etc. Il dirigea lui-même pas moins de 9 films ( de 1969 à 1973), aux titres souvent interminables comme "le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques" .
On le voit: l’homme Audiard n’est pas exactement celui que chacun croyait connaître. Le livre de Dominique Chabrol est très recommandable: il s’agit ici d'une hagiographie critique de niveau élevé et qui se lit d'une traite.

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  Michel Audiard [Texte imprimé], "c'est du brutal" Dominique Chabrol

  de Chabrol, Dominique
  Flammarion / Grandes biographies
  ISBN : 9782080681782 ; 12,39 € ; 10/05/2001 ; 216 p. ; Broché

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