La petite amie imaginaire de John Irving

La petite amie imaginaire de John Irving
( The imaginary girlfriend)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Tistou, le 4 octobre 2007 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (55 600ème position).
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Autobiographie

Autobiographie écrite en 1996. John Irving nous y raconte davantage l’homme Irving que l’écrivain. D’ailleurs ses rapports avec la lutte (le sport « lutte ») tiennent autant de place que ceux avec l’écriture. John Irving a la lutte en passion. Pratiquée jeune et poursuivie assidûment en tant qu’entraineur et arbitre.
Dans « la petite amie imaginaire », il s’en tient plus à une énumération de ceux qui auront compté ; compagnons lutteurs, entraineurs, professeurs de littérature, qui auront contribué à façonner l’homme et l’écrivain qu’il est devenu, qu’à des envolées lyriques ou ésotériques.
Avec John Irving, les choses restent simples, au ras du quotidien :

« L’amateur rebat les oreilles de tout le monde à vouloir expliquer le pourquoi de sa prédilection – et dans le fond, quelle importance ? La lutte, comme la boxe, est un sport où l’on est divisé en catégories selon son poids. Autrement dit, on s’affronte à des gens de son gabarit. Le choc est parfois très rude, mais la surface où l’on atterrit est raisonnablement molle. Et puis, les sports de combat comportent des aspects tout à fait civilisés ; ainsi cette règle que j’ai toujours admirée et qui veut que l’on soit responsable de son adversaire : quand on le soulève du tapis, on s’assure qu’il y retombe intact. Mais quant à dire pourquoi j’aime la lutte, j’avancerais que c’est sans doute la première discipline où j’aie valu quelque chose. »

Si l’on comptait sur « la petite amie imaginaire » pour découvrir un monstre, une destinée extraordinaire, c’est raté. Qu’on se le dise, John Irving n’est qu’un homme, rien qu’un homme, qui aime la lutte et coucher des mots sur le papier.
Passage obligé dans ce genre d’exercice, John Irving s’épanche sur les auteurs qui l’ont influencé, qui l’ont marqué. On y apprend ainsi :

« Lire Proust ou Henry James est au-dessus de mes forces ; Conrad m’effondre. »

Non, pour Irving, c’est Dickens qui semble la référence absolue.

« Parmi les auteurs encore vivants, ce sont Grass, Garcia Marquez et Robertson Davies mes préférés. Si l’on songe que tous trois écrivent des romans « comiques », avec pour modèles les grands conteurs du dix-neuvième siècle, qui privilégient le souffle narratif et les personnages complexes, on peut se dire que je ne me suis guère écarté de la sphère d’influence dickensienne. »

Mais, mais … une exception quand même : Graham Greene.

« C’est bien simple, les personnages de Graham Greene, j’ai l’impression de les connaître mieux que les gens que j’ai croisés dans ma vie – et ce n’est pourtant pas que j’aurais aimé ou aimerais les connaître. Je ne peux pas m’asseoir sur un siège de dentiste sans penser au terrible Mr. Tench, ce dentiste en exil témoin de l’exécution du prêtre alcoolique.

« On dirait que la haine passe par les mêmes glandes que l’amour, a écrit Graham Greene. D’ailleurs, elle produit les mêmes actes. » J’avais tapé cette phrase sur un papier qui finissait par jaunir, scotché à ma lampe de bureau, bien longtemps avant d’être en mesure d’en sonder la vérité. J’ai compris plus vite, dès que je me suis mis à écrire moi-même, cet extrait de La fin d’une liaison : « Dans le travail de l’écrivain, une bonne part vient de l’inconscient ; c’est dans ces profondeurs que le dernier mot est écrit bien avant que le premier n’apparaisse sur la feuille. Les détails de notre histoire, nous ne les inventons pas, nous nous les rappelons. » »

« Graham Greene m’apprit dès le lycée que des personnages subtils et complexes, et des histoires déchirantes étaient des impératifs catégoriques pour tout roman digne de la postérité. Mais il m’apprit aussi à détester la critique littéraire ; faute de lui avoir rendu justice, elle s’était disqualifiée à mes yeux. Jusqu’à sa mort, en 1991, Graham Greene a été l’écrivain de langue anglaise le plus accompli, et, toutes langues confondues, le plus perfectionniste. »

Et John Irving déroule sa vie ; ses études laborieuses, son passage à Vienne, « dans la peau d’un écrivain ». Passage qui le marquera sans aucun doute tant la culture germanique ou des références autrichiennes interviennent dans ses romans.
Premier roman, « Liberté pour les ours », en 1968 pour lequel on lui verse un acompte de 7500 dollars, ce qui ne le dissuade pas de mener une vie simple.

« En 1968, avec une femme et un enfant, on pouvait tenir presque un an sur cette somme ; mais j’aurais alors subi l’urgence d’écrire un deuxième roman, et c’est ce que je voulais éviter. J’ai préféré garder mon boulot de prof et mon boulot d’entraineur, et écrire mon deuxième roman – ainsi que mon troisième et mon quatrième – à mon rythme de croisière. »

Et puis le succès rencontré pour son troisième roman, dix ans plus tard, « Le monde selon Garp », qui le propulse dans le gotha des auteurs qui comptent et qui le libère des contraintes financières.
Un homme simple, qui place l’art de la lutte au niveau de l’art de l’écriture, pour qui les relations inter-personnelles semblent essentielles.

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Les éditions

  • La petite amie imaginaire [Texte imprimé], récit John Irving trad. de l'américain par Josée Kamoun
    de Irving, John Kamoun, Josée (Traducteur)
    Seuil
    ISBN : 9782020289313 ; 15,60 € ; 13/04/1996 ; 174 p. ; Broché
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6 étoiles

Critique de Blue_771 (, Inscrite le 8 décembre 2011, 69 ans) - 18 décembre 2011

Et pourtant, je suis une inconditionnelle de cet auteur !
J’étais prête à apprendre plein de choses sur "La petite amie imaginaire".
Je n’aurais pas dû. C’est sans doute pour cela que j’ai été quelque peu déçue.

«La petite amie imaginaire» est l’idée que John Irving se fait d’une autobiographie. Il n’a pas dû réaliser que lorsque les gens s’intéressent à la vie d’un écrivain, c’est généralement qu’ils l’ont remarqué en tant qu’homme de lettres et qu’ils désirent mieux comprendre son œuvre ; et c’était bien mon cas.

Si j’avais été à la recherche des résultats d’anciens championnats de lutte de quelques états des USA, ou du palmarès de ses fils dans cette discipline, ou de l’éclaircissement de quelques règles litigieuses de ce noble art (martial), j’aurais sûrement été plus satisfaite de ma lecture car je crois bien que tout y est, date, nom, lieu et déroulement, anecdotes comprises. Passionnant. Là, j'avoue, j'ai lu en diagonale...

Car hélas, la lutte m’intéresse peu, je dois bien le dire. Alors que j'aime tous les autres sports ; comme le rugby, le ski, le tennis, l'athlétisme, etc...
Bon, reprenons. Irving se lance ici dans le récit de sa vie. Il ne le mène pas de façon absolument chronologique, mais tout autant par thème : lutte, études, lutte, lectures, lutte etc. Il ne nous dit presque rien sur sa famille, de ses parents nous ne connaîtrons pratiquement que leur profession, quant à la fratrie, le fait qu’il n’évoque absolument pas le sujet nous laisse juges de deviner si cela signifie qu’il n’y en a pas. Ces épouses ? euh, oui, deux. Non, pas plus de renseignements non plus.
Nous apprenons qu’il a passé une année à Vienne lors de ses études (ce que tout le monde savait), qu’il ne l’a pas particulièrement appréciée et qu’il déteste les Viennois (ce que j’ai enfin été intéressée d’apprendre).
Il nous confie également un curriculum vitae professionnel clair et précis tant comme professeur de lettres que comme entraîneur d’équipe de lutte. Bon.

Mais j’ai rarement lu autobiographie d’écrivain qui soit si peu littéraire. C’en est étonnant. Il nous annonce bien une grosse estime pour Dickens et Graham Greene, ainsi qu’une nette antipathie pour Oscar Wilde (frimeur superficiel), il évoque bien quelques amis écrivains, parfois ses professeurs ou voisins comme Kurt Vonnegut, mais il me semble qu’on attend tout de même autre chose comme considérations littéraires de l’autobiographie d’un écrivain de renom.

Autre sujet de déception, le style ! On croirait lire des notes, un article de magazine ou une lettre à un copain. Ce n’est pas avec cet ouvrage qu’Irving nous régalera de son écriture, pas plus que de son art du récit.

Quant au titre, il n’a à l’évidence été retenu que pour son caractère accrocheur. On le justifie plus ou moins par le fait qu’ayant un jour besoin d’une excuse pour un déplacement il prétexta que son amie le réclamait, d'où : début et fin de l’histoire (encore une fois passionnante et profonde) qui nous valut ce titre aguicheur.

Bonus ! Un cahier central de 26 photos en présente au moins 5, soyons juste, qui n’ont pas de rapport avec la lutte. Enfin du moins pas direct, direct… Je ne vous dirai rien de la photo de couverture, je parie que vous avez votre petite idée.

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