Passer le pont de Pia Petersen
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Mondes parallèles...
Kara se fait virer, alors qu’elle est en vacances. C’est déjà très déstabilisant, mais quand elle apprend qu’il s’agit en fait d’une coalition de l’ensemble de ses collègues contre elle, ça la chamboule tout à fait. Elle n’aimait pas ce boulot, soit, mais de là à faire l’unanimité contre elle… Alors, et c’est là peut-être le verbe qui la caractérise le mieux, elle atermoie ; elle ne fait rien, elle sort, elle marche, elle ne réfléchit même pas vraiment à ce qu’elle va faire de sa vie, elle tente de digérer. Du coup, forcément, elle se sent vide. Creuse. Une cible idéale pour les tordus qui trainent. Entre ainsi en scène Nathan. De lui, au fur et à mesure, on apprendra qu’il est (ou était) psychiatre, prof, cinéaste, petit chef sans ambition et parano. Un gourou, une secte ? Kara ne sait pas, même dans le futur qui apparait parfois entre deux petites étoiles signalant un paragraphe différent, elle n’a pas trié les choses. Un homme avec un ascendant certain et avéré sur une bande de fidèles, qui tente de mettre en place une autre façon de vivre, un autre modèle de société. Kara va essayer, elle aussi, de remplir son vide…
C’est un roman très intéressant. Aucune leçon ne nous est donnée, aucun cours magistral, aucune démonstration. On est ici dans la tête de Kara, et c’est confus, parfois niais, souvent irritant, mais ça semble toujours parfaitement honnête. Certains aspects du conditionnement (ou déconditionnement) restent dans l’ombre, ça reste une interprétation parmi d’autres, celle de quelqu’un qui n’est jamais entré complètement dans le truc, qui gardait toujours une part de lucidité, même mal placée, ou franchement égarée dans un mode de pensée erroné.
Je ne pourrais pas dire au juste quel est le sujet de fond, l’embrigadement sectaire, la misère morale, la déchéance, ou peut-être simplement la perversité d’un seul, son ivresse de pouvoir, face à la faiblesse d’une multitude de paumés ?
Ca a un côté fascinant, on veut qu'elle réagisse, on est un peu voyeurs et juges bien calés dans nos canapés, ça ressemble presque à une litanie qui nous endormirait en même temps, et on lit jusqu'au dernier mot, dans une sorte d'urgence. Mais ça ne vient pas nous cueillir, nous baffer ou nous remuer, non.
Les éditions
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Passer le pont [Texte imprimé], roman Pia Petersen
de Petersen, Pia
Actes Sud / Un Endroit où aller.
ISBN : 9782742769513 ; 22,20 € ; 15/08/2007 ; 396 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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La manipulation à l'oeuvre.
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 28 juillet 2016
Le roman est écrit à la première personne du singulier, ce qui fait qu'il n'y a pas le recul nécessaire pour savoir précisément si ce Nathan est un gourou ou un cinglé, voire les deux. Kara a une mauvaise image d'elle-même et se condamne bien souvent, alors qu'elle est dans son droit et que c'est bien ce qui lui est demandé qui est inacceptable. La narratrice peut être agaçante parfois. On aurait bien envie de la secouer pour la faire réagir. Ce roman permet d'observer les mécanismes de la manipulation et de prendre conscience que ces individus auxquels on se dévoue sont très intelligents et fin psychologues pour tromper autant de personnes. Le lecteur voit aussi comment une personne arrive quasiment à annihiler ce qu'elle est pour être acceptée, pour appartenir à une communauté. Cette finalité l'aveugle, là où d'autres personnages auraient vu de l'absurdité immédiatement.
L'écriture de Pia Petersen reste toujours aussi personnelle avec la répétition des "et" et certaines remarques redondantes, totalement justifiées par le fait que l'on suit précisément les réactions et les pensées de Kara. Elle s'interroge, commente ses actes, les jugements sévères des autres, retranscrit ses répulsions parfois ... Cette spontanéité est en accord avec le style de l'auteure.
Histoire d'une dérive
Critique de Klein (, Inscrit le 16 octobre 2004, 60 ans) - 12 juillet 2009
Effectivement, il n'y a pas de morale. C'est une histoire. Qui peut aider à comprendre ce qui se passe dans la tête de ceux qui se raccrochent à une secte. Mais Kara aurait pu se raccrocher à n'importe quoi, c'était le moment. Et quelqu'un lui a tendu la main.
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