Le cercle du karma de Kunzang Choden
( The circle of Karma)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Un récit de voyage initiatique au pays du bouddha
Un roman qui nous vient du bout du monde, du Bouthan, «les confins du Tibet» en VF : Le Cercle du Karma de Kunzang Choden (une femme, comme son nom ne l'indique pas).
Le «pays du dragon» (Druk Yul en VO) est un petit royaume bouddhiste coincé entre l'Himalaya, l'Inde et la Chine, idole des médias occidentaux depuis que son roi a défini un indicateur de développement destiné à remplacer le PNB : le Bonheur National Brut.
Dans ce roman, Kunzang Choden décrit minutieusement, consciencieusement, la trajectoire d'une bouthanaise qui sera amenée à rompre avec ses attaches (village, famille, ...) et à partir sur les routes du Bouthan, du Népal, de l'Inde, ...
À travers son histoire on découvre la vie quotidienne de ces peuples et en filigrane le récit de l'émancipation d'une femme, d'une écriture simple, «nature», peut-être empreinte de zénitude bouddhique ? !
La différence avec ce qui aurait pû être le récit de voyage d'un ethnologue, c'est la tendresse et la bienveillance dont l'auteure entoure ses personnages, tous autant qu'ils sont.
[...] Quand Tsomo parle de sa vie, c'est un peu comme une rivière qui suit son cours. Le débit est lent, la plupart du temps, certains souvenirs donnant lieu à de petites rides semblables aux murmures d'un ruisseau. Puis soudain, c'est comme un torrent qui rugit, l'emporte.
Au-delà de ce voyage initiatique, le thème principal du bouquin est la religion (mais est-ce le bon terme : doit-on plutôt parler de foi, de tradition ?), le bouddhisme, dont le quotidien de ces gens est littéralement nourri.
Face à notre mode de vie occidental où l'on court sans cesse à la poursuite de la maison la plus tendance, la famille la plus chaleureuse, le boulot le plus valorisant, la voiture la plus chic ou même les souvenirs de voyage les plus dépaysants, etc ... ces peuples montrent un détachement inné (et difficilement imaginable) des choses de ce monde.
Là-bas on refile au voisin sa cabane et ses trois casseroles et on part du jour au lendemain sur les routes parce que l'on a entendu dire que tel ou tel lama s'apprêtait à discourir un peu plus loin.
Une foule de pélerins erre ainsi de chorten en stûpa, chacun poursuivant son «chemin personnel».
[...] Tsomo est ses nouveaux compagnons arrivèrent fatigués par un long voyage en bus et en train. Même si venir ici n'avait pas été à proprement parler une décision de sa part, Tsomo était heureuse que les circonstances l'y eussent conduite. Mais elle se demandait pourquoi elle était ainsi poussée d'un site sacré à un autre. Était-ce la réalisation d'une dernière volonté dans une vie antérieure ... ?
Forcément, on y apprend beaucoup de choses sur le bouddhisme, religion aimable et sympathique, mais sans prosélytisme aucun de la part de l'auteure qui prend beaucoup de distance avec tout cela en distillant suffisamment d'ironie (et alors nous que sommes habituellement allergique à toute forme de religiosité, nous n'avons constaté aucune éruption cutanée sur nos mains qui tenaient le livre !).
À plusieurs reprises dans ce bouquin on croise un prêtre ou un lama qui éclate de rire au beau milieu d'une conversation : cela nous a rappelé un article de Courrier International sur le français Matthieu Ricard, ancien biologiste devenu moine tibétain et réputé comme l'homme le plus heureux du monde. Les mesures scientifiques de son activité cérébrale auxquelles il a bien voulu se prêter, montreraient une prédisposition exceptionnelle à la «béatitude».
Pour reboucler sur le bonheur érigé en valeur nationale au Bouthan, on se laisse aller à fantasmer sur une aptitude naturelle et biologique au bonheur de ces peuples d'Asie centrale ...
Les éditions
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Le cercle du karma [Texte imprimé], roman Kunzang Choden traduit de l'anglais (Bhoutan) par Sophie Bastide-Foltz
de Kunzang Choden, Bastide-Foltz, Sophie (Traducteur)
Actes Sud / Lettres indiennes
ISBN : 9782742765577 ; 23,40 € ; 30/01/2007 ; 425 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (13)
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Très belle découverte !
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 15 septembre 2010
Pour avoir suivi un enseignement de Sogyal Rinpoché, j'ai croisé des notions familères, des théories à mettre en pratique.
Au-delà de ces convictions, il y a la destinée si forte de Tomo, son courage, sa pugnacité, ses espoirs et désillusions aussi. Un personnage fort, attachant, qui porte littéralement le récit d'un bout à l'autre, avec beaucoup de naturel et de fluidité.
Si bémol il devait y avoir, ce serait peut-être de ci de là pour quelques descriptions apparentant davantage l'ouvrage au documentaire qu'au récit initiatique mais ceci mis à part, ce fut un véritable moment de sérénité et de joie que de lire ce livre. Merci pour la découverte !
Sur la route de Tsomo
Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 21 août 2010
Une histoire émouvante, un aperçu du bouddhisme, de la condition des femmes, on s’attache à Tsomo. Une belle découverte, ce livre était dans ma pile à lire depuis longtemps.
Bhoutan et condition féminine
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 3 juin 2010
Et Tsomo, aussi, est bhoutanaise, femme, et comme telle dévolue aux tâches domestiques, à l’entretien de la maison. Entre autres, Tsomo, bien que fille d’un « lettré », religieux, se voit refuser par son père l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. C’est son sort de fille. Ceci sera le déclenchement d’une vie bhoutanaise atypique lorsque Tsomo aura connu déconvenues sur déconvenues, et notamment amoureuse – le sort des femmes au Bhoutan étant ce qu’il est …
Partant de là, Kunzang Choden nous raconte le quotidien d’une famille lambda, de la « brousse » bhoutanaise, dans une société pas loin de la féodalité et de ses « bienfaits ». Puis le destin compliqué d’une Tsomo qui se refuse à tant d’iniquités et qui va tout quitter à la mort de sa mère pour tenter de se rapprocher de ce qui lui fût refusé : éducation et spiritualité. Elle va partir dans des conditions misérables, d’abord pour Thimpu, la capitale bhoutanaise, puis pour des villes indiennes aux limites de l’Himalaya qui abritent des communautés népalaises, tibétaines et bouthanaises, et notamment les Lamas, les dignitaires religieux respectés. C’est que nous sommes dans le domaine du Lamaïsme, pas du Boudhisme à proprement parler.
Le sort de Tsomo restera misérable à l’instar des populations indiennes et, disons, tibétaines pour rester global. Misérable matériellement, misérable affectivement puisqu’elle sera la dupe de celui qu’elle croyait son mari. Dans cette population où le principe de réincarnation est la base, il importe de gagner absolument des « bons points » pour améliorer son karma et s’élever dans le cycle infernal des réincarnations successives, et le meilleur moyen d’y parvenir est d’entretenir les meilleurs rapports avec les religieux, de prier voire de devenir religieux soi-même, et ce sera le but ultime de Tsomo, même analphabète, de devenir nonne, crâne rasée et pauvreté absolue, entretenue par les dons et vivant quasiment détachée de tout. La boucle sera bouclée lorsqu’elle reviendra à Timphu, reconnue des siens après toutes ces années d’absence, reconnue justement parce que démunie de tout et surtout d’envies.
Beaucoup de réalité dans ce qui n’est pas une « success-story », plutôt une histoire ordinaire de petit peuple, d’une femme somme toute extraordinaire.
Une belle plongée dans un monde qui nous est largement étranger et souvent incompréhensible, souvent fantasmé aussi. La grandeur des Lamas en prend un sacré coup. La religion y est considérée sous un angle démystifiant, opium du peuple éventé.
« Lham Yeshi ne peut pas aller au chorten sans y chercher son amie. Elle entre dans l’enceinte, s’en va déambuler dans l’espoir de tomber sur elle. L‘endroit l’attire, comme si elle y sentait sa présence. En marchant, elle passe devant la cuisine, près du cornouiller, au nord-ouest du chorten. Là elle s’arrête, regarde les compagnons de prière de son amie qui y sont rassemblés comme à l’accoutumée, assis par terre sur le ciment autour de la cuisine et de son tuyau d’évacuation. Le ciment étant froid, ils sont assis sur des morceaux de carton, plusieurs fois pliés pour le confort de leurs vieux os et de leurs muscles fatigués. Les généreux donateurs qui commanditent les prières nourrissent les pauvres, si bien qu’ils attendent leur nourriture. Et prient en attendant. Il y a l’homme affligé d’un goitre, assis bien droit, l’air résolu, qui chante l’ « Om Ah Hung Benza Guru Padma Siddhi Hung » d’une voix forte. Il s’est autoproclamé chef de chœur. Les veines sur son cou sont gonflées par l’effort. »
Dommage que la narration soit très explicite, dans le déroulé de l’histoire, forcément explicatif. Ce texte en réalité va plus loin. Et puis c’est l’occasion de pénétrer ce Bhoutan, peut-être maintenant accessible ( ?), mais longtemps enfermé.
Un autre monde
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 31 mai 2010
Le périple de Tsomo permet de découvrir une région peu connue, des traditions séculaires,le tout avec beaucoup de tendresse, des personnages attachants, d'autres moins et on est surpris quand on s'aperçoit que Tsomo est une "vieille femme". On n'a pas vu les années passer.
Très agréable à lire, même si les prénoms ne sont pas facilement mémorisables, et pas d'ennui malgré la longueur du récit.
La vie de Tsomo
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 25 mai 2010
Enfant, adolescente puis femme, Tsomo nous fait découvrir sa vie, son karma...
Ce livre se lit facilement mais il n'aurait pas fallu plus long.
La route tranquille
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 6 avril 2010
Il y’a quelques années, j’avais vu ‘La coupe’ (Phörpa), un film joyeux avec de jeunes moines Tibétains en exil confrontés à un monde où les traditions se perdent. L’image de la culture du Bhoutan était lumineuse. Dans ce livre, elle est terne.
J’aurais aimé connaître plus sur les coutumes du pays, mais on apprend peu finalement. Dommage.
Belle découverte
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 17 mars 2010
J'ai eu du mal avec les premières pages mais on prend rapidement du plaisir à suivre cette femme dans son enfance et dans son voyage initiatique à travers le Bhoutan, le Népal et l'Inde. Qu'il est dur d'être une femme dans ce pays ! J'ai souvent été révoltée par certaines descriptions. A travers la vie de Tsomo, j'ai découvert un pays que je ne connais pas et surtout une religion, le bouddhisme. J'ai suivi avec plaisir cette grande aventure spirituelle. On a peu d'indication sur l'écoulement de temps alors j'ai été surprise à plusieurs moments des nombreuses d'années écoulées depuis son départ de sa famille.
Ça reste tout de même un beau livre où on découvre un peuple, une culture mais surtout une femme.
Tsomo et son voyage initiatique
Critique de Olinot (Proche de Paris, Inscrit le 5 janvier 2010, 56 ans) - 21 janvier 2010
En effet, une fois passé le côté Balzac de la description qui peut vous ennuyer les cinquante premières pages, on découvre un univers inconnu, celui du Bouthan.
On retrouve surtout un peu du roman japonais dans la lenteur du temps et dans le rapport aux éléments qui nous entourent, mais surtout on découvre une sagesse qui surprend et une résignation étourdissante.
On suit donc cette femme, Tsomo, de son plus jeune âge à sa fin de vie terrestre, au travers de son ou ses karmas.
En accompagnant ce personnage fort, car ne souhaitant pas subir mais être, qui part à sa recherche, qui fuit un carcan étouffant (un village, une famille, une image de soi), on traverse un pays, on vit la vie d’une expatriée, et on se régale des rencontres bonnes, mauvaises ou spirituelles.
Heureusement, l’auteur nous distille de l’humour pour nous permettre de lire cette suite de malheurs entrecoupée de moments, non pas de bonheur, mais de vie sans problème, hormis celui de la pauvreté qui est sauvagement décrite.
Mais en dehors de Tsomo, c’est toute une culture que nous découvrons et un monde peu ouvert sur les autres, car refermé sur lui-même.
Un très beau récit qui m’a permis de m’évader.
Une bonne introduction du Bouthan
Critique de Chma (Bruxelles, Inscrite le 5 mars 2001, 53 ans) - 25 mars 2009
Ecrit dans un style clair, le livre se lit facilement. On a envie de savoir si elle va s'en sortir et comment.
Pour ma part, la fin me semble plus rapide dans la succession des événements. Pour ne pas faire un trop gros ouvrage? Mais il n'en fallait pas beaucoup plus de toutes façons.
Voyage aux confins du Tibet
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 16 mars 2009
La religion est omniprésente, le livre permet de comprendre le bouddhisme. Tout n'est pas rose non plus, la condition de la femme est très difficile, elle n'a pas droit à l'éducation et elle est dépendante de l'homme. Un aspect qui m'a étonné dans le bouddhisme, c'est une impression de fatalisme: le karma et les vies précédentes permettent de justifier les souffrances. Et Tsomo aura eu son compte de souffrances. C'est ce qui fait qu'on s'attache aux personnages.
Au total, je trouve le livre très réussi malgré quelque défauts, comme un début trop lent. Je regrette aussi, comme Elya, que la nature et les paysages ne soient pas plus souvent et mieux évoqués. Par contre l'auteur excelle à décrire l'ambiance des grandes villes, avec la cohue, les marchés, les communautés qui se forment ou qui se retrouvent en fonction de leur origine. Une mention aussi pour ses descriptions des plats typiques, ces gens qui vivent dans le dénuement parviennent à accommoder des ingrédients de base pour en faire des plats relevés.
Trop tranquille
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 8 mars 2009
Le style de l'écrivain (ou de la traductrice) est vraiment trop simple, je n'ai noté aucune jolie phrase ou passage de "vérité".
Contrairement à ce que je pensais après avoir lu uniquement son résumé, ce livre est loin d'une révélation, et Tsomo bien loin d'une Alexandre David Néel ou autre exploratrice et contemplatrice du monde orientale comme je l'aurai espéré.
La région du Bouthan doit être sublime et pourtant ce récit n'est accompagné d'aucune description du paysage, de la nature environnante, si ce n'est celles de quelques villes et temples.
Après toutes ces critiques fort négatives et qui témoignent plus de ma déception et de mon déplaisir, j'ai tout de même apprécié ce roman, cette vie cruelle et finalement sans éclat. Au début j'étais agacée que les titres des chapitres reprennent systématiquement le seul moment de suspens du chapitre, et puis finalement j'ai trouvé que cela collait parfaitement avec le style du roman.
A lire donc pour changer des écrivains vietnamiens ou japonais, mais rien de très captivant pour ma part.
Porte entrouverte sur le Bhoutan
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 12 février 2008
Quel karma
Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 1 janvier 2008
Une histoire très émouvante, mais d’une tristesse à pleurer. Que de malheurs s’accumulent sur la tête de la pauvre Tsomo, cette perpétuelle Cosette ! Quel terrible karma doit-elle supporter ! Dans ce témoignage passionnant sur la vie quotidienne des petites gens de ce royaume mal connu et peu avancé, le lecteur découvre des mœurs et des rapports humains qui peuvent lui sembler exotiques ou cruels tout en prenant une magnifique leçon de vie et de courage de la part de cette humble disciple du Bouddha. Malgré un style peu léger, le livre se lit aisément car c’est le récit authentique d’une véritable destinée pleine de rebondissements au détour de tous les chapitres.
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