La Délégation norvégienne de Hugo Boris
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Partie de chasse ?
Quand il y a avalanche de titres et d’ouvrages, français et venant de partout, comment peut-on s’y retrouver ? Je crois qu’il n’y a aucune règle si ce n’est de se laisser aller à picorer, ici ou là, faire confiance aux rencontres et aux conseils des uns et des autres, en particulier ceux très inspirés de nos amis du site, enfin, retourner toujours voir ceux que nous avions aimés les années précédentes… Il y a deux ans, je découvrais un jeune romancier, Hugo Boris, et j’étais réellement si subjugué et enchanté par son premier roman, Le baiser dans la nuque. Pouvait-il récidiver dans un domaine identique ? Sa poésie et son écriture tiendrait-elle le choc du second roman ? Son étoile s’éteindrait-elle après un feu follet ? C’est pour répondre à ces questions légitimes que j’ai pris en main La Délégation norvégienne et que je reviens devant vous vous parler de cet auteur que, décidément, j’aime beaucoup…
Alors, cette fois, le style change complètement. Nous sommes en compagnie d’un homme, un garde forestier, un chasseur aussi, qui a décidé de venir en Norvège, là-haut, au-delà des zones tempérées, pour une semaine de chasse intensive avec des spécialistes venant d’Europe. Ils se retrouvent dans un chalet, ils ne se connaissent pas, ils ont effectué leurs réservations par Internet, courrier et téléphone… Deux femmes, cinq hommes, réunis par la passion et qui vont connaître une période inoubliable…
René Derain, l’homme que nous suivons, arrive le dernier et constate que personne n’est là pour les accueillir. Tout semble prêt, il y a à manger et à boire, des chambres, bref, une location disponible mais pas de mode d’emploi. Il faut s’organiser seuls, décider comment on s’installera, sans hôte, sans guide… Qu’à cela ne tienne, des chasseurs ne se laisseront pas abattre et le premier dîner est plutôt sympathique…
Dès le lendemain, les choses se compliqueront. Le gibier n’est pas au rendez-vous, du moins dans la quantité et la qualité espérées, certains chasseurs sont assez énigmatiques, enfin, la météo tourne assez rapidement au cauchemar.
A ce stade de l’histoire, il vous vient comme une réminiscence d’un policier où la romancière avait enfermé ses personnages sur une île avant de les tuer, les uns après les autres. Vous vous dites que Hugo Boris est gonflé de nous offrir un remake de Dix petits nègres et… alors, surtout, ne refermez pas l’ouvrage car c’est à ce moment-là que tout devient important !
Car, soyons honnêtes, la chasse n’est pas mon hobby préféré et vivre avec des chasseurs durant une semaine ne m’excitait pas particulièrement. Mais Hugo Boris ne se sert de la chasse que pour mettre en place les mécanismes qui vont lui donner la possibilité de nous parler de tout autre chose, de la nature humaine, de la destinée, de la vie, de la mort, de Dieu. Oui, ce roman que l’on peut classer trop rapidement en thriller, est un excellent texte philosophique, théologique…
L’isolement par la neige, le danger par la faim, le froid, la maladie et les loups, l’angoisse par le texte d’un roman découvert dans un rayonnage du chalet et lu, petit à petit, par un des personnages… tout, absolument tout, est réuni par l’auteur pour aborder la condition humaine ! Pourquoi vit-on ? Dans quel but ? Qui tire les ficelles de ce jeu cruel ? L’homme ne peut-il que sombrer dans la folie ? L’amour est-il une échappatoire ? Y a-t-il une issue à tout cela ?
Ne croyez pas que Hugo Boris vous donne des solutions claires, nettes et précises. Il fait vivre ses personnages, fait exprimer des points de vue et nous laisse imaginer la fin définitive de cette histoire haletante que l’on ne peut pas lire en plusieurs fois en prenant son temps. Ce texte vif et brillant se dévore en une seule bouchée, se digère en une vie entière !
C’est pour moi un livre d’une très grande qualité qui devrait satisfaire la plus grande partie des lecteurs et retenir l’attention des membres éminents des jurys prestigieux qui sont en train de plancher. Mais, avant, n’hésitez pas un seul instant, découvrez ce roman avant que les récompenses ne tombent… Non seulement Hugo Boris ne m’a pas déçu mais je trouve qu’il a trouvé les moyens de dépasser son premier roman pour nous emmener très haut… Merci !
Les éditions
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La délégation norvégienne [Texte imprimé] Hugo Boris
de Boris, Hugo
Belfond
ISBN : 9782714442499 ; 2,98 € ; 22/08/2007 ; 275 p. ; Roman -
La délégation norvégienne [Texte imprimé] Hugo Boris
de Boris, Hugo
Pocket / Nouvelles voix
ISBN : 9782266181440 ; 3,81 € ; 02/07/2009 ; 267 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (24)
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Chasseur ou chassé
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 11 décembre 2017
Les choses se compliquent avec l'arrivée de la neige, aggravant leur isolement, puis celui du grand froid, gelant les canalisations.
Cela aurait pu être un huis-clos parmi d'autres mais l'auteur mène habilement son intrigue en faisant du décor, de l'environnement, un personnage hostile, menaçant. On ne sait pas très bien d'où peut venir la menace, de l'intérieur ou de l'extérieur.
Un roman policier qui devient très vite addictif, poussé par l'envie de connaître la fin mais aussi par celle de découvrir ce que cachent ces mystérieuses pages non massicotées.
Après avoir lu les commentaires des lecteurs, je rejoins les déçus. L'idée était excellente, je m'attendais à plus flamboyant. Et comme je déteste ce genre de fin...
Une fin trouble... tant mieux
Critique de PPG (Strasbourg, Inscrit le 14 septembre 2008, 48 ans) - 2 septembre 2014
Ici, Hugo Boris nous propose une fin trouble et c'est mieux ainsi. Chacun peut voir d'autres correspondances. Cela donne un bon sujet de discussion entre amis et donne envie de le relire un jour. Une fin trop facile aurait tout gâché. Là, le livre continue à vivre...
Pour les huis-clos dans le milieu de la chasse, je recommande vivement "Scène de chasse en blanc" de Mats Wägeus qui nous livre une belle partition philosophique et poétique sur la vie et la mort, sur le sens de ces deux extrêmes, à travers une écriture magnifique, froide et précise.
Une intrigue que vous ne pourrez lâcher...
Critique de Chapitre31 (TOULOUSE, Inscrite le 18 août 2013, 55 ans) - 18 août 2013
L'histoire est originale nous amenant à des questions philosophiques. Idée très originale pour les pages non découpées du livre qui laissent le lecteur à sa propre imagination...
Un livre proche du polar avec quelque chose en plus ..A découvrir..
QUI chasse QUI ?
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 14 décembre 2010
Un zeste de " Usual Suspect " ou " Mémento " ...... Que n'ai-je pas compris ? Ai-je raté quelque chose ? Que doit-on en conclure ?
Je ne reviendrai pas sur l'histoire ( si d'aventure il est intéressant de la dérouler ) maintes fois retracée par les critiques précédentes .
Mon coeur balance entre un polar très moyen et/ou un roman à double ( triple ) entrées .
Comme si nous surprenions un dieu nordique en plein travail d'écriture , testant des scénarios littéraires en " live " .
Puis ; plus basiquement , je me suis dis - à la lecture de l'ultime traque mortelle de Derain - que l'auteur souhaitait régler ses comptes avec le monde de la chasse .
De nombreux passages du roman décrivent des scènes de chasse où l'Homme est la proie ( et plus particulièrement la dernière où Derain est égorgé )
Je partirai plutôt sur cette piste .
Pour les pages non massicotées..... on peut faire comme les personnages : " ne tournez pas la page , Colonel " dit Madalen . Ou bien vouloir connaitre le destin écrit des personnages .
Ceux d'entre-nous qui ont coupé les pages veulent connaitre leur destin ( cf. l'astrologie pour les gogos en 5 volumes......) ; les autres veulent VIVRE en faisant fi du lendemain .
Voilà...... pour le reste , je rejoins le sentiment d'une majorité de critiques ; à savoir que ce livre se lit d'une traite , qu'on est pris et qu'il est difficile de lâcher l'intrigue .
Un peu déçu par la fin non conventionnelle mais qui laisse plein de portes ouvertes .
Un roman qui oblige à échanger entre lecteurs pour comparer les interprétations........ c'est sympa ! non ?
A offrir à une personne qu'on déteste
Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 24 novembre 2010
Après quelques pages prometteuses, on attend, on attend, on attend encore, et en fait il ne se passe rien, pire, ça dégénère jusqu'à devenir une ratatouille indigeste. Un pur produit marketing avec les dernières pages non massicotées pour créer l'évènement. Je me suis fait avoir, tant pis pour moi.
Un livre très, très dispensable.
Si l'on est un peu pervers, à offrir à une personne qu'on déteste.
un suspense qui tombe à plat
Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 23 novembre 2010
Et le pire, c'est que pour parvenir à cette fin ridicule, j'ai du m'infuser le reste du roman où il ne se passe strictement rien à part des balades en forêt pour chasser! Par charité je passe sur la pseudo atmosphère fantastique à laquelle on ne croit pas une seconde! L'auteur devrait relire le Horla de Maupassant pour voir ce que c'est que le fantastique!
Bref c'était nul mais je me suis accroché, persuadé que la fin allait nous révéler une incroyable surprise! Et devant l'ampleur de cette fumisterie je suis en rage! Ce livre est une vraie DAUBE, et qu'il obtienne pour le moment une moyenne de 4/5 et soit autour de la 400e place du classement me laisse pantois! Les précédents critiques ont-ils été payés par la maison d'édition?
J'ai déjà mis des 0.5/5 à d'autres livres, mais alors avec celui-là, il faudrait inventer des notes négatives!
Huis-clos nordique
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 10 septembre 2010
Un danger diffus et insaisissable
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 27 juillet 2010
J’ai beaucoup aimé les descriptions de paysages enneigés, de forêts sombres et inquiétantes, de péril imminent. Le point fort du roman est sans contredit l’intrigue, le mystère qui plane dans toutes les pages. L’auteur n’a pas forcé la note, il n’a pas exagéré ce que j’ai grandement apprécié. Très bonne idée que ce livre étrange que Derain a découvert et dont la lecture le rend complètement fou et aussi, j’ai ri pour le coup du rouge à lèvres, ceux qui ont lu comprendront. Bref, un bon moment de lecture sans plus.
J’accorde une note moyenne pour l’écriture très ordinaire, pour les personnages laissés à l’état d’ébauches, pour le rythme très lent qui nous donne l’impression qu’il ne se passera jamais rien et pour la fin assez frustrante.
Alors qui? Qui?
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 29 mai 2010
Les chasseurs se retrouvent piégés par la neige, au milieu d'une forêt hostile.
Le gibier n'est pas abondant, le téléphone ne fonctionne plus, les canalisations sont gelées...
Et ce livre trouvé dans la bibliothèque semble savoir à l’avance ce qui va se passer.
Les dernières pages ne sont pas massicotées : qui aura le courage de lire la fin?
La dernière ligne : "Alors qui? Qui?
Au lecteur de trouver?
Etrange histoire, style correct et fin hors du commun.
Un livre à la gloire du livre
Critique de Quinqualias (Bruxelles, Inscrite le 7 septembre 2009, 73 ans) - 25 avril 2010
Pour résumer un mélange de "10 petits nègres " et de "huis-clos";
Impossible d'en écrire plus sans déflorer le point de départ et le point de chute. Lisez-le!
Dommage pour la fin
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 14 avril 2010
Comme beaucoup, j'ai été bluffé par l'ambiance, la cabane de chasse, la forêt menaçante, les chasses et le grand froid. Ça j'ai vraiment aimé. Le décor est admirablement campé, et les personnages ne manquent pas d'intérêt. J'ai lu le livre très vite, car le récit est très prenant. Si ce n'était pour la fin que je trouve bâclée, je serai beaucoup plus généreux en étoiles.
Ambiance troublante...
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 25 mars 2010
L'histoire se déroule doucement, à son rythme, on se demande même s'il va se passer quelque chose. Mais sûrement, les éléments se mettent en place et on se pose des questions en même temps que René Derain. Que se passe-t-il vraiment ? Mon intérêt avait déjà été réveillé par cette remarque dans les premières pages, "Le dernier livret non massicoté n'est pas une erreur de fabrication." On garde cette information dans un coin de la tête et on continue.
Tout évolue dans une ambiance troublante, un suspens assez particulier. On suit les parties de chasse, on ressent le froid, on voit la neige, qui donnent un peu plus de mystère à l'ensemble. J'ai bien aimé mais j'aurai voulu mieux comprendre la fin, j'ai peur de ne pas avoir tout saisi. Peut-être est-ce dû au fait que je n'ai pas bien compris l'idée de l'auteur avec le dernier livret non massicoté ?
Vertige de la neige
Critique de Lu7 (Amiens, Inscrite le 29 janvier 2010, 38 ans) - 15 mars 2010
Tiens, un roman dont on est donc libre de choisir la fin...
L'ambiance est sombre, glaciale, empesée de neige, mais aussi brûlante, acide, migraineuse.
Le vertige est garanti, et astucieusement installé par l'auteur.
Ce n'est pas un livre sur la chasse, ce n'est pas un livre sur la Norvège... c'est un livre qui se dévore, et même qui se dépiote...
Bon climat
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 26 février 2010
Je crois que le décor est bien planté, ça a une bonne ambiance. Aussi, j’adore le tournant bizarre que prend le livre aux deux tiers, mais l’exercice ne m’a pas convaincue à 100%. C’était une bonne idée, mais plus ou moins bien exécutée à mon avis. Certes, avec recul, l’histoire est meilleure et ça mériterait sûrement une relecture au vu du dénouement, mais j’ai trouvé que l’ensemble manque d’un petit quelque chose. J’ai trouvé certaines réactions des personnages déplacées, je n’y croyais pas totalement... Mais ça reste un livre intéressant et assez original.
Quand ouvrir un livre donne froid
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 11 février 2010
Dès le début, le ton est donné, l'ambiance est posée:nous nous dirigeons vers un huis-clos essentiellement psychologique dans lequel meurtres et rebondissements peuvent aller se rhabiller. L'auteur tient sur la durée, sans essoufflement ni effets superflus; il sait comment capter l'attention et conserver cette concentration intacte. Il arrive également à donner énormément de relief à ses personnages, à les entourer d'une part de non-dit qui leur apporte davantage de profondeur car le lecteur a, à son tour, une part du boulot à fournir en imaginant toutes sortes de choses.
La fin est à l'image du livre, forte et ouverte et ce dernier cahier aux pages non découpées est une belle en idée, parfaitement en liaison avec le contenu du livre.
J'ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans cette atmosphère glaciale, à accompagner ces chasseurs perdant leurs repères. Je me suis surprise à frissonner et à voir toute cette neige (bon, j'en conviens, je l'ai lu pendant quelques jolies chutes de neige, c'est encore meilleur !)
Un bon moment !
Huis-clos glacé
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 26 janvier 2010
Il est indéniable que l’histoire se tourne vers le huis-clos au fil de la narration. La comparaison avec Agatha Christie ne semble pas usurpée dans un premier temps et l’on se plairait presque à chercher qui est un potentiel « méchant » dans cette histoire. L’immersion est donc réussie.
Pour le reste j’ai eu un peu plus de mal avec le style de l’auteur. L’écriture se nourrit un peu trop de phrases concises, ce qui, certes, améliore encore la cohérence entre la narration et l’environnement, mais rend aussi le récit froid… dans un sens péjoratif cette fois. Le style est brutal et sec et cela peut déplaire.
La fin quant à elle joue surtout sur la forme avec ces pages à découper soi-même. Amusant mais pas très convaincant. Au final cela reste un gadget si je puis dire car qui resterait bloqué à la page 256? Il n’y a aucune hésitation dans l’acte du lecteur malgré la tentative de culpabilisation de l’auteur. En tout cas la fin fera sourire ceux qui ont lu le mystère des dieux de Bernard Werber. Sans être aussi ratée que chez ce dernier, je trouve que la mise en abime du lecteur n’est définitivement pas un procédé convaincant. C’est subjectif bien entendu mais je ne suis pas sûr cela soit un choix judicieux.
Malgré ces critiques je dois avouer que je ne me suis pas ennuyé à la lecture de ce livre et que la folie dans laquelle sombre le personnage est très bien mise en valeur. On peut donc s’attaquer à la lecture de cette Délégation norvégienne sans crainte, dans l’optique de passer un bon moment… à condition de ne pas craindre le froid.
« Lui qui allait l’abattre … » ?
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 25 janvier 2010
Cette petite troupe hétéroclite se retrouve rapidement confinée en un huis clos inconfortable, condamnée à la claustration par le froid et la neige que la forêt hostile semble vouloir leur infliger, comme une vengeance contre ceux qui ont pris le bois pour faire les pages des livres. Et le livre pourrait être l’arme de la forêt, le livre où leur histoire serait tombée en abyme, comme la mort de l’élan est elle aussi mise en abyme, comme le lecteur qui ne sait plus très bien s’il est spectateur ou acteur de cette histoire. Cette histoire où les mots et les choses se confondent, où signifiés et signifiants se mêlent pour mieux embrouiller les protagonistes de cette aventure, où le chasseur peut devenir le chassé, où le bourreau peut devenir la victime, où le bien et le mal se confondent.
Boris déploie une dextérité et une maestria consommées pour construire cette aventure funambulesque qui pourrait être une parabole de la destinée humaine écrite dans le bois de la forêt, «…, une forêt intacte, qu’aucune hache n’aurait jamais violée », dans les lois de la nature. Un petit voyage aux confins de l’humanité quand on se demande qui sont réellement ces personnes qui nous entourent, dont on ne connaît que les apparences même si ce sont celles d’une galerie de peinture : Cranach, Brakefield, Derain, ou autres célébrités : von Sydow, …« Il n’est plus tout à fait sûr que le monde existe en dehors de la perception qu’il en a. » Et, le lecteur lui aussi !
Le dernier cahier de ce livre n’est pas massicoté.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 21 décembre 2009
On est de suite dans le bain. Dans le bain de la forêt norvégienne en hiver où René Derain, garde-chasse de son état, se rend pour une partie de chasse.
“Les arbres serrés sont plus sombre encore, maintenant qu’il les regarde de près. Il ne voit des gigantesques résineux que la partie basse. C’est une forêt serrée où le soleil ne doit pas donner beaucoup.
Il n’y a pas un souffle de vent. Même son chien s’est tu.
Il y a dans l’air une odeur de racine, de terre, de résine.
La forêt se perd dans l’ombre.
Derain ressent le besoin de s’agenouiller, de sentir dans sa main la matière granuleuse de la route. Il y a eu des hommes pour étaler ce goudron.
Il lève les yeux : il voit son chien qui s’avance vers les sapins. Il ne se redresse pas, reste agenouillé à sa hauteur. Il le voit qui stoppe soudain, arrêté par un mur invisible. L’animal ne va pas plus loin, bloqué devant la première rangée d’arbres. Derain a l’impression que le chien et la forêt se font face, qu’une conversation silencieuse a commencé. »
Soit la forêt norvégienne l’hiver, au fin fond. Soit d’autres chasseurs de fortune arrivés là comme Derain, pour une partie de chasse qui promet d’être mémorable, et qui s’avère très vite en dehors du commun. Pour tout dire qui dérape très vite dans le fantastique, le décroché. Derain s’enfonce, et nous avec, jour après jour, heure après heure, dans une folie, une terreur, une certitude du drame. La trouvaille géniale, c’est la fin. Celle pour laquelle « il ne s’agit pas d’un défaut de fabrication » !
C’est écrit très réalistiquement. Où l’hypotypose n’est pas un vain mot ! On sent réellement la résine des sapins, on ressent physiquement le froid de ces hommes et femmes perdus, isolés, dans la neige et la nuit de cette forêt. C’est très beau.
Drôle de délégation ! Qui se retrouve dans ce chalet, sans hôte, qui doit se débrouiller avec les moyens du bord. Ou faudrait-il dire sans les moyens du bord ! Cinq hommes, deux femmes … il y a du dix petits nègres là-dedans. De « l’œil de Caine », de Bauwen, … en plus tragique, en plus concentré. Une comédie humaine à la sauce nordique. Un curieux roman proche du polar !
Chasse-neige
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 50 ans) - 9 novembre 2009
Autant je suis relativement déçu par le dénouement, terne et plat, à moins que je n'eusse loupé quelque chose, mais là faut qu'on m'explique, ou faut que je cherche, et là je suis fainéant, donc la fin... sans moi.
A DECOUVRIR... ABSOLUMENT!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 29 septembre 2009
Il est difficile de parler de ce livre sans en dévoiler les secrets et l’histoire, disons simplement que le fait que le dernier cahier de ce livre ne soit pas découpé y contribue grandement…
Sinon plus que l’histoire, dont d’autres ont déjà si bien parlé, c’est plutôt de l’écriture et de la composition de ce livre que j’aimerais parler.
Sur l’écriture d’abord, un style beau, simple, facile, très facile à lire, mais toutefois très recherché, qui va droit au but et touche le lecteur au plus profond de son coeur, style qui n’est pas sans rappeler celui de Jean-Paul DUBOIS.
Toutes les phrases sont bien posées, viennent au bon moment, coulent d’elles mêmes, ne se heurtent pas entre elles, en bref rien à redire. On se laisse facilement prendre par cette très belle écriture, et on se surprend à lire ce livre pendant plusieurs heures de suite quasiment sans s’en apercevoir.
Mais le plus original reste à venir. Puisque c'est le livre en lui même, ou plutôt la façon dont il est fait qui surprend le plus...
Des chapitres très courts, parfois une demi page, un récit polyphonique, des histoires qui s'entremêlent, on se retrouve littéralement au cœur du récit... En fait un livre où les personnages sont les lecteur ou... l'inverse! Un livre dont vous êtes le héros!..
Je n'en dirai pas plus de peur de trop en dévoiler... mais j'insiste ce livre est bien trop méconnu et n'occupe absolument pas la place qui devrait être la sienne, ce livre est à découvrir et à lire absolument!
Je tiens d'ailleurs ici à remercier Shelton, qui m'avait recommandé la lecture de ce livre au cours d'une réunion des CLiens et qui avait tout à fait raison... c'est vraiment un livre magnifique!
une atmosphère pas comme les autres
Critique de Angelique8244 (, Inscrite le 17 novembre 2008, 41 ans) - 4 janvier 2009
déjà l'éditeur a piqué ma curiosité. question littérature, je marche à l'instinct. la couverture est mon premier critère, ensuite le titre, le nom de l'auteur.
très vite je regarde la quatrième de couverture. encore cette couleur bleue, froide.
un extrait en italique me plonge encore plus dans l'ambiance étrange. beaucoup de questions, pas de réponses.
la suite : le résumé qui confirme ma première impression : j'ai dans les mains un roman peu ordinaire. pas mon style de prédilection... ensuite l'avis d'un journaliste peut être... "énigmatique" "vif" "fantastique" vraiment pas ma tasse de thé... pour finir, une rapide biographie de l'auteur.
une dernière petite phrase me fait prendre ma décision : "le dernier cahier de ce livre n'est pas massicoté. il ne s'agit pas d'un défaut de fabrication" Imprimée en bleu, bien entendu.
c'est d'un pas décidé que je me dirige vers la bibliothécaire...
et me voilà, cela fait dix minutes que j'ai refermé ce livre... après l'avoir lu pratiquement d'une traite (185 pages d'affilé à 4h45 du matin et là j'ai pris mon temps pour savourer la fin...
j'ai relevé plusieurs points :
tout d'abord, côté négatif, j'ai trouvé le début peu accrocheur (chapitre 2 à 4). L'on retrouve aussi un peu trop le côté "assistant réalisateur". ce n'est peut être pas un point négatif mais l'histoire me fait penser à une fiction télévisuelle...
enfin côté positif, c'est une histoire très bien ficelée, intrigante (je suis triste de devoir la quitter !)
a lire pour passer un moment hors du commun... la puissance des mots et des images !
Un huis-clos qui ne laisse pas oublier
Critique de Lazercat (Haine-Saint-Pierre, Inscrit le 28 décembre 2008, 45 ans) - 3 janvier 2009
Le héros arrive en dernier parmi les protagonistes, mais personne ne se connait vraiment, certains devant d'ailleurs jouer les traducteurs de fortune. Le point commun des personnages est la passion de la chasse, activité qui leur laissera bien souvent perplexe tant les évènements qu'ils auront à affronter sont mystifiants. Bloqués par une période intense de froid et de neige dans leur chalet, ils tenteront une vaine escapade dans la forêt pour trouver de l'aide.
Notre héros,parcourant la bibliothèque choisit au hasard un livre pour s'occuper, lit une page de celui-ci et le conserve car il le trouve à son goût. Quelques heures plus tard, lors d'une partie de chasse avec ses compagnons, un malaise le trouble soudain. De retour au chalet, il se précipite sur le livre et relit le fameux passage...une réplique exacte d'une conversation faite entre deux de ses compagnons. Le hasard ? Il veut le savoir et s'isole pour lire la suite du livre, et sa mystification perdure: il est en train de vivre ce qu'il lit (ou de lire ce qu'il vit, c'est selon).
Le roman nous narre les tentatives du héros pour faire comprendre cette réalité à ses amis sans passer pour fou, parfois avec succès. Il demande également à un compagnon ne parlant pas le français de lui lire la fin du roman, ce qui influera fortement sur son comportement.
Voilà pour la trame. J'ai beaucoup apprécié l'originalité de ce huis-clos, pour son côté paradoxal et métaphysique. Les personnages, à l'image de leur fuite inaboutie de la forêt, sont comme prisonniers des pages d'un livre. Comment agiraient-ils s'ils le savaient? Quels sont les choix qui leurs sont offerts? C'est ce que vous pourriez découvrir en lisant l'histoire jusqu'au bout. En tous cas, un livre qui ne laisse pas oublier de sitôt.
un bel hommage au pouvoir de la littérature
Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 52 ans) - 18 avril 2008
Le séjour ne se déroule pas comme prévu : un froid polaire s’abat sur le site coupé du monde, et c’est le début de la lutte pour survivre (la faim, le froid, l’isolement). Les livres de la maigre bibliothèque servent à alimenter le feu pour se chauffer, le huis clos devient de plus en plus oppressant, et René Derain de plus en plus paranoïaque. Pourquoi ce qu’il est en train de vivre est-il écrit dans un livre trouvé dans la bibliothèque ? Et si quelqu’un cherchait à l’assassiner ?
Le dernier cahier du livre n’est pas massicoté, et ce n’est pas un défaut d’éditeur. A vous de le passer au coupe-papier pour connaître la fin.
A vrai dire, vous ne serez guère plus avancé car vous ne saurez toujours pas pourquoi le propriétaire n’est pas là pour les accueillir comme prévu, pourquoi tous ces phénomènes étranges se déroulent, mais vous aurez vécu un véritable hommage au pouvoir de la littérature. Car ils sont grandioses, tous ces passages sur la lecture !
On ne vous avait jamais dit que les personnages d’un livre ne sortent jamais du format des pages qui leur sont allouées ? Ils restent dans les lignes, et s’ils en sortent, ce n’est que dans l’imagination des lecteurs. Les feuillets non coupés contribuent à cette construction troublante : à vous lecteurs de vivre ce que vous êtes en train de lire. Vous seuls êtes acteurs de vos lectures.
Et de ce point de vue là, c’est très fort.
Un roman lu d’une traite, d’une seule, tant l’atmosphère mystérieuse est prenante et l’éloge de la littérature agréable. Et pour ceux que le thème de la chasse rebuterait, elle m’est apparue comme secondaire. Au cœur du livre, prenant de la place, mais servant de prétexte.
Un livre surprenant, fort, hors du commun.
un huit clos
Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 2 février 2008
Le relais se trouve dans une forêt hostile, isolée de tout et de tous, pas même le propriétaire pour les accueillir. Ils se retrouvent piégés du à un froid polaire soudain.
Chacun des personnages se dévoile au fur et à mesure, Derain se trouve être le personnage central du livre, et pour fil conducteur le livre qu’il a trouvé dans le relais, en le lisant Derain a l’impression de lire sa propre histoire.
J’ai trouvé de grandes longueurs dans ce livre surtout les heures de chasse. Même si l’intrigue est bien trouvée je pense que les personnages ne font ressentir leurs émotions, leur paranoïa, je ne l’ai pas trouvé très convaincant.
Le fait que les dernières pages ne soient pas massicotées fait que l’on va jusqu’au bout de ce roman.
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Huis-clos merdique... | 36 | Dirlandaise | 3 janvier 2011 @ 17:14 |