36, boulevard Yalta de Olen Steinhauer

36, boulevard Yalta de Olen Steinhauer
( 36 Yalta boulevard)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par BMR & MAM, le 8 août 2007 (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 172ème position).
Visites : 4 210  (depuis Novembre 2007)

Espionnage à la frontière autrichienne

De quoi changer un peu des enquêtes policières, voici un roman d'espionnage d'Olen Steinhauer, un américain qui a vécu dans les pays de l'est (Hongrie, ...).
Le 36, boulevard Yalta, c'est le siège de l'équivalent du KGB d'un pays de l'est, quelque part entre la Tchécoslovaquie et la Roumanie.
Nous voici donc plongés en pleine guerre froide de l'autre côté du rideau de fer où nous suivons les péripéties de l'agent Brano Sev.
La première partie du bouquin est particulièrement intéressante qui dépeint une petite ville de campagne : les habitants, leurs habitudes locales, la famille du major Sev (qui d'ailleurs ne voit pas sa profession d'un très bon oeil), ...
On passe ensuite à l'ouest et l'aventure se poursuit à Vienne de manière plus classique : on navigue dans le microcosme des espions de tout bord, en essayant de deviner qui cache son jeu (allez, un indice : en fait, à peu près tout le monde !).
Au fil des pages, nous voici, comme le héros Brano Sev, manipulé et retourné en tous sens jusqu'au dénouement final, un peu convenu il faut le reconnaître.
On finit par se prendre de compassion pour le major Sev qui se fait régulièrement rosser et malmener, ainsi que pour sa petite amie, transfuge Yougoslave, mais on a du mal à se passionner pour les autres personnages, exceptée peut-être la mère de Sev dans son village de campagne ...
Hormis cette première partie déjà évoquée avec son atmosphère dépaysante, il faut avouer qu'on est resté un peu sur notre faim ... juste de quoi avoir envie de découvrir peut-être les autres romans d'Olen Steinhauer (Cher camarade, Niet camarade) qui décrivent la vie policière dans les pays de l'est.

[...] Ce qu'il avait donné comme explication à Jan - qu'il se sentait utilisé - prenait soudain un poids nouveau. Cerny lui mettait la pression, soit pour obtenir des résultats, soit pour l'obliger à fuir. Mais comment savoir ? Il n'y avait aucune réponse toute prête au pourquoi du piège tendu par Jast comme au pourquoi des coups de téléphone de Cerny.

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Espionnage pur jus !

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 13 février 2009

A signaler la parution de cet ouvrage au format poche chez Gallimard Folio Policier, ISBN 2070347079.

Nous sommes en 1966, Bloc de l'Est. Brano Sev est agent de la Sécurité d'Etat, section criminelle. Un pisteur, toujours à l'affût des erreurs des autres, des gens qui s'écartent du chemin tracé par le Parti. Brano Sev surveille, annote, observe puis rapporte, dénonce, parfait rouage d'un système basé sur le pouvoir et la peur.
Envoyé à Vienne, Sev est sur la piste d'un espion, Gavrilo l'agent double. Il doit l'éliminer mais quelqu'un d'autre le devance et cette erreur vaudra disgrâce.
Voilà Brano Sev déchu, proche de l'internement. Dans une bureaucratie où du jour au lendemain, tout peut basculer. Brano Sev est envoyé comme ouvrier dans une usine avant, quelques mois plus tard, d'être approché par le Colonel Cerny qui lui propose de réintégrer le Ministère à condition d'infiltrer un agent double. Le tout à Bobrka, le village natal de Brano. Difficile de résister. L'honneur perdu, la volonté de changer, l'envie de tranquillité... tout pourrait retrouver sa juste place sauf que rien ne se passe jamais comme on le voudrait.

Le récit est la plupart du temps raconté de l'intérieur, tel un journal ou une confession, par Brano Sev, qui pose un regard acéré sur ces rouages mécaniques qui parfois se grippent dans l'enfer bureaucratique policé à outrance. Les complots succèdent aux complots, les mensonges sont légion, les ennemis aussi. Difficile dans de telles conditions de cerner ce qui est juste, ce qui est vrai, d'autant plus que dans de tels régimes politiques, tout n'est bien souvent que manipulation.

C'est un vrai roman d'espionnage, classique et prenant, que nous offre ici Olen Steinhauer, sous une plume rigoureuse et méthodique. Tout est disséqué, le contexte savamment restitué; intrigue implacable et ambiance de guerre froide. Le lecteur est souvent pris au piège, accordant sa confiance à un personnage qui se révélera être un traître, croyant avoir deviné telle machination alors qu'il en sortira autre chose.
Une des caractéristiques de ce roman est que Steinhauer ne joue pas avec les rebondissements et les surprises; il préfère mener son récit d'une main de maître en le maintenant sur une ligne droite qui accentue au maximum l'ambiance oppressante de l'histoire et la peur au ventre de ses protagonistes. Olen Steinhauer brille également par une certaine économie de mots, préférant l'emploi d'images simples et fortes à de trop nombreux détails au creux d'une même phrase.

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