Confessions d'un babyboomer de Thierry Ardisson, Philippe Kieffer

Confessions d'un babyboomer de Thierry Ardisson, Philippe Kieffer

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Kinbote, le 30 juillet 2007 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (55 622ème position).
Visites : 5 274  (depuis Novembre 2007)

Ardiview

La couverture montre un garçon d’une dizaine d’années qui s’était arrangé pour figurer dans le journal sur la même photo qu’un champion de ski local. Déjà, le petit Thierry était avide de notoriété. La chance aidant, après son bac obtenu à 17 ans, Ardisson est approché sur une plage pour faire le disquaire, comme on disait à l’époque, dans une boîte à la mode de la Côte d’azur. Ce sera l’élément déclencheur d’une destinée multimédiatique car bientôt Ardisson exercera ses talents dans la publicité et, à partir de 1985, à la télé, en étant passé par la presse et la littérature.

Le livre se présente comme une longue interview qui laisse la part belle à l’interviewé, coupée par quelques demandes de précision ou commentaires se voulant un brin décalé de l’interlocuteur et auteur du projet, Philippe Kieffer, qui aura ainsi pris des pots au « Bristol » sur le compte d'Ardisson, servi d’écoute attentive à l’animateur-vedette pour ne pas dire de faire valoir et mis en musique la masse de paroles enregistrées. L’interview est aussi émaillée de coupures de presse ou extraits d’écrits de l’animateur qui, alors qu’ils sont censés illustrer les propos rapportés, ralentissent la lecture et montrent les limites d’Ardisson-l’écrivain. Evidemment pas d’analyse de fond sur le phénomène Ardisson ou le décryptage d’une émission emblématique ; pour cela on se rapportera au livre de Birnbaum et Chevenement, La face visible de l’homme en noir, paru chez Stock en 2006 (voir à ce propos l’extrait d’Arrêt sur images sur : http://dailymotion.com/relevance/search/… )

Pour ma part, j’ai découvert Ardisson en 1989 dans son émission, Lunettes noires pour une nuit blanche (tournée dans le cadre d’un night club, le Palace), et celles qui ont suivi : Double Jeu (avec pour la première fois Baffie) et la très personnelle Ardimat (avec ce petit chien qu’on menaçait d’exécuter lors de supposées baisses d’audience). Le livre ne contient ni ragots, ni règlements de compte, ni déballages trop intimes comme on aurait pu s’y attendre de la part de l’animateur aux « interviews formatées » ; il se contente de relater, en un montage serré, son enfance, ses goûts pour, en vrac, les Beatles, la monarchie parlementaire, les univers parallèles et la théorie du complot (nés de sa lecture des romans de Norman Spinrad et de Philip K. Dick) et sa fascination pour quelques personnages dont l'écrivain et dandy Yves Adrien ainsi que le patron de presse Daniel Filipacchi qu'il écoutait à la radio étant adolescent. Mais surtout il raconte le parcours professionnel, d’un homme sans beaucoup de scrupules aux facultés à se refaire étonnantes et qui ne craint jamais de faire son mea culpa - surtout stratégique - sur ses plantages (entre autres son plagiat dans « Pondichéry »), ses coups bas, ses excès (sex drugs & rock’n roll) et dérives : en d'autres mots, sa volonté de pouvoir.

Au final, un livre qui se lit d’une traite et, à coup sûr, réservé à ceux que l’ « homme en noir » intrigue ou titille.
Un livre qui a généré son antidote : « Ils ont tué la télé publique » par Jean Robin, aux éditions du Journalisme continu.

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Intéressant.

4 étoiles

Critique de Obriansp2 (, Inscrit le 28 mars 2010, 54 ans) - 6 février 2021

Thierry Ardisson, son autobiographie officielle et autorisée. C’est un très bon animateur de télévision et un très bon écrivain. Là, c’est une biographie intéressante car l’auteur se livre beaucoup. Il débute le livre avec le début de sa vie. Le problème, le livre doit contenir la moitié de son volume, car entre deux textes, il y a des notes ou d’autres énoncés. On s’y perd, heureusement, les autres textes sont en italiques et il n’est pas forcé de les lire. En tout cas, l’auteur est très commercial, il vent cinquante pour-cent d’air. Quant au contenu, il va très loin des les détails. Sa jeunesse dans différents endroits de France. Son père absent physiquement et sa mère quasi absente du livre. Après, il y a ses études à Montpellier. A Paris, il découvre le tout Paris et rencontre toutes les personnes les plus influentes de la capitale. Les incohérences ; à dix sept ans, il part souvent à Londres en avion depuis Montpellier. En 1968, ce n’est pas certain qu’il y avait des vols directs. Mais après, à dix huit ans, il monte à Paris en stop. Il a de l’argent, il en a plus. Le trajet idéal, on monte à Paris en stop afin de faire fortune, comme la chanson à Aznavour. Il vit en studio. Il vit jusqu’à trente-cinq ans dans un studio et il est marié. C’est de la romance et de la bohème à tout prix. Il vit six mois en Indonésie et trois mois aux Etats-Unis, et n’a pas d’argent, mais il en a. On ne sait pas si c’était un gigolo et un homme vénal. A chaque fois qu’il rencontre quelqu’un d’important, on a l’impression qu’il couche avec. Homme ou femme. En particulier des chefs d’entreprises. Il donne l’impression d’être un castor en puissance. Après, entre les lignes, il y aussi toutes ses impressions, il parle de chaque personne qu’il rencontre, il parle de chaque livre qu’il lit et il parle de chaque film qu’il regarde. C’est du remplissage facile. Donc, si on enlève tout ce remplissage, il ne reste plus beaucoup de pages intéressantes. Après, Thierry Ardisson reste un génie de la télévision. Son livre en dit long sur sa vie néanmoins.

M’as-tu vu ?

6 étoiles

Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 6 septembre 2008

Une histoire de fric et de provoc. Le paragraphe sur sa collection de voitures, ça en jette. Des anecdotes croustillantes. PPDA a fait une interview truquée avec Fidel Castro. Edouard Balladur avoue son origine turque lors d’un entretien, ensuite se montre embarrassé et demande de faire couper cet aveu au montage.

Ardisson le publicitaire partait à la chasse aux budgets et se gavait du pognon. « J’adore ce côté prédateur […] Tu fais semblant d’avoir lu des centaines d’études. Il faut parler en permanence. Un temps mort et t’es mort. Il faut être surtout bon menteur ».

L'épilogue est touchant, Ardisson se remet en cause. La télé comme seul média d'expression ne lui suffit pas. Il est multimediaïste (sic) : il a publié des romans, a fait de la pub, du journalisme et de la production. Il n'a pas dit son dernier mot. La suite des Confessions, c'est dans 20 ans.

A retenir la définition des baby boomers : ils sont "nés dans les Années Cinquante, révolutionnaires dans les Soixante, défoncés dans les Soixante-dix, entrepreneurs dans les Quatre-vingt, au pouvoir dans les Quatre-vingt-dix, et toujours là dans les 2000". Ardisson peut se vanter comme Malraux "mon meilleur roman c'est ma vie".

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