Les ingratitudes de l'amour de Barbara Pym

Les ingratitudes de l'amour de Barbara Pym
( No fond return of love)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Malic, le 26 juillet 2007 (Inscrit le 9 décembre 2005, 82 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 5 647  (depuis Novembre 2007)

Dulcie mène l'enquête

Dulcie Mainwaring et Viola Dace, deux femmes de la trentaine, se rencontrent lors d’un colloque consacré à des sujets paralittéraires aussi arides que « Les problèmes d’établissement d’un index ». Dulcie commence à peine à se remettre d’un chagrin d’amour tandis que Viola voudrait bien poursuivre le début de relation entamée avec Aylwin Forbes, un bel universitaire spécialiste d’obscurs poètes de XVIIIème siècle et présent lui aussi au colloque.

Entre les deux femme va se nouer une relation un peu rugueuse. Dulcie, la bien nommée, est douce, indulgente et prête à l’amitié mais Viola reste distante et un peu hautaine envers celle qu’elle considère comme « bien partie pour faire une pauvre vieille fille anglaise » tandis qu’elle-même se voit comme une femme encore capable de séduire et de se marier.

Dulcie, qui adore faire des recherche sur les gens et même « fouiner », afin de mettre un peu de piment dans sa vie, se lance, d’abord seule puis avec Viola, dans une enquête sur Aylwin, dont elle est à son tour tombée quelque peu amoureuse, et sur le frère de celui-ci, Neville, un beau pasteur en butte aux assiduités inopportunes de ses paroissiennes.

Nous faisons aussi la connaissance de Laurel, nièce de Dulcie, venue s’installer chez elle pour suivre ses études à Londres. C’est une jolie jeune fille avide d’aventures sentimentales et prête à flirter aussi bien avec Paul, un garçon de son âge « très mignon », qu’avec un homme d’expérience comme Aylwin, entrant ainsi en concurrence avec sa tante.

On croise encore d’autres personnages pittoresques, comme Mrs Forbes, une maîtresse femme, patronne d’un hôtel de province et qui traite ses deux fils, Aylwin et Neville, comme des garçonnets, ou bien Mrs Foy, pétulante bibliothécaire, ou encore le Senhor MacBride-Pereira, jovial brésilien amoureux de l’Angleterre et à l’occasion des anglaises…

Un roman allègrement rythmé par l’enquête de Dulcie et par les aventures ou ébauches d’aventures sentimentales des personnages et tous les petits rien de la vie quotidienne décrits avec l’ironie et la sensibilité de Barbara Pym.

J’ajoute que comme souvent chez elle, les femmes ont davantage de personnalité que les hommes, ces derniers, comme Aylwin ou Maurice, l’ex de Dulcie, étant beaux mais, vaniteux, faibles et indécis. Pourtant ce sont eux qui, dans la société de l’époque, ont la meilleure part et on sent percer la critique de l’auteur quant à la condition féminine. Viola et Dulcie sont décrites comme travaillant « dans les contrées les plus poussiéreuses du monde intellectuel. », c’est à dire vouées aux corrections d’ épreuves, établissement des bibliographies et des index, pour le compte d’hommes auxquels sont réservées les tâches nobles de l’écriture. D’ailleurs lorsqu’une homme envisage le mariage dans un roman de Barbara Pym, c’est assez fréquemment afin de disposer d’une « petite main » pour ces tâches ingrates…
Barbara Pym ne s’est jamais mariée : elle a préféré écrire des romans plutôt que de travailler à des index. Tant mieux pour nous !

Titre original: « No Fond Return of Love”

Deux extraits :

« Viola mentionna le nom de la revue que dirigeait Aylwin Forbes.
– Il se trouve que je le connais assez bien, ajouta-t-elle.
– C’est vrai ?
– Lui et moi autrefois avons été…
Viola hésita ; elle démêlait les franges de son écharpe noire et argent.
– Je vois, dit Dulcie.
Mais bien sûr elle ne voyait rien du tout. Qu’était-ce donc qu’il étaient, ou avaient été autrefois l’un pour l’autre ? Amants ? Collègues ? ou bien l’avait-il tout simplement prise dans ses bras, dans quelque bibliothèque poussiéreuse, au hasard d’un recoin bien commode, à côté des fichiers de catalogues, par un après-midi de printemps ? Impossible de le dire, si l’on s’en tenait à l’allusion prudente de Viola. Comme cela pouvait être agaçant quelquefois, cette délicatesse féminine !
– Il est marié ? demanda Dulcie sans détour.
– Oh ! oui, bien sûr…enfin, dans un sens, répondit Viola avec impatience.
Dulcie hocha la tête. D’ordinaire, les gens étaient mariés, mais trop souvent en effet c’était seulement « dans un sens ».


« Quand Aylwin embrassa Laurel – et il y était enfin arrivé un soir après l’avoir emmenée au théâtre – c’était différent de quand Paul l’avait embrassée. Aylwin murmurait des paroles romantiques et ses mains bougeaient avec l’habileté de l’expérience. «Il a déjà fait ça des dizaines de fois »pensa Laurel, se demandant si elle le raconterait ensuite à Marian , ou bien si leurs rapports avaient atteint le stade où l’on ne confiait plus tous les détails à son amie, mais où l’on gardait un silence énigmatique. »

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Les éditions

  • Les ingratitudes de l'amour [Texte imprimé] Barbara Pym trad. de l'anglais par Anouk Neuhoff
    de Pym, Barbara Neuhoff, Anouk (Traducteur)
    10-18 / 10-18
    ISBN : 9782264018236 ; 2,98 € ; 01/05/1993 ; 347 p. ; Poche
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