Terre des oublis de Du'o'ng Thu Hu'o'ng
(Chon vang)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Superbe tragédie
« Alors qu’elle rentre d’une journée en forêt, Miên, une jeune femme du Hameau de la Montagne, situé en plein cœur du Vietnam, se heurte à un attroupement : l’homme qu’elle avait épousé quatorze ans auparavant, dont la mort comme martyr avait été annoncée depuis longtemps déjà, est revenu. Miên est remariée à un riche propriétaire terrier, Hoan, qu’elle aime et avec qui elle a un enfant. Bôb, le vétéran communiste, réclame sa femme. Sous la pression de la communauté, Miên, convaincue que là est son devoir, se résout à aller vivre avec son premier mari. » (Quatrième de couverture)
L’histoire pourrait être banale si elle n’était pas portée par une écriture magnifique (très bien traduite par Phan Huy Duong) et une subtilité dans l’analyse psychologique des personnages et des situations. La trame du récit est entrecoupé de réflexions des personnages ce qui nous donne au plus proche les émotions des trois protagonistes, nous forçant à la neutralité et nous enfermant un peu plus encore dans un huis-clos tragique.
« Il n’a plus d’autre terre natale, plus d’autre espoir que Miên, la femme qu’il aime. Il doit s’accrocher à elle comme on s’agrippe à une planche dans les tourments d’un raz-de-marée. Un jour ou l’autre, elle comprendra qu’en ce monde, sur cette terre, personne ne l’aime autant que lui, personne ne l’admire autant que lui, personne ne l’a vénère autant que lui, personne n’a autant souffert que lui. » (à propos de Bôn, page 274)
Le fil de l’histoire n’est pas linéaire et les éléments importants sont rapportés par bribes, souvent par des personnages extérieurs, ou alors se glissent dans le récit, par après, ce qui nous tient en haleine tout au long de ce roman-fleuve.
Le récit est aussi porté par des descriptions brillantes des sensations (odeurs, sons, couleurs, goûts), des paysages et des éléments, notamment par des métaphores et images autour de l’eau, porteuse d’espoir, de vie, de désir, mais aussi de malheur, d’étouffement, de naufrages.
« Comme une barque, sa vie a suivi le courant, descendue le fleuve pour se jeter à la mer» (page 59)
C’est le récit d’une soumission ; pour les trois personnages. Soumission au destin. Soumission au collectif, à la société et à l’image qu’elle se fait d’elle-même. Soumission à la morale et au pouvoir politique. Et soumission aussi au passé.
L’histoire est au présent mais le passé est, en effet, lourdement là. Les morts refont surface pour influencer les vivants dans leur choix, ils sont un soutien, parfois, mais le plus souvent un fardeau qu’il faut respecter. Cette soumission se fait dans un premier temps avec une facilité étonnante, qui pourrait trouver son explication dans ce poème vietnamien (page 284) :
« Pleurer, c’est honteux, gémir, c’est lâche, supplier c’est de la faiblesse et se taire, c’est être naïf… »
Pourtant, ce roman est au final marqué par l’insoumission, l’impossibilité d’accepter certaines situations et la force de caractères des trois personnages, car si l’on ne retrouve pas forcément ces éléments dans leurs présents, on les retrouve dans leurs passés respectifs, tout aussi tragiques, du reste, pour tous les trois, que leurs présents.
On remarque là un parallèle étonnant avec la biographie de l’auteur, mariée jeune sous la menace, militante communiste aujourd’hui écartée du Parti qui vit en résidence surveillée, où se roman a d’ailleurs été écrit, et où elle est en permanence « accompagnée » de policiers.
« Duong Thu Huong est née en 1947 au Vietnam. Militante, elle n’a cessé de défendre vigoureusement ses engagements démocratiques au point finalement d’être exclue du Parti Communiste en 1990, avant d’être arrêtée et emprisonnée sans procès. Aujourd’hui, elle vit en résidence surveillée à Hanoï. Son œuvre est publiée dans le monde entier : Terre des oublis est son sixième livre traduit en français. » (Quatrième de couverture)
C’est le meilleur livre que j’ai lu depuis longtemps, je vous le conseille vivement !
A noter que l’édition est très belle et très agréable à la vue et au toucher : couvertures, police, taille, bordure, papier… ce qui apporte un certain confort de lecture bien que cela n’enlève rien au poids du livre, car il fait près de 800p.
Les éditions
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Terre des oublis [Texte imprimé] Duong Thu Huong traduit du vietnamien par Phan Huy Duong
de Thu Hu'o'ng, Du'o'ng Phan, Huy Duong (Traducteur)
S. Wespieser / LIT ETRANGE
ISBN : 9782848050393 ; 29,40 € ; 12/01/2006 ; 794 p. ; Broché -
Terre des oublis [Texte imprimé] Duong Thu Huong traduit du vietnamien par Phan Huy Duong
de Thu Hu'o'ng, Du'o'ng Phan, Huy Duong (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253118732 ; 8,90 € ; 22/08/2007 ; 699 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (16)
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Une écriture qui capte l'empathie
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 16 septembre 2016
Les pensées intimes des protagonistes principaux, faites d’interrogation sur leurs actions, leurs souffrances, et leurs indignations, sans cesse tissées au fil des chapitres est une des singularités du roman, et une de ses très grandes forces. De fait, je ne me souviens pas avoir lu si souvent que ça une écriture parvenant à capter une telle empathie, indépendamment des traits de caractères, pas toujours attachants d’ailleurs, de Mîen, de Hoan et de Bôn.
Terre des oublis est ancré dans une civilisation et une époque, dans un réalisme parfois savoureux (la place de la nourriture, les potions aphrodisiaques concoctées par Bôn), parfois cru (les épisodes relatifs aux prostitués de la ville) et surtout cruel: il ne fait pas longtemps de doute que Mîen ne parviendra pas à préférer Bôn, son amant de jeunesse d’il y a quatorze ans, miséreux, apathique et affaibli physiquement à Hoan, son second mari, qui au contraire cumule les qualités. Le rapport des sentiments (en particulier amoureux), au temps qui passe, est un aussi un des questionnements récurrents du livre.
Le livre, rythmé comme une mélopée, peut paraître, il est vrai parfois un peu long. Cela ne m’a pas gêné : la tension, bien qu’elle n’explose jamais vraiment tout à fait, infuse continuellement le récit, ne serait-ce que par les souvenirs de la guerre que Bôn se remémorent régulièrement (certains passages sont à ce titre d’ailleurs sont saisissants, en particulier l'errance de Bôn après l’assaut de la colline 327).
À bien des égards, Terre des oublis s’avère poignant, tout en restant d’une très grande sobriété. C’est un roman superbe, chamboulant même, dans ses réflexions sur les évènements qui constitue notre existence et l’impossible rédemption pour ceux qui sont destinés toujours à n’être que des perdants.
Une cicatrice ré-ouverte
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 10 janvier 2016
Le pays n'en finit pas de panser ses plaies.
Et quand celles -ci sont en bonne voie de cicatrisation, il arrive qu'elles se rouvrent cruellement.
Comme l'histoire de Miên, cette jeune femme dont le mari avait été déclaré officiellement mort à la guerre.
Un amour de jeunesse qui avait très vite débouché sur un mariage, avant que Bôn ne parte au combat.
A l'annonce du décès, elle avait respecté le deuil. Puis avait fini par se rouvrir à la vie, rencontrer Hoan, habile propriétaire terrien qu'elle avait épousé avant de lui donner un enfant.
Le bonheur que rien ni personne n'aurait pu perturber.....
Et pourtant.....Un jour où son sixième sens l'avait ameutée, elle rentre de forêt.
Un attroupement silencieux dans sa maison, les regards braqués sur elle.
Au milieu, un homme assis, tête baissée : c'est lui, Bôn est revenu ! Incrédule, il lui est impossible de se réjouir de le savoir vivant.
Aucune loi ne règle la question, mais le chef de la section locale du parti est formel : les principes moraux et politiques commandent que Miên retourne chez son premier mari.
Et la pression sociale abonde dans le même sens.
Miên, Hoan, Bôn.
Deux maris pour une femme.
Trois vies qui chancellent.
Un dilemme vécu péniblement mais avec une dignité remarquable par les trois protagonistes.
La narration de leur manière de gérer leur tragédie est entrecoupée de flash backs d'une grande force et d'une grande sensibilité qui nous décrivent leurs constructions respectives. Le tout sur fond d'un Viêt-Nam traditionnel, de paysages emprunts de poésie, d'une vie quotidienne bruissante, odorante, colorée.
Un pays dont l'amour que l'auteure Duong Thu Huong lui porte, affleure à longueur de chapitres.
Un pays qu'elle a pourtant dû se résoudre à quitter pour la France, étant une dissidente dont les succès littéraires n'amusent pas les autorités.
Duong Thu Huong, une dame dont la vie engagée mériterait également un roman !
Une découverte bouleversante
Critique de Justine J (, Inscrite le 19 mars 2013, 38 ans) - 14 avril 2013
Je ne connaissais pas Duong Thu Huong, je vais assurément réitérer l'expérience.
L'histoire est certes prenante tant elle est bouleversante, mais c'est aussi le style qui est passionnant.
700 pages et pas une seule longueur! Rarissime!
Ce sont 700 pages de pur plaisir alternant passages narratifs, descriptions sensibles, dialogues vivants et réalistes et monologues intérieurs absolument pas artificiels.
A lire absolument!
Prenant
Critique de L'Ankou (Levallois, Inscrit le 9 novembre 2005, 79 ans) - 21 janvier 2013
Je le trouve un peu long, sans nécessité, et je pense que les 800 pages auraient pu être plus fortes en 500..
Un aspect surprenant, et qui n'a pas été relevé dans les critiques précédentes, est le fait que l'auteur (une femme) analyse assez bien, et en détail, les problèmes sexuels des hommes, alors qu'il n'y a aucune phrase sur ceux des femmes.. et cela manque.
Il n'y a d'autre part pas de fin, on a l'impression que l'auteur en avait assez!
Le triangle amoureux revisité à la sauce aigre douce
Critique de Monde imaginaire (Bourg La Reine, Inscrite le 6 octobre 2011, 51 ans) - 27 septembre 2012
En effet, j’ai eu l’immense plaisir de visiter le Vietnam grâce ma marraine de cœur et son adorable mari, qui y vivent depuis quelques années.
Et là, la découverte de ce pays fut une révélation : c’est un pays vraiment magnifique, un pays où tous vos sens sont en éveil. Les couleurs vous semblent plus fortes, les bruits et les odeurs aussi.
C’est pourquoi j’attendais de retrouver ce ravissement à travers ce livre.
Côté écriture c’est réussi : la langue et la poésie qu’elle dégage sont sublimes. Les descriptions de ce Vietnam désormais pacifié sont remarquables.
Par contre, l’histoire en elle-même tourne très rapidement en rond. Et arrivée à la 250ème page, c’est dans une espèce de torpeur que je poursuivais ma lecture.
Dès les premières lignes tout est tellement dicté par la fatalité qu’on se demande qu’est-ce que l’auteur va pouvoir nous raconter de plus. Mien doit retourner avec Bôn, son mari que tous croyaient mort par devoir, mais c’est le cœur brisé qu’elle quitte son deuxième mari Hoan qu’elle chérit. Au final tous sont horriblement malheureux. S’ensuivent des pages et des pages qui nous content leur désespoir. A mon sens, la tragédie ne supporte pas la longueur …
D’où ce sentiment en demi-teinte qui fait que j’ai vraiment eu du mal à m’imprégner de ce livre comme je l’aurai souhaité, et d’où la difficulté à mettre une note … J’hésite énormément mais après mûre réflexion, je mettrais 2 pour l’histoire et 4 pour la qualité de l’écriture, ce qui nous fait une moyenne de 3 étoiles.
Très beau roman dramatique
Critique de Kirioul (, Inscrite le 21 avril 2012, 36 ans) - 17 juillet 2012
Ici, personne n'est bon ou mauvais, comme dans la vrai vie, pas de caricatures, seulement des personnages complexes qui font des choix dont les incidences sur leur vie incitent à la pitié.
La seule chose qui ait pu me choquer est la description du comportement des hommes face aux prostitués et leurs conversations concernant le sexe et les femmes. De la main d'une femme , la façon de rapporter les phrases crues, les pensées sinueuses et malsaines m'a étonnée. Est-ce une caricature de l'homme ou des propos probables?
Certaines descriptions sont péniblement longues mais dans sa globalité ce roman est superbement bien écrit et poétique et les personnages sont attachants.
UNE DECHIRURE
Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 18 avril 2012
A son retour d’une journée passée dans la forêt, Miên , jeune femme vietnamienne, constate la présence d’un attroupement anormal devant chez elle : Bôn, qu’elle avait épousé quatorze ans plus tôt, vétéran communiste et ancien combattant de la guerre, passé pour mort, est revenu . Il veut revivre avec elle , qui entre-temps , s’est remariée avec un riche propriétaire terrien, Hoan . Elle l’aime sincèrement , a eu un enfant avec lui.
C’est le début d’une description de la vie de ces trois personnages, de leurs valeurs morales respectives, de leur attachement à leur terre, dont on voit les subtiles variations selon les classes sociales, les antécédents personnels, du mode de vie du peuple vietnamien. Les sentiments des personnages sont intenses, toujours inspirés de préceptes moraux omniprésents. Ce peut être la morale conjugale, sexuelle, le patriotisme du guerrier, la situation de la femme, Miên, déchirée entre la fidélité à Bôn, l’impératif moral, le devoir, et Hoan, qui semble incarner le choix d’un bonheur plus opportuniste.
Il y a beaucoup d’allusions à la vie quotidienne des vietnamiens, à leurs rapports quotidiens dans les villages des montagnes, et bien sûr, à la guerre, à la marque qu’elle n’a pas manqué de laisser sur les esprits, les conduites, les souvenirs de ce peuple.
Il n’y a pas d’esprit propagandiste dans cet ouvrage, pas de tentative par trop édifiante de souligner la souffrance d’un peuple, habité par plusieurs décennies de guerre . C’est une véritable fresque romanesque.
A lire pour la vérité des personnages, la richesse des descriptions du quotidien, la mise en perspective de la vie des Vietnamiens.
Triste, tragique, profond et dépaysant
Critique de Marimori (Gif-sur-Yvette, Inscrite le 18 juillet 2011, 73 ans) - 6 janvier 2012
On déplore cette morale rigide que leur impose la tradition vietnamienne.
Dans leur quotidien, ils sont vietnamiens, et on aime découvrir puis s'habituer à tous ces détails de vie, jusqu'à les sentir presque familiers, mais au fond d'eux ils sont tellement semblables à chacun de nous, que dans l'analyse des sentiments plus rien n'est étranger ni surprenant, seulement extrêmement émouvant!
Il n'y a pas d'action dans ce livre, inutile d'en attendre.
Tout le livre aura la lenteur des premières pages autant le savoir.
On aime ou pas mais quand on aime on ne lâche plus le livre.
Tragédie « à la grecque ».
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 20 novembre 2011
Ce Vietnam sort de la guerre, exsangue évidemment, économiquement et humainement, et l’histoire qu’imagine Duong Thu Huong aurait très bien pu se produire.
Nous sommes manifestement sur les hauts plateaux vietnamiens, là où la jungle le dispute à la montagne (ou l’inverse), un lieu rural de chez rural où dorénavant le Parti unique (communiste) et son Secrétaire Général local font la pluie et le beau temps – ou tout au moins la loi. Mien, jeune femme du « Hameau de la Montagne » revient avec ses consoeurs d’une journée de cueillette dans la montagne quand elle trouve un attroupement devant chez elle : il s’est passé quelque chose. Ce quelque chose est inouï ; Mien qui avait perdu son mari, Bon, depuis déjà quelques années, déclaré mort pendant la guerre, le retrouve là, chez elle. Il est revenu, du diable vauvert (enfin , du Laos plutôt !) il est vivant. Oui, mais deux années après l’annonce de la mort de Bon, Mien s’était remariée avec Hoan, qui lui avait rapidement fait oublier Bon. Et Mien et Hoan ont un enfant, et Mien et Hoan sont heureux …
C’est cette problématique qui est traitée par Duong Thu Huong. La particularité vietnamienne et davantage encore peut-être temporelle de l’immédiat après-guerre d’avec les Américains font que Mien n’a pas trop le choix. Entre sa vie heureuse avec son mari et son enfant - mais un mari qui a fait fortune pendant que d’autres combattaient – et son héros de guerre de premier mari, pauvre comme Job, qu’elle n’aime plus (pour autant qu’elle l’ait réellement aimé) mais qui est un héros de guerre, la société du « Hameau de le Montagne » ne comprendrait pas qu’elle ne fasse pas le choix du réconfort du héros. Et donc de l’abandon de son confort. De l’abandon de son enfant et de son amour. Une sale histoire !
C’est cette histoire que nous narre Duong Thu Huong, par soubresauts, pas vraiment linéairement, vue par les divers protagonistes. Le traitement lui-même ne m’a pas enthousiasmé. Il y a beaucoup de redites, de redondances … J’émettrais bien quelques réserves sur la traduction, probablement …
Ca n’en reste pas moins un ouvrage très original et qui donne à penser de la société des hommes, de la société vietnamienne … Quelques beaux passages en outre sur le Vietnam, son environnement et sa culture.
« Le soir descend quand elles arrivent à l’orée de la forêt. Un soleil de cristal rougeoie, irradié de minuscules veines comme les pétales des roses. Le crépuscule s’empourpre. Mien marche derrière ses amies. Elle sent l’angoisse revenir, de plus en plus oppressante. Elle ne comprend pas pourquoi, de temps en temps, son souffle s’étrangle, son cœur se serre, broyé par une main invisible.
« Qu’est-ce qui m’arrive ? Hoan aurait-il eu des ennuis en cours de route qui l’obligeraient à ramener la flotte ? Il n’y a pas eu d’orages, rien ne menace mon mari, sauf les pirates. Mais cela fait des années qu’ils ont disparu. Hoan serait-il malade ? La pierre elle-même peut un jour transpirer, alors que dire d’un homme … » »
Inoubliable
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 11 novembre 2011
Il s’agit des plus belles pages que j’ai lues sur l’amour, le désir, la séparation, la souffrance, l’amitié, la fidélité. Cette tragédie triangulaire entre Mien, jeune femme d’un village vietnamien, Hoan son mari actuel qu’elle aime et Bôn son premier mari qu’on croyait mort pendant la guerre est une exploration des sentiments humains à l’état pur. Sous la pression sociale et par sens du devoir Mien sacrifie son bonheur retourne vers son premier mari, repoussant car usé et détruit par les années de guerre, et elle s’enfonce progressivement dans la misère et le désespoir, soutenue seulement par les attentions discrètes et respectueuses de Hoan dont l’amour pour elle reste intact. En contrepoint, chaque mari est soutenu moralement, Hoan par l’infernal Cung qui veut lui faire oublier et Bôn par le bienveillant Xa qui veut l’aider à se reconstruire. Faisant alterner les points de vue, Duong Thu Huong restitue sans manichéisme la complexité et les contradictions de chacun, que le lecteur va tour à tour admirer, plaindre, rejeter...
Le drame psychologique est subtilement décoré par des descriptions poétiques et vigoureuses où se mêlent couleur, saveur, odeur. Tout comme alternent la lumière et la souffrance dans l’esprit des personnages, le lecteur contemple alternativement de superbes paysages de nature et de villages ou bien se fait engloutir dans la jungle avec Bôn qui évoque ses souvenirs déments de la guerre.
Pour apprécier pleinement cet ouvrage il faut accepter de se glisser dans un système de pensée et de valeurs qui n’est plus vraiment celui de l’Europe occidentale et de se laisser porter pendant plus de 700 pages par un style riche et métaphorique. Quel bonheur et quel enrichissement !
génial !
Critique de Josephine (, Inscrite le 26 juillet 2010, 39 ans) - 21 octobre 2011
Quelle tristesse !
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 15 avril 2009
J'ai aimé les récits de la vie quotidienne de ces peuples de la montagne, différents des Vietnamiens des grandes villes qui nous sont plus familiers ; quelques touches subtiles pour suggérer l'emprise du régime et la corruption ambiante contribuent à l'intérêt de cet ouvrage imposant.
Magnifique
Critique de Mastien (, Inscrit le 7 juin 2007, 51 ans) - 21 janvier 2008
Si proche et si loin
Critique de Peche07 (, Inscrite le 22 février 2006, 67 ans) - 12 août 2007
La main du maître est dans ce dépaysement qui ne nous vient pas tant de la guerre, des odeurs, des couleurs ou de l'univers végétal omniprésent dans ce roman, mais d'une manière d'habiter la famille et la communauté villageoise radicalement différente de la nôtre. Et c'est au fond elle qui domine et emmène le leteur occcidental sur des terres insoupçonnées. C'est la le véritable dépaysement, qui fait les lectures rares.
Un beau roman quoiqu'un tantinet répétitif
Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 10 août 2007
Un reproche cependant : La douleur de l’épreuve, l’injustice de la situation est ressassée alternativement par les deux protagonistes durant de longues pages répétitives qui peuvent à la longue lasser le lecteur. Ce fut mon cas sur les 200 dernières pages qui par moment m’ont semblées interminables au regard du peu d’actions qui s’y déroulaient et de la sensation d’avoir bien compris la douleur des héros dans les 600 premières.
Une très belle histoire d'amour au Viet-Nam
Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 8 août 2007
Ce gros pavé (qui se lit facilement, l'écriture sait rester simple) nous a emporté loin là-bas grâce à la puissance de ses évocations : bruits, odeurs, couleurs, saveurs, ... on découvre tous les détails pittoresques de la vie quotidienne des villages de ce Viêt Nam de l'immédiat après-guerre. Comme dans la plupart des romans asiatiques on y parle beaucoup de nourritures et porté par toutes ces images savoureuses, on dévore le bouquin comme un polar.
L'histoire est celle d'amours tragiques (vers la fin du livre, les réunions du village formeront même une sorte de choeur antique) : un soldat rentre au bercail longtemps après avoir été donné pour mort. Sa femme (mais ils ne restèrent mariés que quelques mois juste avant la mobilisation) a depuis refait sa vie et file le parfait amour avec un autre homme.
La morale (qui est aussi sa morale) lui commandera de retourner vivre avec ce premier mari qu'elle avait oublié.
Les destinées de ces trois personnages (que l'on découvre tour à tour, dans toute leur complexité, grâce à d'amples flashbacks) basculent alors dans un enfer impossible dont on a hâte de découvrir l'issue, car comme le répète plusieurs fois le sergent : dans la guerre, c'est le plus endurant, le plus obstiné qui gagne, dans la vie il en va de même car la vie est un combat.
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