Emily L. de Marguerite Duras

Emily L. de Marguerite Duras

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 21 avril 2007 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 4 321  (depuis Novembre 2007)

Naufrage

Bord de Seine, près de son estuaire, près du Havre. Un café sur le quai, au bord de l’eau. Un couple, observateur. Elle, c’est Marguerite Duras ?
Un autre couple dans le café. Des Anglais. Proches du naufrage, ou déja naufragés. Au moins naufragés par l’âge, mais de la vie sûrement. Elle, on apprendra qu’elle est Emily L.. Et peu à peu on remontera à son histoire. Ou bien Marguerite Duras nous racontera l’invention de son histoire en nous racontant la regarder, au café, sur le quai.
Assez vertigineux. C’est psychologiquement plus poussé, ou crédible, que d’ordinaire.
« On les regarde. Tout à coup, ces gens, devant nous. Ils viennent de si loin, c’est incalculable. Arrivés là à la fin du dernier voyage, à la fin de la vie. C’est clair, c’est éclatant. Là, dans cette humilité d’avant la mort, ces voyageurs à nous donnés.
On ne sait plus se passer de les voir, ni comment composer avec ça, cette fatigue, cette lenteur noyée constamment retenue de se défaire, ce miracle de chaque instant. On ne sait pas pourquoi on veut tellement les voir encore, ni comment les retenir en nous. On ne sait pas non plus dire ce que c’est. Ni comment nommer ça qui est en eux et qui a traversé le temps. »
Et bizarrement, il y a un moment, comme hors du livre, hors du temps, où Marguerite Duras, car on peut difficilement douter que ce n’est pas d’elle qu’il s’agit, nous livre une phobie totale des … Coréens. Ca vient comme un cheveu sur la soupe. C’est en filigranne sur le premier tiers du livre, et pfuttt !
«Les Coréens se sont approchés de nous, ils se sont assis aux autres tables. Ils nous regardent comme nous les avons regardés un moment avant.Ils sourient d’un sourire cruel, qui le cède tout à coup à une tristesse de laquelle il semble qu’ils ne puissent pas revenir. Mais de nouveau le rire cruel revient sur leur visage. Et il reste là, figé dans les yeux, dans la bouche entrouverte. C’était ce sourire qui faisait peur, c’était lui qui annonçait les massacres auxquels moi je m’attendais. Moi, la femme de ce récit, celle qui est à Quillebeuf cet après-midi là, avec vous, cet homme qui me regarde….
-La mort sera japonaise. La mort du monde. Elle viendra de Corée. C’est ce que je crois. Vous, vous aurez peut-être le temps de la voir à l’oeuvre.
Vous avez dit que c’était possible. »

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