L'armure ne manque pas de piquant.

À l'époque féodale un forgeron d’origine germanique, Jod, va réussir à créer une armure intégrale après beaucoup de difficultés et un sacrifice terrible, celui de son fils âgé de deux ans.
Son remords et sa repentance vont le conduire à se mettre au service de lépreux. Sa fille adolescente, Sigrid, alors abandonnée, va utiliser l’armure pour survivre en la montrant de foire en foire et de château en château, la louant aux différents seigneurs qui sont susceptibles de l’endosser, leur conférant ainsi une invincibilité diabolique. L'armure va alors commencer à tuer et massacrer les nobles Seigneurs et leurs familles. Un chevalier, Jehan de Montpéril, va être mêlé de près à cette affaire et ainsi tenter de l'élucider, tiraillé entre ses croyances sur la sorcellerie et son esprit rationnel.
Il s'agit bien d'un roman policier même si l'histoire se passe à l'époque féodale, celle-ci n'étant qu’un prétexte pour dresser un environnement original.
L'auteur semble d'ailleurs être bien documenté sur l'époque mais il s'abstient de toute référence historique à des lieux ou des personnages permettant de situer la période dans les quelques siècles de l'époque féodale. La création de l'une des premières armures à plaques (base de sa thèse) est toutefois un repère, celles-ci ayant évolué et s'étant imposées au XI siècle.
Le personnage principal, loin d'être un chevalier héroïque, est assez attachant en raison de sa volonté de justice et ses scrupules, le conduisant à défendre les suspects plus qu'à les accuser.
Le fil conducteur de l'histoire, l'armure possédée par le diable, est assez sympathique mais on comprend rapidement qu'il s'agit d'une basse œuvre humaine, tentant de dissimuler ses actions derrière la crédulité et les croyances populaires. Cette ambiguïté nous conduit à suspecter à peu près tout le monde, ignorant que nous devrions être jusqu'à la fin de la façon dont le meurtrier utilise l’armure. En réalité, les amateurs de romans policiers vont flairer l’astuce, mais sûrement pas le meurtrier ni la chute finale.
Le style de l'auteur est clair, net, pas du tout alourdi par l'environnement historique et les nécessaires descriptions qu'il implique, parfois assez crues mais en corrélation avec l'époque. L'histoire est très bien conduite car le lecteur assiste aux divers rebondissements sans plus savoir quel est celui des personnages qu'il doit suspecter en premier.
La chute finale à double tranchant, comme une hache de guerre, est plaisante de surprises et j'ai beaucoup apprécié.

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  L'armure de vengeance [Texte imprimé], le harnois de faide Serge Brussolo

  de Brussolo, Serge
  le Livre de poche / Le Livre de poche.
  ISBN : 9782253170969 ; 2,00 € ; 01/12/1999 ; 316 p. ; Poche

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