La vie d'une autre de Frédérique Deghelt
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Remonter le temps comme une montre.
Imaginez… vous vous endormez en 1988 et vous vous réveillez en 2000… vous aviez vingt-cinq ans, vous en avez trente-sept… vous veniez de rencontrer un beau garçon séduisant et vous vous retrouvez avec un mari quasi grisonnant et trois enfants dont vous ne connaissez même pas les prénoms !
Un mauvais rêve ? Ou l’amnésie ? Un mot auquel on ne croit pas, ou alors juste pour les autres, dans les émissions de télé « réalité ». Mais quand ça vous tombe dessus, comme vous tombe dessus un an 2000 sans préparatifs anti bug, avec ses passants tristes, ses clochards multipliés, ses téléphones devenus portables et cet étrange bidule qui s’appelle Internet, on est bien obligé d’y croire. Et de se demander pourquoi…
Et Marie de se demander pourquoi elle a tout oublié, pourquoi elle s’est précipitée dans l’oubli, pourquoi elle est devenue du jour au lendemain une spectatrice de sa vie. Comment elle a pu, aussi, vivre pendant douze ans avec cet homme qu’elle découvre, ce Pablo rencontré en 88 et qui semble si aimant, si parfait, si étranger pourtant. Elle qui ne tenait jamais plus de deux ans avec un compagnon : « Je ne voulais pas être seulement l’architecte d’un bonheur. Je voulais vivre avec un amour, vivre en amour. » Ne serait-ce pas précisément pour ça qu’elle a pris des vacances d’elle-même ? Parce que quelque chose s’était glissé entre elle et son amour ? Qu’est-ce que c’est, d’ailleurs, que ce « pacte » dont il lui parle ?
A-t-elle tort ou raison ? Elle décide de ne rien dire à Pablo, ce coup de foudre passé sans transition au statut de presque vieux mari. Elle lui paraît changée, bien sûr, mais c’est plutôt en mieux. Il a l’impression de découvrir une femme transformée, les enfants une nouvelle maman. Comme si elle avait fait de la place sur le disque dur pour pouvoir créer, enfin, du neuf.
Et Marie entreprend, tel un Œdipe aveuglé, une longue enquête sur elle-même, retrouve peu à peu des traces de son passé : Catherine et Juliette, les bonnes copines, Enrique, le professeur de piano à qui elle doit avouer son amnésie qui n’a pas épargné un don musical récemment découvert, le désagréable Igor, frère amer de Pablo et ses perfides sous-entendus, Geneviève l’amie d’enfance, retrouvée d’abord en rêve puis dans des messages électroniques, et le petit groupe du théâtre d’improvisation, et la sage-femme qui l’a aidée à faire naître ses filles et pourrait la mettre au monde elle aussi, avec tous ses souvenirs revenus, et Raphaël, le parrain de Lola, le psy à qui elle raconte tout et qui lui pose la bonne question : « Pourquoi avez-vous eu besoin de vous perdre pour mieux vous retrouver ? » Une question qui annonce celle que Marie ne tardera pas à formuler malgré sa peur : « Quel genre d’amour faut-il ressentir pour décider inconsciemment de ne plus voir l’homme avec lequel on a vécu depuis douze ans au profit de celui qu’on vient de rencontrer ? »
« Tout, plutôt que le non-être, le non-recevoir, le non-dit, le non. » Oui, tout plus que l’enlisement, la lente agonie qui consiste à vivre un amour mort. Tout, et même la souffrance de la vérité qui se cache, peut-être, dans les pages de ce cahier dissimule quelque part dans le cabanon des vacances légères, des vacances midi. Tout savoir pour ne plus reproduire, peut-être, les erreurs qui ont conduit au bord du vide.
Le beau roman de Frédérique Deghelt nous accroche dès les premières pages pour ne plus nous lâcher. Car ce sont un peu nos propres questions qu’il pose dans une fiction dont la lumineuse idée est portée par un scénario millimétré jusqu’au grand frisson final : comment vivons-nous notre histoire d’amour ? Sommes-nous capables de lutter contre le vieillissement qui nous fige, nous glace ? Pouvons-nous accepter le silence qui sert à entendre les pensées, ce silence dont nous avons peur et que nous comblons sans cesse ? Combien de temps pouvons-nous rester comme un enfant en équilibre sur le fil de notre vie en donnant aux autres l’impression que nous y sommes en toute sécurité ? Dans ces années de vie qui ont coulé sans que nous nous en rendions compte plus que Marie, comptons-nous plus de souvenirs que de regrets ?
"La vie d’une autre" pour Marie. La vie d’un autre, oui, peut-être. Peut-être simplement la nôtre…
Les éditions
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La vie d'une autre [Texte imprimé], roman Frédérique Deghelt
de Deghelt, Frédérique
Actes Sud / Un Endroit où aller
ISBN : 9782742765461 ; 21,30 € ; 03/01/2007 ; 341 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (13)
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Trop peu accrocheur pour une bonne idée
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 27 avril 2024
L’héroïne se réveille au côté de son copain, qui est entre-temps est devenu son mari, et se rend compte qu’elle a tout oublié depuis cette rencontre. Elle va alors tenter de découvrir les raisons de cette amnésie inexpliquée qui, jour pour jour, a une durée de douze années au cours desquelles elle a notamment donné naissance à trois enfants.
Comme toute les histoires tournant autour de la perte de mémoire, on tombe souvent dans des incohérences et des explications fumeuses. On reste tout de même dans une trame qui avance trop lentement pour captiver.
Une surprise tout de même. Je pensais d’abord à une histoire de science-fiction, mais progressivement on se rend compte que ce n’est pas le cas, étant plutôt à une histoire d’amour très alambiquée. Sans être sexiste pour un sou, je pense qu'il s'agit davantage d'un roman qui parlera davantage à la gent féminine plutôt qu'à un lecteur masculin.
A la recherche du temps perdu
Critique de Monde imaginaire (Bourg La Reine, Inscrite le 6 octobre 2011, 51 ans) - 6 mars 2012
Tout comme elle, nous faisons alors la connaissance de tous ceux qui gravitent autour d’elle, y compris ses 3 enfants. Elle a entièrement zappé tout un pan de son existence … et pour le lecteur c’est comme un jeu de pistes pour essayer de découvrir et de comprendre pourquoi.
Cependant, je l’avoue comme j’ai déjà lu La Grand-Mère de Jade du même auteur, et que j’avais été très déçue par la fin du roman, je suis restée sur mes gardes tout au long de ma lecture. De plus, on ne comprend pas très bien pourquoi elle ne révèle pas son amnésie, ni comment personne ne s’en rend compte … C’est improbable, il y a parfois quelques longueurs et des dialogues assez mal amenés, mais on est pris dans l’intrigue.
Et c’est aussi et surtout, une belle réflexion sur l’amour, sur les fêlures et les épreuves du temps qui peuvent abîmer un couple. Ce livre a réussi à me faire me questionner sur la manière dont peut évoluer un couple et qu’il est important parfois de faire table rase du passé pour mieux avancer. Frédérique Deghelt termine cette belle réflexion par une des définitions du mot oubli : « Oublier c’est pardonner ».
Rapide !
Critique de Pléiades (, Inscrite le 29 janvier 2012, 40 ans) - 30 janvier 2012
Sinon, très bon moment ! A découvrir ! On se sent porter par cette nouvelle vie et la manière dont a Marie de se l'approprier !
je suis restée sur ma faim
Critique de Esblandin (colomiers, Inscrite le 11 novembre 2011, 43 ans) - 13 novembre 2011
Pourtant on a envie de savoir pourquoi et comment Marie en arrive à zapper toute une partie de sa vie, on sent bien que Pablo a dû déraper mais on a envie de quelque chose de plus croustillant.
On glisse lentement vers un le pathos de l'enfant perdu, du mariage qui s'écroule et puis tout a coup on oublie tout et on recommence.
Trop facile.
L'auteur nous promet une balade romantico psychologique qui n'est pas à la hauteur de nos espérances.
Maintenant c'est un livre qu'on peut lire en deux heures dans un train, il donne quand même envie d'aller jusqu'au bout sans toutefois vous habiter de son histoire.
Déçue
Critique de A2line (La Rochelle, Inscrite le 9 août 2011, 37 ans) - 9 août 2011
Pas d'accroche véritable
Critique de Didoumelie (, Inscrite le 5 septembre 2008, 52 ans) - 14 mai 2011
C'est toutefois plus que dommage, j'avais vraiment beaucoup apprécié "La grand-mère de Jade"...
Je compte tout de même lire La nonne et le brigand, du même auteur...
Je n'ai pas accroché.
Critique de Lalie2548 (, Inscrite le 7 avril 2010, 39 ans) - 13 février 2011
un joli moment
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 17 juillet 2010
Coup de coeur
Critique de Rosedray (, Inscrite le 24 avril 2010, 29 ans) - 24 avril 2010
Trop léger ?
Critique de Pandorette (Bruxelles, Inscrite le 26 mars 2007, 47 ans) - 13 avril 2009
j'ai aimé ce livre, mais je n'ai pas terminé...
Critique de Sandrinette03 (, Inscrite le 21 septembre 2008, 50 ans) - 27 septembre 2008
Peu importe la fin !!!!
Critique de Skadi (Yssingeaux, Inscrite le 12 juin 2007, 46 ans) - 20 juillet 2007
J'ai été embarquée dans cette aventure dès les premières lignes sans pouvoir la lâcher. La cocasserie des situations, redécouvrir un quotidien oublié, apprendre à aimer, réapprendre l'autre dans l'oubli de soi et du passé. Nous sommes loin d'un narcissisme lassant, l'énergie de cette écriture est vive, enjouée malgré les secrets et les non-dits. La réflexion est réelle. Peu importe la fin un peu conventionnelle, mais ça fait du bien d'y croire que l'on peut réinventer le couple sans forcément en passer par l'amnésie systématique.
J'ai passé un bon moment ! et voilà l'essentiel. Cette héroïne attachante renvoie à soi par sa douceur, sa poésie et son humour.
[PS. Ce n'est pas un IVG ]
un scénario de téléfilm
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 31 mai 2007
Un roman policier qui pourrait servir de scénario à un téléfilm . L’intrigue accroche, suscite la curiosité ; les personnages de bobos aisés sont dans l’air du temps : Marie travaille pour la télévision, porte pour les soirées des tenues griffées Lacroix, Pablo est metteur en scène de cinéma, le couple a passé trois jours à Venise pour son mariage, et possède une résidence secondaire dans le midi dont la décoration n’a rien à envier aux maisons présentés dans les magazines de déco d’intérieur . Les problèmes que rencontre Marie sont ceux des femmes d’aujourd’hui : l’infidélité, le corps qui se flétrit après la naissance des enfants, l’IVG à laquelle la femme consent quand l’enfant s’annonce à une période difficile pour le couple….
Marie, attachante au début du roman a, pour moi, perdu son charme au fil des pages, devenant alors un personnage trop conventionnel .
Un roman dont je sors déçue en raison de son dénouement peu vraisemblable et de ses personnages stéréotypés
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