Harrouda de Tahar Ben Jelloun
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Arabe
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Harrouda, un roman protéiforme
« Harrouda », le premier roman de Tahar Ben Jelloun, est publié en 1973. Ce roman fait scandale à l'époque parce qu'il aborde la sexualité de façon très explicite et souvent du point de vue des femmes, ce qui semble plutôt révolutionnaire dans la société marocaine des années 1970.
Ce roman-poème comprend cinq parties, qui ne peuvent être considérés comme des chapitres. Disons-le tout de suite, Harrouda est un roman très moderne (certains diraient postmoderne) qui donne la parole à plusieurs narrateurs, qui est plus un discours poétique qu'un récit. Bien sûr, on trouve quelques passages qui nous rattachent au récit classique (la circoncision, l’abus sexuel des garçons, le bain public des femmes, les mariages de la mère), mais ceux-ci sont plutôt l'exception que la règle.
Est-ce possible de résumer une telle histoire? La réponse, c’est « non ». Le roman est une suite de fragments où s’entremêlent récits mythologiques, poèmes, proses poétiques, témoignage, citations, récits historiques, essai.
La continuité vient du fait que le récit est construit sur certaines oppositions : Ben Jelloun oppose deux villes, Fès (Fass dans le roman) et Tanger, « Fass élue par le prophète », berceau de la trahison, « capitale de la blessure future » et Tanger-la-Trahison, « axe spatial des forbans et des pirates ».
« Nous n'irons pas à Fass
les notables ont le ventre gros et les mains grasses
ils ne savent pas rire »; et : « Tanger cache son visage
se farde
et vous ment ».
On laisse la parole à la femme, un chapitre lui est consacré, « Entretien avec ma mère ». Celle-ci raconte l'exploitation sexuelle à laquelle les hommes l'ont condamnée au sortir de son enfance. « Ma mère, une fillette qui n'a pas eu le temps de croire à sa puberté. » Et il y a aussi Harrouda, femme protéiforme, mère et putain, prêtresse et démon, fleur du mal qui resurgit sans cesse pour contrer la parole inhibitrice de la doxa : « femme à l’âge interchangeable, ex-Sirène de la Méditerranée, veuve de l’Ogre de Fass, maîtresse de l'araignée Kandisha. cherche compagnon et complice pour libérer un territoire, enlever les femmes du harem de Moulay Idriss et dresser les oiseaux du socco chico. »
Et il y a des réseaux de métaphores qui reviennent : l’écriture, les oiseaux, la mer, la mémoire, le puits…
Le roman de Tahar Ben Jelloun est difficile, car l'auteur brouille les pistes. Si vous aimez la poésie, si, au sortir d’un roman, vous acceptez que certains fragments vous échappent, « Harrouda » est pour vous.
Les éditions
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Harrouda (export) de Tahar Ben Jelloun
de Ben Jelloun, Tahar
Gallimard
ISBN : 9782070411603 ; 6,80 € ; 13/08/1999 ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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bien écrit mais difficile
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 30 juin 2017
Harrouda... l'ailleurs insaisissable !
Critique de Grisellis (, Inscrite le 20 janvier 2011, 41 ans) - 20 janvier 2011
Je me sens dans un univers magique, féerique même, tout en filant entre les lignes.. je ne suis pas moi, je suis autre.. je me cherche, je cherche qui est Harrouda!! Une femme, une liberté non conquise, le Maroc? On ne sait pas encore, mais Harrouda fait parler un silence intense... Harrouda c'est la parole imagée?
Mais qui est Harrouda?
Critique de Djamitout (, Inscrit le 14 octobre 2006, 46 ans) - 14 octobre 2006
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