La traduction est une histoire d'amour de Jacques Poulin

La traduction est une histoire d'amour de Jacques Poulin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par FranBlan, le 3 mars 2007 (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 967ème position).
Visites : 4 454  (depuis Novembre 2007)

Rencontre heureuse...

Un vieil écrivain, monsieur Waterman, vit à Québec dans une tour. Sa traductrice, la jeune Marine, est une Irlandaise aux cheveux roux et aux yeux verts; elle habite un chalet à l'île d'Orléans, parmi les chats, les ratons laveurs, les hérons bleus et les chevaux de course à la retraite. Entre ces deux personnages se tisse une relation amoureuse peu ordinaire: elle naît sur la Piste de l'Oregon, grandit avec leur passion commune pour la musique des mots et atteint sa maturité dans une enquête sur une mystérieuse adolescente qui leur met le coeur à l'envers.
Il s'agit de ma première lecture d'un roman de Jacques Poulin et la rencontre est heureuse. L'histoire est portée par une émotion contenue et par la douceur d'une amitié silencieuse.
Les quelques cent trente pages qui composent ce court roman ne changeront pas le monde, mais la chaleur qui s'en dégage est l'antidote parfait à une journée de blizzard de fin d'hiver.

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Un amour de chat

7 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 12 mars 2014

Les œuvres de Jacques Poulin pourraient faire l’objet d’un cours d’initiation en techniques d’écriture, en particulier celle-ci qui est composée de petits chapitres ayant leur propre chute. Pour la première fois, l’auteur s’est servi des éléments du polar pour propulser l’action vers son dénouement en recourant à un détective qui facilite la poursuite d’une adolescente entreprise par les deux héros.

Un écrivain, Jack Waterman, et Marine, sa traductrice d’origine irlandaise, tentent de retracer la propriétaire de Famine, un petit chat noir abandonné dans l’île d’Orléans située en aval de Québec. Grâce à son collier, ils découvrent qu’il s’agit de Limoilou, habitant au 609, rue Richelieu à Québec. Ils parviennent à la rejoindre alors qu’elle est transportée à l’hôpital après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Ce résumé semble décrire un incident malheureux de la vie quotidienne. Il n’en est rien. Jacques Poulin alimente son œuvre de faits divers qui débouchent sur la fraternité. C’est sa solution pour combattre les effets du paradis perdu. Comme un messie venu « sauver les âmes infortunées », le héros poulinien se rapproche d’autrui pour les soutenir dans leur quête du bonheur.

Le hasard amène Jack à rencontrer Marine, de trente ans sa cadette, dans un cimetière abandonné où elle s’était recueillie sur la tombe de sa mère. Les atomes crochus s’élancent à l’assaut de ces deux âmes rétives pour les rendre solidaires devant le gouffre de la vie. L’amour de la langue facilite leurs communications sans déboucher sur une appropriation de l’autre. Il ne faut pas chercher dans ce roman des relents d’alcôves. La rencontre se présente davantage comme une complémentarité de l’autre, une dualité qui se moule dans un projet commun pour guérir l’âme de tous les paumés comme Limoilou.

Dépouillée de ses oripeaux, l’écriture annonce le salut au son d’une petite musique vive qui rappelle La Truite de Schubert. En somme, à coups de petits traits qui cartographient le cœur autant que les lieux fréquentés, Jacques Poulin dépeint la dynamique de l’empathie capable de contrer la chute originelle. C’est même un portrait très tendance qui exploite l’univers enchanteur de l’île d’Orléans. L’union dans l’adversité s’applique aussi à la nature où les hérons, les renards, les chats, les ratons laveurs et les chevaux peuvent vivre en harmonie avec les humains. Si la naïveté peut caractériser ce roman, il n’en reste pas moins qu’il propose une réconciliation des plus souhaitable.

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