Charges comprises de Franz Bartelt

Charges comprises de Franz Bartelt

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jurassic, le 2 mars 2007 (Fraisans (Jura), Inscrit le 18 décembre 2005, 69 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 783ème position).
Visites : 4 783  (depuis Novembre 2007)

Le minuscule touche à l'universel

La rencontre de deux cabossés ordinaires de la vie - une obèse intoxiquée de nourriture et un alcoolique désintoxiqué de la boisson. – donne à Franz Bartelt l’occasion d’une leçon de vie, d’humanité, voire d’existentialité (qui sommes-nous ? où allons-nous ?).
Mine de rien, au travers d’aventures minuscules, d’amours de centre commercial, d’héroïsmes sans panache, Franz Bartelt développe à sa mesure les blessures et les envolées de nos deux héros pour relativiser les vanités humaines. Du rien en mots d’une épaisseur insoupçonnée, des désirs trop satisfaits ou insatisfaits qui diffusent dans le ventre. Des émotions qui nous touchent. Et même qu’après avoir fermé le livre, on se surprendrait à une envie de souffler, une envie de mieux écouter notre « nature » profonde, celle qui nous tue peut-être, mais nous permet de toucher les étoiles. Salutaire.

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Les éditions

  • Charges comprises [Texte imprimé], roman Franz Bartelt
    de Bartelt, Franz
    Gallimard / Blanche
    ISBN : 9782070718153 ; 16,90 € ; 08/01/2004 ; 224 p. ; Broché
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Plus grave ce Bartelt.

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 30 octobre 2016

Plus grave, ce Bartelt, que d’autres romans, plus couramment aux franges de la « déjantitude ».
Plus grave, ce qui empêche d’autant moins de traiter de sujets de société … modernes, ou au moins actuels. Il est question ici du regard que notre société occidentale peut porter sur des êtres un tant soit peu différents, l’obésité ici et l’alcoolisme. Des addictions. Et puis c’est d’une belle histoire humaine dont il est question aussi. En milieu citadin, pour changer, il n’est pas question de ruralité ici.
Gontrane, d’une part :

« Elle-même, Gontrane, s’était vue rebaptisée en Larmâche, qui ne sonnait jamais à ses oreilles sans une légère nuance dépréciative. Larmâche, du verbe remâcher. Le verbe remâcher, de rumination. Rumination, de vache. Vache, de grosse vache. Grosse vache, de grosse. Grosse, de Gontrane, synonymes. »

Et Jean Trégaille :

« L’homme qui avait pris place à côté de Gontrane dans l’autobus s’appelait Jean Trégaille. Sous le pseudonyme de Franck Lélian, il écrivait des romans policiers d’une facture honnête et des scénarios pour la télévision, dont il n’aimait pas qu’on lui parle. C’était un homme qui avait vécu et qui ne vivait plus depuis quelques mois, suite à une mésaventure routière qui lui avait coûté une automobile américaine, son permis de conduire, trente-cinq mille francs d’amende et un séjour à l’hôpital psychiatrique, pendant lequel il s’était soumis à une cure de désintoxication alcoolique. Il n’avait pas touché une goutte d’alcool depuis cent cinquante-deux jours. Un bail. Il avait bu sa part, avant. »

Ces deux-là se rencontrent au sortir de l’enterrement de sa mère pour ce qui concerne Gontrane et d’une errance vers le centre commercial (« le plus étendu de la planète après celui de Mexico », et là ça m’a irrésistiblement évoqué celui d’Edmonton (Canada) dans les scènes décrites) pour Jean. Ils n’ont a priori aucune raison de se rencontrer, n’ont pas grand-chose en commun sinon un semblable sentiment de mise à l’écart sociétale.
Mais ils vont se parler. Ils vont se comprendre. Et rien ne sera plus comme avant. Pour elle, pour lui. Une bouleversante histoire comme on aimerait qu’il en existe dans la vraie vie.
J’ai pensé irrésistiblement à « Trois chambres à Manhattan », de Georges Simenon …

Marlo Brando et Maria Schneider

9 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 20 juin 2014

Gontrane et Frégaille se rencontrent par hasard et se préparent à vivre ensemble une nuit particulière. La nuit de toutes les décisions, le rachat de toutes les laideurs qui encombrent leur vie.
Gontrane est grosse par défi, Frégaille est en sevrage et l'ivresse lui manque. Tous deux sont seuls, désoeuvrés, tristes, infiniment tristes.
Ils savent qu'après il y aura un matin. Un matin et un train pour Paris. Pourront-ils faire fi de tout et partir ? Seront-ils ensemble pour y aller danser ce curieux tango ?

Bartelt est un écrivain qui se tient toujours en embuscade pour cracher sur les mouches. Dans ce livre il reste grave du début à la fin. On aime ou on n'aime pas... c'est selon ! Moi j'aime et beaucoup.
Surtout, pour vous décider, ne vous fiez pas au résumé au dos de l'édition Gallimard 2003...
Bonne lecture.

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