Satori d'octobre de Marcel Peltier

Satori d'octobre de Marcel Peltier

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Kinbote, le 24 février 2007 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 4 194  (depuis Novembre 2007)

Le silence de la mer

Point d’orgue au récent Senryûs du silence, ce recueil au format carnet de poche, composé de trois sections (avant, pendant, après), est une nouvelle collecte d’instants pris sur le vif, entre intimité et espace public. Marcel Peltier use de la même « technique » inaugurée dans le précédent ouvrage, à savoir des haïkus-senryûs contenant « un temps consacré à la respiration et à la méditation ».

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« Bouches cousues

matelas dans l’église »

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Un recueil où voisinent vent, eau et sable, immobilité et silence.

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« Sifflement du vent

Le goéland lent »

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La précision des instants captés contraste avec le détachement quasi temporel qui imprègne cette balade en bordure de mer.

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« 13 h 27

France infos : ciel serein »

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L’espace vaste de la mer et de ses alentours qui autorise l’ignorance (« Je ne suis pas surpris de mon ignorance/ /la mer est si vaste »), ainsi que la brume omniprésente, favorise l’éclosion de faits qui agissent tels des phares.

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« Quatre heures du matin

avec ses bottes blanches sur la digue »

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Le silence avive l’écoute. Les bruits sont comme isolés sur un spectre sonore qui distingue les plus infimes vibrations de l’air.

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« Ne plus rien dire

les cris des mouettes »

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La collusion de l’infini avec le trivial produit le questionnement sur sa propre identité.

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« La cloche du tram

qui suis-je ? »

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La source du son finit par s’estomper, comme si elle émettait de partout.

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« L’oiseau chanteur

invisible »

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Si la première partie, intitulée « Avant », plante le décor, à la section « Pendant » du recueil, dans cet en dehors du temps, passé et présent se court-circuitent et on assiste comme à une nostalgie en acte, un « ici et maintenant » qui se décline aussitôt à l’imparfait, donnant comme à tout un air de suranné.

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« Les voiliers blancs de Valéry

et ce toit tranquille »

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Dans ce « contexte d’économie d’écriture », en marge mais non en retrait du monde social pointé ici et là par des notations ironiques, douces-amères (Elections/ / affiches polluantes), cohabitent les contraires, lenteur et mouvement, bruit et silence, solitude et agitation. Sous les auspices des éléments rassemblés et des sens convoqués, s’opère pour l’auteur cette « vérité toute personnelle » que d’aucuns appellent Satori et qui mène « petit à petit » (Après) à la vacance de paroles, au silence. Puisse ensuite venir l’hiver avec sérénité et clairvoyance.

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« Dernière promenade

cette solitude dans l’immensité »

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