Le passage de la nuit de Haruki Murakami
(After dark / Afutā dāku (アフターダーク))
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
Moyenne des notes : (basée sur 18 avis)
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L'univers de la nuit
Toute cette histoire va se passer sur une seule nuit. Elle commence à minuit moins dix et se termine à sept heures moins dix.
Une jeune fille de dix-sept ans environ, jeune étudiante, est installée dans un « Dennys », sorte de bar restaurant ouvert la nuit, plongée dans un gros livre. Elle s’appelle Mari. Entre un garçon, Takahashi un rien plus âgé avec un gros étui à musique à l’épaule. Son regard parcourt la salle et il s’installe d’autorité face à Mari qu’il reconnaît comme étant la sœur d’une certaine Eri.
Une conversation assez difficile s’installe entre eux. Elle est difficile, car Mari n’est pas causante à l’inverse de Takahashi. Celui-ci connaît surtout Eri et Mari insiste sur la merveilleuse beauté de sa sœur par rapport à elle qui, à l’écouter, serait une sorte de laideron.
Takahashi attend de se rendre à sa répétition de musique qui prendra toute la nuit et se tiendra dans une cave assez proche. Il s’étonne de la différence globale qu’il peut y avoir entre les deux sœurs. Il se demande bien comment, ayant les mêmes parents, ayant été élevées de la même façon, elles peuvent être aussi différente. Son verre bu et son sandwich mangé, il quitte le Dénnys. Il espère qu’il reverra Mari, vers cinq heures du matin, pendant sa pose.
Pendant ce temps l’auteur nous montre une jeune femme superbe, Eri, dormant profondément dans sa chambre. Elle est totalement immobile…
Takahashi parti, quelques minutes plus tard, entre une grande et forte femme dans le Dennys. Elle marche vers Mari et lui demande de l’aide. C’est Takahashi qui lui a conseillé de s’adresser à elle. Kaoru est gérante d’un « Love Palace », immeuble qui loue des chambres à l’heure, et elle a un gros souci. Une jeune chinoise est entrée avec un homme et ils ont pris une chambre. Mais l’homme est parti, sans payer, laissant la jeune chinoise de dix-neuf ans seule et rouée de coups. Elle ne comprend pas le japonais. Takahashi savait que Mari étudiait cette langue et c’est pourquoi il a conseillé à Kaoru d’aller la trouver.
Mari suit Kaoru et va découvrir le monde de la prostitution ainsi que le rôle de la mafia chinoise au Japon. Elle a une certaine tendance à s’identifier à la chinoise vu qu’elles ont le même âge. Un motard va venir chercher celle-ci et la ramènera à son « propriétaire » où elle risquera bien de recevoir de nouveaux coups. Quant à l’homme qui l’a quittée après l’avoir battue, il sera identifié et nous le retrouverons même quelques heures plus tard travaillant à son bureau.
La nuit passe et nous ferons de nouvelles incursions dans cette chambre où dort profondément Eri. Au petit matin Takahashi va retrouver Mira et parlera encore longtemps avec elle….
Un livre qui nous entraîne, curieux que nous sommes de savoir qui sont des gens comme Mari, Takahashi, Kaoru, Shirakawa et quelques autres.
Il ne se passe pas grand-chose, mais nous sommes malgré tout accrochés.
Les éditions
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Le passage de la nuit [Texte imprimé] Haruki Murakami traduit du japonais par Hélène Morita avec la collaboration de Théodore Morita
de Murakami, Haruki Morita, Hélène (Traducteur)
Belfond / Littératures étrangères (Paris)
ISBN : 9782714442147 ; 2,98 € ; 20/12/2006 ; 229 p. ; Broché -
Le passage de la nuit [Texte imprimé] Haruki Murakami traduit du japonais par Hélène Morita avec la collaboration de Théodore Morita
de Murakami, Haruki Morita, Hélène (Traducteur)
10-18 / 10-18. Série Domaine étranger
ISBN : 9782264046857 ; 7,50 € ; 05/06/2008 ; 229 p. ; Poche -
Le passage de la nuit
de Murakami, Haruki Morita, Hélène (Traducteur) Morita, Théodore (Traducteur)
Belfond / Littérature étrangère
ISBN : 9782714452214 ; 11/08/2011 ; 229 p. ; Format Kindle
Les livres liés
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Les critiques éclairs (17)
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Un univers clair-obscur un peu irréel et original
Critique de Anonyme12 (, Inscrite le 27 février 2010, 14 ans) - 13 décembre 2014
Cette lecture me donne envie de continuer dans la foulée avec Murakami.
Une nuit pour réfléchir
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 3 janvier 2014
A noter que les chapitres s’ouvrent par une horloge qui marque le temps qui passe.
Une jeune femme lit un livre dans un restaurant rapide. Elle est abordée par un autre étudiant venu répéter avec son groupe. Il était dans la classe de sa sœur aînée, beaucoup plus jolie, laquelle est plongée dans un profond sommeil depuis plusieurs, raison pour laquelle elle a volontairement raté son dernier train de banlieue. Comme elle apprend cette langue, elle sera appelée par une ancienne catcheuse qui est la gérante d’un love hôtel où un client a battu une chinoise en emportant ses affaires. S’ensuivent des relations entre les différents protagonistes qui s’épanchent brièvement sur leur passé ou leurs espoirs, les conduisant à reconsidérer leurs choix et leur avenir.
IF-1213-413
Le passage de l’ennui
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 16 mars 2013
Le plus connu des écrivains japonais Murakami est pourtant chanceux. On parle de lui pour le Nobel. Il doit être un grand écrivain.
Déçu
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 29 juin 2012
Il ne se passe rien ou si peu de choses.
Certainement pas le meilleur roman de Haruki Murakami.
tokyo by night
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 5 février 2012
A la frontière de l'étrange et de la réalité
Critique de Thémis69 (, Inscrite le 21 avril 2006, 45 ans) - 13 juillet 2011
Effectivement, l'intrigue n'aboutit pas (est-elle censée aboutir, en fait?), ne mène nulle part, si ce n'est dans cette parenthèse nocturne qui se referme comme elle s'est ouverte, c'est-à-dire naturellement et de manière anecdotique.
J'ai regretté cette tentative du narrateur de créer un sentiment d'attente, voire une tension dramatique ("il va se passer quelque chose, mais on ne sait pas quoi, faites attention!"), qui tombe bien vite à plat.
J'ai été aussi très déroutée et peu séduite par le choix de ce "point de vue" complètement externe, cette métaphore de la caméra et cet usage de la première personne du pluriel, choix que je trouve en fait assez maladroits et artificiels.
En revanche, j'ai aimé découvrir cette écriture et cette littérature japonaise aux antipodes de nos canons européens. Le style est sobre, épuré, et l'ambiance est finalement assez bien rendue : on avance petit à petit jusqu'au coeur de la nuit, jusqu'à cette heure où l'étrange fait son apparition, comme une image subliminale, sans que l'on sache pourquoi ni comment, sans qu'il y ait de conséquences ni de péripéties liées à cet événement. On a constamment l'impression de flotter entre deux eaux, celle d'une réalité bien présente, avec ses violences et son quotidien routinier, et celle d'une autre dimension, temporelle et spatiale, qui viendrait s'entrechoquer et faire des interférences avec la nôtre pendant quelques secondes.
Un livre curieux, mais peu convaincant au final.
Un style, une atmosphère
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 29 janvier 2011
Donc, malgré une histoire qui ne m’a pas convaincue, je ne ressors pas déçue de ma lecture parce que j’ai découvert un style que j’ai trouvé vraiment intéressant. J’ai aimé être un "point de vue" qui survole une ville, qui s’attarde sur une pièce lorsque les personnages n’y sont plus, qui recadre son image... J’ai aimé les descriptions, tellement précises qu’elles semblent dérouler un film.
L’histoire, par contre, m’a plutôt déçue. Lorsque j’ai compris qu’on en resterait là parce que le récit n’irait pas au-delà de 7 heures, j’ai eu la même déception que chaque fois que j’ai l’impression qu’auteur utilise une histoire pour exposer un style et non l’inverse.
Néanmoins, c’est un livre qui se lit facilement et j’en suis tout de même venue à bout sans mal. Je trouve surtout que ma lecture a été une petite expérience intéressante qui a éveillé ma curiosité envers l’auteur.
Fu-yez!
Critique de J. (, Inscrit le 2 avril 2010, 36 ans) - 4 décembre 2010
J'ai perdu 9€ et quelques heures de ma vie pour finir ce qui est le plus mauvais livre que j'ai jamais lu.
On n'a qu'une envie en lisant ce livre, c'est de dormir (comme les personnages).
D'ailleurs ceux-ci sont tellement creux et peu attachants, un comble pour un roman qui tourne autour d'eux.
Poubelle.
Agréablement surprise !
Critique de Listelle (Bordeaux, Inscrite le 25 juillet 2010, 38 ans) - 18 août 2010
Contre toute attente, j'ai beaucoup aimé ce petit roman surtout les caractères des personnages !
Ah...
Critique de Choca (, Inscrit le 19 mars 2010, 37 ans) - 20 mars 2010
Agréable
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 1 septembre 2009
J’ai beaucoup aimé ces bribes d’histoires et de vie, celle d’une étudiante paumée et d’une connaissance de sa soeur fan de jazz, d’une jeune prostituée battue, d’une employée de love-hotel, d’un salary-man à la dérive… mais moins celle où pourtant repose toute l’intrigue du livre : une jeune fille (la soeur de l’étudiante) dort depuis des mois, se levant uniquement pour effectuer le besoins vitaux.
Le narrateur omniscient se considère comme un point de vue et contemple ce monde étrange qui prend vie sous ses yeux. Pour une fois Murakami s’est tenu à quelque chose d’assez réaliste, mais un réalisme qui existe seulement chez ceux qui arrivent à voir plus loin que leur propre vie, qui arrivent à ressentir derrière les murs et les barrières de l’existence la multitude de sentiments différents que d’autres peuvent ressentir, avec pourtant le même passé. Comme si, en dehors de l’expérience personnelle, du patrimoine génétique, de la classe sociale, une autre instance nous guidait, ou plutôt, nous nous laissions guider par une autre, transcendante, mais loin de toute divinité.
Je ne saurai expliquer où réside dans ce roman cette petite chose qui fait qu’on l’aime alors que son fil conducteur est le vide, presque le coma, c’est-à-dire un moment où il ne se passe rien.
Tokyo, la nuit, par Haruki Murakami
Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 14 mars 2009
Sur le regard qu'accorde Murakami à sa ville qu'il vivre, sous ses multiples facettes, le temps d'une nuit. Tokyo c'est ici la ville à la culture high-tech très développée, aux lumières électroniques foisonnantes, la ville gigantesque où les hommes et les choses sont "anonymes et interchangeables".
Sur ce regard évasif qu'il laisse traîner sur une série de détails, un peu insignifiants sans doute à première apparence. Ces détails fugaces et fugitifs, captés dans les mailles et les filets de la nuit opaque et pénétrante, à des moments très ponctuels, ce regard qui transmet avec une concision et une précision troublantes des gestes douloureusement évanescents, ce portable laissé sur une étalage de pots yoghourts dans un petit supermarché, cette cigarette qui se consume dans le cendrier d'un restaurant Denny's.
Ce regard qui semble vouloir tout absorber, tout absorber, mais sans juger, sans commenter: il s'agit simplement d'enregistrer le réel - parfois d'une façon très cinématographique, avec exactitude et minutie - parfois en le transcendant et en le sublimant, en s'agrippant à des symboles, à des allégories, à des petites choses teintées de mystère, en "volant" des instants, en "volant" des images d'une façon un peu précipitée. C'est un regard qui ne choisit pas ce qu'il regarde, ou choisit ses cibles sans trop y réfléchir, sans trop y penser ("Notre regard balaie la salle et se pose sur une fille seule, installée côté vitrine. Pourquoi elle? Pourquoi pas quelqu'un d'autre? Aucune raison spéciale à cela, mais cette fille attire notre regard- naturellement.").
Ce regard qui se promène furtivement dans les rues, aux aguets, scrutant tout ce qu'on peut scruter, avec comme l'ambition d'embrasser tout Tokyo en une fois, pendant cette nuit, qui bientôt va se terminer, et dont l'arrêt semble précipité par le cadran d'heure, présent à l'entrée de chaque chapitre.
Murakami semble justement vouloir s'opposer à cette présence menaçante du temps et des heures, des instants qui s'égrènent inlassablement, semble vouloir retarder le plus possible le moment fatidique où la nuit cédera au jour, où l'obscurité protectrice et rassurante cédera à la lumière aveuglante et ostentatoire, où l'irréalité poétisante et merveilleuse dans laquelle baigne pour l'instant toute la ville sera brusquement annihilée.
C'est ainsi qu'il semble vouloir prolonger et perpétuer cette Nuit le plus possible. Il s'éternise ainsi longuement sur les lumières des bars et des restaurants encore allumées, fait vibrer les derniers sons de trombone dans un karaoké désaffecté.
En fait le sujet et le personnage principal de ce livre est bien la Nuit. Cette Nuit, cette Nuit sur Tokyo, à la fois opaque, pénétrante, lumineuse, encore très vivante, pleine de détails, pleine d'instants donc à diviniser ou à enregistrer.
Ici les intrigues s'enchevêtrent et s'entremêlent confusément. Ce ne sont même pas de réelles intrigues, simplement des bouts d'histoires inachevées, des trames simplement esquissées et suggérées et que l'arrivée du jour semble définitivement effacer.
C'est comme si tout ce qui s'était passé pendant la nuit n'avait pas réellement eu lieu: la rencontre de Mari et de Takahashi dans le bar, la prostituée agressée, la menace de mort, Éri se retrouvant dans la télévision....
Les intrigues sont sans cesse interrompues, on va sans cesse d'un lieu à un autre, on passe sans cesse d'un personnage à un autre avec une vivacité qui peut évoquer certains films choraux tragiques, comme Babel et 21 grammes de Inarritu, Auf der anderen Seite (De l'autre côté) de Fatih Akin, où les personnages, comme ici, sont presque secondaires, et gravitent toujours autour les uns autour des autres, ont des conséquences les uns sur les autres, mais sans jamais se côtoyer, ni sans s'être jamais rencontrés, ne serait-ce qu'une seule fois.
Ce qui est exactement le cas ici. C'est avant l'histoire d'une danse nocturne et envoûtante, des personnages qui esquissent quelques pas, puis s'esquivent, se cachent, repartent, reviennent, etc. Ici Kaoru, gardienne du love-hôtel dans lequel une prostituée chinoise a été rudement maltraitée, et dont le client est parti sans payer, ordonne aux proxénètes de cette prostituée chinoise le meurtre de ce même client, mais sans même le connaître. Celui-ci, Shakinawa, laisse le portable de la prostituée qu'il a subtilisé, sur l'étalage de pots de yoghourts dans la station-service évoquée. Et juste au moment où celui-ci sonne, et que les tueurs envoient leur message de mort ("Tu ne nous échapperas pas") c'est le musicien Takahashi, par hasard dans la station à ce moment-là, qui répond et qui, bien sûr ne comprend absolument rien.
Le mystère est omniprésent dans le livre, et de multiples questions taraudent finalement le lecteur: Shakinawa sera-t-il trouvé par les tueurs? La femme de Shakinawa va-t-elle découvrir l'aventure de son mari avec la prostituée chinoise? Et est-ce vraiment pour la dernière fois que Takahashi a joué au trombone ce soir-là? Et Mari et Takahaski trouveront-ils vraiment le temps de s'écrire? Et, Éri: le mystère reste aussi complet à ce sujet-là, puisque, dans sa période d'"hibernation" celle-ci n'ouvre jamais la bouche et qu'elle est donc réduite à l'image, à l'enveloppe d'une mannequin reconnue comme top-model, et souriant bêtement à la télévision.
Avec l'arrivée du jour, toutes les intrigues commencées, tous les semblants de trame laborieusement tramés au fil des chapitres, sont laissés inachevés. Murakami laisse toutes ces questions en suspens, et on dirait qu'il y trouve un certain plaisir. Avec les deux dernières phrases, sobres et claires, poétiques sans avoir l'air, belles dans leur extrême simplicité ("Le jour s'est enfin levé. Il y a encore du temps avant que revienne la prochaine obscurité."), Murakami assure définitivement son emprise totale sur le lecteur, et celui-ci se laisse définitivement gagner par la magie et le mystère incroyablement envoûtants de ce livre rempli de questions, rempli de passages qui ne débouchent sur rien, de sentiers sans destination et de culs-de-sac, sur ce regard obstiné qui s'attarde sur la ville de Tokyo envahie par l'obscurité, mais encore pleine de vie, pleines d'intrigues, qui se tissent en cachette, dans l'ombre.
A quoi bon ?
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 50 ans) - 18 août 2008
L'histoire : quelques heures dans la nuit... voilà, ça c'est fait.
Des personnages que l'on suit lors de cette nuit sans trop savoir pourquoi ceux là et pas d'autres...
Quant à l'écriture, je cherche encore la poésie ou le propos de l'auteur !
Non, vraiment, je suis passé complètement à côté.
passable
Critique de Happy (, Inscrite le 22 novembre 2007, 52 ans) - 22 novembre 2007
Les héroïnes se débattent contre elles-mêmes dans un univers sombre (la nuit, forcément).
Les personnages secondaires sont peu attachants, sauf la gérante du love hôtel, qui est plutôt farce.
Le principe des deux sœurs opposées est traité de façon caricaturale : la belle endormie, et le vilain petit canard qui s'ouvre à l'amour.
Bref, un peu soporifique.
A tâtons dans l'obscurité : une transition plus qu'un passage, peut-être
Critique de Djidji (Neuilly sur Seine, Inscrit le 23 octobre 2007, 66 ans) - 27 octobre 2007
On retrouve certes ici la plupart des thèmes et procédés de l'auteur : poétique urbaine hyperréaliste, solitude et mélancolie, tentatives de réparation des blessures de l'abandon, interdépendances de personnages aux destinées qui se croisent sans se rencontrer, essai de percer (sans les expliquer) les mystères de l'ombre et de l'obscurité en mettant en dialectique réalité et imaginaire, et des personnages toujours attachants et "épais" dont la profondeur séduit plus que leur apparence.
Une nouveauté : le lecteur est pris à témoin avec l'auteur ou avec les autres lecteurs peut-être ? nul n'en saura rien si ce n'est que notre conscience et notre regard sont invités dans l'oeil de cet "oiseau de nuit" ou de cette caméra qui observent l'histoire en plans larges ou serrés, dans le réel autant que dans l'imaginaire.
"Ce paysage urbain, nous l'observons à travers les yeux d'un oiseau de nuit"... "nous nous confondons avec un oeil qui regarde (...) regard caché qui vole l'image". Et cet oeil pluriel observe l'histoire, avec une injonction de neutralité ("nous n'avons pas le droit d'intervenir") malgré une vaine transgression : "fuis !", "nous oublions la règle selon laquelle nous devons rester neutre".
Et c'est peut-être une frustration supplémentaire et inutile qu'occasionne cette intrusion du lecteur dans le roman car on se meurt effectivement d'envie d'intervenir pour donner plus de sens à cette histoire qui en manque terriblement. Nous sommes là, témoins d'une "inquiétante étrangeté", à vouloir interroger l'écran de télévision ou le miroir qui dérobent leurs spectateurs. Mais dans ce roman comme dans la vie nous cherchons une proposition, un sens mais n'en trouvons finalement pas vraiment de substantiel ou de définitif. Et nous arrivons ainsi à la fin (à la mort ou la renaissance), avec un sentiment d'inachevé et de manque d'accomplissement.
Pour la première fois avec Haruki Murakami, me voilà resté sur ma faim, frustré comme un oiseau affamé bec ouvert, avec le sentiment d'avoir été entraîné dans un "passage" vide et illusoire et se retrouvant du coup sans ressort : peut-être - espérons-le - parce que l'auteur, force d'avoir déjà tant écrit, se cherche une nouvelle voie, un nouvel accès, un second souffle. Car les romans précédents rendent le lecteur exigeant et on sent bien en lisant "Le passage de la nuit" qu'haruki Murakami a peut-être bouclé la quadrature du cercle avec "Kafka sur le rivage" et écrit ici plus par habitude que par véritable inspiration.
L'écriture est belle certes et l'univers nocturne de Tokyo, glauque et anonyme mais très vibrant, exerce une certaine fascination, du coeur de la nuit jusqu'au petit matin, sous un ciel légèrement voilé par la pollution et "les roches de lune blanche" imprégnant un nouveau jour naissant, témoins de destinées urbaines, à la fois anonymes et singulières, abritées dans les rames des trains et sous ces toits qui se ressemblent. Mais cette écriture ne se suffit pas à elle-même et nous sommes bien loin de la profondeur des quêtes identitaires des "Chroniques de l'oiseau à ressort" ou de "Kafka sur le rivage", loin de la paranoïaque profondeur de l'esprit de "La fin des temps", de la "course au mouton sauvage" ou de "Danse, danse, danse", loin de la mélancolie et du jeu des fusions et distances amoureuses de "Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil', "de la ballade de l'impossible" ou de "Les amants du Spoutnik".
"Le passage de la nuit" est pour moi, sans aucun doute, 3 crans au-dessous de ses autres romans et n'émerge plus avec autant de brio de l'énorme masse de romans insignifiants publiés chaque année. Si je l'avais lu en premier, je n'aurais certainement pas eu envie de "dévorer" les écrits de l'auteur, comme j'en ai eu envie après la lecture de "Kafka sur le rivage". Et si je l'avais lu en second, sans doute m'en serais-je tenu là.
Et voilà que de la nuit, étonnamment, surgit un roman signé Haruki Murakami, dont la lecture n'est pas indispensable.
La question est désormais de savoir si l'auteur tourne en rond et s'épuise dans une quête personnelle, se servant du roman comme d'un miroir, ou si sa créativité s'adresse aussi à ce lecteur qu'il interpelle sans lui laisser le droit d'intervenir et se montre à nouveau plus généreuse .
Et tant pis si je n'en ai pas l'autorisation et viole la règle selon laquelle je devrais rester enthousiaste... Depuis l'oeil de l'oiseau de nuit, je dis aux autres possibles lecteurs : "fuyez Le passage de la nuit ! il ne s'y passe rien et on tourne en rond", afin que l'auteur puisse à travers notre immobilité soudaine, contempler la vacuité de ce roman et trouver une nouvelle source, un nouveau regard sur son univers, pour nous redonner envie de l'accompagner encore et encore dans sa quête de l'insondable.
Moyen
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 27 juillet 2007
Après le mythique ‘Kafka sur le rivage’, les extravagances de l’univers Murakamien sont bien fades dans cet opus, d’autant plus que nombreux autres fabricants d’histoires ont déjà tenté l’exercice du laps de temps limité, avec plus de succès. Je ne peux pas dire qu’un personnage se démarque par rapport à l’autre. Même si ceux-ci sont en interaction, je n’ai pas ressenti de connexion entre eux. Sans la présence d’émotions véritables et d’une trame romanesque solide, il ne reste que l’atmosphère mystérieuse à se mettre sous la dent. Dans le cas présent, ce n’est pas assez.
Opaque et dense comme la nuit
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 41 ans) - 9 mars 2007
Murakami, pendant une nuit nous fera faire le tour du cosmos symbolique de la jeune Japonaise, qui devra mettre un nom sur le mal qui l'abime avant de pouvoir accéder à la plénitude intérieure.
Une belle ode à des questions aussi pragmatiques que le langage dans l'approche du bonheur. Un roman placé de manière très intéressante face à une époque où on s'occupe seulement de soi-même, en dépit des autres.
Pas son meilleur roman, mais extrêmement bien situé face à son oeuvre. Avec "Le passage de la nuit" Murakami se détache du courant d'auteurs "qui promettent le bonheur et la recherche spirituelle" avec sa lecture (I.E. Coelho...oui, j'ai déjà vu la comparaison dans des journaux culturels... malheureusement). Bref, une autre raison de l'adorer
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