Tchékhov de Ivan Bounine
Catégorie(s) : Littérature => Russe , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Tchékhov intime
"La littérature authentique peint la vie telle qu’elle est. Elle a pour mission la vérité absolue, sans fard."
Bounine était surnommé "Monsieur le Marquis de Bouquichon" par Anton Tchékhov, son ami. Ivan Bounine n’était pas un grand fan des œuvres théâtrales de Tchékhov, mais il vouait une admiration sans pareil aux autres récits de l’auteur, ainsi qu’à l’homme lui-même. Un profond respect pour un écrivain qu’il fréquenta assidûment quelques années avant son exil français (Bounine s’installe en France en 1920). Cette biographie est un hommage, un cadeau d’amitié, le témoignage d’un homme qui parle d’un autre avec beaucoup de pudeur et d’admiration. Nous sommes loin des biographies rigoureuses et scientifiques, c’est presque un roman, une histoire qu’on raconterait le soir au coin du feu, permettant de comprendre la personnalité de Anton Tchékhov à travers des petites histoires, des anecdotes, des confidences et des conversations. Un Tchékhov intime dont on perçoit alors l’œuvre sous un autre angle, plus humain. Ses interrogations nous sont dévoilées, son humour féroce et, ô combien intéressant, le regard lucide qu’il jette sur la société qui l’entoure, sa manière d’appréhender le pouvoir et la politique, la culture et l’amour. Si Tchékhov peut paraître froid dans certains de ses textes, cette biographie démontre que c’est une erreur, que l’auteur est un homme chaleureux et ouvert, empreint d’une timidité parfois touchante et d’une grande humanité.
Cette biographie resta inachevée, Bounine meurt en 1953. La voici disponible en français, l’occasion de replacer sur le devant de la scène Bounine et Tchékhov, dont on ne parle pas assez à mon goût en France. Bien sûr, on pourra reprocher le caractère subjectif de l’écrit mais c’est cela qui m’a plu dans cette biographie, un homme raconte un autre homme, avec tendresse et respect, il y a de la vie et de l’émotion là derrière, éléments indispensables pour approcher un peu mieux la personnalité de quelqu’un.
Les éditions
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Tchékhov [Texte imprimé] Ivan Bounine trad. du russe, préf. et annoté par Claire Hauchard
de Bounine, Ivan Hauchard, Claire (Traducteur)
Éd. du Rocher / Littérature
ISBN : 9782268051024 ; 38,69 € ; 01/04/2004 ; 211 p. ; Broché
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deux grands écrivains
Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 10 août 2018
Bounine est un bon écrivain (de nombreux titres sont disponibles, on le redécouvre aujourd'hui, il fut le premier Russe à obtenir le prix Nobel), mais il a conscience, après sa rencontre avec Tchékhov, d'être en présence d'un très grand écrivain, qu'on lira encore longtemps après sa mort, ce dont Tchékhov ne se doutait guère. Chemin faisant, il nous signale les nouvelles de Tchékhov qu'il affectionne particulièrement et que, bien sûr, le lecteur a envie de découvrir (ou relire) : "La fange", "Une banale histoire", "Tristesse", "Dans le ravin", "Les pins", "L'évêque", "Le Tchernoziom". Curieusement, Bounine est moins ouvert aux pièces de Tchékhov, qui lui assurent pourtant sa renommée posthume.
Il nous rapporte ses conversations avec Tchékhov, son pessimisme ("Au fond, je serai seul demain dans la tombe comme je suis seul aujourd’hui sur terre"), son idée sur les écrivains (Il est bon qu’un écrivain soit pauvre, et même aux abois ; il se rendra compte qu’il lui faut surmonter sa paresse et travailler avec sa plume s’il ne veut pas mourir de faim. […] Quelle chance j’ai eue d’être si pauvre dans ma jeunesse, j’en remercie le destin !). Bounine nous parle aussi des écrivains russes de l'époque : Korolenko, Andreev; Tolstoï, Gorki, Merejkovski, entre autres...
Dans la deuxième partie, il rapporte des anecdotes, le fruit de ses lectures et notamment des souvenirs et des lettres de Lydia Avilova qui fut, semble-t-il, le grand amour de Tchékhov, quoique non consommé.
Pour qui aime Tchékhov, c'est un must !
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