Contours du jour qui vient de Léonora Miano

Contours du jour qui vient de Léonora Miano

Catégorie(s) : Littérature => Africaine

Critiqué par Sahkti, le 15 février 2007 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 859ème position).
Visites : 7 343  (depuis Novembre 2007)

Enfantement douloureux d'un continent

Magnifique, une petite merveille! Je suis tombée sous le charme de ce très beau roman de Léonora Miano qui raconte quelques années de la vie d'une fillette rejetée par les siens, parce qu'elle porterait le mal en elle. Une gamine attachante, réaliste, sombrement lucide sur les dérives du continent africain. Un continent avec lequel l'auteur ne fait pas de compromis, elle n'hésite pas à condamner. La religion, la tradition, la famille, le modèle occidental. Chacun porte sa part de responsabilité, c'est écrit avec beaucoup de conviction et j'ai apprécié cette franchise, ce bon sens dans la bouche de cette petite Musango dont le seul tort est d'exister, tout simplement.
Le poids des traditions est omniprésent, l'héroïne l'énonce avec beaucoup de clairvoyance et un formidable message d'espoir. Pas de happy end, de retrouvailles heureuses mais la prise de conscience que la force est en chacun de nous et que nous devons nous prendre en main, seuls, et puis qu'ensemble, nous constituerons une entité qui pourra faire bouger les choses. Si nous le voulons. Cette question de volonté parcourt chaque page en filigrane, la passivité de beaucoup, l'abandon de la plupart face à la résignation et la misère d'une société qui ne ressemble plus à rien.
Un vrai coup de coeur pour l'écriture de Léonora Miano, son absence de misérabilisme ou de pathétisme à outrance. Pas d'effets esthétiques ou de maniérisme, tout est dit avec simplicité et en puissance. C'est sans complaisance et marquant. Bien plus efficace que les excès de violence ou le nombrilisme à tout va. J'ai adoré.

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Les éditions

  • Contours du jour qui vient [Texte imprimé], roman Léonora Miano
    de Miano, Léonora
    Plon
    ISBN : 9782259203968 ; 2,97 € ; 14/08/2008 ; 274 p. ; Broché
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Déception.

5 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 5 mars 2016

Contours du jour qui vient.

Une petite fille de neuf ans est chassée par sa mère et sa vie s'effondre. Accusée de sorcellerie, elle ne doit compter que sur elle-même dans ce pays imaginaire qui reflète toute l'Afrique. Tout y est : la prostitution, la corruption, la bêtise et la méchanceté.

Le contenu est émouvant, personne ne peut rester insensible à ce monde de tabous et de superstitions
le style par contre m'a vraiment déçu. J'ai décroché à la moitié du livre et terminé la lecture en rouspétant.
Ah... Celles qui attendent et Photo de groupe autour du fleuve avaient un texte fluide et poétique qui rendait le tout palpitant. Ici trop de lourdeurs et de longueurs. Telle est ma perception, telle fut ma déception.

Sans voix..

7 étoiles

Critique de Feriial (, Inscrite le 18 février 2010, 33 ans) - 18 février 2010

Un livre fou , traitant des fragilités d'une jeune fille ayant vécu toute sortes de choses horribles , et à la fois touchant et choquant ce livre n'en reste pas moins agréable

« Nous ne serons jamais une mère et une fille »

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 22 novembre 2009

« Il n’est que des ombres alentours, c’est à toi que je pense. » Une fillette, dans un pays de l’Afrique équatoriale non identifié mais qui pourrait être l’un des ces pays où la guerre a sévi avec une grande brutalité, entrainant les enfants dans les affres de sa tourmente, interpelle sa mère. Une mère qui l’a battue, martyrisée et enfin chassée parce qu’on ne l’a pas laissé l’assassiner. Cette fillette qu’elle accusait, avec la complicité de la diseuse de «mésaventures », d’être à l’origine de tous ses malheurs, cette fillette qu’elle avait prise comme argument irréfutable pour convaincre son conjoint de l’épouser. Mais, le riche et distingué intellectuel avait bien accepté la fillette mais pas épousé la mère qui se trouva très démunie au moment du décès du père.

Chassée de la maison paternelle, la fillette entreprend un long périple en forme de chemin de croix où à chaque station elle rencontre l’une des nombreuses misères qui affectent l’Afrique contemporaine : les bandes de gamins qui ont quitté la guerre affamés comme des loups et qui se jettent sur tout ce qu’ils trouvent avec une grande sauvagerie, les trafiquants qui promettent la France ou l’Europe aux jeunes femmes crédules qui finiront sur les trottoirs, les sectes qui manipulent et dépouillent leurs ouailles sans vergognes, les quartiers populaires où survivent, au-delà de la famine, les plus démunis, les vraies victimes de la misère africaine, …

Et c’est toute cette Afrique contemporaine orpheline de ses structures patriarcales et sociales qui ont volées en éclat avec la colonisation et que rien n’a remplacées au moment de la décolonisation, qui défile au fil des pages de ce roman. Cette Afrique victime de toutes les malversations, de tous les trafics, de la corruption, des guerres, des luttes intestines, des convoitises des aventuriers en tout genre et des puissances étrangères qui lorgnent sur ses richesses que Miano peint sans aucune concession pour ces contemporains africains. «Ce peuple qui ne peut croire en rien, puisqu’il ne croit pas en lui. Tout doit venir d’ailleurs, d’en haut, d’en bas, peu importe, pourvu que ce ne soit pas de l’intérieur. » Un peuple qui a perdu la capacité à se satisfaire lui-même, corrompu par l’assistanat colonial ou humanitaire et qui n’a plus pour échappatoire de « faire la France » ou « faire l’Europe ».

Et dans ce tableau apocalyptique, les femmes et les enfants occupent une place de choix, bouches inutiles qui ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour ne pas mourir de faim ou de toute autre calamité. Mais quand on touche, le fond, le fond du fond, il se peut qu’une main se tende en forme de secours, une petite lucarne vers la survie, vers un avenir encore possible … Et la fillette, n’abandonnera jamais l’envie de vivre encore un peu car elle a encore des choses à vivre, à découvrir, elle cherche ses racines réelles pour pouvoir construire une identité et une vie car elle veut la vivre cette vie qui lui est due. Comme cette jeune Afrique complètement à la dérive qui ne doit pas abandonner mais sortir de cette ornière entre l’obscurantisme hérité des pères et la modernité factice apportée par les blancs, pour un jour pouvoir espérer un réel avenir. « Les crânes jalousement conservés de nos ancêtres ne feront rien pour nous. Les oracles des voyantes ne pourront énoncer que des contrevérités, et les cierges de toutes les couleurs ne brûleront que pour convoquer à nos côtés des entités trompeuses. »

L’avenir appartiendra à ceux qui, « ont comme moi aboli l’amertume et la vindicte, pour que leur vie ne s’écoule pas en perpétuels regrets. » Mariam Bâ, nous avait laissé avec tous ses espoirs déçus après avoir conquis la liberté et Léonora Miano reprend le flambeau pour insuffler un nouvel élan au moment ou tout semble perdu, invitant ses contemporains à regarder devant. « Ils devraient savoir qu’on ne peut pas se développer lorsqu’on s’arrime ainsi au jour qui fuit, au lieu de songer à celui qui vient. »

Recherche de l'amour maternel

9 étoiles

Critique de Campanule (Orp-Le-Grand, Inscrite le 10 octobre 2007, 62 ans) - 5 mai 2008

J'ai adoré ce livre bien qu'ayant lu peu de critiques. La recherche de l'amour maternel est poussée à son extrême et est vraiment sans borne et sans limite. Cette jeune africaine pourtant est bien mal partie dans la vie mais au fil des années , elle apprend à comprendre la séparation avec sa mère et c'est après une grande recherche aussi bien physique que psychologique qu'elle retrouve enfin celle qu'elle aime et à qui elle finit par pardonner. Une belle histoire dure mais riche en sentiments. J'ai particulièrement bien aimé ce récit qui se passe en Afrique ayant eu l'occasion d'y aller plusieurs fois.

sublime et bouleversant

10 étoiles

Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 19 février 2008

Ce magnifique roman est un pur bijou de littérature et un vrai plaisir de lecture.
Le thème: une Afrique déliquescente et sublime,
Le style: métaphorique, poétique et incisif,
Le point de vue d'auteur: un dialogue entre Musango, fillette au regard acéré chassée de sa maison et sa mère indigne et cruelle, où l'emploi du "tu", plus qu'une adresse à la mère est aussi une prise à témoin du lecteur.
Dans ce texte magnifique, Léonora Miano nous livre un regard très dérangeant sur l'Afrique d'aujourd'hui, sur les dérives effrayantes de ce continent qui semble les vivre toutes mais aussi sur la responsabilité collective et individuelle que nous portons tous...
Même si ce texte est chargé d'espoir, il nous bouleverse...

Horreur et fascination

9 étoiles

Critique de Cameleona (Bruxelles, Inscrite le 19 février 2001, - ans) - 6 avril 2007

Leonora Miano nous révèle ici une autre Afrique, dure et impitoyable, un monde où l’entraide est pratiquement inexistante et où l’on accuse les enfants de sorcellerie pour mieux se débarrasser d’eux. Dans « Contours du jour qui vient », on suit avec horreur et fascination les aventures de la petite Musango, chassée de chez elle et errant à travers un pays africain imaginaire mais ô combien réaliste. Un très grand roman, qui plus est écrit dans une langue savoureuse qui touchera particulièrement les adeptes de l’écriture créole.

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