Le passage des ombres de Isabelle Hausser
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Nostalgie
Le passage des ombres
Isabelle Hausser
"Le passage des ombres" se passe dans un village du sud de la Drôme (Malemort, près de Valence) et constitue le récit de trois personnages qui ont chacun subi un deuil. Il y a Elise, médecin de Malemort, qui a perdu un mari volage, épousé sur le tard. Elle continue aussi à souffrir de la mort de sa mère, survenue un quart de siècle auparavant et dont elle persiste à se sentir coupable. Il y a Guillaume Barbier, son ami d'enfance, devenu juge d'instruction: ce dernier avait épousé Claire qui l'a quitté à la suite de la mort accidentelle de leur fils Aurélien. Enfin, il y a William Barber, un historien américain de Guillaume dont la femme a disparu dans le World Trade Center le 11 septembre 2001 et dont le corps ne fut jamais retrouvé. William a quitté les Etats-Unis pour une année sabbatique afin d’écrire un ouvrage sur les migrations. Guillaume qui est juge à Valence lui a prêté sa maison de Malemort où il revient chaque week-end. Les trois personnes se retrouvent donc pour faire de la musique ensemble et cette musique se substitue aux mots et au langage. Les relations d'Elise avec ses deux camarades évoluent sans que les deux hommes se l'avouent mutuellement. Il ne se serait pas passé grand-chose si Guillaume n'avait pas décidé d'entreprendre des travaux dans une vieille remise qui se trouvait dans son jardin. La ruelle passant devant cette maison s’appelait « passage des Ombres ». Les ouvriers chargés du travail découvrirent sur l'une des poutres de la remise le texte de la confession d'un meurtre sans doute très ancien.
Parallèlement à ce meurtre qui remontait au XVIIe siècle, eut lieu, dans le temps du récit, un assassinat très médiatisé: le corps d'une femme décapitée fut retrouvé et sa tête avait été déposée sur un pont. L'instruction fut confiée à Guillaume. Cela pourrait sembler banal, si William et Guillaume ne s'étaient pas laissés emporter par leur imagination jusqu'à l'égarement. De son côté, Elise est débordée par ses patients et parfois elle succombe au découragement.
Ce roman s'empare du lecteur progressivement. Par petites touches, Hausser créé une atmosphère intimiste et étrange. On ne sait pas où elle veut nous mener mais on se laisse guider. A découvrir, sans aucun doute, tout en intériorité. Quant à l'aspect sentimental, il règne un suspense insoutenable : imaginez deux hommes très amis et une femme (amie de l'un d'eux depuis l'enfance), dans les bras duquel va-t-elle succomber, l'amitié des deux hommes pourra-t-elle perdurer ? Mais d'ailleurs qui dit qu'elle succombera… L'amour emprunte parfois de longs détours. Il passera longtemps au second plan de cette histoire d'amitié, joliment orchestrée, à trois voix. C’est d'abord ce sentiment plus timide qui est à l'honneur, avec la délicatesse, la fidélité et la discrétion qui font défaut aux grandes passions. Les regrets valsent sur une mélodie tout aussi mélancolique. Les égarements du coeur et de l'esprit trouvent leur dénouement dans la douleur, prix de la sérénité retrouvée. Une musique grave et profonde, mais qui sonne toujours aussi juste.
Pour parachever l'ensemble, l'Américain du trio nous fera partager ses réactions, ses états d'âme face à l'actualité américaine. Il était horrifié par l’ordre moral qui descendait sur les Etats-Unis. Qu’auraient pensé les pères fondateurs et Lincoln, si attachés à la séparation de l’Église et de l’Etat, en apprenant qu’à la Maison Blanche, la première réunion du matin commençait par une prière ou que l’actuel président de leur pays affirmait être inspiré par Dieu, son « autre père » ?
Les éditions
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Le passage des ombres [Texte imprimé], roman Isabelle Hausser
de Hausser, Isabelle (Traducteur)
Éd. de Fallois / LITTERATURE
ISBN : 9782877065986 ; 15,02 € ; 07/09/2006 ; 363 p. ; Broché
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convainquant mais pas convaincue...
Critique de HildegardeVonBeaumont (Beaumont, Inscrite le 21 novembre 2008, 56 ans) - 22 novembre 2008
Le huit-clos intimiste par contre est, d'un point de vue psychologique, extrêmement intéressant et bien mené.
Puis l'histoire dans l'histoire aussi, sauf qu'on a envie de lire soit l'une, soit l'autre et passer de l'une à l'autre n'est pas simple...alors que cette technique déjà utilisée dans "l'élégance du hérisson" était tout à fait acceptable, voire même artistique....ici c'est plus compliqué !
Je reste quand même sur une note positive de ce livre !!
William rencontre Guillaume
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 18 novembre 2007
L'amitié, que ce soit l'amitié entre deux hommes ou l'amitié homme - femme est un thème principal de ce roman. L'autre thème c'est le deuil, la difficulté d'en parler, le sentiment de culpabilité aussi de celui qui reste. A côté de cela l'auteure enrichit l'histoire d'une sorte d'énigme historique assez bien torchée, mélangée à un fait divers sanglant. Bref les fantômes du passé flottent décidément sur ce roman.
L'auteure avait déjà de quoi faire un roman riche, mais au risque de devenir indigeste, elle livre par l'intermédiaire de son personnage américain quantités de considérations sur la politique étrangère de Bush. Intéressant, certes, mais cela plombe le roman qui était déjà touffu. L'action n'étant pas très serrée, le lecteur se perd dans les méandres des considérations diverses sur la mentalité américaine (fallait-il vraiment aborder la question du créationisme versus le darwinisme au US ?). Ce qui fait que malgré un début très prometteur je me suis égaré dans ce roman, d'ou ma note finale mitigée.
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