L'esprit de l'athéisme de André Comte-Sponville
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités
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De l'utilité d'une spiritualité sans Dieu
Je découvre réellement Comte-Sponville avec cet ouvrage qui a visiblement très bien marché à la vente (comme souvent avec lui d'ailleurs).
D'abord j'ai trouvé que le livre était (assez) vulgarisé; ici peu ou pas de longues digressions philosophiques inutiles, tout est concis, argumenté et agrémenté de quelques exemples assez parlants et permettant d'avoir un angle abordable sur un sujet à priori austère, à savoir: Dieu existe-t-il et quels sont les succédanés permettant une spiritualité dénuée d'un Dieu ?
Comte-Sponville nous éclaire ainsi sur la différence entre athéisme et agnostie, humanisme et nihilisme et permet (enfin!) de regarder la question de la déité au travers du prisme des différentes religions et époques traversées. Point de culpabilisation ni de fanatisme dans ce livre; les croyances des uns et des autres y sont respectées mais la prise de conscience du "moi" est omnipotente, pas de subordination, pas de moralisation mais juste la grande "expérience" chère à Comte-Sponville qui permet à chacun de trouver en Dieu ou en une spiritualité quelconque la force de vivre et d'aborder les questions essentielles et métaphysiques de la mort, du commencement de tout, de l'après etc....
Bref un assez bon livre qui se lit facilement et apporte des réponses intéressantes sur le sujet de Dieu, sans sophismes ni conjectures douteuses. J'ai juste regretté que l'auteur étale un peu trop à mon goût ses références à tout bout de page (et du Spinoza par ci, de l'Aristote par là, du Alain en re-veux-tu et du Leibniz en re-voilà), non pas que les références m'aient agacé mais juste que chaque pensée ou avis de l'auteur trouvait une confirmation chez un "Classique". Cette façon d'en référer à un autre a postériori, sans possibilité que l'auteur cité puisse en répondre (forcément post-mortem c'est difficile), a tendance à m'agacer un peu.
Les éditions
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L'esprit de l'athéisme [Texte imprimé], introduction à une spiritualité sans Dieu André Comte-Sponville
de Comte-Sponville, André
Albin Michel / ESSAIS DOC.
ISBN : 9782286023492 ; 16,20 € ; 04/10/2006 ; 228 p. ; Broché
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La Spiritualité pour un athée
Critique de Angreval (Brossard, Inscrit le 11 août 2010, 78 ans) - 10 avril 2014
Son propos n'est pas dogmatique; il réprouve tout fanatisme ou intégrisme autant athée que religieux. C'est la raison qui anime son cheminement, mais il sait en reconnaître les limites. Il reste quand même un ensemble de démonstrations qui, malgré l'impossibilité fondamentale de trancher la question, sont en mesure de susciter l'adhésion. Sur ce point, sa discussion sur la position de l'agnostique en regard de sa définition de l'athée est éclairante. Après Kant, ses distinctions sur les niveaux de créance (citation p. 82) génère une réflexion propre à modifier mes positions, du moins sémantiquement. Puisque en ce domaine, on ne peut savoir, que représente l'opinion qu'on peut se faire? Où nous situe-t-elle idéologiquement ?
Il résout la question de notre appartenance à notre civilisation judéo-chrétienne en proposant la fidélité: la transmission des valeurs familiales, civiques, culturelles. < C'est en étant culturellement conservateur qu'on peut être politiquement progressiste > (p. 41) Cette fidélité appelle une communion au sein de la société, un humanisme et mène finalement à l'amour qui est
Une spiritualité plus mystique, dans la dernière partie, fait appel à des expériences personnelles intenses qui , par delà les religions, font se rejoindre tous les mystiques. Cette section s'avère toutefois d'une lecture plus difficile tant ce type d'expérience se prête mal à la communication et au partage. J'en retiens une communion intense avec l'infini de la nature et de l'univers vécue comme une extension du moment présent transformé en éternité.
Quelques citations:
P 12: La spiritualité est une chose trop importante pour qu'on l'abandonne aux fondamentalistes.
P 18: Le besoin de croire tend à l'emporter presque partout sur le désir de liberté.
P 21: La perspective de l'enfer est plus inquiétante que celle du néant.
P 41: Alain en France et Hannah Arendt aux États-Unis l'ont bien montré: c'est en transmettant le passé aux enfants qu'on leur permet d'inventer leur avenir; c'est en étant culturellement conservateur qu'on peut être politiquement progressiste.
P 61: Sapere aude, comme disait Kant après Horace et Montaigne: ose savoir, ose te servir de ton entendement, ose distinguer le possiblement vrai du certainement faux.
P 69: Ce qui fait la valeur d'une vie humaine, ce n'est pas la foi, ce n'est pas l'espérance, c'est la quantité d'amour, de compassion et de justice dont on est capable.
P82: Kant dans la Critique de la raison pure distingue trois degrés de créance ou d'assentiment: l'opinion qui a conscience d'être insuffisante aussi bien subjectivement qu'objectivement; la foi qui n'est suffisante que subjectivement, non objectivement; enfin le savoir qui est suffisant aussi bien subjectivement qu'objectivement.
P136: Dieu est trop désirable pour être vrai; la religion trop réconfortante pour être crédible.
L'art de faire de l'ombre aux vrais athées
Critique de Rudzaw (, Inscrit le 7 octobre 2007, 66 ans) - 21 octobre 2007
Le livre est bien écrit mais totalement exempt de force de conviction. Il démarre tout de même très bien avec une démonstration de la possibilité de vivre sans religion et une critique cinglante des intégristes religieux.
Le chapitre « Dieu existe-t-il ? » est par contre très décevant. ACS s'exprime comme un véritable agnostique tout en refusant cette qualification. L'agnostique me semble bien être quelqu'un qui prétend qu'il est impossible de prouver l'existence ou l'inexistence de Dieu ainsi que de le connaître. La suite du chapitre ne fait que souligner avec complaisance et respect la faiblesse des arguments en faveur de l'existence de Dieu, sans prendre position. ACS se place alors dans une croyance en l'inexistence de Dieu provenant d'une simple constatation que les arguments pour son inexistence sont plus judicieux. Ceux qui oseraient dépasser ce jugement et se construire une conviction sont qualifiés d'imbéciles.
La fin du livre fait prendre conscience que l'athée (agnostique) peut très bien partager les valeurs chrétiennes et être épris de spiritualité. Cette fin de livre est plus littéraire et poétique, agréable à lire, quoiqu'un peu longue et hors sujet, car la spiritualité, pour un vrai croyant, est une sensation d'élévation spirituelle à travers un contact avec Dieu et non une émotion communiquée par la contemplation des merveilles de la nature.
Cette façon de traiter le sujet de l'athéisme est fortement critiquée dans un livre récent (Dieu et l'impossible création) dans lequel l'auteur fait une analyse approfondie de la question de l'existence de Dieu et définit de manière plus fine les différences entre théiste, déiste, agnostique et athée.
Clair et didactique
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 18 septembre 2007
En outre, il arrive à répondre aux arguments considérant les athées comme relativistes de manière fort convaincante.
Je me rallie donc en tout point avec la critique précédente sauf sur un point : je considére la référence permanente aux grands classiques de la philo (surtout Spinoza, mais le propos de Comte Sponville en est très proche) comme une réelle valeur ajoutée, non seulement par souci méthodologique, mais aussi sur le fond car l'auteur défend précisément une attitude de fidélité au fond culturel qui le "définit", et que l'on retrouve dans toute la culture occidentale. Difficile dans ce contexte d'en oublier les plus grands penseurs.
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