Philosopher ou l'art de clouer le bec aux femmes de Frédéric Pagès

Philosopher ou l'art de clouer le bec aux femmes de Frédéric Pagès

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par MOPP, le 26 décembre 2006 (Inscrit le 20 mars 2005, 88 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 249ème position).
Visites : 4 782  (depuis Novembre 2007)

Les dessous de la philosophie

Ne soyez pas effrayées, Mesdames, l'auteur ne s'attaque pas à vous, mais bien à ceux-là qui vous barrent la route par tous les moyens.

F. Pagès est agrégé de philosophie, journaliste au Canard enchaîné et président de l'association des amis de Jean-Baptiste Botul, un philosophe ignoré de tous puisqu'il n'a pas publié.

Vous me direz que Socrate n'a pas publié non plus.
Bon.
Toute l'histoire, ici racontée part de notre buveur de ciguë et l'auteur de notre livre montre comment Platon a écarté les femmes du Banquet.

Livre étonnant rempli d'humour et de vérité(s) ; à ne pas manquer.

M.P.

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"Où sont les femmes... philosophes?"

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 4 janvier 2007

Pagès montre que les femmes, à défaut d’avoir été reconnues comme philosophes, ont souvent animé la vie intellectuelle de leur époque, et ce, depuis les Grecs, même si elles n’ont pas toujours été reprises sur la photo. Platon n’évoque aucune femme dans ses ouvrages sensés pourtant rapporter la vie intellectuelle autour de Socrate. Avant la Révolution, les femmes tiendront salon, auxquels assista David Hume, débarquant à Paris, et qui lui feront privilégier aux traités et aux cours le « genre moins pesant de l’essai », ouvrage court écrit sur un seul sujet sans jargon, précise l’auteur. « L’essai finalement, enchaîne Pagès, c’est une conversation de salon – aujourd’hui, on dirait de radio - et récrite : l’heureux mariage de l’écrit et de l’oral, capable de libérer l’énergie intellectuelle des femmes. »

L’auteur rappelle que si les femmes furent rarement philosophes (et il précise aussi que cela a dépendu de la définition qu’on a donnée à « philosophe »), elle furent souvent psychanalystes.
Il rapporte aussi une conversation (dans le n° 1 du magazine Philosophie) entre Nicole Garcia (avouant pratiquer la philo comme une "passion secrète") et le désormais reconnu Michel Onfray dans laquelle Onfray adopte la position du Philosophe qui a réponse à tout. Maître de lui-même et de l’univers, ajoute Pagès.

Comme l’a écrit Mopp, Pagès fait partie de l’Association des amis de J.-B. Botul, qui a bel et bien existé. Voir à botul.free.fr

Enfin, ce passage-clé de ce petit livre réjouissant :
"Faut il imaginer une malédiction spéciale pesant sur les femmes philosophes et leurs écrits ? Il est vrai que le métier d’écrivain a bien changé. Aujourd’hui, l’encre à peine sèche, nous portons le moindre texticule chez l’éditeur. Pourtant, il a fallu des siècles pour que les auteurs s’admirent dans la couverture de leur livre comme Narcisse dans son miroir. Les femmes, bien plus que les hommes, ont eu cette pudeur. Quelle drôle d’idée en effet ! Ecrire, passe encore, mais publier ! Longtemps la littérature féminine s’est cantonnée à la correspondance et aux journaux intimes, c’est-à-dire à de l’écrit personnalisé à court terme, adressé à quelqu’un qu’on connaît, à un cercle de proches, ici et maintenant, sans souci de la postérité. Quant à écrire pour des inconnus, pour un public qui reste dans l’ombre, c’est une autre histoire. S’l y avait un principe d’écriture féminine, il s’énoncerait ainsi : on écrit toujours pour quelqu’un. Au contraire, au cœur de la philosophie agit un principe masculin selon lequel on écrit pour tout le monde, pour la totalité du Monde, sans destinataire particulier – pas pour la famille ou le club d’amis, ni pour le canton ni pour le salon, mais pour tous les humains en tant qu’humains. (…) A cette écriture qui, ne s’adressant à personne en particulier, s’adresse à l’humanité tout entière, les femmes ont mis du temps à se convertir. »

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