Morceaux choisis de Marc-Édouard Nabe

Morceaux choisis de Marc-Édouard Nabe

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Aldus, le 25 décembre 2006 (Nantes, Inscrit le 12 novembre 2005, 61 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 542ème position).
Visites : 4 045  (depuis Novembre 2007)

A déguster sans modération

Les Morceaux choisis sont un genre posthume. Qu'on se rassure, Nabe est bien vivant, le cadavre n'est pas encore putrescible et l'on s'en réjouit. Quel bonheur de retrouver des morceaux choisis classés par thèmes (quel boulot!!) dans son oeuvre éditée depuis vingt ans, n'en déplaise aux grincheux et dieu sait qu'ils sont nombreux qui voudraient le voir au pire six pieds sous terre, au mieux dans un purgatoire littéraire sans espoir. Alors, lisez ses morceaux choisis, replongez-vous dans le Journal de Nabe, ce monstre de littérature. Par les temps qui court, c'est tellement rare. Bon, vous l'aurez compris, je suis nabien de coeur et j'emmerde Miller et consorts.

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Une sorte de "Best of"

6 étoiles

Critique de Fabian (, Inscrit le 28 septembre 2011, 43 ans) - 7 octobre 2011

J'apprécie l'homme et ses coups de gueule, et on n’est pas toujours de son avis, mais au moins Nabe se livre entièrement et sans peur de déplaire. Pour ma part je m’arrêterai là pour cet auteur.

Marc-Edouard Nabe : le "no-mén !" de la littérature

4 étoiles

Critique de Serge ULESKI (Paris, Inscrit le 26 novembre 2007, 55 ans) - 10 novembre 2010

A la lecture de Marc-Edouard Nabe (MEN), difficile de trouver une pensée un tant soit peu cohérente, mais bien plutôt des humeurs souvent mauvaises ainsi que la tentation toujours renouvelée de se saborder.

Nabe semble tout sacrifier au style, le sens passant le plus souvent à la trappe. Or, en littérature, tous les grands stylistes ont aussi une tête bien faite.


Certes, ce qui importe ce n’est pas ce qui est écrit mais bien… comment c’est écrit… mais lorsque Nabe abandonne ce comment, très vite on se rend compte que le fond de sa « pensée » reste très peu structurée, et relève plus de l’humeur que d’une opinion avisée et informée, fruit d’un vrai travail de réflexion, la fréquentation prolongée de Choron et de Harakiri n'ayant sans doute rien arrangé.


Il suffit simplement de revoir sa prestation de 1985 à l'émission Apostrophe de Bernard Pivot, pour s'en convaincre ; Nabe était venu présenter son premier ouvrage publié «Au Régal des vermines » ; et d'aucuns ajouteront : "Nabe était aussi venu parfaire, ce soir-là, en direct, une crise d'adolescence qui n'en finit pas" - il a alors 25 ans -, car... en dépit de la suffisance ou le manque d’ambition littéraire de ceux qui l’entouraient ce soir-là, dans cette émission, Marc-Edouard Nabe n’a que l’excuse de son jeune âge et le talent de sa plume.


Pour le reste...



Les analyses de Nabe ne dépassent guère le cadre de son cas personnel, et quoi qu'on en dise... celui d'un enfant gâté du show-business : enfant capricieux de surcroît.


Nabe n'est concerné que par Nabe (1), incapable qu'il est d’envisager une autre expérience que la sienne ; ce qui relativise la portée de ses analyses et les fragilise ; et aujourd'hui, vingt cinq ans plus tard, on retrouve cette même lacune même si Marc-Edouard Nabe semble encore capable, le temps d'un tract, d'ouvrir en deux, tel un éclair, le ciel d'une pensée médiatique qui ne s'autorise plus rien, avec un texte tel que "Enfin nègre !" qui a pour sujet : l'élection d'Obama.


1 - Pour un peu, on en viendrait même à penser que si nous n'avions pas eu BHL (et non... - comme Nabe semble le penser -, Houellebecq car, même les SDF ont plus d'allure que ce dernier), nous aurions très certainement eu Marc-Edouard Nabe en intermittent amoureux de son propre spectacle, de sa propre image dans le gigantesque miroir médiatique auquel il aurait eu librement accès.




***


A la lecture de ses ouvrages, on serait vraiment tentés de penser qu'il n’est jamais rien arrivé à Nabe, excepté... peut-être, de se faire gifler par un certain Benamou (célèbre inconnu) et traiter de "fasciste" dans les années 80 par un dénommé Gérôme Garcin plus connu comme éternel écolier lèche-bottes des littérateurs ; ou bien encore, d'avoir eu pour père un clarinettiste de jazz plus qu'honorable, nommé Marcel Zanini, lequel s'est fait connaître du grand public avec une chanson tiroir-caisse dans la plus belle tradition d'un show-business dont le cynisme a pour termes : "C'est sûr ! Ils vont adorer ça, tous ces cons !"


Traumatisme fondateur que cette compromission opportuniste d'un père dont le fils, quelques années plus tard, à 25 ans, bouffi d’intégrité et de pureté viendra faire la leçon chez Pivot à des auteurs avachis dans leur fauteuil ?


Est-ce aussi la raison pour laquelle Nabe est souvent cruel avec le malheur des autres, celui qui frappe ses ennemis en particulier, comme pour ne pas désespérer de sa propre impuissance à faire advenir quoi que ce soit dans son existence car, enfin...

Il n’a de cesse de courir après Jean Genet et Ferdinand Céline (2)- même si on attend encore et toujours de Nabe son « Voyage au bout de la nuit » à lui ! Tout en oubliant que Genet avait de bonnes raisons d’être Jean Genet (se reporter à son histoire personnelle - son enfance, plus particulièrement).


Il semblerait qu'il ne reste alors à Nabe qu'un refuge : le refuge de ceux qui sont nés trop tard dans un monde décidément beaucoup trop jeune pour eux ; un monde en perpétuelle mutation – un monde sans âge ; refuge qui a pour nom : anachronisme.


Et pourtant !


Si seulement Nabe savait à quel point il est de son époque (3) - époque impudique, vénale, sans honneur et sans loyauté, victimaire et larmoyante -, il aurait très certainement, et depuis longtemps, fui l’écriture car, seule notre époque est capable d’accompagner sournoisement et de hisser, un rien cynique, un tel nihilisme décadent et une telle haine de soi jusqu’au sommet d’une gloire aussi maudite que factice.


Pour s'en convaincre, on se reportera à l'ouvrage "Marc-Edouard Nabe, Morceaux choisis" édité chez Léo Scheer - compilation d'extraits de textes ; ouvrage mal inspiré, sans colonne vertébrale, à la mise en pages illisible, et au contenu répétitif jusqu'à saturation : haine de soi, haine de l'autre, auto-apitoiement, ragots sur le milieu littéraire, détails de la vie domestique de l'auteur etc... le tout dans l'ordre et dans le désordre avec toutes les permutations possibles sur cinq cents pages...



Un livre qui dessert Nabe comme jamais !


Quant à la rébellion et à l'anti-conformisme de Nabe, ils s'articulent le plus souvent autour d'un "Soyez pour et nombreux... que je puisse être contre et seul ; et si d'aventure vous changez d'avis, prévenez-moi que je puisse en faire autant."


Car... lire Nabe c'est être mis au défi de trouver une idée, une seule idée qui ferait de lui un auteur qui se tient debout devant son lecteur.



2 - Céline… qui n'était pas un enfant du show-business (c'est le moins que l'on puisse affirmer) reste un pur produit d' une France de l’après boucherie de 14-18, avec le traumatisme de la trahison de l’espoir et les humiliés de Bernanos ; génération sacrifiée dont nul n’attendait le meilleur ; l’époque l’interdisait : elle n’en avait plus besoin (à ce sujet, difficile de ne pas penser au père de Céline, homme très cultivé mais incapable de se faire une situation et de subvenir aux besoins de sa famille). Aussi, ce meilleur dont l’époque ne savait que faire, cette génération l’a accumulé jusqu’à devenir une force. Et quand cette force s’est libérée, de quoi a-t-elle accouché ? De quelles actions vertueuses ? Ou bien, de quels desseins monstrueux pour avoir trop longtemps macérée dans la frustration, le ressentiment, l’impuissance, la retenue et le dépit ? Ce meilleur-là a alors donné naissance au pire qui est souvent, en littérature, le meilleur.



3 - Excepté lorsque Nabe traite de religion, seule capable, semble-t-il, de venir à bout du forcené qu'il est : Mais alors, qu'il se fasse curé !




***



Sans doute Nabe a-t-il grandi trop vite, ce qui revient à dire qu’il n’a pas eu le temps de grandir et ce faisant, de mûrir, emporté, très tôt par le tourbillon de la certitude de son talent...


Mais oublieux du fait que... même en littérature, on ne peut décidément pas faire l’économie d’une démarche et d'une dynamique qui soient porteuses de sens ; et plus encore quand on a l'ambition de déchiffrer la réalité.


En 1985, chez Pivot, Nabe s'exprimait en ces termes : "... je suis complètement envahi par la littérature..."


Plus on est sûr de soi, plus on est assuré de se tromper puisque plus on pense toucher au but plus on s'en éloigne.


Au fil des ans, il se pourrait bien que Nabe soit passé à côté de la littérature qu'il souhaitait incarner (ou ré-incarner, après Céline et Genet) s'étant vautré plus que de raison, et très certainement à son insu, dans une littérature défouloir, une littérature de transfert, une littérature de divan mais... sans le génie des surréalistes et de leur appropriation de la psychanalyse ; "littérature" qui, pour une très large part, aurait dû ne concerner que lui et quelques confidents - professionnels ou pas car...


Quitte à faire le clown, ou bien encore... à jouer les méchants et les infréquentables de service, in fine, la seule préoccupation de Nabe dès l'âge de 20 ans n'aura-t-elle pas été comme nombre de ses contemporains - enfants qui ont grandi entourés de personnages publics (politique, cinéma, musique, chanson, journalisme, littérature etc... ces enfants-là courant plus que les autres après la réussite de leurs parents) : "Comment ne pas mourir seul et sans trois petites minutes de commentaire au journal de 20H ?!"



Préoccupation qui n'a plus lieu d'être.



Aussi, qui saura rassurer Nabe à ce sujet pour que, une fois apaisé, il se décide enfin à servir la littérature ?

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