Journal 1931-1934 de Anaïs Nin

Journal 1931-1934 de Anaïs Nin

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par DomPerro, le 7 novembre 2006 (Inscrit le 4 juillet 2006, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 842ème position).
Visites : 5 505  (depuis Novembre 2007)

La vie d'une oeuvre

Anaïs Nin, née en 1903 dans la banlieue parisienne, est célèbre pour l’ampleur de son Journal intime, tenu depuis l’âge de onze ans. Le premier tome, qui s’étend de 1931 à 1934, est le plus intéressant à mes yeux, car il dresse parfaitement le portrait d’une existence bohémienne et artistique des plus denses avec, en premier plan, la figure de Henry Miller. Elle écrira à son sujet : ''Je dis à Henry qu’il savait très peu de choses sur lui-même et que c’était la raison pour laquelle il comprenait si mal le monde. Je parlai de son égocentrisme, de la manière exagérée dont il s’affirmait dans ses livres, de son manque de fermeté fondamentale.'' Le Journal de Nin renferme aussi de magnifiques portraits sur June, la femme de Miller, et Antonin Artaud.

D’emblée, l’adage qui veut que l’écriture soit le tombeau de la parole n’a aucun sens pour la diariste, car le verbe écrire a bien plus de valeur que le verbe parler. Abandonner l’écriture équivaut à élargir le vide que ressent Nin. ''Je ne sais parler qu’en écrivant. Je suis muette dans la vie. Il faut que j’écrive. (…) En ne me publiant pas on me clôt les lèvres, on m’enterre, on nie mon existence.''

Selon Gombrowicz, être diariste signifie devenir son propre commentateur, mieux son metteur en scène. Pour se détourner du faux, Anaïs Nin adopte une écriture rapide, prétextant que l’évanescente vérité oscille dans l’instant présent. L’écriture du Journal de Nin va dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Écrire sur ce qui compose ma vie, avant qu’elle ne soit décomposée avec le temps. L’annotation des dates confirme l’existence d’Anaïs à travers le temps. C’est l’enjeu de l’empiétement de la mort sur la vie : ''Je découvre sans cesse que le Journal est en effort pour ne pas me perdre, pour garantir contre l’éphémère, les morts, les déracinements, les dessèchements, les irréalités. Je sens que lorsque j’enferme, je sauvegarde tout. Cela vit ici.''

Le Journal de Nin est-il l’œuvre d’une vie ou la vie d’une œuvre ? Ici, les mots vie et œuvre sont absolument synonymes. Un journal intime, c’est une mise en abyme d’une vie… D’une vie abîmé par l’écriture. Anaïs Nin, lucide, écrira à propos de son Journal : ''Je t’ai créé parce que j’avais besoin d’un ami. Et peut-être qu’en parlant avec cet ami j’ai gaspillé ma vie.''

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Le journal qu'on aimerait savoir écrire

10 étoiles

Critique de Lu7 (Amiens, Inscrite le 29 janvier 2010, 38 ans) - 13 juillet 2010

C'est une claque que l'on se prend: autant de liberté et de modernité chez une femme, dans les années 30 !
L'écriture est si claire, les confidences sont si sincères... vraiment troublant. On aimerait pouvoir se lire comme on lit Anaïs Nin.

magnifique esprit

10 étoiles

Critique de Lilaka (, Inscrite le 18 septembre 2007, 53 ans) - 18 septembre 2007

J'ai lu ce livre pendant l'hiver 2006. J'ai été stupéfaite par la modernité de l'esprit de cette femme, par sa soif de culture, d'indépendance, et par la recherche de la sincérité de l'écriture. Et il m'a fallu admettre qu'elle écrivait bien pourtant dans les années 30... du siècle précédent. Je conseille sa lecture à qui est en recherche.

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