Bouche cousue de Mazarine Pingeot
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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La souffrance d'un secret
Pas réjouissant ce livre ! Mazarine Pingeot l'adresse à son enfant à naître, pour lui débroussailler un peu le terrain, mettre de l'ordre dans ses souvenirs, lui confier un héritage lourd mais qu'elle voudrait alléger.
Le style est très original, mais un peu déboussolant. Je le ressens comme agressif, décousu, embrouillé, contenant une certaine colère. Mazarine répète très souvent la même chose, toujours avec des mots différents. Elle mélange les époques et reste tout à la fois un peu dans le flou. Le débit a juste l’air de s’apaiser légèrement vers la fin.
Ce livre transpire littéralement la souffrance. Elle dit que son père lui « a légué une solitude et le refus de s’appuyer sur qui que ce soit pour devenir soi-même ». Elle a dû se construire une carapace au triple blindage et en découle une insensibilité chèrement acquise. D’un côté, elle affirme avoir été heureuse, mais d’un autre, elle avoue à son enfant à naître qu’elle ne lui souhaite pas d’être enfant et ensuite adolescent tellement cela est difficile à vivre. On ne s’imagine pas toute la souffrance que peut entraîner une telle clandestinité vécue tous les jours et ce livre nous le répète à toutes les pages. Je ne comprends pas bien pourquoi Mazarine explique sans arrêt combien cela lui est difficile de retranscrire ses souvenirs, de les transformer en mots ? Mais une chose est sûre : elle aimait passionnément ce papa hors du commun.
Les éditions
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Bouche cousue [Texte imprimé], récit Mazarine Pingeot
de Pingeot, Mazarine
Julliard
ISBN : 9782260016588 ; 18,50 € ; 01/02/2005 ; 228 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (8)
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Née de père trop connu
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 6 novembre 2019
Des souvenirs de souffrance quand elle entendait railleries, insultes, paroles haineuses proférées à l’encontre du chef de l’état, dont elle prenait la défense sans pouvoir justifier cet acharnement viscéral, la blessure de voir son père en marionnette du Bébête Show.
Les souvenirs aussi d’une certaine solitude en dehors du cocon familial, de la difficulté de recevoir ses amies chez elle.
Mais aussi des souvenirs émouvants de l’amour dont elle a été toujours été entourée, de son "enfance idéale, sauf qu’elle était cachée".
Des chapitres comme un inventaire pour raconter différents épisodes, différents sujets.
Et puis un jour, à la sortie d’un restaurant, des téléobjectifs dissimulés qui révéleront le visage de la "fille illégitime bâtarde".
Elle est , à partir de ce jour, la fille reconnue de François Mitterrand, un changement de statut brutal qui la fait passer de l’ombre à la lumière, avec autant de difficultés de vivre l’un comme l’autre.
"Cela m’émeut, parfois moins. Que l’on me le rappelle encore et toujours, que l’on me rappelle qu’en plus d’être une jeune fille de vingt-huit ans je viens de là, je porte sa mémoire. Et si, pendant dix-neuf ans, personne n’aura l’idée de me parler de lui, je suis désormais celle dont on vient combler les lacunes. Mais les lacunes demeurent, parce que dix-neuf ans de silence, de désintérêt sur tout ce qu’il pouvait être en dehors de moi, le désintérêt comme acceptation du silence, c’est très long à rattraper."
Cela fait quelques années que je voulais découvrir Mazarine Pingeot. Ce livre était pour moi l’occasion de découvrir l’auteure et l’enfant de Mitterrand.
Je sors de cette lecture un peu désorientée par ces changements de rythme, de style, ces contradictions parfois, par ces phrases un peu hermétiques. Et peut-être déçue par une certaine distance (une méfiance?) que l’auteure semble vouloir garder avec son lecteur, sans que l’on arrive à savoir si c’est par pudeur que les émotions sont tues ou pour continuer à se protéger.
une belle histoire d'amour
Critique de Nickie (, Inscrite le 14 mars 2004, 63 ans) - 16 février 2014
Selon sa propre enfance le lecteur aura un regard sur ce livre très différent;
Ce livre est un peu décousu, souvent la chronologie n'est pas respectée, et on commence un chapitre en étant long à comprendre l'âge de Mazarine au moment des faits relatés, parfois les détails sont un peu flous, on voudrait plus de précisions;
Je comprends ses souffrances, celle d'être, entre autres, un enfant "adultérin" caché, d'avoir un père trop célèbre, détesté ou aimé par les autres; et la presse qui s'acharne;
il est vrai qu'enfant nous portons un peu trop l’identité de nos parents, les critiques à leur encontre nous blessent encore plus qu'eux même; il faut atteindre l'âge adulte pour que la "mue" se fasse... plus ou moins difficilement... et parfois jamais pour certains..
J'ai parfois vu Mazarine à l'émission "ça balance à Paris", j'apprécie sa sincérité, son ouverture d'esprit, je trouve souvent les autres chroniqueurs un peu snobs, l'impression que parfois, leurs jugements sur les livres sont victimes de leurs auteurs, des livres pas aimés avant d'être lus.. sans recours possible; Et dans ce livre j'ai retrouvé la personne que j'avais cru entrevoir dans cette émission, elle est entière, jamais méprisante, elle ose aimer ce qu'elle aime, sans préjugés, loin de tout diktat intellectuel.. même si elle est agrégée de philosophie...
Beaucoup à sa place auraient pris le nom du père : plus joli, plus célèbre; mais elle est au dessus de cela; elle le fera peut-être un jour; mais cela montre qu'elle a une force de caractère peu commune; une vraie personnalité, loin de la superficialité du monde médiatique;
il est probable que le fruit de ses souffrances soit justement sa personnalité peu commune;
Allez Mazarine moi je vote pour toi...
Journal intime pas très attachant
Critique de Didoumelie (, Inscrite le 5 septembre 2008, 52 ans) - 9 avril 2013
Cependant, je n'ai pas trouvé son style attachant, et ce livre s'apparente plus à un journal intime....
Les menus détails, incisifs et sans complaisance, qui sont donnés lorsqu'est évoquée la perte de son enfant n'apportent rien au récit, si ce n'est que rien n'est simple dans la vie et qu'on ne peut pas tout programmer, ni tout maîtriser.
J'étais curieuse de le lire lorsque je l'ai aperçu dans ma bibliothèque de quartier, mais je n'en recommanderais pas sa lecture.
Choquant !
Critique de Sebseb (, Inscrit le 20 mai 2011, 51 ans) - 21 mai 2011
Sur le plan purement familial, il n'y a pas à s'étonner de "vendre" ainsi un grand-père à son futur petit-fils ou à sa future petite-fille. Quelle future maman ne le ferait pas...
Mais faire l'apologie d'un grand-père politicien en employant des termes dignes des campagnes électorales d'antan, j'ai trouvé cela choquant et déplacé.
Pourquoi avoir publié ce texte absolument pas destiné au grand public mais réservé au cercle familial et intime ?
Pour son style probablement puisqu'il faut tout de même reconnaitre la qualité de l'écriture de Mazarine !
Un très bon livre !!!
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 30 août 2010
Les années ont passé, les révélations se sont succédées, les déceptions sont arrivées, et on finit par oublier ce que François Mitterrand a apporté à la France, car tout ne fut pas échec et mensonge durant les quatorze ans de son double septennat… S’il ne fallait garder qu’un seul point positif, et il serait de taille, ce serait l’abolition de la peine de mort, un grand moment avec des hommes de valeur comme Robert Badinter !
Mais, pour rester à l’aspect le plus populaire, le plus people comme on dit aujourd’hui, il y aura, aussi, la révélation de sa double vie humaine, ses amours cachées, sa fille Mazarine… Pour certains, scandale absolu, pour d’autres, face privée d’une vie qui a bien eu du mal à exister… Je n’ai jamais pris parti dans ces débats, je suis resté prudent, et pendant longtemps je me suis abstenu de lire les ouvrages de Mazarine Pingeot comme les articles et revues qui nous la racontaient…
Au début de l’été, par hasard, je suis tombé sur « Bouche cousue » qui était en vente pour trois fois rien chez mon bouquiniste préféré, une occasion de la lire, de voir quel était son style et, surtout, comprendre qui elle était puisque tel était le sujet de cet ouvrage. Elle écrit pour son enfant à venir et voudrait lui dire qui était son grand-père, plus exactement ce qu’elle avait vécu avec lui… une tranche d’intimité loin des discours politiques partisans… La lecture valait le coup d’être menée, l’expérience d’être tentée… j’achetais donc l’ouvrage. Bien m’en a pris !
Ce qui a été pour les uns source de révolte, ce qui pour beaucoup n’était qu’un fait divers, devient sous la plume de Mazarine une plongée intime dans l’univers amoureux de François Mitterrand, un homme de plus de cinquante ans qui rencontre une femme l’aime énormément et devient père d’une petite fille juste avant de devenir Président de la République. Cela aurait pu être banal si l’homme avait révélé tout de suite sa liaison et cette naissance, alors qu’il était marié à Danielle depuis longtemps, qu’il était père de deux garçons… Cela aurait pu être banal si, comme un de ses successeurs, il avait divorcé de façon publique une fois à l’Elysée en se remariant officiellement faisant de la maman de Mazarine la première dame de France… Mais l’homme était d’une autre génération, une époque où le divorce ne se pratiquait pas comme aujourd’hui, une période où l’on tentait de protéger les apparences, où l’on protégeait probablement plus les enfants, les épouses, les époux… Il ne faut voir ici aucun aspect strictement moral, plutôt le résultat d’une éducation… Après, il a assumé cette vie, jour après jour… La mère de Mazarine aussi… Et Mazarine a payé le prix cher de cette vie, jour après jour…
Elle est très touchante quand elle explique ces temps auprès de son père et sa mère qui étaient ensemble le plus souvent possible, du moins aussi souvent que l’emploi du temps présidentiel le permettait, que l’agenda scolaire l’exigeait, que les horaires du musée d’Orsay le rendait possible.
Emouvant, ces petits déjeuners qui semblaient des heures de bonheur pour ouvrir des journées où il fallait toujours se taire, mentir, au moins par omission, à tous les amis du lycée…
On comprend alors que la vie de Mazarine n’a pas été toujours si facile que cela, celle de ses parents non plus, reconnaissons-le… Nous voudrions toujours avoir des femmes et des hommes politiques toujours disponibles, toujours prêts à sauver la France, à nous protéger, à nous guider… que nous oublions qu’ils n’en demeurent pas moins des êtres humains, qui aiment, qui ont des enfants à élever, qui peuvent devenir, un jour, grands-parents… comme les autres, quoi !
J’ai beaucoup aimé le ton de cet ouvrage qui donne une autre image de François Mitterrand. Elle ne parle pas de politique, ou si peu, mais elle le montre attentionné à sa fille, à son amour, à la littérature, aux autres, à la famille, aux chiens. Il devient un homme que l’on aurait aimé rencontrer, un personnage avec qui on aurait pu passer une soirée…
Certains n’en demeureront pas moins agressifs envers sa politique. Heureusement, un tel ouvrage n’avait pas comme objectif de vous transformer radicalement… mais, comme on peut, aujourd’hui, parler de Louis XIV et de ses amours, il me semble bon de pouvoir regarder François Mitterrand autrement…
La lecture du livre de Mazarine Pingeot est aussi un excellent moyen de se poser quelques questions sur les enfants, ce que nous sommes capables de leur laisser en héritage, sur le bonheur et l’affection que nous leur avons donnée. Ce type d’ouvrage est donc d’un apport étonnant pour le lecteur indépendamment de vos idées politiques, de vos certitudes sur l’homme qui a été son père, qui est son père !
Dernier point et pas des moindres, n’en déplaise à certains, c’est un texte parfaitement écrit et très agréable à lire… même plus de cinq ans après son écriture. Quand on est si profondément dans l’humain, le temps ne compte plus !
livre sympa
Critique de Jacques-Lyon (, Inscrit le 22 mai 2008, 76 ans) - 31 mai 2008
très attachant
Critique de Campanule (Orp-Le-Grand, Inscrite le 10 octobre 2007, 62 ans) - 28 mai 2008
une excellente bio
Critique de Attentif (, Inscrit le 15 novembre 2006, 92 ans) - 28 novembre 2006
Mais tout de même, un sentiment diffus de fierté "ton grand-père était un très grand bonhomme" semble baigner le livre.
Quand on tient compte de deux éléments essentiels : l'amour (et ensuite la fierté) que le père François a porté à sa fille et les haines forcenées que cet homme a suscitées, on comprend que les vies ici évoquées aient été hors normes
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