Rue de la chimère de Júlia Székely

Rue de la chimère de Júlia Székely
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Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Nipana, le 18 octobre 2006 (Inscrite le 18 octobre 2006, 43 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 189ème position).
Visites : 3 536  (depuis Novembre 2007)

Coup de coeur !

L'intrigue se déroule à Budapest en 1938. André Balog vingt-huit ans, issu d'une famille aisée, se suicide d'une balle dans la tête.
Quels faits ont pu l'amener à commettre cet acte ultime ? Tour à tour, douze membres de son entourage reviennent sur sa vie sous forme de douze monologues. On entend ainsi les confessions de son frère, Tibor, qui a repris l'usine paternelle et épousé la femme qu'aimait André; de sa mère, qui avoue ne l'avoir jamais aimé; d'Agnès, sœur de lait qui l'aimait et lui a donné un fils, etc.
Tous éprouvent la culpabilité, se demandent s'ils n'auraient pas dû agir autrement pour empêcher le drame. La vie d'André Balog, la réalité de sa famille rongée par le manque d'amour, les rancœurs accumulées, se précisent tout au long du roman. Le lecteur peut également percevoir les craintes de la société de l'époque envers la montée en puissance du nazisme.

Publié en 1939, ce roman est traduit du hongrois pour la première fois en 2005. Il est le reflet de la société hongroise des années 1930 mais comporte également des résonances très actuelles (thèmes de la culpabilité, du chantage affectif, de la névrose de répétition).

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« J’ai cherché l’amour là où on n’en offre pas »

10 étoiles

Critique de Montgomery (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans) - 2 janvier 2007

Vous connaissiez « suicide mode d’emploi », voici un très brillant « suicide service après-vente ». En effet, l’heure des bilans est venue pour l’ entourage d’André Balog, fraîchement suicidé au domicile familial. Si Julia Szekely réussit son pari avec ce livre, comme l’a déjà dit Nipana , c’est grâce me semble-t-il à trois raisons essentielles :

- d’abord elle a eu l’heureuse idée de distiller les confidences des proches d’André Balog l’une après l’autre, tout en les inscrivant dans le processus narratif. C’est parfaitement construit et on a parfois l’agréable impression que ce choix renoue avec le roman épistolaire façon XVIIIème ;

- ensuite il faut souligner la vivacité du ton et la modernité de l’écriture, que l’on doit certainement aussi à la qualité de la traduction, qui jamais ne rendent le récit ennuyeux et compensent ainsi le caractère statique de la construction ;

- enfin, on aurait tort d’oublier la qualité de l’analyse psychologique des différents confidents, témoins d’une vie qui ne sera plus désormais qu’un assemblage de souvenirs épars souvent contradictoires. L’auteur souligne avec justesse le lien qui peut exister entre la force, plus ou moins grande, du sentiment de culpabilité ressenti par les proches d’une part et l’étendue des sentiments affectifs qu’ils éprouvaient à égard de la victime d’autre part ; à cette aune, le suicide est davantage le révélateur de la profondeur des sentiments de chacun qu’un moyen de punir ceux qui se sont rendus coupables de « négligence affective ».

Comme tout ce qui appartient à la littérature, ce roman est d’une grande richesse, chaque lecteur pouvant en retirer une part. En ce qui me concerne, je retiens que la personne qui s’est, un jour, refusé à aimer, quelle qu’en soit la raison ( cf. la mère d’André), commet une double faute : envers elle-même en s’interdisant d’être heureuse mais ausi à l’égard des siens en courant le risque de les priver de la faculté d’aimer à leur tour.

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