ma boîte noire de Driss Ksikes

ma boîte noire de Driss Ksikes

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Helion, le 16 octobre 2006 (Inscrit le 16 octobre 2006, 48 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 719ème position).
Visites : 3 579  (depuis Novembre 2007)

Eros et Thanatos

Maroc, été 2001, Mokhtar, un professeur de français dans un lycée, 15 ans après avoir fugué du domicile familial revient sur les traces de son enfance, et de ses amours adolescentes.

La découverte d’une boîte noire dans l’appartement de sa tante défunte refait monter à la surface son passé, avec son cortège de révélations, de secrets enfouis et sa recherche d’identité.
Il devra affronter les fantômes de son passé pour mieux se retrouver lui-même.

Driss Ksikes dresse le portrait d’un homme qui veut s’affranchir des conventions sociales et religieuses, d’une société fermée. Il lève le voile sur le sexe, le rapport au plaisir, aux corps, la sensualité comme rempart contre la violence et l’obscurantisme.
Un homme, fils de musulman, a le courage de dire son désir et de braver les tabous culturels.

J’ai eu le plaisir de goûter la saveur d’un style tout en finesse qui aborde l’érotisme avec délicatesse. Un parfum d’encens flotte à travers ce texte traversé par la figure d’Eros.
Le passé se mêle au présent, des personnes disparues entament un dialogue avec le narrateur qui au fil du récit perd pied, entre fiction et réalité. La fin de l’été approche, jusqu’à ce fameux 11 septembre où le récit de Mohktar rejoint le destin collectif. Entre la quête de plaisir de Mokhtar et la quête d’un paradis par la mort des kamikazes se dessine deux voies antagonistes, celle de l’acceptation du désir et celle du fanatisme religieux. La douce musique de ce livre redonne la voix à un Orient qu’on ne nous montre que trop rarement : délicat, amoureux des femmes, ouvert à l’inconnu de la vie, tolérant et joyeux.
« Sans Zina, je n’aurai jamais su qu’on pouvait se payer un paradis sur mesure, par la seule voie de l’amour. Et sans les femmes, finalement, j’aurais peut-être été un vulgaire kamikaze, au corps déchiqueté. »

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Sensualité

9 étoiles

Critique de Syrina (, Inscrite le 11 novembre 2006, 47 ans) - 11 novembre 2006

Avant tout, un érotisme abordé avec grande légèreté apaise beaucoup de jugements sur le désir masculin. Loin des pornographies et donjuanisme habituels. Sans voracité, cet homme découvre les bienfaits du sexe, tout simplement, et m’y invite.
C’est un tout autre regard sur la chose. Il y découvre son paradis, sa liberté de jouissance, la magie des femmes, et nous ramène à un fait : y a que ça de vrai ! Cela fait son effet.
Ce texte adoucit quelque chose en moi.

Ce qui est touchant c’est la voix de cet homme qui souffre de ne pas avoir accès aux femmes dans son pays. Cette voix, si rare. La voix d’un homme en manque de liberté sensuelle. En cri de liberté face à l’Islam
C’est une révolte toute simple mais très audacieuse.

On y vit aussi une belle aventure entre la religion, la morale, la culpabilité, la violence et…la base humaine : le désir de jouissance.
Ce désir est alors une voie de passage, un exorcisme, une possibilité d’expérience individuelle.
Mokhtar sort de tout cadre et de tout filet, il est seul, on ne le sent pas attaché au peuple, à ses racines d’aucune façon, pas même par la révolte. Il n’a pour seule passion que de vivre ses effluves, ses rencontres, ses images.
En plein drame du 11 septembre, il vit sa vie, ses amours, ses coups de foudre, ses fantasmes.
Finalement une autre voie possible contre la violence et l’intégrisme ?


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