Cinq matins de trop de Kenneth Cook

Cinq matins de trop de Kenneth Cook
(Wake in fright)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Sahkti, le 7 septembre 2006 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 286ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 13 487  (depuis Novembre 2007)

Jusqu'à l'enfer

Kenneth Cook nous conte ici l'histoire d'un jeune insituteur ayant en charge une classe unique dans un espace quasi désertique au milieu de nulle part en Australie. Des conditions de vie plutôt rudes, l'isolement, un univers hostile, la solitude, la peur aussi... il n'en faut pas plus que pour l'esprit de John Grant parte en vrille et se dise qu'il lui faut à tout prix retrouver Sydney pour les vacances, ça ne pourrait que lui faire le plus grand bien. Le voyage jusque là, via Bundanyabba (ville surchauffée de l'Outback dans laquelle refuser de boire est considérer comme mortelle provocation), s'apparente à un dangereux périple dans lequel Grant va y laisser pas mal de choses, dont une partie de son âme.

Ce livre est grandiose, puissant, violent et noir. Kenneth Cook décrit un monde brutal, solitaire et désoeuvré qui ne connaît plus de limites à la déchéance. Le personnage de John Grant n'est pas véritablement attachant mais très humain, on suit son parcours en comprenant ses faiblesses et ses déviances. Et suivre ce parcours, c'est quelque part se glisser dans la peau du héros et en ressortir tourmenté, tant les mots peuvent être douloureux. Périple dont on ne sort pas vraiment indemne, j'ai apprécié la manière avec laquelle Cook malmène son lecteur en le plaçant en face d'une réalité sordide et terriblement réaliste.

Message de la modération : Prix CL 2009 catégorie Découvrir

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Very bad trip

10 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 5 octobre 2017

Very bad trip

« Cinq matin de trop » a été publié en Australie en 1961. Traduit en version francophone plus d’un demi siècle plus tard (2006) ce petit bijou n’a pas pris une ride et se lit de façon intemporelle.
Je suis persuadé que Douglas Kennedy a lu ce livre avant d’écrire « Cul de sac » rebaptisé « Piège nuptial »… mais je m’égare (et je médis).
Bref L’histoire ici présentée est celle de John Grant, jeune instituteur muté au fin fond de l’Outback australien.
Tout heureux de profiter de la période de congé scolaire qui donne aux enseignants l’immense bonheur de quelques semaines (mois?) de repos, le jeune homme décide d’aller visiter sa famille à Sydney.
Mais le voyage transite par Bundanyabba. Ce curieux endroit où les températures dépassent régulièrement les 38° refroidit toutes les ardeurs avec la bière. Servie dès le petit déjeuner, elle accepte parfois quelques aliments solides et occasionnellement du whisky afin d’accélérer l’ivresse.
Régulièrement les habitants organisent des safaris en jeep, pour massacrer les kangourous en vomissant des flots de bière sur les sentiers du bush.
Voilà pour le décor.

Et bien j’ai adoré ce livre, cette dégringolade dans l’absurdie. J’ai hâte de voir le film tiré de cette œuvre sous le titre de Outback en 1971 et remastérisé en 2012. Film qui récolta un grand succès.

A lire.

L’épopée d’un buveur de bières

6 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 9 novembre 2011


L’initiation d’un ingénu aux loisirs des mâles de l’outback australien : jouer, boire, chasser . Après ce régime, on est censé devenir un homme, un vrai !!

Une plongée dans la normalité abrutissante et avilissante des "potes" de l'Ouest australien , d'une écriture sobre, qui glace le sang .

Pour ceux qui aiment les récits de "défonce"....les autres, s'abstenir !

Me vient à l'esprit le début d'une chanson de Brassens : Le pluriel . Elle me paraît s'appliquer aux personnages du roman....
"Le pluriel ne vaut rien à l'homme sitôt qu'on
Est une bande de quatre, on est une bande de cons "

Efficace

10 étoiles

Critique de Cheeky (, Inscrit le 4 mars 2011, 60 ans) - 4 mars 2011

Un livre court et puissant qui ne s'adresse pas aux pisse-froid littéraires et cultureux. C'est brutal et très efficace,une vision glaçante de l'Australie. C'est drôle aussi, tout y est...

Quel ennui!

3 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 15 février 2011

Cinq matins de trop Kenneth Cook.

J’ai découvert ce livre dans le magazine Lire du mois de janvier dernier, me semble-t-il. Il figurait au côté de « Las vegas parano » dans une sélection de livres dits déjantés affublé d’un 4 étoiles. Comme ce qui est déjanté est pour moi je cours acheter ce livre.
Je ne vous cache pas plus longtemps ma déception car en guise de déjanté nous avons le droit à la sortie d’un jeune professeur d’origine de Sydney dans une chasse ou plutôt dans un carnage aux kangourous avec quelques acolytes douteux comme on la pratique régulièrement dans le bush australien.
Je suis très loin d’être un partisan de la chasse aussi on comprendra aisément que je n’ai pas trouvé le livre déjanté mais qu’il était surtout l’illustration de la parfaite connerie humaine.

Le livre se décompose en différents tableaux assez caricaturaux. On commence par ce jeune instit qui est condamné à enseigner dans le fin fond du bush pour payer sa dette à l’éducation nationale australienne.
Ce professeur rentre à Sydney pour les congés mais en chemin il passe par la ville de Bundanyabba, gros bourg du fin fond australien. Il est entrainé par un ami de boisson d’un soir à manger dans une maison de paris où on joue à pile ou face. Evidemment après quelques succès notre héros perdra la totalité de son argent. Plus de moyens de rejoindre Sydney mais pas non plus d’argent pour vivre durant le mois et demi à venir.
Pour survivre il devra accepter la compagnie de gens peu reluisants qui l’emmèneront dans cette « fameuse » chasse aux kangourous.
Une succession d'évènements facilement prévisibles et peu de sentiment dans tout cela.

« La voiture s’arrêta, Dick décapsula une bouteille de bière avec les dents.
Grant ne l’avait jamais vu faire avant et Dick lui expliqua la technique qui consistait à appuyer avec la mâchoire supérieure et à faire levier avec la mâchoire inférieure
-Vaut mieux éviter quand on a un dentier, dit-il. »

Tout est aussi navrant que cela.

la dégringolade

9 étoiles

Critique de Arno55 (, Inscrit le 5 août 2010, 42 ans) - 5 août 2010

ou comment tomber au fond du trou à une vitesse vertigineuse.
Les descriptions de l'outback, de ses habitants et de ses activités cruelles m'ont presque fait me sentir mal à l'aise durant cette lecture.
Le héros (ou plutôt l'anti-héros) de ce roman nous montre à quel point il peut être facile de provoquer sa propre déchéance, et à quel point l'engrenage infernal que cela provoque est difficile à arrêter.
J'ai adoré !!

Tomber

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 16 septembre 2009

La similarité avec le livre de Douglas Kennedy « Cul-de-sac » est évidente. Même environnement, même type de narrateur, même genre de péripéties. Par contre, Cook ne se laisse pas aller au comique. J’ai eu de la difficulté à comprendre la glissade de Grant puisque l’on sait très peu de son parcours avant sa virée dans l’outback. Je retiens surtout la scène de chasse aux kangourous. Un moment intense de littérature.

Violences ordinaires

7 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans) - 27 juillet 2009

Tout n’est que violence dans l’Outback australien. Violence du climat où « le soleil dessèche toute sorte de vie », violence des paysages parsemés de fermes délabrées, violence des émotions que procurent le jeu et la chasse qui n’est ici qu’une activité cruelle et stupide, violence de l’alcool, obligatoire et abrutissant pour éviter l’ostracisme, violence des habitants enfermés dans une hébétude de frustrations, de bêtise et d’ignorance.
A contrario, le désir qui est une autre forme de violence, parfois belle, n’est plus ici qu’ « une tâche qui incombe » avant d’être submergé par la nausée « dans l’humiliation la plus abjecte ». Il est vrai que le désir est parfois une des formes accomplies de l’amour mais ils ont oublié ce qu’était l’amour.
Ce monde noir est celui de la torpeur, de l’alcoolisme, de la cruauté souvent insupportable (la chasse aux kangourous trop longuement décrite est une horreur qui pourrait en annoncer bien d’autres), un monde de la déchéance, de la vie sans raison ni devenir, un monde où Dieu serait mort ou aveugle. Et parce qu’il décrit un univers privé de toute humanité, Cook ne peut s’apparenter à Steinbeck auquel on l’a parfois comparé de façon excessive.
On peut ne pas aimer ce roman trop noir, trop pessimiste, trop univoque dans la veulerie, plus désespérant que désespéré, mais on ne peut qu’en reconnaître la force.

dans l’Outback.

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 4 avril 2009

Deux gros handicaps pour moi pour m’intégrer dans l’Outback (à en croire Kenneth Cook) ; la bière, la chasse. Je ne pratique ni l’une ni l’autre et à l’en croire  ;

« Voilà une caractéristique bien particulière des gens de l’Ouest, songea Grant. Tu peux coucher avec leurs femmes, spolier leurs filles, vivre à leurs crochets, les escroquer, faire presque tout ce qui te frapperait d’ostracisme dans une société normale : il n’y prêtent guère attention. Mais refuser de boire un coup avec eux et tu passes immédiatement dans le camp des ennemis mortels. »

Kenneth Cook est australien et « Cinq matins de trop », paru en 1961 sous le titre original de « Wake in fright » serait, à en croire la quatrième de couverture, un livre culte là-bas.
« Cinq matins de trop » traite de l’Outback. L’Outback qui serait au littoral australien (où est concentrée l’essentiel de la population) ce que Prague serait à la Côte d’Azur. Oui, l’arrière-pays méditerranéen situé vers Prague, notre Outback à nous !
C’est que c’est grand l’Australie ! Et Grant, qui effectue sa première année d’instituteur à Tiboonda, est planté pour un an à « trou-du-cul de l’Australie ». A Tiboonda, il n’y a rien … enfin si : quelques élèves, hélas pour Grant.
Le roman commence au moment où arrivent les vacances, pour six semaines, pour Grant. Il va prendre l’avion pour Sydney et renouer contact avec la civilisation. Mais l’avion, il va le prendre à Bundanyabba (capitale de « trou-du-cul de l’Australie »). Et il va passer là-bas quelques matins de trop. Et faire de successives expériences liées à l’alcool (enfin, la bière !), le jeu, la chasse, la folie de la violence, … qui vont le mener à la déchéance, et plus si affinités.
C’est très court à lire mais paroxysmique, ça en devient progressivement étouffant. On sent bien dès le départ de Tiboonda, en train pour Bundanyabba, que ça ne va pas tourner rond, comme un cauchemar éveillé. De fait ça ressemble furieusement à un cauchemar. Kenneth Cook, en outre, procède de manière allusive, ne donnant pas toujours les clef de tous les évènements traités ou effleurés, un peu comme dans un cauchemar, justement.
Un point de vue intéressant sur la rudesse de l’Outback. Fait pas bon être kangoorou, moi je vous le dis !

Sauvage comme le bush

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 17 mars 2008

J'ai beaucoup apprécié ce livre, si bien critiqué par Sahkti, l'histoire de cet anti-héros qui ne peut plus supporter l'isolement dans le bush australien et qui cherche à rentrer le plus rapidement possible dans sa métropole d'origine. Mais, tout ce ligue pour que son voyage vers Sydney devienne un voyage en enfer. Grain de sable après grain de sable, les ennuis s'accumulent et grippent la machine qui devait l'emmener vers le bonheur.

C'est le livre de la fatalité mais peut-être aussi de la culpabilité. Si tu mets le doigt dans le péché... Ou peut-être tout simplement le livre d'une certaine forme du désespoir : toujours la vie te ramènera au point de départ quels que soient les efforts consentis.

Une excellente description du bush et de ses habitants à demi sauvages trempent ce livre dans la violence à l'état brut.

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  Une quatrième de couverture racoleuse 5 Yeaker 24 février 2011 @ 09:09

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