Les autres de Alice Ferney
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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On ne guérit pas de sa famille...
Une pure merveille!
Alice Ferney nous raconte la soirée d'anniversaire de Théo... dans la maison familiale où se côtoient la grand-mère, les parents, le frère et quelques amis.
Théo reçoit un jeu de société ce soir-là, espèce de quiz sur les rapports humains... une foule de questions que l'on se pose à tour de rôle ..."D'après vous, qui autour de la table serait capable de tuer quelqu'un?"... "D'après vous, qui dans cette pièce ment le plus souvent?"
Et le jeu exacerbera, révélera, transformera...
Le livre est en trois formes... à la Queneau!
200 pages de "Choses pensées" sur cette soirée... succession des pensées croisées de chacun.
180 pages de "Choses dites" pendant cette même soirée.
150 pages de "Choses rapportées"... nous sommes spectateur de ce moment et chaque attitude trahie.
Tout est là, avec une justesse terrifiante!
Le deuil, la passion, les secrets et les haines détruisent et brisent cette famille si parfaite.
Excellent!
Les éditions
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Les autres [Texte imprimé], roman Alice Ferney
de Ferney, Alice
Actes Sud / Un Endroit où aller
ISBN : 9782742762583 ; 22,20 € ; 07/08/2006 ; 531 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (5)
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Attention lecteur, là c'est du lourd !
Critique de Revenir (, Inscrit le 25 avril 2009, 72 ans) - 27 avril 2009
Que nenni ! une construction osée et particulièrement réussie ; une découpe de l'intrigue en trois parties très complémentaires qui permet une véritable participation du lecteur. Peut-être est-ce l'effort qui a rebuté les éminents plumitifs-vomitifs !
Cette oeuvre est une application particulièrement habile de la fameuse fenêtre de Johari :
ce qui est... :
Connu de soi-même, connu des autres
Inconnu de vous-même, connu des d'autres
Connu de vous-même, inconnu des autres
Inconnu de vous-même, inconnu des autres...
...sert de cadre aux relations inter-personnelles, aux doutes, aux opinions, aux croyances...
Le tout dans un climat digne du film Festen vous aurez compris qu'on ne s'y ennuie pas. Mieux, dès la fin de l'ouvrage, on a envie d'y retourner direct tant les trois parties s'interpénètrent !
Les autres
Alice Ferney
Actes Sud
530 pages
L’Enfer : c’est « Les autres ».
Critique de Djidji (Neuilly sur Seine, Inscrit le 23 octobre 2007, 66 ans) - 6 janvier 2008
Mon souci devient de fait de trouver Le-Roman, celui qui mérite de se « divertir » et qui, comme l’a suggéré Stendhal « est un miroir, le long du chemin » ; celui qui nous révèle en le sublimant ce que l’on pressent, celui qui nous laisse une saveur et une inspiration susceptibles de guider nos pas.
« Les autres » ? ce n’est pas un roman, c’est un brouillon talentueux. Et si d’aventure il pourrait être un miroir, il ne donne qu’un très pâle reflet, très superficiel et un peu mesquin de la profondeur des relations familiales.
Certes la structure se veut originale, organisant les « choses pensées », « ...dites » et « rapportées » par une famille dont la superbe vole en éclat sous les révélations en huis clos occasionnées par un « jeu-réalité » amusant et pervers qu’on s’étonne de ne pas le trouver sur le marché, tant la misère humaine attire les convoitises.
L’écriture ? elle ne manque pas de talent, certes. Mais le résultat n’est pas à la hauteur des prétentions (supposées) de l’auteur dont on sent en filigrane la certitude de bien écrire.
L’ensemble ne résiste finalement pas à l’analyse.
Les « choses pensées » ne sont pas pensées. Narratives, elles n’ont ni la profondeur de celles de Pascal, ni la force, le magnétisme et le dynamisme de celles du « Démon » d’Hubert Selby Jr., par exemple, dans un tout autre genre. Très souvent descriptives, ces choses pensées, sont des pensées raisonnables, sans grande envergure. Elles ne permettent pas de manifester la particularité des personnages dans lesquels on se perd un certain temps car au fond, ce sont les pensées « emballées » d’Alice Ferney qui, omniprésentes, tendent à recouvrir, à vainement panser les plaies superficielles de personnages pas toujours très crédibles. Quel homme par exemple, aussi égocentré soit-il, pourrait ne pas imaginer une seule seconde, ne serait-ce qu’une seule seconde, qu’un enfant né neuf mois après la fin d’une relation amoureuse ne soit pas de lui ?
Soyons sérieux, tout ce drame s’établit sur une situation grotesque.
Alors, pendant que nous nous enlisons dans ces pensées où se confondent les personnages, l’auteur nous apporte de grandes révélations : il y aurait des secrets douloureux dans une famille, et – ça alors ! -, bien refoulés, ils resteraient à fleur de peau pour ressurgir en cas de conflit ; nous aurions besoin d’être aimés, reconnus, même si nous ne nous aimons pas totalement nous-mêmes ; nous nous jugerions les uns les autres et nous nous tromperions, sans vouloir le reconnaître ; nous ne nous percevrions pas nous-mêmes comme « Les autres » nous perçoivent... Misère ! quel tissus de banalités !
Les « choses dites » manquent aussi de brio. Les dialogues sont sans verve, redondants et sans surprise mais, tout de même portés par une écriture assez fluide, nous progressons avec l’espoir d’apprendre autre chose que ce que nous savons déjà, soit pour l'essentiel que Niels, autour de la table ronde, est le père d’Arthur et que Nina (clin d’oeil à Nina Berberova ?) s’est donné la mort au cours de cette farce familiale. Nous attendons donc quelques rebondissements, quelques enseignements humains plus profonds après la révélation du nom du père et de la mort de la « matriarche », au sein d’une famille où les pères semblent avoir du mal à s’affirmer. Mais nous sommes là encore déçus, restant sur des réactions très superficielles du nouveau père improvisé et de la mère bafouée mais secrètement résignée et rebelle. Quand à la mort de la grand-mère, elle se fond dans l’espace, comme si au fond, tout le monde s’en foutait. Les autres ? ceux qui restent en suspens ? garniture sans saveur, ils n’étaient là, sans doute, que pour brosser le tableau.
Et puis il y a cette prétention permanente à bien écrire qui fatigue parce que ce n’est précisément bien écrit que par moments, contrastants tantôt avec facilité et torpeur littéraires, tantôt avec une vanité affligeante.
Juste à titre d’exemple :
- Facilités et « choses convenues » :
(page 16) : « Je trouve que pour son âge Moussia est une très belle femme. Elle porte de grandes jupes de velours qui lui vont à merveille » ; d’où le contre-adage qui déride : « la robe fait la nonne » !!!
(page 61) « Les cheveux de Fleur ont la couleur du pelage d’hiver des écureuils » ; Le pelage de l'Ecureuil est de couleur variable : du jaunâtre et du roux au brun foncé et au noir en été. En hiver, il est brun plus ou moins foncé dessus : le lecteur tranchera, l’écureuil, lui, glousse : tiouk, tiouk, tiouk !!!
(page 59) « Mais je suis sûr que nul homme, se regardant dans un miroir, ne se dit en face : je suis affreux. (...) Et je vais même plus loin dans ma pensée : n’importe quelle personne espère des compliments » ; extrait des « choses pensées », quand les pensées pensent à des pensées auxquelles je n’aurais jamais pensé...
- Préciosités ridicules :
(page 162) : « ... je perds confiance. Dans quoi ? dans le collier des jours (...) je lâche ainsi le tissu du sens (...) je suis décousue (...) dans leur maison de peau (...) sur les fenêtres de leurs yeux (...) je me tapis » ; quelle étoffe ! Chapeau bas !!! Quelle plume !!!
(page 229) : « Quand la question est cruelle, on voudra ne pas trouver de réponse (...) rien n’oblige à dire la vérité (...) mais il faut que les autres soient sûrs que l’on ne pense pas ce qu’on dit » ; « La vérité n’est pas quelque de chose de caché, que l’on cherche et que l’on trouve ; mais un véritable processus de création » (Nietzsche) !
(page 250) « elle a atteint la vase de sa pensée (...) elle ne saura pas aller plus profond et nager dans la limpidité des idées formulées. Alors elle s’en va dans le lac de l’affection » ; c’est lorsqu’on touche le fond qu’on découvre de nouveaux rivages, l’essentiel est de ne pas perdre pieds !
(page 366) : « je ne suis pas dure (...) ce n’est pas une question de tendreté (...) je ne suis pas (...) aussi monstrueuse ». L’écureuil est végétarien, même en hiver, mais la Fleur est indéniablement carnivore, elle a la peau dure, ça fait peur !!!
(page 438) : « Elle avait de jolies dents (...) et une bouche sensuelle ourlée d’une ligne claire semblable à une cicatrice gracieuse », et vive l’amour vache, voilà une bouche qui a du mordant !!!
Bref ! vous l’aurez compris, ce roman, à défaut de m’enthousiasmer, m’aura au moins amusé, deux temps seulement, car après les pensées et les dire, épuisé, je n’ai pas réussi à m’atteler aux « pièces rapportées ».
Que l’auteur et les lectrices et lecteurs convaincus me pardonnent ma cruauté : il y a évidemment dans cet exercice de style un peu de mauvaise foi, j’en conviens. Mais mon humeur s’élève sans doute de cette frustration que je ressens face au talent indéniable d’Alice Ferney qui gagnerait sans aucun doute à se déparer de son auto-satisfaction et à déployer cette profondeur que l’on sent dans son écriture mais qu’elle ne fait qu’effleurer.
Finalement, malgré un peu de plaisir, quand j’ai refermé ce livre avant la fin, j’étais un peu en colère, frustré par un roman bien loin d’être à la hauteur de son concept et de ses promesses.
Unités de temps, de lieu, d'action
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 9 juin 2007
Unités de temps, de lieu, d’action : tout se déroule en une soirée-nuit, dans la maison de Moussia, la mère, chez qui se déroule la fête des 20 ans de son fils cadet ; Théo. Il y a là 9 personnes. Entre Nina, la mère de Moussia, la grand-mère donc, qui a choisi de se donner la mort calmement au cours de cette nuit, Théo et Niels, les fils, la fiancée de Théo, Marina une amie de Théo et son petit garçon et un couple d’amis.
Rien que de plausible et somme toute classique. Chacun vient à cette soirée avec ses préoccupations, ses envies, ses inhibitions. La grande force d’Alice Ferney c’est de savoir nous mettre tout ce petit monde en scène, en brossant à grandes touches les caractères de chacun, ce qui les lient aux autres, et leurs secrets enfouis. Jusque là, Alice Ferney dans le texte.
Là où résident les innovations c’est au niveau de la construction. Le livre est partagé en 3 parties : “Choses pensées” puis “Choses dites” et enfin “Choses rapportées”.
C’est dans “Choses pensées” qu’Alice Ferney nous brosse l’ensemble ; le lieu, les protagonistes, leurs histoires communes. Et ceci de manière excessivement éclatée puisqu’elle prend alternativement chaque protagoniste pour un paragraphe, une page ou 2_3 maximum. On progresse donc dans la connaissance des choses par le biais de sensibilités différentes. On saute de l’un à l’autre en permanence, reprenant l’information sous un nouvel angle, une autre vision. C’est très intéressant, très bien réalisé. Ce style de construction, déja rencontré bien sûr, est particulièrement adapté aux style, préoccupations d’Alice Ferney. Sa finesse d’analyse et sa sensibilité s’y déploient à plein. On pourra peut-être trouver que le procédé procure une lecture hachée, comme hoquetante, personnellement j’ai adhéré en plein.
“Choses pensées” va jusqu’au bout de la nuit : la révélation finale de la mort de Nina, des secrets inouïs dévoilés, des rancoeurs dévoilées, c’est carrément jouissif !
Ce qui est d’une grande originalité, c’est que dans les 2 parties suivantes “Choses dites” et “Choses rapportées”, on va revivre le déroulement de l’histoire, d’abord par des extraits des dialogues échangés puis par le biais de “compléments d’information” que nous apporte Alice Ferney, toujours à travers le prisme de chacun des protagonistes.
C’est brillant, audacieux. Peut-être par moment peut-on avoir l’impression qu’elle a du mal à tenir la distance … , à peine, tellement son écriture et son art de l’introspection sont adaptés à cette vision prismatique, somme toute celle de nos vies puisque, par définition, chacun de nous analyse son comportement, celui des autres et les interférences réciproques à travers ses propres critères.
Pour corser le tout, ajoutons qu’elle n’a rien trouvé de mieux pour remplir cette soirée d’anniversaire que de les faire jouer à un jeu terrifiant – existe-t-il ? pourquoi pas ? – qui consiste, par le biais de questions formatées, à vérifier que les autres sont capables de donner les mêmes réponses que vous sur votre caractère, celui des autres ou des comportements. En quelque sorte un “strip-tease” psychologique, une foire à l’empoigne de l’ego, une machine infernale à fâcher …
(Le pire, c’est que ce jeu pourrait parfaitement exister, un peu à l’image des indécentes émissions télévisuelles où de pauvres victimes sont invitées, au seul bénéfice de leur quart de gloire, à se mettre à poil psychologiquement et à exposer au vu de tous faiblesse, défaut, "anormalité".)
Heureusement, avec Alice Ferney nous sommes en bonne compagnie. Compassion, compréhension et amour sont ses moteurs. Ca nous change de la télé canaille dont je parlais plus haut !
Très inégal
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 7 janvier 2007
Pour le négatif, on notera, comme déjà signalé dans une autre critique, d’alourdissantes répétitions. En effet, le livre est divisé en trois parties qui racontent exactement la même histoire, mais selon un point de vue, ou une narration différents.
Toujours dans la catégorie « on aurait autant aimé qu’elle évite », la première partie se compose de chapitres qui tiennent souvent de l’entrefilet : une demi-page, une page, et puis soudain, peut-être pour récompenser notre patience, l’auteur nous gratifie d’un vrai chapitre, c’est-à-dire de cinq pages… C’est que, dans cette première partie, Ferney relève les pensées de chaque protagoniste. Bonne idée, mais traitée de manière tellement hachée que le rythme en devient agaçant.
Dernier bémol, et de taille : Ferney ne s’y entend pas, en dialogues. Et malheureusement, il n’y a que ça dans la deuxième partie. Certains sont même franchement … cuculs… pardonnez-moi l’expression. Platitudes sur platitudes, réponses convenues : j’ai failli jeter le livre par la fenêtre… Un exemple parmi tant d’autres : « Se connaître est sans fin… dit Marina. Certains événements nous transforment tellement ! ». Réflexion d’une profondeur jamais vue, non ?
Mais il faut rendre justice à l’auteur : le scénario, l’histoire, ce qui se joue, tient le lecteur en haleine. Dommage qu’on nous le resserve trois fois. Quoique… Car je ne suis pas loin de penser que les deux premières parties sont nécessaires à faire de la troisième un petit bijou, dans laquelle on retrouve un peu l’Alice Ferney de « L’élégance des veuves ».
Bon, et ben maintenant il ne me reste plus qu’à coter l’incotable…
Trop répétitif
Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 52 ans) - 21 septembre 2006
Tout était attirant pourtant : un frère aîné offre à son cadet un jeu de société qui annonce une soirée délicate entre amis où les susceptibles sont priés de s'abstenir : comment se voit-on, comment les autres vous voient-ils et comment imagine-t-on que les autres vous voient ? Mais hélas, trop de longueurs et de répétitions à mon goût.
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