Le Privilège du fou de Daniel Fano

Le Privilège du fou de Daniel Fano

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Sahkti, le 17 juillet 2006 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 337ème position).
Visites : 4 470  (depuis Novembre 2007)

Les mots qui apaisent

Né en 1947, Daniel Fano a vécu en Allemagne et en France, avant de s'installer à Bruxelles il y a 35 ans. On lui doit quelques recueils de poésie : Souvenirs of you (Daily-Bul, 1981), Chocolat bleu pâle (Le Castor Astral, 1986), Vers le lac (NBJ, 1986), Un champion de mélancolie (Unes, 1986), Fables et Fantaisies et L'année de la dernière chance (Les Carnets du Dessert de Lune, 2003 et 2004). Des ouvrages passés trop souvent inaperçus, ce qui est bien dommage, étant donné le talent de ce poète contemporain.

Son dernier recueil, Le privilège du fou, ne déroge pas à cette règle de qualité au rendez-vous à chaque page. La poésie qui s'y écoule est dense, violente, parfois très sombre; elle nous parle du monde qui nous entoure et de nous-mêmes ; elle nous parle de la guerre, toutes les guerres, les visibles et les autres, plus sournoises. Et pour parer à la peur qui nous envahit légitimement face à tout cela, la beauté des mots est sans doute celle qui apaise le mieux les tensions intérieures et permet de dire toutes les émotions. Un beau recueil, une fois de plus, qui, je l'espère, rencontrera le succès qu'il mérite.

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Tétralogie - Opus II

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 20 juin 2020

Pour ce deuxième opus de sa tétralogie Daniel Fano évoque le privilège du fou, ou peut-être d’un fou ? Du fou de culture qu’il était, gavé de culture populaire, pas forcément celle qu’il recherchait mais celle qui envahissait son bureau, celle dont il devait rendre compte, celle qu’il nous suggère encore de considérer avec précaution. En lisant ce texte, j’ai l’impression de voir un paquet de revues, de journaux, de magazines, …, envahissant son bureau, j’ai l’impression aussi de pouvoir lire les titres de ces publications qui lui sautaient aux yeux. Des titres qu’il voyait peut-être plus qu’il ne les lisait, en écoutant la radio ou en visionnant des films pornos, d’horreurs, policiers ou autres encore. Des titres qu’il a recopiés sans ordre apparent, mêlant les informations douloureuses, comme celles concernant les enfants soldats au Liberia, et la présentation des films pornographiques ou au lancement d’un nouvelle voiture. Les voitures, il semble avoir un gros faible pour les belles américaines et les grosses allemandes au nom qui claque comme une liasse de dollars sur le coin d’un bureau.

Toutes ces informations mises bout à bout constituent comme un énorme patchwork : guerres, insurrections, émeutes, massacres, atrocités, catastrophes, sexe plus ou moins débridé, faits divers atroces ou réjouissants, films, romans, chansons, musique, mode, événements culturels, politiques, exploits et excentricités divers, …, représentant l’histoire de notre monde dans la deuxième moitié du XX° siècle. C’est mon histoire qui surgit bribe par bribe, image par image, générant une nostalgie jamais triste même si ces images évoquent des faits souvent bien cruels ou une réelle médiocrité culturelle. C’était le temps où Daniel moi étions jeune, il était lucide, j’étais plus insouciant, il savait beaucoup de choses que j’ignorais encore. En le lisant aujourd’hui, je mesure toute l’étendue de mon ignorance d’alors. « Ecrire un livre, n’est-ce pas faire l’inventaire de nos erreurs et de nos réussites ? » Je ne sais mais le lire c’est à coup sûr mesurer ses lacunes. Et les miennes s’avèrent bien grandes quand je lis tes ouvrages.

Toi qui a pendant de longues années commenté tout ce qui nourrit la culture populaire à travers le monde, tu t’es interrogé sur le rôle du lecteur : « Tu en as marre de ces théories sur le génie du lecteur qui surpasserait celui de l’écrivain ». J’espère que du haut du ciel des écrivains où tu sièges désormais en meilleure place que dans le monde où nous t’avons connu, tu m’accorderas ton indulgence pour la lecture que je fais et ferai encore, de tes œuvres qui m’enchantent toujours.

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