Nous amants au bonheur ne croyant... de Marcel Moreau
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Marcel Moreau nous livre un énième opus, sous-titré un peu vite roman alors qu’il est une chronique d’une fin d’amour annoncée, sur le thème, cher à l’auteur, de l’amour, plus précisément du bonheur en amour, et sur l’inscription des mots dans la chair. On a droit au couplet de l’écrivain au lourd passé et de la (trop) jeune femme tournée vers l’avenir. En voulant croire que cette fois, parce que les jours sont comptés, c’est le dernier donc le plus fort... On comprend vite qu’il se goure, que les mots ne comblent pas les manques de l’amour, n’empêchent pas leur déroute. Ce qu’il reconnaît dans la seconde partie, nous faisant un mea culpa de 50 pages alors qu’il nous a passablement ennuyé durant les 100 premières. Invoquant que les mots ont dépassé la volonté de leur auteur ; dur dur tout de même que ce constat pour le grantécrivain qu’il est sûrement par ailleurs.
A noter, comme signe de cette désinvolture qui court dans ce livre, marqué « forcément » du sceau du sublime, cette pique facile à l’endroit de B.(uren) après un passage consacré à des colonnes qui conversent alors que, par exemple, Daniel Arasse, qu’on ne peut soupçonner d’être un zélateur de l’art contemporain, dans ses Histoires de peinture, en parle tout autrement.
Moreau : « J’ai de mauvaises nouvelles de France. J’apprends que là-bas, un certain B., s’est mis à bricoler des colonnes. Il paraît qu’elles s’habillent de rayures et que pour un peu elles ramperaient. On les dit si moches qu’elles provoquent à la fois la transe des snobs et l’incontinence des caniches. Il n’est donc pas exagéré d’envisager proche le jour où les snobs lèveront la patte pour récompenser les caniches d’apprendre la sculpture. »
Arasse (qui n’a rien du snob): « Comment les pratiques contemporaines peuvent-elles faire une relève d’enjeux anciens ? Toutes les oeuvres ne s’y prêtent pas. Je serais personnellement incapable, magré tout le goût que j’ai pour son oeuvre, d’écrire sur le travail de Buren, car je ne vois pas en quoi sa pratique relève des enjeux anciens de l’art. Il y a des propositions qui échappent à la problématique classique. »
D’un côté, la volonté, par un trait d’humour facile, fondé sur la rumeur (j’apprends, on les dit, il paraît que...) de mettre à bon compte le lecteur dans son camp. De l’autre, une mise en perspective, un souci de rigueur intellectuelle, un aveu d’ignorance, qui laissent toute liberté à l’autre de poursuivre dans la voie qu’il s’est tracée...
Moreau nous dit au cours de la seconde partie qu’il envisage déjà d’autres ouvrages et qu’il écrit, somme toute, ce livre pour Mâ^, comme il la désigne lourdement (ce deuxième chapeau parce qu’il se trouve un autre un accent circonflexe dans son prénom !) ; livre qui a surtout les accents de l’inutilité même si, souvent, la prose, somptueuse, de Moreau reste égale à elle-même.
A noter aussi que les mots, rapportés, de cette dame à deux chapeaux sont ce qui donne une note de fraîcheur à l’ouvrage.
Uniquement pour les collectionneurs des belles phrases de ce maniaque de l’écriture.
Les éditions
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Nous, amants au bonheur ne croyant [Texte imprimé], roman Marcel Moreau
de Moreau, Marcel
Denoël / ROMANS FRANCAIS
ISBN : 9782207257593 ; EUR 16,00 ; 06/10/2005 ; 151 p. ; Broché
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