François Truffaut de Antoine de Baecque, Serge Toubiana

François Truffaut de Antoine de Baecque, Serge Toubiana

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Veneziano, le 23 juin 2006 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans)
La note : 9 étoiles
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Un parcours vif et tourmenté

François Truffaut s'est avéré être un cinéaste précoce, ce qu'il a payé d'une disparition également prématurée. Ses films ont longtemps été emprunts d'une tonalité autobiographique. Il s'est montré apparemment marqué par une naissance aux circonstances pour lui un peu obscures, ce qui a constitué pour lui une sorte de pressience. Ceci explique la conception de son premier livre, qui, tout de suite détonne, Les Quatre cents coups. Cela lui vau une brouille grave avec ses parents, qui ne lui pardonnent de laisser croire, par ce film, puis ses silences face aux commentaires susbséquents, qu'il a été maltraité. Il leur répond que, certes, cela n'est pas le cas, malgré des conditions difficiles auxquelles ils ne peuvent rien, mais qu'il a bien des choses à leur reprocher. Ils vivent fort mal qu'il déclare qu'André Bazin soit son père intellectuel, dont il se sent si proche. C'est un critique littéraire, comme lui à ses débuts, avant de se lancer à la mise en scène, ce qui explique, au passage, l'impression d'illégitimité de la profession à son égard, corroborée par sa fougue et sa nervosité.
L'autobiographique continue avec la trilogie du personnage Antoine Doinel, son double cinématographique, interprété par Jean-Pierre Léaud, qu'il a fait tourner tout jeune dans le film susmentionné. Il se montre fidèle au quartier où il a grandi, celui des Lorettes, dans le IXème arrondissement, entre Notre-Dame-de-Lorette et Pigalle. Il habitait rue de Navarrin. S'il s'éloigne de cette tendance, cela lui reprendra dans l'un de ses derniers films, également l'un des plus réputés, Le Dernier métro.
Il a eu la tentation de l'Amérique, qui ne s'est concrétisée professionnellement que dans Fahrenheit 451, qui n'a pas connu, sur le coup, qu'un succès mitigé. Il apparaît également dans rencontre du troisième type de Steven Spielberg. Cette tentation américaine et ce goût pour la Californie, outre le climat, s'expliquent par son admiration pour Hitchcock et Jean Renoir, qui y sont tous deux expatriés, et qui y meurent tous deux en 1980, à quelques mois d'intervalle, et qui sont célébrés dans la même église. Il a conçu un livre d'entretiens avec le maître anglais du suspens.
Le personnage est asez dur avec lui-même, comme parfois avec ses proches, ses parents, qu'il préfère divorcés, pris séparément, et avec Jean-Luc Godard, avc qui ils aura des relations très dures, du fait de l'appréciation acerbe de ce dernier sur son travail.
Ses liaisons sentimentales sont décrites sans tapage, et il n'est pas fait de révélation sensationnelle a posteriori. Il est d'abord marié à la fille d'un riche producteur, ce qui lui est beaucoup reproché, pour quelqu'un qui met en avant ses origines modestes, qui profiterait ainsi de cette belle alliance pour mieux pouvoir se promouvoir. Il en aura deux filles. S'ils divorcent, l'amitié les unira encore et elle s'avèrera très proche dans la maladie qui l'emportera sur une dizaine de mois.
Il a tendance à tomber amoureux de ses actrices. Il était fasciné par Jeanne Moreau, a arraché Isabelle Adjani à la Comédie-Française, sacrilège, surtout pour l'époque. Son dernier grand coup de foudre fut pour Fanny Ardant, qu'il fit tourner dans deux de ses derniers films, La Femme d'à côté et Vivement dimanche ! Il en aura une fille, Joséphine.
Il meurt de complications cérébrales.

Cette biographie est linéaire et richement documentée. Je tiens à vous rassurer : elle est centrée sur son activité professionnelle, et rien de sensationnel ne prend l'aval sur l'objet principal du récit, ce qui est doublement appréciable.
Elle se lit quasiment comme un roman, peut-être du fait du lien entre la vie et l'oeuvre et parce que l'écrit permet de prendre une distance face à un personnage à la personnalité un peu austère en première apparence, et quasi-contemporain. Personnellement, je n'étais que jeune enfant quand il disparut, et n'ai que de très vagues souvenirs des promotions de ses trois derniers films, cités ici. Le Dernier métro a lancé le couple cinématogaphique Deneuve-Depardieu, qui a perduré pendant la décennie 1980, comme le Président Mitterrand que le cinéaste a soutenu. Ce sont ces images diffuses, peut-être qui m'ont incité à lire ce livre, et à l'apprécier. J'en ai les idées claires, et de manière complète.
Il est très épais, mais il se lit vite : je l'ai parcouru en trois jours, mais en faisant peu à côté. Une semaine peut bien suffire.

Un ouvrage fort documenté, qui tient en haleine : il vaut le détour.

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