Un peu de désir sinon je meurs de Marie Billetdoux
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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A propos d'un attachement durable
Si vous avez déjà une indigestion rien qu’en voyant la quatrième de couverture d’un livre d’autofiction (l’énième), je vous invite quand même à lire Un peu de désir sinon je meurs, malgré votre réticence et son titre lamentable. A la différence de tant d’autres ouvrages où l’on se raconte, il donne tout sauf l’impression de déjà lu : même les procédés banals qu’il contient (dont le choix de s’adresser à son éditeur) n’arrivent pas à réduire sa bizarrerie essentielle. Là où Christine Angot a dû s’attribuer un père incestueux et des amantes pour avoir de quoi mériter l’attention publique, Raphaëlle Billetdoux (qui ne s’appelait pas encore Marie) et Paul Guilbert se sont contentés de vivre en toute discrétion une histoire d’amour tissée d’inédit au quotidien, et qui a pu donner lieu (puisque la mort de P.G. y a mis fin) à un récit restituant de façon on ne peut plus vivante l’originalité de ces deux personnages.
Leur idiolexie, leurs petits rites (reproduits à l’aide de fac-similés), leurs points communs et jusqu’à leurs incompatibilités, tels que l’auteur a su les rendre, font l’effet de l’histoire d’une espèce rare qu’on découvre juste après sa disparition – avec la tristesse de savoir qu’on ne croisera jamais ce couple, et avec l’étrange impression qu’il demeure dans le texte mieux qu’il n’a pu trouver sa place dans la réalité. De fait, la liaison des protagonistes semble avoir été perçue (pendant les trente-deux ans qu’elle a duré) comme quasi scandaleuse d’abord parce qu’elle ne correspondait à aucun modèle social, puis en raison de la ténacité de leurs liens – ce qui nous amène à noter que s’il peut être avantageux de se dire échangiste ou sado-masochiste, les vraies affinités et les attachements durables ont fini par devenir tabou. Marie Billetdoux résume cet état de choses ainsi : « On était un hors-la-loi pour tout le monde, on était un roi à l’intérieur. » Son livre donne une idée très exacte du « royaume » en question, comme du désastre qu’est sa perte : votre pair disparaît, vous n’êtes plus vous-même ; la survie n’est plus guère qu’un constat de l’impuissance humaine. Raphaëlle a trouvé le moyen de se distancier de la sienne en décidant de s’appeler Marie. Récemment, on lui a attribué le (premier) Prix de l’Héroïne, ce qui en fait au moins un dont la lauréate le mérite bel et bien. Si son livre n’est pas de la grande littérature, c’est un document d’une qualité peu courante, d’une belle écriture et dont la lecture est bouleversante.
Les éditions
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Un peu de désir sinon je meurs [Texte imprimé] Marie Billetdoux
de Billetdoux, Marie
Albin Michel / LITT.GENERALE
ISBN : 9782226172372 ; 15,35 € ; 03/04/2006 ; 270 p. ; Broché -
Un peu de désir sinon je meurs
de Billetdoux, Marie
le Livre de poche
ISBN : 9782253124108 ; 2,48 € ; 17/12/2008 ; 224 p. ; Poche
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cher disparu
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 12 septembre 2020
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