Du bout des doigts de Sarah Waters

Du bout des doigts de Sarah Waters
( Fingersmith)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Queenie, le 30 mai 2006 (Inscrite le 14 mars 2006, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 894ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 6 161  (depuis Novembre 2007)

Intrigues glauques et romances contrariées

Londres au XIXème siècle. Dans les bas fonds de la métropole un groupe de voleurs vit tranquillement de trocs et de petits larcins quand arrive Gentleman. Un bourgeois devenu fripon, vivant de magouilles menant à la ruine les plus riches.
Gentleman donc, a un nouveau coup fumant : épouser une riche héritière et la faire enfermer à l'asile pour empocher l'argent tranquillement. Mais pour ça il a besoin de la jeune Susan, qui jouera la chaperonne complice.

Encore une fois Sarah Waters donne vie à l'Angleterre victorienne. Et encore une fois elle y arrive avec un talent indéniable.
Ce roman construit sous deux angles nous fait découvrir deux mondes (et même trois voire quatre). Chacun de ces mondes ayant sa propre langue, sa propre vision des choses, une façon particulière d'agir. Sarah Waters parvient avec talent à faire vivre ces différences grâce à son écriture.

Ce roman est à la fois très sombre, nous plongeant non seulement dans les rues glauques de Londres, nous faisant découvrir la demeure de Briar délabrée, macabre et l'oncle acariâtre mais également décortiquant les méandres malsains de l'esprit machiavélique de l'homme.

Mais ce livre est également un condensé de romantisme façon XIXème : les effleurements, les soupirs langoureux, les mouvements du coeur comprimé par les lacets trop serrés des guêpières... L'histoire amoureuse classique de l'homme élégant qui vient arracher la bourgeoise naïve de sa campagne, et la passion plus "underground" de deux jeunes femmes enfermées dans des codes sociaux qu'elles ne maîtrisent pas.

Sarah Waters parvient à faire s'imbriquer des évènements, des sensations, des mondes qui s'entrechoquent, se mêlent, se démêlent dans une violence contenue impressionnante. Les moments dans l'asile d'aliénés sont particulièrement brutaux, les descriptions de l'incarcération sont à vous étouffer.

Un très beau roman, qui pourtant se termine un peu rapidement et ne suit pas jusqu'au bout sa construction binaire, privilégiant finalement un regard plutôt qu'un autre, alors qu'on aurait pu s'attendre à un mélange explosif.

Extrait :
"J'entends le déclic du loquet, le murmure de ses prières. Murmure qui reste court. C'est lui qui se présente à la porte. Au bout du compte, elle ne crie même pas. Serais-je en vérité capable de ne pas aller à son secours si elle m'appelait ? Je ne sais pas. Mais elle n'appelle pas, j'entends seulement sa voix haussée dans une exclamation de surprise, d'indignation, avec ensuite ce qui pourrait être une note de panique ; bientôt cependant elle faiblit, étouffée ou apaisée, fait place à des murmures, puis à un frottement de linge ou d'épidermes... "

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Les éditions

  • Du bout des doigts [Texte imprimé] Sarah Waters trad. de l'anglais par Erika Abrams
    de Waters, Sarah Abrams, Erika (Traducteur)
    10-18 / 10-18. Série Domaine étranger
    ISBN : 9782264041074 ; 11,00 € ; 20/01/2005 ; 749 p. ; Poche
  • Du bout des doigts de Sarah Waters
    de Waters, Sarah
    Virago
    ISBN : 9781860498831 ; CDN$ 14.99 ; 03/02/2003 ; 560 p. ; Paperback
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A multi-rebondissements !

9 étoiles

Critique de Araknyl (Fontenay sous Bois, Inscrit le 5 mai 2006, 54 ans) - 6 septembre 2017

Excellente découverte que ce roman passionnant, soutenu, très bien écrit, qui nous empêche d'éteindre notre lampe de chevet et nous fait rater notre station de métro... Les personnages sont hauts en couleur, l'intrigue nous mène de rebondissements en surprises, dans un décor glauque et lugubre, entre les bas-fonds de Londres, l'univers des hôpitaux psychiatriques et le vieux château de province qui abrite une collection très particulière... (suspense !)

D'accord avec la critique précédente, le livre s'essouffle légèrement sur les cent dernières pages, mais on reste sur un roman vraiment prenant, machiavélique à souhait, avec une trame vraiment originale et un brin sulfureuse. Bref, un très, très bon moment de lecture !

L'amour au féminin....

9 étoiles

Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 68 ans) - 19 juillet 2012

dans un monde construit et maîtrisé par l'Homme !
Sarah Waters est la chantre du regard, sans complaisance et sans mièvrerie, sur la tendresse et la construction de l'histoire d'amour : " Celui des Femmes entre elles ".
Dans cet ouvrage où machiavélisme, cruauté et violence au masculin sont légions, deux jeunes femmes se découvrent et s'aiment : à quel prix !!!
Rien n'est simple : ce monde victorien atteint un niveau de pourriture rare ...
Le livre est plein de coins et de recoins, de relations étonnantes, de découvertes des uns et des autres, de violences larvées et parfois trop réelles ...de trahisons et de faussetés
Et pourtant, c'est : une très belle découverte !
De l'émotion à l'état pur ....
De l' Eugène Sue moderne qui n'a pas besoin de feuilleton et qui nous oblige à regarder l'autre différemment : entre réalité et cruauté, avec nous mêmes !

Magistral

9 étoiles

Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 22 octobre 2010

Un livre magistral, une intrigue parfaitement orchestrée! On reste le souffle coupé de toutes ces révélations et rebondissements! Le scénario est complexe et bien tissé, limite machiavélique! Juste dommage qu'à la fin le complexe devienne compliqué! Seul bémol de ce livre.
Sinon l'atmosphère victorienne de l'angleterre du 19e siècle est bien rendue et les personnages sont fouillés.
Une très belle réussite pour un livre surprenant qui mérite d'y consacrer quelques soirées pour dévorer ces 700 et quelques pages!

Une vie volée

7 étoiles

Critique de Missef (, Inscrite le 5 mars 2007, 58 ans) - 14 septembre 2009

Londres 1862. Sue Trinder, orpheline de naissance, grandit au milieu des chapardeurs et autres petits voleurs des quartiers pauvres de la ville, élevée à la dure mais avec amour par Mrs Sucksby et sa nouvelle famille peu recommandable. Mais Sue ignore que dès sa naissance son destin est étroitement lié à celui d'une autre orpheline, Maud, enfermée dans une grande maison, sinistre et silencieuse, à quelques kilomètres de là.
Porte drapeau de la communauté lesbienne, Sarah Waters nous propose dans ce roman une histoire d'amour et de haine entre deux jeunes femmes, comme elle l'a déjà fait dans Affinity, par exemple. Ici aussi, elle excelle dans la description de la montée de sentiments troubles et troublants, et nous plonge une fois encore dans la violence d'un monde clos (ici un asile où sont enfermées des femmes dites folles, quand il s'agissait d'une prison pour femmes dans Affinity). Mais le thème de l'enfermement est ici intensifié par sa proximité avec celui de la confusion des sentiments et des identités.
Malgré quelques longueurs, Fingersmith est à mon sens son meilleur roman à ce jour, passionnant, passionné, parfaitement construit, peuplé de personnages malins et naïfs, délicieusement haïssables.

Magnifique !

9 étoiles

Critique de Athina (, Inscrite le 5 janvier 2007, 36 ans) - 5 janvier 2007

Ce roman est tout simplement incroyable, palpitant et vraiment émouvant. Je l'ai lu d'une traite et je m'en souviendrai probablement encore longtemps. J'ai retiré 1/5 étoile parce que j'ai trouvé la 2ème partie légèrement moins bien réussie ( mais bon, c'est vraiment pour chipoter).

Bonne lecture !

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  le meme genre 2 Nymo 20 octobre 2012 @ 22:06

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