Jean Moulin : Le politique, le rebelle, le résistant de Jean-Pierre Azéma

Jean Moulin : Le politique, le rebelle, le résistant de Jean-Pierre Azéma

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Veneziano, le 29 avril 2006 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 748ème position).
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Un beau héros à la rigueur tenace

Outre l'émotion que j'ai à sa lecture, il me semble fort qu'il s'agit d'une biographie très documentée, de type universitaire, et très honnête par son traitement : elle est très détaillée, presque trop puisque on s'éloigne parfois du sujet pour plonger dans une histoire de la Résistance, où sont constatés ses propres écueils. Sur la mort du chef de la Zone non occupée, il est bien écrit qu'aucune révélation fracassante n'est à faire, et qu'il reste des zones d'ombres.

Cet ouvrage avance de manière évidemment chronologique. Il commence par la cérémonie de 1964 de transfert de ses cendres au Panthéon, pour finir sur un chapitre intitulé "Mémoires", où sont retracés les souvenirs qu'il a laissés et la part d'incertitude sur son histoire personnelle.
On apprend qu'il est languedocien : il vient de Béziers, d'une famille radicale-socialiste. Son engagement à gauche est plus prononcé. Il est incorporé dans le corps préfectoral, et est affecté dans l'Ariège, avant d'être promu Préfet d'Eure-et-Loire, à Chartres, poste dont il sera remercié par les forces d'occupation. Il y a en effet de quoi se méfier de ce jacobin qui se fait un serviteur fidèle de l'Etat, sans faille, rigoriste, voire rigide.
Son enfance et sa jeunesse n'ont pas de point saillant. Malgré son charme, il connaît quelques déboires sentimentaux. Aussi, vu le peu d'originalité de son début de vie, on en arrive assez vite, par la force des choses, au vif du sujet.

Il transite par Lisbonne pour rejoindre Londres et se mettre au service de De Gaulle. Leur tempérament et leurs expériences respectives les séparent, l'un étant un militaire, colonel de la précédente guerre, le second un haut fonctionnaire à la morale républicaine chevillée au corps.
Malgré les divergences partisanes qu'il pressent entre eux mais qu'il ne cherche pas à connaître plus avant, il décide d'être un Résistant à l'image du fonctionnaire qu'il a été, et arrive à ses fins, et, fortuitement, à sa propre fin, qu'il savait probable dans ce genre de climat. Il s'est avéré, dans la gestion de la Résistance - je n'ose dire de son "administration" - un homme affable, courtois, charmant d'aspect, au visage "poupin", mais décidé, assez sec,voire cassant, pouvant même se montrer autoritaire. Ce sont les principaux traits de caractère qu'on apprend dans ce livre, et qui reviennent souvent.

Ses principales difficultés tiennent aux manques cruciaux de moyens, tant financiers qu'humains, surtout aux premières heures, lui qui les a connues, en tant que pionnier de la Résistance.
Sa principale tâche est de centraliser les forces de résistance et de les convaincre d'accepter une sorte d'unité de commandement, sous l'autorité du général De Gaulle. C'est là qu'on voit le plus son "légitimisme". Il a également des fonctions diplomatiques auprès des autorités diplomatiques britanniques qui les hébergent et à qui il veut prouver qu'ils sont autre chose qu'un mouvement aux abois demandant l'aumône, et américaines.
Il obtient la confiance de De Gaulle, par sa rigueur : il ne s'intéresse pas aux hommes, donc pas spécialement à celui-là, mais à la grandeur de la France qu'il pressent apte à servir. Il le nomme donc chef de la Zone non occupée, en sus d'avoir à mettre en place le Conseil national de la Libération, rien que ça.
Ses fonctions sont découvertes par la Wehrmacht et on connaît à peu près la fin, avec la zone d'ombre, assez épaisse qui l'entoure.

Avec cet homme, tout est droit et carré, sa carrière tant officielle qu'officieuse. Il ne déroge en rien à ses principes et prend les risques qui s'ensuivent. La "Patrie reconnaissante" rend donc hommage au grand Homme qui a tenté de la libérer et d'unir pour cela ceux qui combattaient pour ce dessein.
La couverture est assez "choc" et résume curieusement assez bien tant le contenu que la personnalité de ce héros : un homme beau, calme et décidé. Cela est presque une allégorie de la Résistance, ce que le personnage est déjà. Ce visage est-il celui de la France qui perdure malgré les crises et se relève toujours ? J'émets le voeu qu'elle soit telle.


Cette biographie, sombre bien sûr, redonne espoir : un pays a toujours des forces positives et solides pour le tirer de là. Bien que fort long, j'ai dévoré ce livre en une journée, et il m'a comme revigoré.

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Les éditions

  • Jean Moulin [Texte imprimé], le politique, le rebelle, le résistant Jean-Pierre Azéma
    de Azéma, Jean-Pierre
    Perrin / Hors Collection
    ISBN : 9782262013295 ; 2,97 € ; 15/03/2003 ; 507 p. ; Broché
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9 étoiles

Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 50 ans) - 11 septembre 2019

On connait le personnage Jean Moulin, son héroïsme, son histoire et son destin tragique.
La biographie de Jean-Pierre AZEMA permet de mieux comprendre quel fut son rôle pendant la Seconde Guerre Mondiale mais aussi la complexité des phases de structuration des réseaux de résistance pour rendre leur action efficace face aux terribles dangers encourus.
Cet ouvrage est particulièrement complet et intéressant pour ceux qui veulent comprendre le rôle de cet homme et les qualités qui en font encore et toujours un héros.

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