Ravel de Jean Echenoz
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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le beau héros
L’auteur nous livre l’objet de ses recherches très documenté, sur la vie d’un compositeur célèbre de son vivant.
Nous permettant ainsi de planter un décor artificiel, dans la France entre deux guerres. L’homme héros malgré lui, M. Ravel, promène sa préciosité à travers le monde, accompagné de sa musique, tel un représentant vendant sa marchandise. L’auteur nous donne l’envie de connaître ce personnage qui s’arrangeait de toute sa notoriété, en s’enfermant peu à peu dans une solitude maladive.
C’est la vie d’un insomniaque qui rattrape son manque de sommeil en s’isolant du monde au milieu de la foule.
L’auteur manie la langue française avec emphase, lui permettant de dépeindre cette période entre deux guerres, avec l’aplomb d’un professeur, ou la magie d’un alchimiste ou la rigueur d’un biographe, ou bien l’alchimie de professeur biographe.
Faut-il autant broder sur les nombreux renseignements que Echenoz rassemble, et s’en approprier ainsi les notes, tel un médecin dresse une ordonnance, un ingénieur dissèque les mécaniques navales ou terrestres, un journaliste réalise un compte rendu d’une célébrité acclamée ?
Le trop de précision, sur tous les objets, les lectures, les habits, les voitures (déclinées sous toutes les marques), ce trop de notations transforme ce biographico- pseudo-roman, en un vaste chantier couvert de post-it soigneusement classés.
Bravo M.Echenoz pour ce remarquable témoignage, mais voilà, la magie ne passe pas.
Les éditions
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Ravel [Texte imprimé] Jean Echenoz
de Echenoz, Jean
les Éditions de Minuit / ROMANS
ISBN : 9782707319302 ; 13,50 € ; 12/01/2006 ; 123 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (14)
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la musique d'Echenoz
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 27 août 2023
Ravel comme un roman
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 30 juin 2020
Léo Ferré, lui aussi, romançait, d’une certaine façon, lorsque, dans sa préface à son recueil Poètes, vos papiers !, il énumérait quelques-uns des malheurs dont furent frappés des musiciens et des poètes : « Ravel avait une tumeur qui lui suça d’un coup toute sa musique », écrivait-il. La vérité, telle que la rapporte Jean Echenoz, n’est pas moins tragique, puisque, dix jours avant sa mort, un chirurgien ouvrit le crâne du compositeur, mais sans y trouver de tumeur, contrairement à ce que prétend Ferré. Les derniers mois de Ravel furent néanmoins désolants, du fait d’un épuisement physique et mental qui non seulement l’empêcha de faire quoi que ce soit tout seul, mais lui fit tout oublier, y compris sa propre musique en effet.
Ravel souffrait depuis longue date, comme le résume Jean Echenoz à la fin de son ouvrage : « Il a toujours été fragile de toute façon. De péritonite en tuberculose et de grippe espagnole en bronchite chronique, son corps fatigué n’a jamais été vaillant même s’il se tient droit comme un i (…). Et son esprit non plus, noyé dans la tristesse et l’ennui, bien qu’il n’en laisse rien paraître, sans jamais pouvoir s’oublier dans un sommeil interdit de séjour. » Jean Echenoz insiste grandement sur ce dernier aspect, les insomnies persistantes de Ravel et le peu d’efficacité des méthodes essayées par celui-ci pour se soigner.
Ce sont les dix dernières années de la vie du compositeur que narre le romancier, à commencer par le voyage triomphal qu’il effectua, à l’âge de 52 ans, alors qu’il était au sommet de sa gloire, en Amérique du Nord. L’itinéraire conçu par les organisateurs fut aberrant et donc extrêmement fatigant, mais, partout, Ravel fut acclamé à la mesure de son génie. Plus intéressant encore pour qui aime ses œuvres musicales, Echenoz raconte la genèse de quelques-unes des plus célèbres d’entre elles, une fois le musicien de retour en Europe. C’est dans cette période, en effet, que Ravel eut l’idée de composer son célèbre Boléro qui, dès sa création, à la surprise de son auteur qui considérait cette œuvre comme secondaire, remporta un énorme succès.
Mais c’est aussi et surtout à cette époque-là que Ravel composa ses deux concertos pour piano, deux des œuvres majeures de son répertoire (bien plus importantes, à mon avis, que le Boléro), le Concerto pour la main gauche et le Concerto en sol. Il travailla sur les deux œuvres quasi en même temps, mais il peina beaucoup plus sur la deuxième. Le Concerto pour la main gauche, il l’écrivit à la demande du pianiste manchot Paul Wittgenstein et l’on est bien étonné d’apprendre que celui-ci reçut l’œuvre avec froideur, sans enthousiasme aucun, et qu’il se permit de la jouer en l’arrangeant à sa manière, ce qui, bien sûr, irrita grandement Ravel. Or ce Concerto, je le répète, tout comme le Concerto en sol que Ravel écrivit pour lui-même (bien qu’il fût, semble-t-il, un pianiste assez médiocre), est une œuvre bouleversante, qu’il n’est vraiment pas besoin de remanier de quelque manière que ce soit. On ne peut l’écouter sans être profondément ému.
Avec Jean Echenoz, grâce à son style à la fois simple et élégant, tout lecteur qui s’y aventure sera sans nul doute saisi, intrigué, interpellé par le récit des dix dernières années de la vie de Maurice Ravel. La lecture en est touchante et invite à écouter ou réécouter les œuvres d’un de nos grands génies de la musique. On aurait tort de s’en priver.
Comme une belle partition
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 30 juin 2014
Plus encore que « Des éclairs », Echenoz s’attache en effet essentiellement à soigner son style qui bien que fluide et agréable pourrait agacer certains. Personnellement, je suis plutôt séduit par cette approche littéraire qui convient parfaitement à la taille de ce bon roman.
sublime Ravel
Critique de Mine2 (, Inscrite le 11 octobre 2013, 64 ans) - 29 avril 2014
j'ai adhéré totalement à ce livre que j'ai lu et relu plusieurs fois
Remarquable roman minimaliste
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 24 novembre 2013
La traversée de l’océan à bord du transatlantique « France « vers New York, les concerts dans de nombreuses villes des USA, son retour en France, la création du célébrissime « Boléro », les manies du musicien , son caractère, et in fine, la tumeur « qui lui rongea toute sa musique » comme le chante si bien Léo Ferré.
Ah ! Qu’il fut agréable de lire ce roman avec, à portée de main : internet. En quelques clics, glaner quelques infos sur les bios de Ravel, Jean Echenoz ; accéder aux bouquins de Joseph Conrad via http://www.critiqueslibres.com/ ; ce que sont « La Madone des Sleepings « , « Patouillard et sa vache » ; se remémorer de ce que fut le transatlantique « Le France » ; écouter sur you tube « Frontispice « courte œuvre de Ravel pour deux pianos et cinq mains.
Un goût est venu : lire tous les bouquins d’Echenoz.
Extraits :
- Il se plonge dans la lecture intégrale de « L’Atlantique «, quotidien que fabrique l’atelier d’impression du paquebot à partir des nouvelles reçues des stations côtières par la TSF.
- Il visite la chapelle qui, traditionnellement comme on le sait, est le premier espace aménagé sur un paquebot lors de sa construction puis le dernier à investir en cas de malheur.
- Voilà. Il a cinquante ans. Il a bouclé depuis treize ans son œuvre pour piano avec « Frontispice «, pièce qui ne compte pas plus de quinze mesures, ne dure pas plus de deux minutes mais ne requiert pas moins de cinq mains.
- ( troisième technique pour accéder au sommeil). S’imposer une énumération. Se remémorer par exemple, tous les lits dans lesquels il a dormi depuis l’enfance.
Le moment où le rythme s'accélère..
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 8 novembre 2013
Cela semble n’avoir pas grand-chose à voir, mais lisant toujours plusieurs livres à la fois, j'étais passionnée au même moment de découvrir dans le Journal de Joyce Carol Oates comment se construit un roman.Un roman qui ..me parle, je veux dire, pas un roman qui sent justement la fabrication. N’étant pas une littéraire, c’est une chose à laquelle je n'avais pas souvent pensé ! Sauf peut être en lisant la Correspondance de Flaubert, qui en parle longuement dans certains échanges. Et là, j’ai été particulièrement sensible à la construction et au rythme du récit.
Echenoz prend donc un personnage et des évènements bien réels et il les habille minutieusement, avec force détails descriptifs ( les habits, la maison, les lieux, les traits de caractère, les manies -les fameuses chaussures vernies sans lesquelles Ravel n’est rien, mais qu’il oublie tout le temps!- les rapports , de travail surtout, avec les autres personnages, dont par exemple le redoutable Toscanini qui joue le Boléro trop vite, ou Marguerite Long dont le portrait est court, mais hilarant.. ).
Tout cela est donc longuement décrit. Enfin, cela semble long, et je me suis demandée , dans ce livre si court, comment il allait caser 10 ans de vie, puisque l’on est prévenu à l’avance.
Le rythme.. tout est très lent donc au début. Et en 1933, l’accident de taxi et tout s’accélère, c’est la fin. Et pourtant il va se passer encore 4 ans… Mais il n'y a plus ni "développement" ni " modulation ". Juste des lieux qui changent et des " idées qui restent enfermées dans son cerveau ".
Déjà, le succès du Boléro, une chose qui s’auto-détruit, une partition sans musique, une fabrique orchestrale sans objet, un suicide dont l’arme est le seul élargissement du son , " quelque chose qui relève du travail à la chaîne l'a surpris. Vide de musique ,tout dans le rythme.
Après, il y a le fameux Concerto pour la main gauche que Paul Wittgenstein, voulant montrer que l’on peut être manchot et bon pianiste, lui a massacré:
C’est que Wittgenstein n’a pas du tout simplifié l’ouvrage pour l’adapter à ses moyens, bien au contraire il a dû voir l’occasion de montrer à quel point, tout handicapé qu’il soit, il est bon… Le visage de Ravel est blanc. A la fin du concert, pressentant que cela va mal tourner, Marguerite tente aussitôt une diversion avec l’ambassadeur en parlant d’autre chose, mais rien à faire: Ravel s’approche lentement de Wittgenstein, on ne lui pas vu cette tête depuis qu’il s’avançait vers Toscanini. Mais ça ne va pas, dit-il froidement. Ca ne va pas du tout. Ecoutez, veut se défendre Wittgenstein, je suis un vieux pianiste et, franchement, ça ne sonne pas. Je suis quant à moi un vieil orchestrateur, répond Ravel de plus en plus glacé, et je peux vous dire que ça sonne . Le silence qui s’assied dans la salle à ces mots sonne pour sa part plus fort encore. Malaise sous les moulures, embarras chez les stucs. Les plastrons des smokings pâlissent, les franges des robes longues se figent, les maîtres d’hôtel examinent leurs souliers. Ravel enfile son manteau sans un mot puis quitte prématurément les lieux, traînant après lui Marguerite éperdue..
Cet extrait qui donne une idée du style, et des consonances se situe donc en 1931, à la page 97 sur 117, il reste 6 ans, 20 pages mais c’est le tout dernier mouvement..
Du grand art!
2,5 étoiles
Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 12 février 2011
composition
Critique de Printemps (, Inscrite le 30 avril 2005, 66 ans) - 10 octobre 2010
L’apogée d’un compositeur
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 29 décembre 2008
(Prix François Mauriac Région Aquitaine, Prix Littéraire de la Ville de Deauville)
Le roman d'un corps
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 24 juillet 2007
Elle dira ailleurs que dans Ravel le roman, on a l’impression de toucher le corps du personnage. Il faut peut-être dépasser cette lapalissade du corps-artiste pour dire qu’un artiste, c’est ce qui va dépasser le corps, ce qui va en rester et toucher, au-delà des cendres, de la pourriture, ceux-là qui n’ont pas connu physiquement l’artiste.
Certes, Echenoz nous fait bien percevoir ce qu’est cet homme-là, un homme semblable à un autre dans ses manies, ses limitations mais il souligne aussi le temps où la mémoire et les facultés mentales déserteront ce corps à telle enseigne que Ravel va devenir comme le témoin de son œuvre passée, sans être assuré que c’est lui qui l’a produite. Donc, semble plutôt nous dire Echenoz, l’homme est différent de l’artiste, et personne ne peut savoir le lien qui fait qu’un homme, dans une époque donnée, devient et reste un artiste. Pas de lien avéré entre l’artiste et son corps, si bien qu’on peut parler de tout artiste comme d’un homme ordinaire sans avoir rien dit de l’art exprimé par cet homme-là. Nul doute que si Echenoz a écrit la bio d’un artiste, c’est pour dire qu’entre l’homme et son art la distance est considérable.
Passage sur la méthode de travail de Ravel :
« Avant le dernier concert, il donne une conférence en la cathédrale de rite écossais où il explique qu’une longue période de gestation lui est généralement nécessaire pour composer. Que pendant cette période il arrive peu à peu, mais de plus en plus précisément, à voir la forme et la trajectoire de l’ensemble de l’œuvre à venir. Qu’il peut en être ainsi préoccupé pendant des années, sans écrire une seule note. Et qu’ensuite la rédaction se fait assez vite, bien qu’il y ait encore pas mal de travail pour éliminer le superflu avant d’arriver, autant que possible, à la clarté finale désirée. »
C'est qui Ravel?
Critique de Bragon (, Inscrit le 11 novembre 2005, 66 ans) - 24 novembre 2006
L'histoire ou la façon dont elle est racontée? Le fond ou la forme? Probablement un mélange des deux... mais ici il y a un vide; Mr Echenoz nous parle de quoi au fond? De Ravel sans ce qu'il a de plus précieux, sa musique. L'élégance du personnage rappelle l'élégance de l'écrivain. "Regardez comme j'écris bien."
Oui, mais pour dire quoi?
Intéressant Ravel
Critique de Marafabian (, Inscrit le 11 août 2006, 51 ans) - 13 août 2006
Du bon Echenoz...
Critique de Pitibeni (Marseille, Inscrit le 25 décembre 2004, 48 ans) - 21 juillet 2006
Ravel à la loupe
Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 18 avril 2006
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